Vlan #121 Comment la communication non violente peut améliorer vos relations? avec Thomas d’Ansembourg

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Vlan #121 Comment la communication non violente peut améliorer vos relations? avec Thomas d'Ansembourg
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GRÉGORY : Quand on s’est rencontré, vous aviez fait une conférence sur la communication non violente. Moi, j’ai la sensation que dans la société, en ce moment, il y a justement pas mal de violence dans les échanges. C’est pour ça que je voulais qu’on parle ensemble de la communication non violente qui, à mon avis, est nécessaire. Est-ce que vous pouvez nous rappeler peut être les principes de la communication non-violente est aussi ce qui m’intéresse, c’est pourquoi vous êtes allé vers ce domaine-là en particulier.

THOMAS : Je suis allé vers ce domaine parce que j’étais avocat, dans l’intention d’aider les gens à traverser les conflits. En travaillant beaucoup, à accompagner les gens dans les conflits, j’ai remarqué que la plupart du temps, les conflits sont le fruit de malentendus et que les malentendus sont fruit d’une combinaison de mal exprimés / mal écoutés, et que nous ferions l’économie de bien des tensions si nous apprenions à bien nous exprimer, ce qui veut dire bien se comprendre, et bien écouter l’autre, ce qui veut dire bien comprendre l’autre et que ces enjeux-là ne font pas partie de nos formations.

GRÉGORY : Effectivement. Je ne sais pas ce qui est le plus important entre bien s’exprimer et bien écouter. J’imagine qu’il faut d’abord bien écouter avant de bien s’exprimer, peut-être ?

THOMAS : Effectivement, je constate par la pratique que plus, on écoute bien, plus on évite les conflits et les malentendus. C’est une pratique qui s’apprend. Écouter la personne, pas seulement dans ce qu’elle dit, parce que ce qu’elle dit peut-être maladroit et irritant dans la forme et dans le ton, mais écouter dans ce qu’elle vit et dans ce qu’elle aimerait arriver à dire.

GRÉGORY : Est-ce qu’il y a des techniques ? Comment on fait ça ?

THOMAS : Petit à petit, j’ai quitté la profession d’avocat et je me suis formée à différentes approches, dont celle que j’enseigne maintenant depuis bientôt 25 ans, qui s’appelle la communication non-violente. J’ai eu la chance de me former avec son fondateur, Marshall Rosenberg, et c’est une approche qui vous invite à être vigilant, pas seulement aux mots, mais à la conscience dans laquelle nous nous rencontrons. Est-ce qu’on se rencontre dans une conscience de combat, d’hostilité, de rejet, de jugement, de catégories, etc où est ce qu’on se rencontre dans une conscience d’ouverture, d’accueil, de bienveillance, etc. Ça, ça change absolument la façon d’être en lien.

GRÉGORY : Donc de comprendre comment on est nous vis-à-vis de l’autre ?

THOMAS : Oui, c’est ça de se conserver soi-même. Ça demande un travail d’intériorité, de recul. Le mot intériorité peut peut-être faire un peu peur, mais la vérité, c’est pouvoir s’observer, être un peu le spectateur de ce fonctionnement et donc pouvoir s’interroger, pourquoi est-ce que je monte le ton ? Pourquoi est-ce que je me sens agressé ? Pourquoi est-ce que j’ai pris cette attitude contre moi ? Pourquoi est-ce que je projette des images d’ennemi sur l’autre alors que peut-être juste on n’est pas d’accord et ce n’est pas très grave ? Observer son fonctionnement pour pouvoir démanteler des automatismes, des habitudes dans lesquelles nous pourrions être pris sans même le savoir.

GRÉGORY : Est-ce que ça ne peut pas être lié, par exemple, à des névroses enfantines ? Je pense notamment à la manière dont nos parents nous ont aimé, ça peut avoir des impacts parce que généralement, la manière dont nos parents nous aiment, c’est la manière dont on envisage que l’amour absolu est, sauf qu’il est souvent névrosé ou en tout cas imparfait. Est-ce que ça ne peut pas avoir des impacts sur notre communication et qu’on ne s’en rendent même pas compte ? Par exemple, une forme de communication violente, ça peut être du passif agressif, typiquement quelque chose qui est assez courant. Est-ce que ça ne peut pas être lié à ça ? Est-ce qu’il faut par exemple faire de la méditation pour avoir une conscience de soi ?

THOMAS : La méditation peut nous aider à créer un espace de recul, toutefois, elle ne suffit pas à comprendre des mécanismes et nous pourrions être pris dans des mécanismes complexes. Le mot le dit, ce sont des complexes qui sont une sorte de nœud de sentiment et de besoins en interaction autour d’une blessure fondamentale. Ce complexe peut s’activer malgré nous à l’occasion d’une circonstance de la vie quotidienne. Par exemple, si j’ai eu l’impression de ne pas être reconnu dans ma différence, dans mon identité, par mes parents qui faisaient peut-être du mieux qu’ils pouvaient, mais toutefois, moi, je n’ai pas ressenti que j’étais accueilli dans mon identité ou peut être à l’école par les enseignants, etc, et bien, je porte en moi une blessure de reconnaissance, de non-reconnaissance pour être plus précis, qui risque de s’activer par exemple dans une relation amicale ou de couple, où je prends vite contre moi une attitude ou l’autre au fond, s’occupe de le lui, mais n’est pas forcément indifférent à moi, mais ne prend pas autant soin de moi que ce que j’aurais voulu. Ma blessure s’active et je pourrais tutoyer l’autre en disant “tu me manques de reconnaissance, tu ne me reconnais pas, d’ailleurs, tu ne m’aimes pas”, tout ça simplement parce que moi, j’ai une blessure dont je n’ai pas pris soin. C’est extrêmement précieux de faire ce nettoyage, j’appelle ça dans mon travail de l’hygiène psychique, comme je me nettoie en prenant une douche régulière, en changeant mes vêtements, en me rasant ou coiffant des cheveux, etc, j’instaure dans ma vie une hygiène psychique pour avoir une qualité de relation beaucoup plus saine.

GRÉGORY : Ça s’apprend comment ? Donc, il y a la méditation, on en a parlé, mais est-ce qu’il y a d’autres méthodes ?

THOMAS : J’enseigne la communication non violente depuis des années et j’y ai trouvé, moi, un énorme secours. J’ai été quelqu’un de beaucoup trop gentil, qui avait du mal à indiquer des limites, à me poser, à bien me connaître, à savoir vers ou aller. J’étais devenu un avocat qui faisait bien ce qu’il voulait, mais qui n’était pas vraiment sur son axe. Je ne savais pas me rencontrer, j’ai appris à me rencontrer grâce à cette approche qui donne l’occasion de créer du dialogue intérieur, du dialogue avec les différentes parties de soi pour sentir de plus en plus qu’entre les différentes parties de nous qui peuvent par moments se chamailler, parfois se tirer la gueule, et bien, nous pouvons trouver notre axe. Quand nous trouvons notre axe, la vie est infiniment plus belle, plus porteuse, plus généreuse, plus joyeuse. C’est pour cela que j’ai quitté mon métier d’avocat pour devenir thérapeute et enseigner cette approche et aider les gens à apprendre à se connaître, à se centrer parce que c’est là qu’on fait des citoyens joyeux qui rendent la vie collective plus intéressante.

La suite à écouter sur Vlan !

Description de l’épisode

Thomas D’Ansembourg est un avocat à l’origine mais se rendant compte que les conflits étaient souvent liés à des problèmes de communication, il a décidé d’approfondir ces questions pour devenir therapeute et pour enseigner la communication non violente depuis 25 ans.

Il est définitivement l’une des figures francophones les plus expertes sur le sujet et par conséquent cet épisode est riche d’enseignement.

Que ce soit dans la communication envers soi même, la communication avec les autres au travail, dans le couple, entre amis ou en famille mais également dans l’éducation que l’on donne à ses enfants.

Thomas nous invite à prendre conscience de quelle manière on se rencontre et on rencontre l’autre.

C’est une tellement belle conversation, il y a aurait mille choses à noter mais cette sagesse, cette écologie de la relation comme il l’explique me semble essentiel dans le monde très violent dans lequel nous vivons.

Vous me direz ce que vous en pensez de votre coté bien sur! N’hésites pas à partager l’épisode.

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : Quand on s’est rencontré, vous aviez fait une conférence sur la communication non violente. Moi, j’ai la sensation que dans la société, en ce moment, il y a justement pas mal de violence dans les échanges. C’est pour ça que je voulais qu’on parle ensemble de la communication non violente qui, à mon avis, est nécessaire. Est-ce que vous pouvez nous rappeler peut être les principes de la communication non-violente est aussi ce qui m’intéresse, c’est pourquoi vous êtes allé vers ce domaine-là en particulier.

THOMAS : Je suis allé vers ce domaine parce que j’étais avocat, dans l’intention d’aider les gens à traverser les conflits. En travaillant beaucoup, à accompagner les gens dans les conflits, j’ai remarqué que la plupart du temps, les conflits sont le fruit de malentendus et que les malentendus sont fruit d’une combinaison de mal exprimés / mal écoutés, et que nous ferions l’économie de bien des tensions si nous apprenions à bien nous exprimer, ce qui veut dire bien se comprendre, et bien écouter l’autre, ce qui veut dire bien comprendre l’autre et que ces enjeux-là ne font pas partie de nos formations.

GRÉGORY : Effectivement. Je ne sais pas ce qui est le plus important entre bien s’exprimer et bien écouter. J’imagine qu’il faut d’abord bien écouter avant de bien s’exprimer, peut-être ?

THOMAS : Effectivement, je constate par la pratique que plus, on écoute bien, plus on évite les conflits et les malentendus. C’est une pratique qui s’apprend. Écouter la personne, pas seulement dans ce qu’elle dit, parce que ce qu’elle dit peut-être maladroit et irritant dans la forme et dans le ton, mais écouter dans ce qu’elle vit et dans ce qu’elle aimerait arriver à dire.

GRÉGORY : Est-ce qu’il y a des techniques ? Comment on fait ça ?

THOMAS : Petit à petit, j’ai quitté la profession d’avocat et je me suis formée à différentes approches, dont celle que j’enseigne maintenant depuis bientôt 25 ans, qui s’appelle la communication non-violente. J’ai eu la chance de me former avec son fondateur, Marshall Rosenberg, et c’est une approche qui vous invite à être vigilant, pas seulement aux mots, mais à la conscience dans laquelle nous nous rencontrons. Est-ce qu’on se rencontre dans une conscience de combat, d’hostilité, de rejet, de jugement, de catégories, etc où est ce qu’on se rencontre dans une conscience d’ouverture, d’accueil, de bienveillance, etc. Ça, ça change absolument la façon d’être en lien.

GRÉGORY : Donc de comprendre comment on est nous vis-à-vis de l’autre ?

THOMAS : Oui, c’est ça de se conserver soi-même. Ça demande un travail d’intériorité, de recul. Le mot intériorité peut peut-être faire un peu peur, mais la vérité, c’est pouvoir s’observer, être un peu le spectateur de ce fonctionnement et donc pouvoir s’interroger, pourquoi est-ce que je monte le ton ? Pourquoi est-ce que je me sens agressé ? Pourquoi est-ce que j’ai pris cette attitude contre moi ? Pourquoi est-ce que je projette des images d’ennemi sur l’autre alors que peut-être juste on n’est pas d’accord et ce n’est pas très grave ? Observer son fonctionnement pour pouvoir démanteler des automatismes, des habitudes dans lesquelles nous pourrions être pris sans même le savoir.

GRÉGORY : Est-ce que ça ne peut pas être lié, par exemple, à des névroses enfantines ? Je pense notamment à la manière dont nos parents nous ont aimé, ça peut avoir des impacts parce que généralement, la manière dont nos parents nous aiment, c’est la manière dont on envisage que l’amour absolu est, sauf qu’il est souvent névrosé ou en tout cas imparfait. Est-ce que ça ne peut pas avoir des impacts sur notre communication et qu’on ne s’en rendent même pas compte ? Par exemple, une forme de communication violente, ça peut être du passif agressif, typiquement quelque chose qui est assez courant. Est-ce que ça ne peut pas être lié à ça ? Est-ce qu’il faut par exemple faire de la méditation pour avoir une conscience de soi ?

THOMAS : La méditation peut nous aider à créer un espace de recul, toutefois, elle ne suffit pas à comprendre des mécanismes et nous pourrions être pris dans des mécanismes complexes. Le mot le dit, ce sont des complexes qui sont une sorte de nœud de sentiment et de besoins en interaction autour d’une blessure fondamentale. Ce complexe peut s’activer malgré nous à l’occasion d’une circonstance de la vie quotidienne. Par exemple, si j’ai eu l’impression de ne pas être reconnu dans ma différence, dans mon identité, par mes parents qui faisaient peut-être du mieux qu’ils pouvaient, mais toutefois, moi, je n’ai pas ressenti que j’étais accueilli dans mon identité ou peut être à l’école par les enseignants, etc, et bien, je porte en moi une blessure de reconnaissance, de non-reconnaissance pour être plus précis, qui risque de s’activer par exemple dans une relation amicale ou de couple, où je prends vite contre moi une attitude ou l’autre au fond, s’occupe de le lui, mais n’est pas forcément indifférent à moi, mais ne prend pas autant soin de moi que ce que j’aurais voulu. Ma blessure s’active et je pourrais tutoyer l’autre en disant “tu me manques de reconnaissance, tu ne me reconnais pas, d’ailleurs, tu ne m’aimes pas”, tout ça simplement parce que moi, j’ai une blessure dont je n’ai pas pris soin. C’est extrêmement précieux de faire ce nettoyage, j’appelle ça dans mon travail de l’hygiène psychique, comme je me nettoie en prenant une douche régulière, en changeant mes vêtements, en me rasant ou coiffant des cheveux, etc, j’instaure dans ma vie une hygiène psychique pour avoir une qualité de relation beaucoup plus saine.

GRÉGORY : Ça s’apprend comment ? Donc, il y a la méditation, on en a parlé, mais est-ce qu’il y a d’autres méthodes ?

THOMAS : J’enseigne la communication non violente depuis des années et j’y ai trouvé, moi, un énorme secours. J’ai été quelqu’un de beaucoup trop gentil, qui avait du mal à indiquer des limites, à me poser, à bien me connaître, à savoir vers ou aller. J’étais devenu un avocat qui faisait bien ce qu’il voulait, mais qui n’était pas vraiment sur son axe. Je ne savais pas me rencontrer, j’ai appris à me rencontrer grâce à cette approche qui donne l’occasion de créer du dialogue intérieur, du dialogue avec les différentes parties de soi pour sentir de plus en plus qu’entre les différentes parties de nous qui peuvent par moments se chamailler, parfois se tirer la gueule, et bien, nous pouvons trouver notre axe. Quand nous trouvons notre axe, la vie est infiniment plus belle, plus porteuse, plus généreuse, plus joyeuse. C’est pour cela que j’ai quitté mon métier d’avocat pour devenir thérapeute et enseigner cette approche et aider les gens à apprendre à se connaître, à se centrer parce que c’est là qu’on fait des citoyens joyeux qui rendent la vie collective plus intéressante.

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