[BEST-OF] Pourquoi avons nous peur d’aimer? avec Angelo Foley

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GRÉGORY : On va parler d’amour, mais aussi de peur. Comment ça se fait, ou peut-être pas comment ça se fait parce que la réponse est relativement simple. Mais comment les deux sentiments sont intriqués, c’est-à-dire l’amour et la peur, alors que l’amour, ça devrait être exaltant, beaucoup plus que faire peur.

ANGELO : Je crois que tu as répondu à la question. J’ai l’impression que c’est l’idée qu’on s’en fait de l’amour qui fait que ça peut générer des peurs. Tu vois quand on se dit que si l’amour doit être exaltant. Qu’est-ce qui se passe quand il ne l’est pas ? Et en fait, je crois que c’est ça le point de bascule entre peur et amour, c’est finalement souvent la peur de vivre quelque chose, une relation, une histoire, un sentiment qui ne correspond pas à ce à quoi on s’attend, à notre imaginaire, à la culture, aux valeurs familiales, au modèle relationnel qu’on a eu par le passé, au modèle culturel, dans les films, dans les histoires, dans les chansons, dans les livres. Tu vois, je crois que c’est surtout parce qu’on en a une certaine définition de l’amour que derrière, il peut y avoir de la peur, d’ailleurs. Et puis après, évidemment, dans la relation, parce que je crois que l’amour et la relation, ce n’est pas la même chose. Dans la relation, bien sûr, il y a de la peur dans le sens où, encore une fois, tout va se jouer au niveau de ce qu’on a réussi à vivre et qu’on voudrait garder ou qu’on voudrait avoir sur un certain temps, de manière stable, sans que ça s’arrête, sans que ça change et donc pas le perdre, tu vois. Il y a aussi toute la question qui est très complexe finalement dans la relation, c’est comment je rencontre l’autre, comment on se rencontre. Et donc, cette question de la différence fait qu’à chaque fois qu’on va buter sur l’autre, c’est-à-dire que finalement, buter sur l’autre, ça veut dire on se confronte à tout ce qui n’est pas moi. Et donc, à chaque fois que je réalise que l’autre n’est pas moi. Là, il y a quelque chose qui se passe, il y a une déception, il y a une frustration, il y a une peur, il peut y avoir de la colère et il se passe plein de choses comme ça qui fait que finalement, à chaque fois que je suis confronté à la différence et non à moi, soit je peux apprendre quelque chose de ça, soit au contraire, je vais plonger dans des émotions désagréables, voire souffrantes.

GRÉGORY : Et du coup, tu disais la relation et l’amour, ce n’est pas la même chose. C’est quoi la différence ? Parce qu’en fait, quand on est en relation, on est censé être dans un amour encore plus profond, non ?

ANGELO : J’ai envie de reprendre une expression de Lacan. Lacan, c’est un éminent psychanalyste français, je ne sais plus si les Français d’ailleurs, ça ne je ne sais pas. Et je ne suis pas très fan de son approche et je ne suis pas très sensible à son approche. Mais il a une phrase qui est assez marquante, qui disait que dans la psychothérapie ou en tout cas dans la psychanalyse, la guérison arrivait de surcroît. Et donc, ça veut dire qu’en fait, c’est presque optionnel, c’est presque du bonus si à un moment donné, la personne va mieux. C’était sa vision de la cure, quoi, la cure analytique. Et en fait, j’ai envie de dire quelque part, je ne sais pas, je suis avec ça aujourd’hui, en tout cas, c’est que finalement, dans une relation, l’amour arrive de surcroît. C’est sûr que si on arrive à le vivre, si on arrive à témoigner, si on arrive à le partager, à l’expérimenter, j’ai envie dire tant mieux. Mais j’ai l’impression que ça arrive d’autant plus facilement quand on lâche l’idée et l’attente de comment ça doit arriver ou de quelle forme ça doit prendre. En fait, dans ce sens-là, en fait, ça parle un peu de ta première question, c’est-à-dire que moi, ma proposition aujourd’hui, ce serait de lâcher du lest à l’amour et de se laisser surprendre par la forme qu’il prend en fait dans une relation, tu vois ? Parce que je pense qu’on peut le ressentir dans beaucoup de relations, qui ne sont pas forcément de relations amoureuses, qui ne sont pas forcément des relations fortes, qui ne sont pas forcément des relations. Je crois que ce sont des moments, en fait. En fait, je dirais de ma petite expérience de ça, qu’est-ce qui m’a fait le plus avancé aux cheminées, en tout cas en relation et dans l’idée de vivre l’amour, c’est que je me suis toujours, je ne sais pas comment dire, toujours fait surprendre par la gueule qu’il a et de me laisser surprendre par le truc de “mais c’est bizarre, normalement, ça, ça m’aurait soulé ou ça m’aurait soulé, à tel point que je serais parti ou à tel point que je me serais posé la question, et en fait, ça me soule vraiment, mais ce n’est pas grave”, ouais, c’est un peu ce truc-là, ça me soule et alors est-ce que ça veut dire que je l’aime plus ?

GRÉGORY : En fait, est ce que tu dis, c’est l’amour, c’est aimer les défauts de l’autre.

ANGELO : Ouais, ouais, ouais. Comme je disais avec la peur tout à l’heure, je ne pense pas qu’il faut se forcer, ce n’est pas mon propos, mais par contre, je pense que tu peux ressentir vraiment de l’amour dans les moments où tu sens que l’autre, il a beau être, pas du tout comme tu l’attends extrêmement différents, voire à l’opposé de toi, que tu comprends juste pas pourquoi il fait ça comme ça, alors que toi, tu fais ça comme ça et je parle de tâches quotidiennes comme de trucs plus importants. Eh bien, il y a quand même un truc qu’elle a, quoi. Tu sais, c’est plus le truc d’accepter de pas comprendre, de ne pas forcément avoir accès à tout et surtout, c’est ce que je te disais tout à l’heure de ne pas être pareil, quoi. Moi, finalement, je vois qu’en fait, quand l’autre me saoule, c’est quand je vois qu’il n’est pas comme moi que ce soit mon amoureuse ou quelqu’un d’autre.

GRÉGORY : Ça peut être encore pire quand la personne, elle est comme elle est et elle te montre tes zones d’ombre. C’est-à-dire, tu vas détester ces zones d’ombre, c’est bête parce que en fait, ça va être une sorte de miroir de tes zones d’ombre.

ANGELO : Je suis complètement d’accord. Le pire, c’est ça. Le plus désagréable, c’est quand tu montres un truc que tu n’aimes pas chez l’autre, que tu considères que ce n’est pas chez toi et que ça fait un effet de miroir comme ça, qui est assez déformant et qui finalement est si on veut bien. C’est Serge Tisseron qui parle de ça. Il parle beaucoup d’empathie et donc dans les différents niveaux d’intensité, d’empathie et de qualité d’empathie. Le dernier niveau le plus évolué, ou en tout cas le plus développé, c’est quand je suis capable d’accepter que l’autre peut m’apprendre quelque chose de moi, que je ne sais pas. Et j’adore cette notion d’empathie, parce que l’empathie, on a toujours l’impression que c’est comprendre les émotions de l’autre, être sympa avec et être bienveillants, mais en fait, ce n’est pas que ça. En fait, je crois qu’il y a bien un peu de la, il y a un peu d’amour aussi dans ce qu’il raconte Serge Tisseron dans cette espèce de niveau d’empathie. Parce que quand on est capable d’être avec des amis, de la famille, une amoureuse ou un amoureux, auprès de qui on accepte qu’ils nous apprennent quelque chose de nous, que nous-mêmes on est en déni ou que nous-mêmes on refuse de voir chez nous ou que nous-mêmes on déteste chez l’autre. Mais alors là, la relation, j’ai l’impression qu’elle est riche à ce moment-là, mais ce n’est pas facile. C’est comme d’habitude. C’est simple, mais ce n’est pas facile.

La suite à écouter sur Vlan !

Description de l’épisode

Comme chaque été, je fais une sélection des meilleurs épisodes de la saison pour vous proposer de découvrir ou de redécouvrir des épisodes exceptionnels.
Angelo Foley est therapeute, il a créé un compte instagram (Balance ta peur) et auteur d’un ouvrage intitulé “les 21 peurs qui empêchent d’aimer”.
Angelo est déjà venu sur ce podcast, c’est un ami et donc nous avons une discussion très intime sur l’amour et les relations amoureuses évidemment.

L’amour et les relations amoureuses sont le sujets qui nous font le plus parler, qui nous envoie parfois chez des thérapeutes, qui génère de disputes, des pleurs, des larmes.
Je vous propose d’entrer dans l’intime, de se poser de vraies questions profondes sur ces 2 sujets, de nous libérer de croyances et de peurs aussi.
Nous n’entrons pas avec Angelo dans une liste à la Prévert des 21 peurs évidemment, à l’inverse, nous essayons d’apporter des réflexions qui devraient générer des réflexions ou des conversations.

Comment l’autre peut soulever des zones d’ombres, comment on essaie parfois d’intégrer l’autre de la mauvaise manière, des défis du couple aujourd’hui, de l’aventure et de la stabilité , de la surprise et de la sécurité.

Comment un couple aussi peut être l’occasion de faire une exploration interne, des névroses et de nombreux autres sujets qui j’espère résonneront pour vous.

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : On va parler d’amour, mais aussi de peur. Comment ça se fait, ou peut-être pas comment ça se fait parce que la réponse est relativement simple. Mais comment les deux sentiments sont intriqués, c’est-à-dire l’amour et la peur, alors que l’amour, ça devrait être exaltant, beaucoup plus que faire peur.

ANGELO : Je crois que tu as répondu à la question. J’ai l’impression que c’est l’idée qu’on s’en fait de l’amour qui fait que ça peut générer des peurs. Tu vois quand on se dit que si l’amour doit être exaltant. Qu’est-ce qui se passe quand il ne l’est pas ? Et en fait, je crois que c’est ça le point de bascule entre peur et amour, c’est finalement souvent la peur de vivre quelque chose, une relation, une histoire, un sentiment qui ne correspond pas à ce à quoi on s’attend, à notre imaginaire, à la culture, aux valeurs familiales, au modèle relationnel qu’on a eu par le passé, au modèle culturel, dans les films, dans les histoires, dans les chansons, dans les livres. Tu vois, je crois que c’est surtout parce qu’on en a une certaine définition de l’amour que derrière, il peut y avoir de la peur, d’ailleurs. Et puis après, évidemment, dans la relation, parce que je crois que l’amour et la relation, ce n’est pas la même chose. Dans la relation, bien sûr, il y a de la peur dans le sens où, encore une fois, tout va se jouer au niveau de ce qu’on a réussi à vivre et qu’on voudrait garder ou qu’on voudrait avoir sur un certain temps, de manière stable, sans que ça s’arrête, sans que ça change et donc pas le perdre, tu vois. Il y a aussi toute la question qui est très complexe finalement dans la relation, c’est comment je rencontre l’autre, comment on se rencontre. Et donc, cette question de la différence fait qu’à chaque fois qu’on va buter sur l’autre, c’est-à-dire que finalement, buter sur l’autre, ça veut dire on se confronte à tout ce qui n’est pas moi. Et donc, à chaque fois que je réalise que l’autre n’est pas moi. Là, il y a quelque chose qui se passe, il y a une déception, il y a une frustration, il y a une peur, il peut y avoir de la colère et il se passe plein de choses comme ça qui fait que finalement, à chaque fois que je suis confronté à la différence et non à moi, soit je peux apprendre quelque chose de ça, soit au contraire, je vais plonger dans des émotions désagréables, voire souffrantes.

GRÉGORY : Et du coup, tu disais la relation et l’amour, ce n’est pas la même chose. C’est quoi la différence ? Parce qu’en fait, quand on est en relation, on est censé être dans un amour encore plus profond, non ?

ANGELO : J’ai envie de reprendre une expression de Lacan. Lacan, c’est un éminent psychanalyste français, je ne sais plus si les Français d’ailleurs, ça ne je ne sais pas. Et je ne suis pas très fan de son approche et je ne suis pas très sensible à son approche. Mais il a une phrase qui est assez marquante, qui disait que dans la psychothérapie ou en tout cas dans la psychanalyse, la guérison arrivait de surcroît. Et donc, ça veut dire qu’en fait, c’est presque optionnel, c’est presque du bonus si à un moment donné, la personne va mieux. C’était sa vision de la cure, quoi, la cure analytique. Et en fait, j’ai envie de dire quelque part, je ne sais pas, je suis avec ça aujourd’hui, en tout cas, c’est que finalement, dans une relation, l’amour arrive de surcroît. C’est sûr que si on arrive à le vivre, si on arrive à témoigner, si on arrive à le partager, à l’expérimenter, j’ai envie dire tant mieux. Mais j’ai l’impression que ça arrive d’autant plus facilement quand on lâche l’idée et l’attente de comment ça doit arriver ou de quelle forme ça doit prendre. En fait, dans ce sens-là, en fait, ça parle un peu de ta première question, c’est-à-dire que moi, ma proposition aujourd’hui, ce serait de lâcher du lest à l’amour et de se laisser surprendre par la forme qu’il prend en fait dans une relation, tu vois ? Parce que je pense qu’on peut le ressentir dans beaucoup de relations, qui ne sont pas forcément de relations amoureuses, qui ne sont pas forcément des relations fortes, qui ne sont pas forcément des relations. Je crois que ce sont des moments, en fait. En fait, je dirais de ma petite expérience de ça, qu’est-ce qui m’a fait le plus avancé aux cheminées, en tout cas en relation et dans l’idée de vivre l’amour, c’est que je me suis toujours, je ne sais pas comment dire, toujours fait surprendre par la gueule qu’il a et de me laisser surprendre par le truc de “mais c’est bizarre, normalement, ça, ça m’aurait soulé ou ça m’aurait soulé, à tel point que je serais parti ou à tel point que je me serais posé la question, et en fait, ça me soule vraiment, mais ce n’est pas grave”, ouais, c’est un peu ce truc-là, ça me soule et alors est-ce que ça veut dire que je l’aime plus ?

GRÉGORY : En fait, est ce que tu dis, c’est l’amour, c’est aimer les défauts de l’autre.

ANGELO : Ouais, ouais, ouais. Comme je disais avec la peur tout à l’heure, je ne pense pas qu’il faut se forcer, ce n’est pas mon propos, mais par contre, je pense que tu peux ressentir vraiment de l’amour dans les moments où tu sens que l’autre, il a beau être, pas du tout comme tu l’attends extrêmement différents, voire à l’opposé de toi, que tu comprends juste pas pourquoi il fait ça comme ça, alors que toi, tu fais ça comme ça et je parle de tâches quotidiennes comme de trucs plus importants. Eh bien, il y a quand même un truc qu’elle a, quoi. Tu sais, c’est plus le truc d’accepter de pas comprendre, de ne pas forcément avoir accès à tout et surtout, c’est ce que je te disais tout à l’heure de ne pas être pareil, quoi. Moi, finalement, je vois qu’en fait, quand l’autre me saoule, c’est quand je vois qu’il n’est pas comme moi que ce soit mon amoureuse ou quelqu’un d’autre.

GRÉGORY : Ça peut être encore pire quand la personne, elle est comme elle est et elle te montre tes zones d’ombre. C’est-à-dire, tu vas détester ces zones d’ombre, c’est bête parce que en fait, ça va être une sorte de miroir de tes zones d’ombre.

ANGELO : Je suis complètement d’accord. Le pire, c’est ça. Le plus désagréable, c’est quand tu montres un truc que tu n’aimes pas chez l’autre, que tu considères que ce n’est pas chez toi et que ça fait un effet de miroir comme ça, qui est assez déformant et qui finalement est si on veut bien. C’est Serge Tisseron qui parle de ça. Il parle beaucoup d’empathie et donc dans les différents niveaux d’intensité, d’empathie et de qualité d’empathie. Le dernier niveau le plus évolué, ou en tout cas le plus développé, c’est quand je suis capable d’accepter que l’autre peut m’apprendre quelque chose de moi, que je ne sais pas. Et j’adore cette notion d’empathie, parce que l’empathie, on a toujours l’impression que c’est comprendre les émotions de l’autre, être sympa avec et être bienveillants, mais en fait, ce n’est pas que ça. En fait, je crois qu’il y a bien un peu de la, il y a un peu d’amour aussi dans ce qu’il raconte Serge Tisseron dans cette espèce de niveau d’empathie. Parce que quand on est capable d’être avec des amis, de la famille, une amoureuse ou un amoureux, auprès de qui on accepte qu’ils nous apprennent quelque chose de nous, que nous-mêmes on est en déni ou que nous-mêmes on refuse de voir chez nous ou que nous-mêmes on déteste chez l’autre. Mais alors là, la relation, j’ai l’impression qu’elle est riche à ce moment-là, mais ce n’est pas facile. C’est comme d’habitude. C’est simple, mais ce n’est pas facile.

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