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Vlan #130 Comment allons nous pouvoir nous divertir demain? avec Jeremie Peltier
VLAN! Podcast
Vlan #130 Comment allons nous pouvoir nous divertir demain? avec Jeremie Peltier
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GRÉGORY : Tu viens de sortir un mini essai, sur les loisirs, les loisirs pendant et les loisirs après cette crise qu’on est en train de traverser. Là, on est bientôt à la sortie du confinement. Toi, tu t’es directeur des études d’un institut de recherche. Pourquoi tu t’es intéressé à cette question des loisirs ?
JEREMIE : Alors déjà, merci beaucoup de m’inviter. Je suis ravi de faire ce podcast avec toi. Pourquoi ce sujet-là ? Beaucoup de gens réfléchissent au monde d’après, à la façon dont on va pouvoir reconstruire le pays, à la façon dont on peut penser, le pays et la société de demain. Je me suis dit bon, il y a déjà beaucoup de gens qui le font et peut-être que ça serait intéressant de réfléchir à la société de demain, mais à travers quelque chose qui nous concerne tous, de façon finalement très intime, c’est la façon dont on se divertit. Je trouve qu’évidemment, un des trucs qui a le plus changé notre quotidien depuis qu’on est confiné, c’est le divertissement. Un des éléments qui m’intéressait, c’était de me dire, mais comment on va faire pour se divertir comme avant, alors qu’on va avoir quand même des besoins très importants. Justement des divertissements pour finalement retrouver notre liberté et le bonheur d’être libre. Ça m’intéressait de travailler sur un sujet qui parle à tout le monde en tout cas.
GRÉGORY : Dans ce livre, il y a un chiffre qui m’a vraiment choqué, quand tu parlais qu’on était une société de loisirs. Est-ce que tu peux reprendre le chiffre du pourcentage de temps de travail sur le temps éveillé et le comparer à avant ? Parce que je pense que c’est quelque chose que les gens ne réalisent pas du tout et après peut-être expliciter pourquoi on a ce suivi pour qu’on arrive à ce chiffre-là.
JEREMIE : Alors, tu as raison, c’est un élément qui est central quand on parle du divertissement et de la société, des loisirs, de la société, de l’amusement,etc. C’est le sociologue qui s’appelle Jean Viard, qui a beaucoup travaillé sur ces questions. Il dit que nous sommes rentrés aujourd’hui dans ce qu’il appelle la société des loisirs. Il dit ça parce qu’en gros, il dit voilà maintenant sur une vie éveillée, si on prend la vie d’un individu dans son intégralité entre le moment ou il naît et le moment où il meurt, et bien la vie qu’il va consacrer au travail, ça va représenter juste 12 % finalement de sa vie éveillée, uniquement 12 % de sa vie éveillée, alors que par exemple, si on regarde ce que ça représentait en 1936, et bien on était à 40% du temps de travail dans une vie éveillée. Aujourd’hui le temps de travail ne représente que 12% d’une vie. On l’explique pour 2 raisons principales. D’une part, évidemment, l’allongement de la durée de vie, qui fait que la part du travail et du temps travaillé s’est réduit dans notre vie éveillée. On l’explique aussi par un certain nombre de lois, évidemment, on peut parler des cinq semaines de congés payés, on peut parler des RTT et on peut parler évidemment des 35 h qui ont fait que le temps de travail, dans une vie éveillé, s’est considérablement réduit au fil des années et au fil de notre vie. C’est pour ça qu’en gros, une grande majorité de notre vie et de nos temps est consacrée à du temps hors travail et donc à des loisirs.
GRÉGORY : C’est vrai, c’est assez choquant parce que quand tu dis ça, on a toujours l’impression qu’on travaille de plus en plus. Il y a plein de gens qui font des burn out etc, et on réalise que finalement, comme on sort des études plus tard et qu’on meurt plus âgé et qu’il y a la retraite, effectivement, ce temps de travail est assez faible.
JEREMIE : On pourrait imaginer de mieux ressentir ce temps libre qu’on a réellement, il y a un élément, par exemple, qui vient empêcher l’émergence de sentiments qu’on a du temps libre, c’est notamment le numérique, l’arrivée du numérique, des réseaux sociaux. L’économie du numérique est venue empiéter sur le temps libre. Tout l’intérêt du numérique et de toutes les applications que vous vous téléchargez sur votre téléphone est de venir gratter et s’emparer de votre temps libre. Je pense que c’est une des raisons pour laquelle le sentiment de ce temps libre là, qui est réel, on ne le voit pas parce que finalement notre cerveau est pris par tout ce qui est venu empiéter dessus.
La suite à écouter sur Vlan !
Description de l’épisode
Jeremie Peltier est directeur des études à l’institut Jean Jaurès, son métier consiste donc à analyser nos modes de vie en s’appuyant sur des données concrètes. Jeremie a écrit un essai sur les loisirs pour penser l’après aux éditions de l’observatoire
Avec Jeremie nous nous posons cette question qui peut sembler trivial des loisirs. En réalité, cette question est centrale pas seulement parce qu’elle nous a occupé pendant ces semaines mais parce que, comme le souligne Jeremie, nous vivons dans une société de loisirs.
Nous revenons sur les occupations pendant le confinement, les puzzles, les jeux de société, la cuisine, les bananas bread et autre mais aussi sur le bricolage.
Mais ce qui est intéressant est évidemment ce que nous allons pouvoir faire après. En s’appuyant sur le livre de Tristan Garcia, la vie Intense, nous revenons sur ce que les français aiment et ce qu’ils vont pouvoir ou pas faire.
La distanciation sociale va nécessairement remettre en cause énormément de chose quant aux loisirs.
Nous parlons aussi avec Jeremie de la mise en scène de notre bonheur retrouvé, il faudra être attentif.
Je vous laisse écouter cet épisode hyper intéressant et truffé de données concrètes avec un zeste de philosophie.
Vlan #130 Comment allons nous pouvoir nous divertir demain? avec Jeremie Peltier
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GRÉGORY : Tu viens de sortir un mini essai, sur les loisirs, les loisirs pendant et les loisirs après cette crise qu’on est en train de traverser. Là, on est bientôt à la sortie du confinement. Toi, tu t’es directeur des études d’un institut de recherche. Pourquoi tu t’es intéressé à cette question des loisirs ?
JEREMIE : Alors déjà, merci beaucoup de m’inviter. Je suis ravi de faire ce podcast avec toi. Pourquoi ce sujet-là ? Beaucoup de gens réfléchissent au monde d’après, à la façon dont on va pouvoir reconstruire le pays, à la façon dont on peut penser, le pays et la société de demain. Je me suis dit bon, il y a déjà beaucoup de gens qui le font et peut-être que ça serait intéressant de réfléchir à la société de demain, mais à travers quelque chose qui nous concerne tous, de façon finalement très intime, c’est la façon dont on se divertit. Je trouve qu’évidemment, un des trucs qui a le plus changé notre quotidien depuis qu’on est confiné, c’est le divertissement. Un des éléments qui m’intéressait, c’était de me dire, mais comment on va faire pour se divertir comme avant, alors qu’on va avoir quand même des besoins très importants. Justement des divertissements pour finalement retrouver notre liberté et le bonheur d’être libre. Ça m’intéressait de travailler sur un sujet qui parle à tout le monde en tout cas.
GRÉGORY : Dans ce livre, il y a un chiffre qui m’a vraiment choqué, quand tu parlais qu’on était une société de loisirs. Est-ce que tu peux reprendre le chiffre du pourcentage de temps de travail sur le temps éveillé et le comparer à avant ? Parce que je pense que c’est quelque chose que les gens ne réalisent pas du tout et après peut-être expliciter pourquoi on a ce suivi pour qu’on arrive à ce chiffre-là.
JEREMIE : Alors, tu as raison, c’est un élément qui est central quand on parle du divertissement et de la société, des loisirs, de la société, de l’amusement,etc. C’est le sociologue qui s’appelle Jean Viard, qui a beaucoup travaillé sur ces questions. Il dit que nous sommes rentrés aujourd’hui dans ce qu’il appelle la société des loisirs. Il dit ça parce qu’en gros, il dit voilà maintenant sur une vie éveillée, si on prend la vie d’un individu dans son intégralité entre le moment ou il naît et le moment où il meurt, et bien la vie qu’il va consacrer au travail, ça va représenter juste 12 % finalement de sa vie éveillée, uniquement 12 % de sa vie éveillée, alors que par exemple, si on regarde ce que ça représentait en 1936, et bien on était à 40% du temps de travail dans une vie éveillée. Aujourd’hui le temps de travail ne représente que 12% d’une vie. On l’explique pour 2 raisons principales. D’une part, évidemment, l’allongement de la durée de vie, qui fait que la part du travail et du temps travaillé s’est réduit dans notre vie éveillée. On l’explique aussi par un certain nombre de lois, évidemment, on peut parler des cinq semaines de congés payés, on peut parler des RTT et on peut parler évidemment des 35 h qui ont fait que le temps de travail, dans une vie éveillé, s’est considérablement réduit au fil des années et au fil de notre vie. C’est pour ça qu’en gros, une grande majorité de notre vie et de nos temps est consacrée à du temps hors travail et donc à des loisirs.
GRÉGORY : C’est vrai, c’est assez choquant parce que quand tu dis ça, on a toujours l’impression qu’on travaille de plus en plus. Il y a plein de gens qui font des burn out etc, et on réalise que finalement, comme on sort des études plus tard et qu’on meurt plus âgé et qu’il y a la retraite, effectivement, ce temps de travail est assez faible.
JEREMIE : On pourrait imaginer de mieux ressentir ce temps libre qu’on a réellement, il y a un élément, par exemple, qui vient empêcher l’émergence de sentiments qu’on a du temps libre, c’est notamment le numérique, l’arrivée du numérique, des réseaux sociaux. L’économie du numérique est venue empiéter sur le temps libre. Tout l’intérêt du numérique et de toutes les applications que vous vous téléchargez sur votre téléphone est de venir gratter et s’emparer de votre temps libre. Je pense que c’est une des raisons pour laquelle le sentiment de ce temps libre là, qui est réel, on ne le voit pas parce que finalement notre cerveau est pris par tout ce qui est venu empiéter dessus.
