Vlan #135 Se reconnecter à l’intelligence du corps avec Eve Berger Grosjean

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Vlan #135 Se reconnecter à l'intelligence du corps avec Eve Berger Grosjean
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GRÉGORY : Aujourd’hui, on va parler de l’intelligence du corps. On s’intéresse de plus en plus à notre corps, ce qui n’était pas forcément le cas avant, ou en tout cas pas de la même manière. Pourquoi en ce moment ?

EVE : C’est vrai que moi, j’ai le sentiment également qu’en ce moment il y a une convergence de facteurs, d’éléments qui font que c’est peut-être le moment pour l’intelligence du corps, à la fois pour s’en approcher, pour l’accueillir, pour resacraliser peut être le corps, sa sensibilité, son intelligence. Alors pourquoi ? Moi, je vois plusieurs choses avant ce qui vient de nous arriver, cette énorme crise sanitaire et les dernières actualités autour de ce qui se passe aux États-Unis aussi, qui parlent du corps aussi d’ailleurs. Les violences policières, la mort de George Floyd, tout ça qui me travaille beaucoup, comme beaucoup de gens, je pense. Avant tout ça, moi, je voyais trois grands courants, trois grands éléments qui convergeaient vers cette nécessité ou pour faire émerger ou renforcer cette nécessité de prendre en compte notre corps. Le premier, il n’y a pas d’ordre exact, mais ce sont vraiment les situations de plus en plus nombreuses d’épuisement professionnel qui ont mené à une explosion du nombre de burn out, de suicides, etc, où il y a vraiment une pression, une pressurisation, notamment dans le monde du travail qui est exercé sur les corps, qui est absolument démente et qui fait qu’il y a de plus en plus de personnes de plus en plus nombreuses, qui se posent des questions, qui n’ont plus envie de ce rythme. Toutes les personnes qui ont fait un burn out d’ailleurs disent que ça a été une presque une chance d’ailleurs dans leur vie, pour se poser, voir un peu les choses autrement. La deuxième chose, ça a été, la libération plus récente de la parole autour des violences sexuelles. On sais quand même rendu compte, ces deux ou trois dernières années, qu’aucune des grandes institutions et des grands secteurs de notre société n’était épargnée : l’école, l’Église, le monde des arts, le monde du spectacle, le monde de la politique, le monde du sport, etc. Je crois qu’on est en train de réaliser qu’il y a vraiment une prise de conscience collective du fait que le corps, son intimité, le corps, comme espace d’existence et espace de relation, nécessite vraiment d’être à nouveau respecté, mais plus que respecté, sacralisé, honoré, comme espace d’existence premier au même titre que la planète sur laquelle nous vivons. La troisième chose, c’est l’éco-anxiété qui naît de la crainte de cet effondrement climatique, que certains appellent effondrement, qui est en fait un long processus qui évolue déjà depuis plusieurs décennies, mais qui se manifeste depuis quelques années de manière de plus en plus accélérée, en amenant des réelles catastrophes, des phénomènes climatiques qui sont tellement forts, contrastés, fréquents, qu’on est arrivés à poser un nouveau terme pour désigner tout un nouveau champ de souffrances, d’angoisses, de préoccupations à la fois individuelles et collectives. Ça aussi, ça nous appelle à un réveil à écouter le vivant et le premier lieu où on peut écouter le vivant, je crois que c’est notre corps.

GRÉGORY : C’est intéressant ce que tu racontes. On dit souvent que la première écologie, c’est l’écologie intérieure. Dans tout ce que tu dis, moi, j’ai la sensation que tu parles beaucoup de cet objectivisation du corps. Au 20ᵉ siècle et dans l’ère moderne, de manière plus générale, on a beaucoup considéré le corps comme une machine. Toi, tu parles de corps intérieur et extérieur, est-ce que tu peux parler un peu de ces deux concepts ? 

EVE : Le corps, c’est vrai qu’on le considère beaucoup comme une machine et ça, j’ai envie de dire que c’est presque le fruit de la révolution industrielle. C’est-à-dire que le corps a été pris comme une machine qui devait se coordonner avec d’autres machines qui étaient les machines de production. Il est resté de là quelque chose qui, même chez les cadres supérieurs de la défense, maintient le corps dans cette forme de pressurisation. Donc le corps extérieur, c’est ce corps qui est considéré comme un outil, mais c’est devenu presque un inconscient collectif que le corps doit tenir, il doit nous emmener, il doit nous déplacer, il doit obéir à nos ordres, il doit répondre aux rythmes qu’on lui impose. Il y a un autre aspect dans ce corps extérieur qui est le corps plus comme un objet de consommation, donc le corps qu’on va valoriser dans la publicité, le corps qui doit alors être fin, souple, musclé, séduisant, répondre à des normes. Il y a à un moment le corps entre objet de rentabilité, ce corps machine et objet de consommation, en fait, à aucun moment, on prend en compte son intelligence et sa sensibilité propre. L’intériorité corporelle, la différence que je fais, c’est qu’au lieu de voir notre corps, comme étant un objet que l’on déplace dans l’espace, à l’extérieur, on se retourne vers l’intérieur. C’est ce que font d’ailleurs beaucoup de techniques de méditation, que je pratique abondamment, mais pas que la méditation, ça peut être toutes les techniques gestuelles intériorisées de yoga, de gymnastique sensorielle, de thaï chi, etc, qui tendent à inviter à un retournement de l’attention et de l’intention vers le dedans. Ce n’est pas un retournement qui est nombriliste ou qui est tourné vers l’ego comme certaines personnes pourraient le penser. C’est un retournement qui est fait vers la source, la source du vivant à l’intérieur de nous. Dans cette intériorité, on rencontre 2 choses essentielles qui, pour moi, sont, les deux trésors de notre humanité. La première chose, c’est qu’à l’intérieur de ce corps vivant, parce qu’il est vivant, on rencontre des principes universels du vivant. Le fait que toute notre activité intérieure, par exemple, est rythmée par des moments de mouvement, des moments d’arrêt. Le corps vivant, pour bien fonctionner, pour rester vivant, pour être heureux et en bonne santé, pour avoir un bon système immunitaire, ce qui en ce moment est quand même important, a besoin d’alterner, par exemple, des temps d’activité et des temps de repos. Quand on écoute l’intérieur de nous-mêmes, on le ressent, on le perçoit. C’est un principe universel du vivant qui régit aussi la nature, les saisons, etc. À l’intérieur de soi, on rencontre aussi ce qui est notre individualité, notre originalité la plus grande. Aucun de nous ne vit et n’est architecturé dans son intériorité corporelle de la même manière. On est tous animés par les mêmes principes du vivant, mais chacun de nous a son dessin personnel intérieur, de la façon dont ses principes se jouent pour lui-même. Cette universalité du vivant et cette singularité absolue de notre manière de les vivre, d’en être constitué, de les incarner, c’est cette chose-là, me semble-t-il, qui est importante.

La suite a écouté sur VLAN !

Description de l’épisode

Eve Berger Grosjean est coache, chercheuse, psychomotricienne, autrice d’un ouvrage intitulé l’intelligence du corps et avec elle nous parlons de son sujet favori car il me semble primordial de l’aborder.

Nous malmenons notre corps depuis des décennies dans notre culture, nous l’avons assimilé à une machine que l’on répare et que l’on repose lorsque c’est nécessaire.

Il est profondément mis à mal, nié et épuisé, j’en veux pour preuve les nombreux Burn Outs mai aussi des maladies que l’on pourrait s’épargner tout simplement.

Avec Eve nous abordons cela, l’intelligence de ce qui est une bonne partie de nous: notre corps.

Comment le réintégrer dans notre réflexion, comme reconnecter avec le toucher en particulier après cette crise sanitaire?

C’est notre responsabilité propre de nous recommander avec lui car il est évidemment central et se rappelle à nous parfois de manière violente quand nous l’ignorons de trop.

On y aborde la méditation, le sensible, la proximité, le toucher et tous ces éléments essentiels.

Je suis certain que cette écoute vous parlera et j’ai hâte d’avoir vos retours bien sur.

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : Aujourd’hui, on va parler de l’intelligence du corps. On s’intéresse de plus en plus à notre corps, ce qui n’était pas forcément le cas avant, ou en tout cas pas de la même manière. Pourquoi en ce moment ?

EVE : C’est vrai que moi, j’ai le sentiment également qu’en ce moment il y a une convergence de facteurs, d’éléments qui font que c’est peut-être le moment pour l’intelligence du corps, à la fois pour s’en approcher, pour l’accueillir, pour resacraliser peut être le corps, sa sensibilité, son intelligence. Alors pourquoi ? Moi, je vois plusieurs choses avant ce qui vient de nous arriver, cette énorme crise sanitaire et les dernières actualités autour de ce qui se passe aux États-Unis aussi, qui parlent du corps aussi d’ailleurs. Les violences policières, la mort de George Floyd, tout ça qui me travaille beaucoup, comme beaucoup de gens, je pense. Avant tout ça, moi, je voyais trois grands courants, trois grands éléments qui convergeaient vers cette nécessité ou pour faire émerger ou renforcer cette nécessité de prendre en compte notre corps. Le premier, il n’y a pas d’ordre exact, mais ce sont vraiment les situations de plus en plus nombreuses d’épuisement professionnel qui ont mené à une explosion du nombre de burn out, de suicides, etc, où il y a vraiment une pression, une pressurisation, notamment dans le monde du travail qui est exercé sur les corps, qui est absolument démente et qui fait qu’il y a de plus en plus de personnes de plus en plus nombreuses, qui se posent des questions, qui n’ont plus envie de ce rythme. Toutes les personnes qui ont fait un burn out d’ailleurs disent que ça a été une presque une chance d’ailleurs dans leur vie, pour se poser, voir un peu les choses autrement. La deuxième chose, ça a été, la libération plus récente de la parole autour des violences sexuelles. On sais quand même rendu compte, ces deux ou trois dernières années, qu’aucune des grandes institutions et des grands secteurs de notre société n’était épargnée : l’école, l’Église, le monde des arts, le monde du spectacle, le monde de la politique, le monde du sport, etc. Je crois qu’on est en train de réaliser qu’il y a vraiment une prise de conscience collective du fait que le corps, son intimité, le corps, comme espace d’existence et espace de relation, nécessite vraiment d’être à nouveau respecté, mais plus que respecté, sacralisé, honoré, comme espace d’existence premier au même titre que la planète sur laquelle nous vivons. La troisième chose, c’est l’éco-anxiété qui naît de la crainte de cet effondrement climatique, que certains appellent effondrement, qui est en fait un long processus qui évolue déjà depuis plusieurs décennies, mais qui se manifeste depuis quelques années de manière de plus en plus accélérée, en amenant des réelles catastrophes, des phénomènes climatiques qui sont tellement forts, contrastés, fréquents, qu’on est arrivés à poser un nouveau terme pour désigner tout un nouveau champ de souffrances, d’angoisses, de préoccupations à la fois individuelles et collectives. Ça aussi, ça nous appelle à un réveil à écouter le vivant et le premier lieu où on peut écouter le vivant, je crois que c’est notre corps.

GRÉGORY : C’est intéressant ce que tu racontes. On dit souvent que la première écologie, c’est l’écologie intérieure. Dans tout ce que tu dis, moi, j’ai la sensation que tu parles beaucoup de cet objectivisation du corps. Au 20ᵉ siècle et dans l’ère moderne, de manière plus générale, on a beaucoup considéré le corps comme une machine. Toi, tu parles de corps intérieur et extérieur, est-ce que tu peux parler un peu de ces deux concepts ? 

EVE : Le corps, c’est vrai qu’on le considère beaucoup comme une machine et ça, j’ai envie de dire que c’est presque le fruit de la révolution industrielle. C’est-à-dire que le corps a été pris comme une machine qui devait se coordonner avec d’autres machines qui étaient les machines de production. Il est resté de là quelque chose qui, même chez les cadres supérieurs de la défense, maintient le corps dans cette forme de pressurisation. Donc le corps extérieur, c’est ce corps qui est considéré comme un outil, mais c’est devenu presque un inconscient collectif que le corps doit tenir, il doit nous emmener, il doit nous déplacer, il doit obéir à nos ordres, il doit répondre aux rythmes qu’on lui impose. Il y a un autre aspect dans ce corps extérieur qui est le corps plus comme un objet de consommation, donc le corps qu’on va valoriser dans la publicité, le corps qui doit alors être fin, souple, musclé, séduisant, répondre à des normes. Il y a à un moment le corps entre objet de rentabilité, ce corps machine et objet de consommation, en fait, à aucun moment, on prend en compte son intelligence et sa sensibilité propre. L’intériorité corporelle, la différence que je fais, c’est qu’au lieu de voir notre corps, comme étant un objet que l’on déplace dans l’espace, à l’extérieur, on se retourne vers l’intérieur. C’est ce que font d’ailleurs beaucoup de techniques de méditation, que je pratique abondamment, mais pas que la méditation, ça peut être toutes les techniques gestuelles intériorisées de yoga, de gymnastique sensorielle, de thaï chi, etc, qui tendent à inviter à un retournement de l’attention et de l’intention vers le dedans. Ce n’est pas un retournement qui est nombriliste ou qui est tourné vers l’ego comme certaines personnes pourraient le penser. C’est un retournement qui est fait vers la source, la source du vivant à l’intérieur de nous. Dans cette intériorité, on rencontre 2 choses essentielles qui, pour moi, sont, les deux trésors de notre humanité. La première chose, c’est qu’à l’intérieur de ce corps vivant, parce qu’il est vivant, on rencontre des principes universels du vivant. Le fait que toute notre activité intérieure, par exemple, est rythmée par des moments de mouvement, des moments d’arrêt. Le corps vivant, pour bien fonctionner, pour rester vivant, pour être heureux et en bonne santé, pour avoir un bon système immunitaire, ce qui en ce moment est quand même important, a besoin d’alterner, par exemple, des temps d’activité et des temps de repos. Quand on écoute l’intérieur de nous-mêmes, on le ressent, on le perçoit. C’est un principe universel du vivant qui régit aussi la nature, les saisons, etc. À l’intérieur de soi, on rencontre aussi ce qui est notre individualité, notre originalité la plus grande. Aucun de nous ne vit et n’est architecturé dans son intériorité corporelle de la même manière. On est tous animés par les mêmes principes du vivant, mais chacun de nous a son dessin personnel intérieur, de la façon dont ses principes se jouent pour lui-même. Cette universalité du vivant et cette singularité absolue de notre manière de les vivre, d’en être constitué, de les incarner, c’est cette chose-là, me semble-t-il, qui est importante.

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