Vlan #114 Doit-on choisir entre la fin du mois et la fin du monde? avec Santiago Lefebvre

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Vlan #114 Doit-on choisir entre la fin du mois et la fin du monde? avec Santiago Lefebvre
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GRÉGORY : On va parler aujourd’hui de travail, mais pas seulement de travail. On va parler de travail responsable. J’ai la sensation que beaucoup de personnes ont envie d’avoir du sens dans leur travail, se pose cette question-là et en même temps, se disent que quand même, à la fin du mois, il faut payer les factures, il faut payer à manger, il faut avoir des loisirs, etc, ils ont l’impression d’être pris entre les deux, de devoir choisir entre les deux. Tu as cofondé un salon qui s’appelle Changes Now, qui a lieu fin janvier, vous essayez de montrer qu’on peut avoir les deux en même temps. Ma première question, c’est en partant de ton histoire à toi, parce que finalement, toi-même, tu as fait ce chemin-là aussi, est-ce que ce que je raconte, c’est un mythe ou est-ce que c’est une réalité encore aujourd’hui ?

SANTIAGO : Si je reformule un tout petit peu, en fait, l’idée, c’est de savoir si aujourd’hui c’est un mythe de devoir faire forcément un sacrifice ou pas. 

GRÉGORY : Est-ce qu’on doit faire le choix, ou pas.

SANTIAGO : Moi, de ce que je vois, au quotidien, c’est vraiment que de moins en moins, on a besoin de faire ce choix et pour plusieurs raisons. La première, c’est que les personnes qui aujourd’hui développent des entreprises qui ont de l’impact sont des nouveaux profils. Aujourd’hui en tout cas, beaucoup de personnes qui créent des entreprises comme ça sont des personnes avec un caractère très entrepreneurial, qui ont eu un passé ou une formation dans le commerce, dans l’ingénierie, des personnes très carrées avec un vrai background professionnel, qui partent d’emblée dans la création d’entreprises avec un business model et avec une vraie vision de comment est ce qu’on fait grandir des équipes, comment est ce qu’on les paye, etc. Aujourd’hui, les entreprises, de plus en plus, même des startups à impact, permettent justement d’allier la fin du mois avec le côté enjeux. Ça, c’est une partie et après l’autre partie, ce que les entreprises sont obligées de changer. De plus en plus de grandes entreprises sont confrontées aujourd’hui au fait de devoir recruter des personnes, et les jeunes aujourd’hui veulent clairement avoir cette notion de sens imbriquée dans ce qu’ils font. Donc forcément, ça bouge dans les deux sens et pour moi, il y a une vraie tendance. Je ne serais pas dire si c’est encore un mythe, mais en tout cas, il y a une vraie évolution.

GRÉGORY : On ne la pas tous lus mais on est nombreux à avoir lu cette étude qui montre que les étudiants de Polytechnique ou d’Associés ne veulent plus aller d’entreprises qui n’ont pas d’impact. En même temps, j’ai la sensation que beaucoup des grandes entreprises font encore beaucoup de greenwashing. Soit, elles replantent des arbres tout en continuant à faire leur business as usual, soit elles externalisent leur impact, c’est-à-dire qu’en fait, elles vont aller investir dans une ONG qui n’a strictement rien à voir que leur business en se disant qu’effectivement leur business n’est pas très propre, mais bon, ils investissent dans une association, mais qui n’a pas d’impact. Ils essaient souvent de repousser finalement le moment où ils vont devoir modifier la manière dont ils travaillent. Tu as parlé de deux typologies d’entreprises, des startups à impact et il y a aussi ces grandes entreprises. Est-ce que tu n’as pas la sensation que les grandes entreprises, elles, sont encore pour beaucoup dans ce modèle globalement qui n’est pas vraiment du greenwashing, mais on en est quand même pas très loin quoi.

SANTIAGO : Les entreprises sont en train de se transformer. La transformation ne veut pas dire forcément que du jour au lendemain, les choses changent. Il y a un poids de la traîne historique et de l’activité historique de beaucoup d’acteurs. Ça, c’est quelque chose de très clair et c’est pour cela qu’aujourd’hui, il y a encore parfois ce malaise par rapport à certaines entreprises. Nous, celles qu’on rencontre et celles avec lesquelles on travaille, les personnes qui sont en train de porter ces sujets là au sein de l’entreprise sont des convaincus, des personnes vraiment qui essayent de faire bouger les lignes et qui tirent le changement. Mais le changement met du temps. C’est le constat que moi, je fais d’expérience. Après, bien sûr, il y a encore des mauvais élèves et il y en a d’autres qui vont prendre du temps.

GRÉGORY : Tu as des exemples de grandes entreprises qui vont dans le bon sens pour toi ?

SANTIAGO : Bien sûr. Nous, ce qu’on regarde avant tout, c’est lesquelles sont en train de développer des nouveaux business models. C’est là où nous, on met la barrière du greenwashing. C’est-à-dire que lorsqu’on est dans le discours, mais qu’on ne fait pas forcément grand-chose, si ce n’est parfois de la compensation, on est dans l’action du côté Greenwashing. Lorsqu’on se pose vraiment la question de comment est ce que je peux réinventer mon business pour vraiment allier impact et pérennité de mon entreprise, là, on est dans le juste. Pour donner des exemples très concrets, il y a des acteurs très simple parce que c’est vraiment inscrit dans leur cœur de métier, par exemple les Veolia, les Suez qui sont dans tout ce qui est gestion des déchets, de l’eau, qui sont obligés de le faire avec cet aspect-là. Après, on a aussi par exemple, j’allais dire Adidas qui sera à l’évènement également, qui lui, depuis quelques années, s’est mis à travailler avec une ONG qui s’appelle “Parler” et qui est en train vraiment de revoir comment est ce qu’on peut utiliser du plastique pour faire des chaussures, faire des habits, etc. “Parler” c’est notamment une ONG qui récupère le plastique des océans, avec ça, ils ont lancé leur “parler shoes”. Ce qui est aussi à noter, c’est que cette “parler shoes” a été la chaussure qui est partie la plus vite dans l’histoire d’Adidas. Ce qui montre que parfois, il y a aussi un alignement entre comment les entreprises vont aller chercher, récupérer, recycler de la matière quelque part, et les attentes du consommateur.

La suite à écouter sur Vlan !

Description de l’épisode

Santagio Lefebvre est le co condateur de Change Now une conférence qui regroupe les acteurs du changement sociétal. La conférence réunit de très nombreuses personnalités qui mettent en place des actions concrètes pour des problématiques qui semblent nous dépasser.

On a tou.te.s plus ou moins envie de participer par l’activité qui nous prends le plus de temps, c’est à dire notre travail.

Néanmoins, la réalité économique nous fait rapidement baisser les bras d’ou cette phrase devenue désormais célèbre: “vous nous parlez de la fin du monde, je vous parle de la fin du mois”.

Très naturellement, je me suis demandé si nous devions encore choisir ou si l’écosystème des entreprises à impacts positifs était désormais suffisamment solide pour avoir un salaire en cohérence avec notre société malgré tout.

J’ai pensé que Santiago qui connait très bien cet écosystème pouvait répondre à mes interrogations.

Question que vous vous posez peut être aussi si vous envisagez de changer de métier mais que vous ne savez pas trop comment faire ou peut être même que vous n’aviez pas encore envisagé d’intégrer ce critère dans votre recherche.

Quoiqu’il en soit, j’espère que cet épisode nourrira votre curiosité et votre envie d’avoir un impact par votre travail.

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : On va parler aujourd’hui de travail, mais pas seulement de travail. On va parler de travail responsable. J’ai la sensation que beaucoup de personnes ont envie d’avoir du sens dans leur travail, se pose cette question-là et en même temps, se disent que quand même, à la fin du mois, il faut payer les factures, il faut payer à manger, il faut avoir des loisirs, etc, ils ont l’impression d’être pris entre les deux, de devoir choisir entre les deux. Tu as cofondé un salon qui s’appelle Changes Now, qui a lieu fin janvier, vous essayez de montrer qu’on peut avoir les deux en même temps. Ma première question, c’est en partant de ton histoire à toi, parce que finalement, toi-même, tu as fait ce chemin-là aussi, est-ce que ce que je raconte, c’est un mythe ou est-ce que c’est une réalité encore aujourd’hui ?

SANTIAGO : Si je reformule un tout petit peu, en fait, l’idée, c’est de savoir si aujourd’hui c’est un mythe de devoir faire forcément un sacrifice ou pas. 

GRÉGORY : Est-ce qu’on doit faire le choix, ou pas.

SANTIAGO : Moi, de ce que je vois, au quotidien, c’est vraiment que de moins en moins, on a besoin de faire ce choix et pour plusieurs raisons. La première, c’est que les personnes qui aujourd’hui développent des entreprises qui ont de l’impact sont des nouveaux profils. Aujourd’hui en tout cas, beaucoup de personnes qui créent des entreprises comme ça sont des personnes avec un caractère très entrepreneurial, qui ont eu un passé ou une formation dans le commerce, dans l’ingénierie, des personnes très carrées avec un vrai background professionnel, qui partent d’emblée dans la création d’entreprises avec un business model et avec une vraie vision de comment est ce qu’on fait grandir des équipes, comment est ce qu’on les paye, etc. Aujourd’hui, les entreprises, de plus en plus, même des startups à impact, permettent justement d’allier la fin du mois avec le côté enjeux. Ça, c’est une partie et après l’autre partie, ce que les entreprises sont obligées de changer. De plus en plus de grandes entreprises sont confrontées aujourd’hui au fait de devoir recruter des personnes, et les jeunes aujourd’hui veulent clairement avoir cette notion de sens imbriquée dans ce qu’ils font. Donc forcément, ça bouge dans les deux sens et pour moi, il y a une vraie tendance. Je ne serais pas dire si c’est encore un mythe, mais en tout cas, il y a une vraie évolution.

GRÉGORY : On ne la pas tous lus mais on est nombreux à avoir lu cette étude qui montre que les étudiants de Polytechnique ou d’Associés ne veulent plus aller d’entreprises qui n’ont pas d’impact. En même temps, j’ai la sensation que beaucoup des grandes entreprises font encore beaucoup de greenwashing. Soit, elles replantent des arbres tout en continuant à faire leur business as usual, soit elles externalisent leur impact, c’est-à-dire qu’en fait, elles vont aller investir dans une ONG qui n’a strictement rien à voir que leur business en se disant qu’effectivement leur business n’est pas très propre, mais bon, ils investissent dans une association, mais qui n’a pas d’impact. Ils essaient souvent de repousser finalement le moment où ils vont devoir modifier la manière dont ils travaillent. Tu as parlé de deux typologies d’entreprises, des startups à impact et il y a aussi ces grandes entreprises. Est-ce que tu n’as pas la sensation que les grandes entreprises, elles, sont encore pour beaucoup dans ce modèle globalement qui n’est pas vraiment du greenwashing, mais on en est quand même pas très loin quoi.

SANTIAGO : Les entreprises sont en train de se transformer. La transformation ne veut pas dire forcément que du jour au lendemain, les choses changent. Il y a un poids de la traîne historique et de l’activité historique de beaucoup d’acteurs. Ça, c’est quelque chose de très clair et c’est pour cela qu’aujourd’hui, il y a encore parfois ce malaise par rapport à certaines entreprises. Nous, celles qu’on rencontre et celles avec lesquelles on travaille, les personnes qui sont en train de porter ces sujets là au sein de l’entreprise sont des convaincus, des personnes vraiment qui essayent de faire bouger les lignes et qui tirent le changement. Mais le changement met du temps. C’est le constat que moi, je fais d’expérience. Après, bien sûr, il y a encore des mauvais élèves et il y en a d’autres qui vont prendre du temps.

GRÉGORY : Tu as des exemples de grandes entreprises qui vont dans le bon sens pour toi ?

SANTIAGO : Bien sûr. Nous, ce qu’on regarde avant tout, c’est lesquelles sont en train de développer des nouveaux business models. C’est là où nous, on met la barrière du greenwashing. C’est-à-dire que lorsqu’on est dans le discours, mais qu’on ne fait pas forcément grand-chose, si ce n’est parfois de la compensation, on est dans l’action du côté Greenwashing. Lorsqu’on se pose vraiment la question de comment est ce que je peux réinventer mon business pour vraiment allier impact et pérennité de mon entreprise, là, on est dans le juste. Pour donner des exemples très concrets, il y a des acteurs très simple parce que c’est vraiment inscrit dans leur cœur de métier, par exemple les Veolia, les Suez qui sont dans tout ce qui est gestion des déchets, de l’eau, qui sont obligés de le faire avec cet aspect-là. Après, on a aussi par exemple, j’allais dire Adidas qui sera à l’évènement également, qui lui, depuis quelques années, s’est mis à travailler avec une ONG qui s’appelle “Parler” et qui est en train vraiment de revoir comment est ce qu’on peut utiliser du plastique pour faire des chaussures, faire des habits, etc. “Parler” c’est notamment une ONG qui récupère le plastique des océans, avec ça, ils ont lancé leur “parler shoes”. Ce qui est aussi à noter, c’est que cette “parler shoes” a été la chaussure qui est partie la plus vite dans l’histoire d’Adidas. Ce qui montre que parfois, il y a aussi un alignement entre comment les entreprises vont aller chercher, récupérer, recycler de la matière quelque part, et les attentes du consommateur.

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