Vlan #50 Un autre regard sur la sexualité et le plaisir féminin avec Olympe de G

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Vlan #50 Un autre regard sur la sexualité et le plaisir féminin avec Olympe de G
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GRÉGORY : Bonjour à tous. Je suis avec Olympe de G, qui est une bonne amie, et qui fait plein de choses différentes, mais entre autres qui réalisent de la pornographie engagée, féministe.

OLYMPE : Oui, la pornographie alternative aussi. J’aime bien utiliser ce terme parce que disons que ça se pose comme une alternative au porno mainstream qu’on peut trouver gratuitement sur Internet.

GRÉGORY : D’accord. Alors, juste avant de commencer, tu pourrais me redire c’est qui Olympe de G ?

OLYMPE : C’est, pour moi, une des premières féministes françaises qui a vécu au temps de la Révolution française, qui a milité pour le droit au divorce des femmes, qui a milité pour le droit des femmes à publier leurs écrits, elle écrivait du théâtre et qui, malheureusement, a fini guillotiné. Mais bon, une figure de femme libre, créative, passionnée, qui a vécu sans être sous la coupe des hommes.

GRÉGORY : Génial, mais alors du coup, quand est-ce que tu as commencé à vouloir faire du porno engagé comme ça ? Pourquoi tu l’as fait ?

OLYMPE : En fait, je ne sais pas à quoi remonter. Il y a beaucoup de raisons dans ma vie personnelle qui nous feraient remonter relativement loin. Il y a des raisons aussi professionnelles qui étaient que, je m’étais lancée dans la réalisation de clips de plus petits budgets, etc, et je voulais créer mon premier court métrage de fiction. J’avais trouvé un sujet qui était le rapport au père, pour la faire courte, et je manquais d’inspiration. Je procrastinais et je n’étais pas dans le truc. Et c’est une époque où j’étais célibataire depuis peu, après une longue relation. Et donc, du coup, je me suis mise sur les applications de rencontres et j’ai eu des amants avec qui j’ai commencé à échanger. J’ai beaucoup sexté et sexté, non seulement par écrit, mais aussi des petites vidéos, des petits messages audio, des chansons, des dessins. Je me suis découverte hyper créative dès qu’il s’agissait de mettre en scène ma propre sexualité et vraiment je m’amusais, j’investissais dans des espèces de coques pour mettre sous l’eau mon iPhone, des objectifs, etc, vraiment ça me passionnait. Et je me suis dit “là, il y a quand même un truc”. Je me rends compte que je fourmille d’idées quand il s’agit de parler de sexualité. Et du coup, je pense qu’il faut que je réoriente mon activité de réalisatrice vers le domaine de la sexualité, de ma sexualité, de la sexualité féminine en général. Voilà. Et si j’aborde les raisons un peu plus historiques de mon histoire personnelle, je pense que j’avais aussi quelque chose à revendiquer de façon personnelle. J’ai eu deux épisodes, rien de rien de dramatique, mais au lycée, j’ai vécu un peu de slow shaming, j’avais deux ans d’avance, j’étais jeune, très naïve, grande nana dégingandée qui, lorsqu’elle avait un béguin pour un mec, avait tendance à aller voir le mec directement. Et je me suis rendu compte rapidement que socialement, ça ne marchait pas terrible, que les mecs avaient des réactions déjà apeurées. Mais que surtout après toute la classe se marrait un peu. Je me suis rendue compte que le fait d’exprimer son désir en tant que femme n’était pas quelque chose de très bien accepté. Et j’ai eu envie du coup un peu de taper du poing sur la table et de dire en fait, la sexualité féminine, c’est aussi, comment dire, avouable et c’est aussi chouette que la sexualité masculine.

GRÉGORY : Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. Par exemple, quand on demande à une femme, si elle se masturbe, typiquement, on ne pose même pas la question un mec.

OLYMPE : Oui, on part du principe qu’effectivement tous les hommes se masturbent, sauf en fait la sexualité féminine et le désir féminin reste effectivement un sujet qui est plus difficile à aborder, je pense même entre copines, même entre filles, j’ai peu de conversations sur la masturbation avec mes amies. Après moi, j’ai eu l’impression que du coup le fait d’exister dans la sphère du porno alternatif, je n’ai plus du tout le genre de réactions que j’ai pu avoir lorsque j’étais plus jeune parce que c’est sur la table, je suis ce type de femme. Et du coup, maintenant, je suis acceptée comme ça.

GRÉGORY : Quand tu dis ce type de femme, c’est une femme qui accepte sa sexualité ?

OLYMPE : En fait, c’est une femme qui a une sexualité active, qui n’a pas l’impression que les désirs sont indicibles, doivent rester dans une sphère extrêmement intime qui est juste celle à la rigueur, soit avec soi-même, soit avec un partenaire de confiance. Mais qui pense que la sexualité est quelque chose dont on peut parler à voix haute, on peut parler de son désir pour telle ou telle personne, même si on n’est pas avec cette personne, à voix haute. On peut aborder tous ces types de sujet et même dans mon cas, puisque j’ai été non seulement réalisatrice, mais j’ai aussi joué dans mes films et dans d’autres, montrer sa sexualité, se dévoiler complètement, se mettre à poil, montrer comment on aime baiser devant le monde entier, sans en avoir honte, sans en être embarrassé, en ayant plutôt un sentiment de fierté.

GRÉGORY : Et tu penses, parce qu’en fait le porno ça a des connotations, en tout cas, je pense que c’est la même chose que ce qu’on a dans la vie réelle. C’est-à-dire qu’un mec qui fait du porno ou qui se tape 50 gonzesses est un héros, versus la fille qui fait du porno, c’est une pute, enfin, c’est peut-être un truc à essayer de casser aussi, non ? 

OLYMPE : Je ne pense pas que je puisse à moi toute seule briser les stigmas. Tu vois le fait que les travailleuses du sexe soient stigmatisées, etc, après moi, je n’ai pas du tout souffert de ce type de perception, mais je pense que je suis extrêmement privilégié parce que je suis entouré de gens qui sont ouverts, qui sont intelligents, même mon père l’a bien pris, mon mec m’a rencontré quand je faisais déjà ça, il n’a rien à voir avec le porno, mes amis l’ont compris, peut-être après un peu de temps, mais du coup, moi je me sens très privilégié. Je pense que ça ne reflète pas du tout ce que peuvent vivre énormément de femmes qui ont décidé de faire du porno ou d’être travailleuses du sexe. Donc bon, bah ça, ça reste un problème. Mais en ce moment, il y a quand même une grosse tendance pour les travailleurs du sexe et les travailleuses du sexe à se revendiquer dans la rue, à parler de leurs droits, a montré qu’il y a quand même une stigmatisation très très forte et j’espère que ça fait un peu bouger les choses.

GRÉGORY : Et puis, de manière générale, j’ai l’impression que les femmes, elles, veulent affirmer leur sexualité beaucoup plus qu’avant, en fait. Avec tout ce mouvement féministe, qui est qui est génial, il y a un vrai mouvement de revendication de sa sexualité, de la normalité, “ben ouais, j’aime baiser, c’est parfait et c’est logique”.

OLYMPE : Bien sûr. En fait, je pense qu’il y a plein de choses. Il y a déjà, avec le fait qu’on parle de consentement. On parle du coup du fait que les femmes doivent pouvoir être entendues lorsqu’elles disent non, mais doivent aussi pouvoir exprimer leur non de façon super articulée. Mais il y a aussi, du coup je pense, la contrepartie positive. Si tu veux exprimer ton non de façon super claire, tu peux aussi exprimer ton oui. C’est-à-dire,  ce que tu aimes, c’est très important de savoir dire “j’aime plutôt ceci, j’aime plutôt cela. Non, s’il te plaît, arrête ça, ça, ce n’est pas mon truc, etc”. Donc je pense qu’on parle beaucoup de la sexualité parce qu’il y a ce besoin des femmes de savoir dire ce qu’elles attendent, ce qu’elles aiment à leur partenaire. C’est très important que la parole se libère aussi, que les femmes commencent à parler de leur sexualité, commencent à parler et à poser des questions.

La suite a écouté sur VLAN !

Description de l’épisode

Olympe de G! Derrière ce pseudo se trouve est une femme mutlifacette, entre autre réalisatrice et actrice de films X alternatifs (ou féministes si vous préférez). Ceci est l’épisode 50 de Vlan et je voulais marquer le coup avec un sujet qui me tient à coeur même s’il peut sembler sensible pour un homme de l’aborder. Ce thème est sujet sociétal important car comprendre l’évolution de la relation de la femme à sa sexualité doit parler à un peu tout le monde. Nous en discutons avec sérieux mais sans intellectualiser et nous abordons le plaisir féminin, la sexualité mais aussi les films X. Ces derniers sont une part essentielle du “combat” d’Olympe de G que ce soit dans la manière de les produire mais aussi pour leurs impacts sur l’éducation sexuelle.

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : Bonjour à tous. Je suis avec Olympe de G, qui est une bonne amie, et qui fait plein de choses différentes, mais entre autres qui réalisent de la pornographie engagée, féministe.

OLYMPE : Oui, la pornographie alternative aussi. J’aime bien utiliser ce terme parce que disons que ça se pose comme une alternative au porno mainstream qu’on peut trouver gratuitement sur Internet.

GRÉGORY : D’accord. Alors, juste avant de commencer, tu pourrais me redire c’est qui Olympe de G ?

OLYMPE : C’est, pour moi, une des premières féministes françaises qui a vécu au temps de la Révolution française, qui a milité pour le droit au divorce des femmes, qui a milité pour le droit des femmes à publier leurs écrits, elle écrivait du théâtre et qui, malheureusement, a fini guillotiné. Mais bon, une figure de femme libre, créative, passionnée, qui a vécu sans être sous la coupe des hommes.

GRÉGORY : Génial, mais alors du coup, quand est-ce que tu as commencé à vouloir faire du porno engagé comme ça ? Pourquoi tu l’as fait ?

OLYMPE : En fait, je ne sais pas à quoi remonter. Il y a beaucoup de raisons dans ma vie personnelle qui nous feraient remonter relativement loin. Il y a des raisons aussi professionnelles qui étaient que, je m’étais lancée dans la réalisation de clips de plus petits budgets, etc, et je voulais créer mon premier court métrage de fiction. J’avais trouvé un sujet qui était le rapport au père, pour la faire courte, et je manquais d’inspiration. Je procrastinais et je n’étais pas dans le truc. Et c’est une époque où j’étais célibataire depuis peu, après une longue relation. Et donc, du coup, je me suis mise sur les applications de rencontres et j’ai eu des amants avec qui j’ai commencé à échanger. J’ai beaucoup sexté et sexté, non seulement par écrit, mais aussi des petites vidéos, des petits messages audio, des chansons, des dessins. Je me suis découverte hyper créative dès qu’il s’agissait de mettre en scène ma propre sexualité et vraiment je m’amusais, j’investissais dans des espèces de coques pour mettre sous l’eau mon iPhone, des objectifs, etc, vraiment ça me passionnait. Et je me suis dit “là, il y a quand même un truc”. Je me rends compte que je fourmille d’idées quand il s’agit de parler de sexualité. Et du coup, je pense qu’il faut que je réoriente mon activité de réalisatrice vers le domaine de la sexualité, de ma sexualité, de la sexualité féminine en général. Voilà. Et si j’aborde les raisons un peu plus historiques de mon histoire personnelle, je pense que j’avais aussi quelque chose à revendiquer de façon personnelle. J’ai eu deux épisodes, rien de rien de dramatique, mais au lycée, j’ai vécu un peu de slow shaming, j’avais deux ans d’avance, j’étais jeune, très naïve, grande nana dégingandée qui, lorsqu’elle avait un béguin pour un mec, avait tendance à aller voir le mec directement. Et je me suis rendu compte rapidement que socialement, ça ne marchait pas terrible, que les mecs avaient des réactions déjà apeurées. Mais que surtout après toute la classe se marrait un peu. Je me suis rendue compte que le fait d’exprimer son désir en tant que femme n’était pas quelque chose de très bien accepté. Et j’ai eu envie du coup un peu de taper du poing sur la table et de dire en fait, la sexualité féminine, c’est aussi, comment dire, avouable et c’est aussi chouette que la sexualité masculine.

GRÉGORY : Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. Par exemple, quand on demande à une femme, si elle se masturbe, typiquement, on ne pose même pas la question un mec.

OLYMPE : Oui, on part du principe qu’effectivement tous les hommes se masturbent, sauf en fait la sexualité féminine et le désir féminin reste effectivement un sujet qui est plus difficile à aborder, je pense même entre copines, même entre filles, j’ai peu de conversations sur la masturbation avec mes amies. Après moi, j’ai eu l’impression que du coup le fait d’exister dans la sphère du porno alternatif, je n’ai plus du tout le genre de réactions que j’ai pu avoir lorsque j’étais plus jeune parce que c’est sur la table, je suis ce type de femme. Et du coup, maintenant, je suis acceptée comme ça.

GRÉGORY : Quand tu dis ce type de femme, c’est une femme qui accepte sa sexualité ?

OLYMPE : En fait, c’est une femme qui a une sexualité active, qui n’a pas l’impression que les désirs sont indicibles, doivent rester dans une sphère extrêmement intime qui est juste celle à la rigueur, soit avec soi-même, soit avec un partenaire de confiance. Mais qui pense que la sexualité est quelque chose dont on peut parler à voix haute, on peut parler de son désir pour telle ou telle personne, même si on n’est pas avec cette personne, à voix haute. On peut aborder tous ces types de sujet et même dans mon cas, puisque j’ai été non seulement réalisatrice, mais j’ai aussi joué dans mes films et dans d’autres, montrer sa sexualité, se dévoiler complètement, se mettre à poil, montrer comment on aime baiser devant le monde entier, sans en avoir honte, sans en être embarrassé, en ayant plutôt un sentiment de fierté.

GRÉGORY : Et tu penses, parce qu’en fait le porno ça a des connotations, en tout cas, je pense que c’est la même chose que ce qu’on a dans la vie réelle. C’est-à-dire qu’un mec qui fait du porno ou qui se tape 50 gonzesses est un héros, versus la fille qui fait du porno, c’est une pute, enfin, c’est peut-être un truc à essayer de casser aussi, non ? 

OLYMPE : Je ne pense pas que je puisse à moi toute seule briser les stigmas. Tu vois le fait que les travailleuses du sexe soient stigmatisées, etc, après moi, je n’ai pas du tout souffert de ce type de perception, mais je pense que je suis extrêmement privilégié parce que je suis entouré de gens qui sont ouverts, qui sont intelligents, même mon père l’a bien pris, mon mec m’a rencontré quand je faisais déjà ça, il n’a rien à voir avec le porno, mes amis l’ont compris, peut-être après un peu de temps, mais du coup, moi je me sens très privilégié. Je pense que ça ne reflète pas du tout ce que peuvent vivre énormément de femmes qui ont décidé de faire du porno ou d’être travailleuses du sexe. Donc bon, bah ça, ça reste un problème. Mais en ce moment, il y a quand même une grosse tendance pour les travailleurs du sexe et les travailleuses du sexe à se revendiquer dans la rue, à parler de leurs droits, a montré qu’il y a quand même une stigmatisation très très forte et j’espère que ça fait un peu bouger les choses.

GRÉGORY : Et puis, de manière générale, j’ai l’impression que les femmes, elles, veulent affirmer leur sexualité beaucoup plus qu’avant, en fait. Avec tout ce mouvement féministe, qui est qui est génial, il y a un vrai mouvement de revendication de sa sexualité, de la normalité, “ben ouais, j’aime baiser, c’est parfait et c’est logique”.

OLYMPE : Bien sûr. En fait, je pense qu’il y a plein de choses. Il y a déjà, avec le fait qu’on parle de consentement. On parle du coup du fait que les femmes doivent pouvoir être entendues lorsqu’elles disent non, mais doivent aussi pouvoir exprimer leur non de façon super articulée. Mais il y a aussi, du coup je pense, la contrepartie positive. Si tu veux exprimer ton non de façon super claire, tu peux aussi exprimer ton oui. C’est-à-dire,  ce que tu aimes, c’est très important de savoir dire “j’aime plutôt ceci, j’aime plutôt cela. Non, s’il te plaît, arrête ça, ça, ce n’est pas mon truc, etc”. Donc je pense qu’on parle beaucoup de la sexualité parce qu’il y a ce besoin des femmes de savoir dire ce qu’elles attendent, ce qu’elles aiment à leur partenaire. C’est très important que la parole se libère aussi, que les femmes commencent à parler de leur sexualité, commencent à parler et à poser des questions.

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