[HORS- SERIE SISMIQUE] Comprendre les crises de l’eau à venir avec Emma Haziza (

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[HORS- SERIE SISMIQUE] Comprendre les crises de l'eau à venir avec Emma Haziza (
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JULIEN : Sismique est mon enquête comme tu sais, sur les mutations du monde et des enjeux qui vont avec et en partant du principe que je n’y connais pas grand chose. Donc on va essayer ensemble d’y voir un peu plus clair sur les enjeux liés à l’eau. Alors toi, tu connais beaucoup de choses. C’est très large comme thème, évidemment. On va tenter d’aborder un maximum de sujets, comme par exemple les liens entre l’eau, l’économie, nos modes de vie, la géopolitique, le climat. Ça fait pas mal de thèmes. Puis les grandes dynamiques actuelles pour voir ce qu’il faut avoir en tête, pour affiner justement notre vision du monde, pour comprendre un petit peu ce qui se joue. On commence par la question classique, est-ce que tu peux te présenter brièvement ? Et me dire pourquoi tu penses être une interlocutrice pertinente pour parler de ce vaste sujet ?
EMMA : Tout d’abord parce que c’est mon métier. Je suis hydrologue. Donc effectivement, j’ai fait des études en sciences, en sciences de l’eau et hydrologie, ça traite vraiment de la question de l’eau. Si tu veux, sur les continents, on est vraiment pas sur les milieux océaniques, c’est une quête qui m’accompagne depuis longtemps. Je me suis d’abord spécialisé en hydrogéologie. Après, j’ai découvert l’hydrologie, donc hydrogéologie, c’est les eaux qui sont dans les profondeurs. Ensuite, j’ai travaillé sur les eaux de surface, j’ai commencé très rapidement à aborder les questions des sécheresses. Puis après, je me suis concentré sur les inondations. J’avais toujours ce fil conducteur qui était la question de la gestion de la demande et de la ressource en eau et dans les eaux des autres dimensions auxquelles ça fait appel. Si tu veux la géopolitique derrière, comment relier l’humain à cette question de l’eau, c’est long, un long chemin. J’ai fait mon doctorat sur ce sujet et puis j’ai créé un centre de recherche qui travaillait justement sur la résilience des territoires et qui s’appelle Maillane, qui veut dire la source d’eau. C’est encore un truc qui me suit tout le temps. J’ai aussi créé une asso qui forme les enfants sur les enjeux de l’eau. Pour moi, c’est vraiment quelque chose de viscéral et d’essentiel et bien souvent d’oublié dans les grandes questions environnementales que l’on traite aujourd’hui.
JULIEN : Voilà l’eau, c’est la vie. Moi je propose qu’on choisisse un angle. Je propose qu’on se concentre durant cette interview sur l’eau douce en tant que ressource indispensable à la vie, à notre vie, puisque l’eau, c’est aussi et surtout les océans. Mais ce sera le sujet d’un autre épisode. Commençons par définir le cadre de quoi est-ce qu’on parle quand on parle d’eau douce ?
EMMA : Alors, si tu veux l’eau douce, c’est l’eau qu’on va concevoir comme une ressource qui va être facilement utilisable par l’homme. C’est-à-dire que c’est une eau qui est non salée parce que dès que tu vas voir de l’eau salée, tu vas avoir ce problème de salinisation. Tu ne peux quasiment pas faire de l’agriculture avec de l’eau salée. C’est quelque chose qui est impropre à l’homme. C’est de l’eau qui est consommable à la fois pour la nature parce qu’il ne faut jamais oublier qu’avant l’homme, les premiers utilisateurs de l’eau, c’était la nature. Puis deuxièmement, effectivement pour l’homme. Cette ressource qui est l’eau douce et que tu vas retrouver partout, tu vas la retrouver dans les rivières, dans les lacs, dans les glaciers, dans les zones humides, c’est toute cette eau-là qui est précieuse. C’est important de comprendre un peu les ordres de proportion parce que justement on a tendance un peu à avoir des schémas vraiment types que l’on apprend à l’école. C’est intéressant d’aller un peu plus loin, de voir et de comprendre où elle se trouve cette eau douce, en quelle quantité ? Tu as à peu près, pour faire schématiquement,sur les 100 % d’eau que tu as sur notre planète bleue, tu vas avoir quasiment presque 97 % qui sont effectivement dans les océans. Après tu as 2 % d’eau douce que tu vas retrouver dans les glaces, donc dans l antarctique, le Groenland,etc. Il te reste 1 % pour les eaux souterraines. Le chiffre qui est d’après moi le plus frappant et qui est important à comprendre parce qu’on en parlera derrière, c’est que sur toute cette eau, sur terre, y a 0,00012% pour l’eau des rivières, pour l’eau des sols. C’est une part infime et c’est la seule qui est directement accessible à l’homme. C’est vraiment un gros enjeu. Pour aller plus loin, il faut comprendre aussi que cette eau qui arrive sur les continents, celle qui nous intéresse, cette eau douce, elle ne peut se renouveler que par la pluie. Tu as vraiment l’énergie solaire qui va être une espèce de moteur pour permettre l’évaporation, la condensation et les précipitations. Ces pluies qui nous arrivent sur le sol, il faut savoir que déjà tu as 2/3 qui repart tout de suite dans l’atmosphère. Souvent moi j’entends les agricultures nous dire oui, mais il y a énormément de pluie qui tombent sur nos sols. Tu vas avoir une partie, c’est tout l’écoulement que tu peux avoir sur nos continents. Il y a à peu près 20 % qui vont rejoindre les rivières et qui vont arriver par ruissellement, et que 9 % qui s’infiltrent. C’est pour te donner un ordre de grandeur, pour comprendre qu’en fin de compte, c’est très compliqué, dans le cycle de l’eau, d’avoir de l’eau dans nos nappes.

 

La suite à écouter sur Vlan et Sismique !

Description de l’épisode

Julien du podcast Sismique m’a proposé de faire un échangé le temps d’un épisode sur nos podcasts respectifs. Cela vous permet de découvrir son podcast.
J’ai donc choisi cet épisode diffusé en decembre dernier sur une problématique que je n’ai pas encore traité sur Vlan : les crise de l’eau.
Emma Haziza est hydrologue, experte de l’adaptation aux risques climatiques, fondatrice et présidente de Mayane. L’eau c’est la vie… C’est la «ressource» sur laquelle notre civilisation entière repose. Et à force de la gaspiller et d’en altérer le cycle, l’eau est devenue un enjeu majeur de notre époque.

Qu’est-ce qui se passe le jour ou l’eau ne coule plus ? Le jour ou les réserves sont à sec ?
Qu’est-ce qui se passe quand au contraire il se met à tomber des trombes d’eau du ciel?
Le problème est déjà très concret dans beaucoup d’endroits en fait, et il est généralement mal compris, mal géré et mal anticipé.
L’eau a un lien direct avec l’agriculture et donc notre nourriture évidemment, mais aussi avec l’industrie, l’énergie, la géopolitique, avec à peu près tout en fait, à commencer simplement par la vie.

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Transcription partielle de l’épisode

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JULIEN : Sismique est mon enquête comme tu sais, sur les mutations du monde et des enjeux qui vont avec et en partant du principe que je n’y connais pas grand chose. Donc on va essayer ensemble d’y voir un peu plus clair sur les enjeux liés à l’eau. Alors toi, tu connais beaucoup de choses. C’est très large comme thème, évidemment. On va tenter d’aborder un maximum de sujets, comme par exemple les liens entre l’eau, l’économie, nos modes de vie, la géopolitique, le climat. Ça fait pas mal de thèmes. Puis les grandes dynamiques actuelles pour voir ce qu’il faut avoir en tête, pour affiner justement notre vision du monde, pour comprendre un petit peu ce qui se joue. On commence par la question classique, est-ce que tu peux te présenter brièvement ? Et me dire pourquoi tu penses être une interlocutrice pertinente pour parler de ce vaste sujet ?
EMMA : Tout d’abord parce que c’est mon métier. Je suis hydrologue. Donc effectivement, j’ai fait des études en sciences, en sciences de l’eau et hydrologie, ça traite vraiment de la question de l’eau. Si tu veux, sur les continents, on est vraiment pas sur les milieux océaniques, c’est une quête qui m’accompagne depuis longtemps. Je me suis d’abord spécialisé en hydrogéologie. Après, j’ai découvert l’hydrologie, donc hydrogéologie, c’est les eaux qui sont dans les profondeurs. Ensuite, j’ai travaillé sur les eaux de surface, j’ai commencé très rapidement à aborder les questions des sécheresses. Puis après, je me suis concentré sur les inondations. J’avais toujours ce fil conducteur qui était la question de la gestion de la demande et de la ressource en eau et dans les eaux des autres dimensions auxquelles ça fait appel. Si tu veux la géopolitique derrière, comment relier l’humain à cette question de l’eau, c’est long, un long chemin. J’ai fait mon doctorat sur ce sujet et puis j’ai créé un centre de recherche qui travaillait justement sur la résilience des territoires et qui s’appelle Maillane, qui veut dire la source d’eau. C’est encore un truc qui me suit tout le temps. J’ai aussi créé une asso qui forme les enfants sur les enjeux de l’eau. Pour moi, c’est vraiment quelque chose de viscéral et d’essentiel et bien souvent d’oublié dans les grandes questions environnementales que l’on traite aujourd’hui.
JULIEN : Voilà l’eau, c’est la vie. Moi je propose qu’on choisisse un angle. Je propose qu’on se concentre durant cette interview sur l’eau douce en tant que ressource indispensable à la vie, à notre vie, puisque l’eau, c’est aussi et surtout les océans. Mais ce sera le sujet d’un autre épisode. Commençons par définir le cadre de quoi est-ce qu’on parle quand on parle d’eau douce ?
EMMA : Alors, si tu veux l’eau douce, c’est l’eau qu’on va concevoir comme une ressource qui va être facilement utilisable par l’homme. C’est-à-dire que c’est une eau qui est non salée parce que dès que tu vas voir de l’eau salée, tu vas avoir ce problème de salinisation. Tu ne peux quasiment pas faire de l’agriculture avec de l’eau salée. C’est quelque chose qui est impropre à l’homme. C’est de l’eau qui est consommable à la fois pour la nature parce qu’il ne faut jamais oublier qu’avant l’homme, les premiers utilisateurs de l’eau, c’était la nature. Puis deuxièmement, effectivement pour l’homme. Cette ressource qui est l’eau douce et que tu vas retrouver partout, tu vas la retrouver dans les rivières, dans les lacs, dans les glaciers, dans les zones humides, c’est toute cette eau-là qui est précieuse. C’est important de comprendre un peu les ordres de proportion parce que justement on a tendance un peu à avoir des schémas vraiment types que l’on apprend à l’école. C’est intéressant d’aller un peu plus loin, de voir et de comprendre où elle se trouve cette eau douce, en quelle quantité ? Tu as à peu près, pour faire schématiquement,sur les 100 % d’eau que tu as sur notre planète bleue, tu vas avoir quasiment presque 97 % qui sont effectivement dans les océans. Après tu as 2 % d’eau douce que tu vas retrouver dans les glaces, donc dans l antarctique, le Groenland,etc. Il te reste 1 % pour les eaux souterraines. Le chiffre qui est d’après moi le plus frappant et qui est important à comprendre parce qu’on en parlera derrière, c’est que sur toute cette eau, sur terre, y a 0,00012% pour l’eau des rivières, pour l’eau des sols. C’est une part infime et c’est la seule qui est directement accessible à l’homme. C’est vraiment un gros enjeu. Pour aller plus loin, il faut comprendre aussi que cette eau qui arrive sur les continents, celle qui nous intéresse, cette eau douce, elle ne peut se renouveler que par la pluie. Tu as vraiment l’énergie solaire qui va être une espèce de moteur pour permettre l’évaporation, la condensation et les précipitations. Ces pluies qui nous arrivent sur le sol, il faut savoir que déjà tu as 2/3 qui repart tout de suite dans l’atmosphère. Souvent moi j’entends les agricultures nous dire oui, mais il y a énormément de pluie qui tombent sur nos sols. Tu vas avoir une partie, c’est tout l’écoulement que tu peux avoir sur nos continents. Il y a à peu près 20 % qui vont rejoindre les rivières et qui vont arriver par ruissellement, et que 9 % qui s’infiltrent. C’est pour te donner un ordre de grandeur, pour comprendre qu’en fin de compte, c’est très compliqué, dans le cycle de l’eau, d’avoir de l’eau dans nos nappes.

 

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