Vlan #106 Burning Man: dépasser les préjugés de cet événement unique. Avec Benoit Bergeret

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Vlan #106 Burning Man: dépasser les préjugés de cet événement unique. Avec Benoit Bergeret
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GRÉGORY : On va parler de Burning Man. Comment tu définirais Burning Man ? Tout le monde dit  que c’est un festival, mais ce n’est pas vraiment un festival.

BENOIT : Ce n’est pas un festival. Dans un festival, il y a un programme qui est publié et les gens viennent pour voir le programme. Burning Man, c’est un événement culturel cocréé par une communauté, la communauté des Burner, qui accueille chaque année des tas de nouveaux, qu’on appelle des virgins, et l’ensemble du contenu est créé par les participants, sans nécessairement beaucoup de publications à l’avance sur ce qui va être fait.

GRÉGORY : Burning Man, c’est aujourd’hui 80 000 personnes, c’est très gros, c’est quasiment une grosse ville de province, éphémère, qui dure une semaine. Mais tout est gratuit, donc il faut rappeler quand même des éléments qui sont très particuliers. Tout est gratuit et personne n’est payé sur place, à part ceux qui construisent les camps. Pourquoi tu y es allé la première fois, qu’est-ce qui t’a emmené à Burning Man ?

BENOIT : J’ai entendu parler de Burning Man deux ou trois ans après la toute première édition qui a eu lieu sur une plage de San Francisco qui s’appelait Baker Beach où il y avait 25 personnes. C’est arrivé dans les canaux underground français, j’habitais en France à l’époque et je me suis dit que ces gens-là étaient d’une culture et faisait des choses que je serais vraiment marrante. Quand j’ai déménagé aux États-Unis pour la première fois en 1991, j’ai regardé si ça existait toujours et c’était toujours là. Mais je n’avais pas vraiment l’option d’y aller à cette époque-là, pour des raisons personnelles, familiales. Quand je suis revenu habiter la deuxième fois aux États-Unis en 2006, une des premières choses que j’ai fait, c’est de me dire mais au fait, ce truc-là, qu’est-ce que c’est devenu ? Là, j’ai réalisé qu’en 2006, ça devait être déjà 30 000 personnes, un truc comme ça, que ça avait déménagé dans le désert du Nevada et donc en 2007, j’y étais pour la première fois. Mais tu as dit quelque chose, si je peux me permettre, on ne peut rien acheter, c’est vrai sauf de la glace et du café. Pourquoi ? Parce que l’événement Burning Man et la culture Burning Man est régie par 10 principes qui sont super important de comprendre. Ce ne sont pas des obligations, ce sont juste des choses qui, naturellement, sont reprises par les participants. Un des principes, c’est “radical self Reliance”, donc, ne dépendre que de soi. Ça veut dire que quand on vient une semaine dans le désert, voir plus, on en parlera plus, dans mon cas, on doit venir avec absolument tout ce dont on a besoin. On ne doit pas compter sur une infrastructure, qui que ce soit, etc. L’argent ne va servir à rien.

GRÉGORY : Tu dois ramener ton eau, ta nourriture, ta douche, si t’as envie de prendre une douche, tes abris pour la nuit, tes habits, etc. Il y a des toilettes quand même ?

BENOIT : Il n’y en a pas toujours eu. Au début, quand j’y étais, il n’y en avait pas. Ils ont expérimenté la deuxième année où j’ai été et donc ça posait des problèmes techniques intéressants parce qu’il fallait aussi s’occuper de ça et ramener tout ça avec soi.

GRÉGORY : Wow! J’ai du mal à imaginer pour le coup. Quand on lit des articles sur Burning Man, moi, j’y ai été cette année pour la première fois, j’avais envie de voir justement ce que c’était et comprendre. C’est important d’expérimenter. Peut-être sortir des clichés autour du sexe, de la drogue, c’est souvent comme ça qu’on résume un Burning Man. En fait on dit trois choses finalement, on dit, c’est un festival de musique électronique pour les riches ou il y a beaucoup de sexe et beaucoup de drogue. Ce n’est pas tout faux, on va y revenir. Est-ce que tu peux nuancer, parce que c’est important de nuancer. 

BENOIT : Oui, je crois que cette représentation, c’est celle qui fait vendre les papiers écrits par des gens qui n’y ont pas été. Donc c’est compréhensible parce que c’est le côté un petit peu edgy que ces gens-là croient qu’il y a Burning Man. Comme tu le dis très justement, il y a de la musique électronique à Burning Man. C’est un espace de liberté dans lequel les gens explorent leur propre expression et donc ça libère les énergies, en particulier pour certains, au plan de la sexualité. C’est quand même très cadré, il y a une culture du consentement qui est très forte, et en cas de manquement aux règles de consentement, les sanctions sont immédiates parce que la communauté n’accepte pas ça. Donc c’est une communauté qui est autogérée sur certains principes, de manière assez efficace. Ça ne veut pas dire qu’il y a de temps en temps des problèmes. Sur la drogue, c’est formellement interdit parce que bien que ce soit légal dans le Nevada, le cannabis, entre autres, Burning Man, c’est sur une terre fédérale, donc c’est interdit. Les usagers de la drogue se débrouillent et prennent leurs propres risques. Les gens qui n’en prennent pas, comme moi, je n’ai jamais eu de pression à Burning Man. Je n’ai pas du tout l’impression d’être dans un environnement de de gens défoncés. C’est très ouvert.

La suite à écouter sur Vlan !

Description de l’épisode

Benoit Bergeret est entrepreneur et se rend depuis 12 ans à l’événement qu’est Burning Man. Il n’est pas un simple consommateur de l’événement mais il a été le constructeur en chef du Temple, une des 2 plus grandes installation artistique de Burning Man et en 2019 du Folly.

Il y a beaucoup d’articles ou de documentaires sur Burning Man qui essaient de faire sensation et qui résument l’événement en quelques mots :sexe, drogue, argent, musique électronique.

Qu’en est il vraiment? On m’a tellement posé de questions après mon expérience qu’il m’a semblé important de revenir avec Benoit sur ce que nous pouvions apprendre de ce projet unique.

Pour ceux et celles qui n’ont jamais entendu parler de Burning Man, il s’agit d’un événement au milieu du désert du Nevada qui a lieu tous les ans (fin aout) depuis 1986. Mais c’est surtout un moment particulier puisque rien (ou presque) n’est à vendre, que vous êtes totalement libres (dans la limite du respect des autres) pendant 1 semaine, que tout le monde est censé participer et beaucoup d’autres éléments que vous allez entendre.

A travers cet épisode, nous essayons de mieux saisir l’essence de cet événement mais aussi ce que nous pouvons en apprendre.

Nous abordons bien entendu les questions qui fâchent comme l’impact écologique d’un tel rassemblement par exemple mais aussi le rapport à l’argent, au sexe ou à la drogue.

Est-ce que Burning Man a perdu son essence et est devenu le nouveau Coachella, c’est à dire l’endroit ou il faut s’instagrammer pour ses 15 secondes de gloire?

Tout cela est abordé dans cet épisode et je vous laisse le découvrir.

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : On va parler de Burning Man. Comment tu définirais Burning Man ? Tout le monde dit  que c’est un festival, mais ce n’est pas vraiment un festival.

BENOIT : Ce n’est pas un festival. Dans un festival, il y a un programme qui est publié et les gens viennent pour voir le programme. Burning Man, c’est un événement culturel cocréé par une communauté, la communauté des Burner, qui accueille chaque année des tas de nouveaux, qu’on appelle des virgins, et l’ensemble du contenu est créé par les participants, sans nécessairement beaucoup de publications à l’avance sur ce qui va être fait.

GRÉGORY : Burning Man, c’est aujourd’hui 80 000 personnes, c’est très gros, c’est quasiment une grosse ville de province, éphémère, qui dure une semaine. Mais tout est gratuit, donc il faut rappeler quand même des éléments qui sont très particuliers. Tout est gratuit et personne n’est payé sur place, à part ceux qui construisent les camps. Pourquoi tu y es allé la première fois, qu’est-ce qui t’a emmené à Burning Man ?

BENOIT : J’ai entendu parler de Burning Man deux ou trois ans après la toute première édition qui a eu lieu sur une plage de San Francisco qui s’appelait Baker Beach où il y avait 25 personnes. C’est arrivé dans les canaux underground français, j’habitais en France à l’époque et je me suis dit que ces gens-là étaient d’une culture et faisait des choses que je serais vraiment marrante. Quand j’ai déménagé aux États-Unis pour la première fois en 1991, j’ai regardé si ça existait toujours et c’était toujours là. Mais je n’avais pas vraiment l’option d’y aller à cette époque-là, pour des raisons personnelles, familiales. Quand je suis revenu habiter la deuxième fois aux États-Unis en 2006, une des premières choses que j’ai fait, c’est de me dire mais au fait, ce truc-là, qu’est-ce que c’est devenu ? Là, j’ai réalisé qu’en 2006, ça devait être déjà 30 000 personnes, un truc comme ça, que ça avait déménagé dans le désert du Nevada et donc en 2007, j’y étais pour la première fois. Mais tu as dit quelque chose, si je peux me permettre, on ne peut rien acheter, c’est vrai sauf de la glace et du café. Pourquoi ? Parce que l’événement Burning Man et la culture Burning Man est régie par 10 principes qui sont super important de comprendre. Ce ne sont pas des obligations, ce sont juste des choses qui, naturellement, sont reprises par les participants. Un des principes, c’est “radical self Reliance”, donc, ne dépendre que de soi. Ça veut dire que quand on vient une semaine dans le désert, voir plus, on en parlera plus, dans mon cas, on doit venir avec absolument tout ce dont on a besoin. On ne doit pas compter sur une infrastructure, qui que ce soit, etc. L’argent ne va servir à rien.

GRÉGORY : Tu dois ramener ton eau, ta nourriture, ta douche, si t’as envie de prendre une douche, tes abris pour la nuit, tes habits, etc. Il y a des toilettes quand même ?

BENOIT : Il n’y en a pas toujours eu. Au début, quand j’y étais, il n’y en avait pas. Ils ont expérimenté la deuxième année où j’ai été et donc ça posait des problèmes techniques intéressants parce qu’il fallait aussi s’occuper de ça et ramener tout ça avec soi.

GRÉGORY : Wow! J’ai du mal à imaginer pour le coup. Quand on lit des articles sur Burning Man, moi, j’y ai été cette année pour la première fois, j’avais envie de voir justement ce que c’était et comprendre. C’est important d’expérimenter. Peut-être sortir des clichés autour du sexe, de la drogue, c’est souvent comme ça qu’on résume un Burning Man. En fait on dit trois choses finalement, on dit, c’est un festival de musique électronique pour les riches ou il y a beaucoup de sexe et beaucoup de drogue. Ce n’est pas tout faux, on va y revenir. Est-ce que tu peux nuancer, parce que c’est important de nuancer. 

BENOIT : Oui, je crois que cette représentation, c’est celle qui fait vendre les papiers écrits par des gens qui n’y ont pas été. Donc c’est compréhensible parce que c’est le côté un petit peu edgy que ces gens-là croient qu’il y a Burning Man. Comme tu le dis très justement, il y a de la musique électronique à Burning Man. C’est un espace de liberté dans lequel les gens explorent leur propre expression et donc ça libère les énergies, en particulier pour certains, au plan de la sexualité. C’est quand même très cadré, il y a une culture du consentement qui est très forte, et en cas de manquement aux règles de consentement, les sanctions sont immédiates parce que la communauté n’accepte pas ça. Donc c’est une communauté qui est autogérée sur certains principes, de manière assez efficace. Ça ne veut pas dire qu’il y a de temps en temps des problèmes. Sur la drogue, c’est formellement interdit parce que bien que ce soit légal dans le Nevada, le cannabis, entre autres, Burning Man, c’est sur une terre fédérale, donc c’est interdit. Les usagers de la drogue se débrouillent et prennent leurs propres risques. Les gens qui n’en prennent pas, comme moi, je n’ai jamais eu de pression à Burning Man. Je n’ai pas du tout l’impression d’être dans un environnement de de gens défoncés. C’est très ouvert.

La suite à écouter sur Vlan !

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