#246 Notre système alimentaire est-il schizophrène ? avec Lucie Basch

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#246 Notre système alimentaire est-il schizophrène ? avec Lucie Basch
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GREGORY : Donc bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Lucie.

LUCIE : Bonjour.

GREGORY : Comment tu vas aujourd’hui?

LUCIE : Ça va très bien, très content d’être là.

GREGORY : Bien, je suis ravi moi aussi. On va parler d’alimentation, naturellement. Pour toi, c’est quoi le principal problème de l’alimentation en France mais aussi dans le monde finalement?

LUCIE : Non malheureusement, c’est trop dur d’en donner un. Je pense que l’ensemble de notre système alimentaire il est malade aujourd’hui. En vrai, on marche sur la tête de la fourche à la fourchette. Donc ça commence par le monde agricole qui est juste sous payé, qui est sous estimé, qui sont en fait les gens qui nous nourrissent et on ne les connaît pas, on ne les admire pas, on ne les remercie pas, on les paie mal. Et d’ici 2030, il y a 50% des agriculteurs qui vont prendre leur retraite. Et, il n’y a personne pour les remplacer. Personne n’a envie d’aller se remettre dans le dans le monde agricole, notamment avec les conditions actuelles. Et puis ça continue tout au long de la chaîne. En termes de prix, qu’est-ce qu’on paye à chaque maillon de la chaîne ? À quel point est-ce que on se perd dans une non-transparence des prix qui arrive à nos consommateurs ? On ne se rend pas compte de la valeur de notre alimentation. Pour nous, la valeur de notre alimentation c’est uniquement le prix, et ce prix on essaye de le payer le moins cher possible et donc finalement on a perdu la valeur de notre alimentation, l’importance que ça a pour notre santé, pour notre planète, pour le respect de tous les acteurs de la chaîne. Et donc on veut juste payer le moins cher possible et donc finalement ça vaut rien. Donc on se permet aussi d’en jeter une grosse partie puisque finalement on peut aller en racheter à bas prix. Et donc aujourd’hui, le symptôme de ce système alimentaire mondial, c’est qu’on jette 40 % de ce qu’on produit. En fait, tout ça n’a ni queue ni tête. On se rend compte que jeter 40 % de ce qu’on produit, ça a juste aucun sens quand on sait l’impact économique que ça représente : c’est 1,6 milliards de dollars qui partent à la poubelle chaque année. L’impact écologique du gaspillage alimentaire uniquement, c’est 10 % des émissions de gaz à effet de serre. Et puis l’impact social, tu le disais, il y a 1 milliard de gens qui ont faim et nous on continue à jeter 40 % de ce qu’on produit. Donc clairement c’est un problème. Je suis désolée, la réponse courte est ratée, mais parce que c’est juste, qu’il y a partout des problèmes et pour moi c’est vraiment repenser ça en profondeur qui est important aujourd’hui.

GREGORY : En fait, quelque part. Je ne sais pas si c’est un mot technique, mais c’est une désacralisation de la nourriture quelque part, on peut dire ça.

LUCIE : Oui, c’est une une désacralisation, alors que la nourriture c’est vraiment sacré. C’est ce qu’on met tous les jours dans notre corps et qui a un impact énorme sur notre santé. Enfin, quand on ne parlons même pas de l’augmentation des cancers, du mal être quotidien du au nombre de gens qui deviennent intolérants au lactose, au gluten. En fait, ce que nous a donné notre terre, on l’a tellement pas respecté qu’aujourd’hui on s’empoisonne au quotidien et c’est hyper triste.

GREGORY : Ce qui est fou, c’est que c’est un mouvement hyper récent parce que moi je me souviens encore de discussions assez hardcore avec mon grand père paternel qui nous obligeait à manger le gras du jambon.

LUCIE : Oui, je vois !

GREGORY : Et donc, pour le coup, je ne mangeais pas le gras du jambon en l’occurrence. Mais, il y avait une sorte de respect néanmoins, tu vois, c’était parce qu’ils avaient vécu pendant la seconde guerre mondiale et que pour eux, tu vois, un bout de gras, ça reste de la nourriture. Et donc, tu vois, je suis vieux, mais je sais pas si j’aime ça quand même. Et je me dis c’est fou parce que ça s’est perdu hyper vite. En fait, c’est vraiment sur les 40 dernières années avec l’industrialisation de l’agriculture des années 1970 qui a fait tout ça.

LUCIE : Oui, en fait je pense qu’on a été un peu traumatisé du manque pendant la guerre et donc à la fin de celle-ci, on s’est dit qu’il fallait produire beaucoup plus, il faut permettre à tout le monde de pouvoir se nourrir aussi. Donc, on va réduire au maximum le prix final de l’alimentation. On va produire de manière beaucoup plus efficace en perdant en fait toute toute la beauté de l’agriculture et le savoir-faire.

Description de l’épisode

Lucie Basch est la fondatrice de Too Good to Go, une start-up qui permet d’éviter le gaspillage alimentaire.
Mais évidemment l’idée pour moi n’était pas de parler de la start-up mais plutôt de notre système alimentaire “de la fourche à la fourchette.
Parce qu’on marche totalement sur la tête car l’alimentation est le 1er post de dépense qu’on réduit (et d’ailleurs le seul poste qui est revenu au niveau des années post seconde guerre mondiale selon Lucie).
Alors on va tout reprendre depuis le début : de la ferme en passant par les organisme, des consommateurs, des distributeurs, de l’état et des organisations inter étatique…
Bref, on va se poser les vraies questions (je sais pas si ca existe mais l’expression fait genre) sur notre alimentation.
On va même vous donner des conseils cuisine.
Une discussion plein de bonne humeur et d’engagement – comme quoi ca ne s’oppose pas du tout.
J’ai adoré recevoir Lucie, j’espère que vous aimerez l’entendre !

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Transcription partielle de l’épisode

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GREGORY : Donc bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Lucie.

LUCIE : Bonjour.

GREGORY : Comment tu vas aujourd’hui?

LUCIE : Ça va très bien, très content d’être là.

GREGORY : Bien, je suis ravi moi aussi. On va parler d’alimentation, naturellement. Pour toi, c’est quoi le principal problème de l’alimentation en France mais aussi dans le monde finalement?

LUCIE : Non malheureusement, c’est trop dur d’en donner un. Je pense que l’ensemble de notre système alimentaire il est malade aujourd’hui. En vrai, on marche sur la tête de la fourche à la fourchette. Donc ça commence par le monde agricole qui est juste sous payé, qui est sous estimé, qui sont en fait les gens qui nous nourrissent et on ne les connaît pas, on ne les admire pas, on ne les remercie pas, on les paie mal. Et d’ici 2030, il y a 50% des agriculteurs qui vont prendre leur retraite. Et, il n’y a personne pour les remplacer. Personne n’a envie d’aller se remettre dans le dans le monde agricole, notamment avec les conditions actuelles. Et puis ça continue tout au long de la chaîne. En termes de prix, qu’est-ce qu’on paye à chaque maillon de la chaîne ? À quel point est-ce que on se perd dans une non-transparence des prix qui arrive à nos consommateurs ? On ne se rend pas compte de la valeur de notre alimentation. Pour nous, la valeur de notre alimentation c’est uniquement le prix, et ce prix on essaye de le payer le moins cher possible et donc finalement on a perdu la valeur de notre alimentation, l’importance que ça a pour notre santé, pour notre planète, pour le respect de tous les acteurs de la chaîne. Et donc on veut juste payer le moins cher possible et donc finalement ça vaut rien. Donc on se permet aussi d’en jeter une grosse partie puisque finalement on peut aller en racheter à bas prix. Et donc aujourd’hui, le symptôme de ce système alimentaire mondial, c’est qu’on jette 40 % de ce qu’on produit. En fait, tout ça n’a ni queue ni tête. On se rend compte que jeter 40 % de ce qu’on produit, ça a juste aucun sens quand on sait l’impact économique que ça représente : c’est 1,6 milliards de dollars qui partent à la poubelle chaque année. L’impact écologique du gaspillage alimentaire uniquement, c’est 10 % des émissions de gaz à effet de serre. Et puis l’impact social, tu le disais, il y a 1 milliard de gens qui ont faim et nous on continue à jeter 40 % de ce qu’on produit. Donc clairement c’est un problème. Je suis désolée, la réponse courte est ratée, mais parce que c’est juste, qu’il y a partout des problèmes et pour moi c’est vraiment repenser ça en profondeur qui est important aujourd’hui.

GREGORY : En fait, quelque part. Je ne sais pas si c’est un mot technique, mais c’est une désacralisation de la nourriture quelque part, on peut dire ça.

LUCIE : Oui, c’est une une désacralisation, alors que la nourriture c’est vraiment sacré. C’est ce qu’on met tous les jours dans notre corps et qui a un impact énorme sur notre santé. Enfin, quand on ne parlons même pas de l’augmentation des cancers, du mal être quotidien du au nombre de gens qui deviennent intolérants au lactose, au gluten. En fait, ce que nous a donné notre terre, on l’a tellement pas respecté qu’aujourd’hui on s’empoisonne au quotidien et c’est hyper triste.

GREGORY : Ce qui est fou, c’est que c’est un mouvement hyper récent parce que moi je me souviens encore de discussions assez hardcore avec mon grand père paternel qui nous obligeait à manger le gras du jambon.

LUCIE : Oui, je vois !

GREGORY : Et donc, pour le coup, je ne mangeais pas le gras du jambon en l’occurrence. Mais, il y avait une sorte de respect néanmoins, tu vois, c’était parce qu’ils avaient vécu pendant la seconde guerre mondiale et que pour eux, tu vois, un bout de gras, ça reste de la nourriture. Et donc, tu vois, je suis vieux, mais je sais pas si j’aime ça quand même. Et je me dis c’est fou parce que ça s’est perdu hyper vite. En fait, c’est vraiment sur les 40 dernières années avec l’industrialisation de l’agriculture des années 1970 qui a fait tout ça.

LUCIE : Oui, en fait je pense qu’on a été un peu traumatisé du manque pendant la guerre et donc à la fin de celle-ci, on s’est dit qu’il fallait produire beaucoup plus, il faut permettre à tout le monde de pouvoir se nourrir aussi. Donc, on va réduire au maximum le prix final de l’alimentation. On va produire de manière beaucoup plus efficace en perdant en fait toute toute la beauté de l’agriculture et le savoir-faire.

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