GRÉGORY : Je suis ravi d’avoir cette discussion avec toi parce que t’es une de ces personnes, je crois, qui influe beaucoup sur pas mal de gens, dans leurs croyances et dans leur mode de vie. Et toi justement, j’ai la sensation de l’extérieur comme ça que tu fais ce changement. À l’origine, ta chaîne était autour du spectacle que tu voulais faire, etc, et après, au fur et à mesure, tu as évolué. Pourquoi t’as lancé une seconde chaîne YouTube ? Peut-être que tu peux expliquer ton parcours, mais je suis très curieux de cette seconde chaîne YouTube. Et pourquoi tu la fais ?
SWANN : Ça marche. Ben moi j’ai donc deux chaînes YouTube. D’abord j’étais humoriste et je suis toujours humoriste d’ailleurs. Donc j’avais une grosse chaîne YouTube que j’ai toujours, il faut que j’arrête de parler au passé, de divertissement pur avec plus de 600 000 abonnés. Et à la fin du premier confinement, ainsi l’année dernière, j’ai voulu, disons, renouer un petit peu avec une consommation plus saine et surtout plus raisonnée, me rendre compte d’où venaient les choses qui étaient dans l’assiette, me rendre compte d’où venaient les vêtements qu’on portait sur notre corps, de comment étaient construites les maisons, comment étaient acheminés les matériaux, les énergies, etc en France et jusqu’à nos maisons. Et donc je me suis dit je ne vais pas parler de ça sur ma chaîne d’humoriste parce que ce n’est pas très drôle. Et donc, j’ai décidé de créer une chaîne qui s’appelle Vert chez vous, dans laquelle je me rends chez les abonnés pour les aider à mettre en place des initiatives écologiques. Et j’ai voulu faire cette chaîne aussi parce que je me suis bien rendu compte que beaucoup de gens avaient envie de plus d’écologie dans leur vie, mais que ça demandait du temps, de l’énergie, des compétences, de l’argent parfois, parce qu’on a beaucoup cette idée quand on est citadin, qu’il faut avoir absolument de l’argent pour acheter une maison à la montagne ou à la campagne pour pouvoir ensuite avoir une vie plus saine et plus écologique. Et je me suis dit moi, je vais aller enquêter, essayer d’appliquer les manuels d’écologie pour de vrai, donc genre un shampoing zéro déchet, comment construire des toilettes sèches, etc. Je me suis dit est ce que c’est vraiment réalisable de façon super simple, comme c’est marqué dans les manuels d’écologie, parce que c’est une méga galère, que ça coûte cher, que ça prend de l’énergie, que ça rend triste, s’il faut savoir bricoler, s’il peut avoir des outils, s’il faut avoir la place, etc. Et je pense que j’ai ma réponse. Mais c’est une sacrée galère. Et donc je voulais voir un peu comment l’écologie peut s’appliquer dans le quotidien des gens.
GRÉGORY : Tu dis que ce n’est pas forcément drôle, mais moi j’ai regardé quelques vidéos et moi je les trouve plutôt drôles, en particulier la première où vous essayez de faire un jardin sur un balcon et qu’en fait c’est la grosse galère. Moi, j’ai trouvé ça plutôt plutôt assez drôle en réalité, mais c’est vrai que ce n’est pas si simple, mais tu ne fais pas que ça, tu as aussi décidé de vivre une partie de ta vie dans une caravane.
SWANN : Ouais.
GRÉGORY : Ça part de quoi cette volonté, parce que pareil, tu vois, il y a plein de gens qui parlent d’écologie. Ils ne sont pas tous, et moi le premier, dans une sorte de vie minimaliste. Donc, je suis curieux de comprendre aussi comment tu as fait ce choix et qu’est-ce que tu y trouves ou qu’est-ce que tu n’y trouves pas ?
SWANN : J’ai plein de choses à dire, donc la première chose, c’est je voudrais vraiment enlever cette idée dans la tête des gens que quand tu es dans une caravane, tu as une vie écologique parce que tu as une vie minimaliste, tu as une vie ou tu fais attention à ta consommation. Mais tu as une vie polluante parce que ta maison est tirée par une voiture et donc ça, il faut garder vraiment ça en tête parce qu’il y a beaucoup de gens qui disent “Ah, j’aimerais trop être écolo et acheter un van”, “j’aimerais trop être écolo et voyager dans toute la France”. Bah quand tu dépenses de l’essence, du diesel etc, tu vas avoir un bilan carbone bien plus terrible que si tu habitais en ville sans voyager par exemple. Donc ça, c’est la première idée reçue que j’aimerais bien qu’on garde en tête, même si j’essaye de voyager, de rester moi deux mois dans les régions dans lesquelles je vis, ben je voyage quand même beaucoup, il y a deux ans, je n’avais pas de voiture et là j’ai une voiture qui tire 600 Kg. Deuxième chose, ça fait longtemps que j’avais amorcé une vie un peu minimaliste. Donc ça, ça vient du fait que je suis bordélique et désorganisé et aussi je pense que moins on possède de choses, plus les choses qu’on possède nous rendre heureux, et j’ai appliqué ça de façon extrême. C’est-à-dire que maintenant, non seulement je n’ai plus beaucoup de vêtements et je n’ai plus beaucoup d’objets, mais je n’ai pas beaucoup d’eau, je n’ai pas beaucoup d’électricité, je n’ai pas de douche et je n’ai pas de toilettes. Et donc, à chaque fois que je prends une douche chez des gens, c’est vraiment comme un luxe, une espèce de plaisir incroyable. Je trouve qu’on prend vite goût au luxe. Il n’y a qu’à voir tous les gens qui sont en ville qui commandent à emporter plusieurs fois par semaine, ce que je comprends très très bien. La première fois que tu commandes à emporter, tu es trop existé, et puis, si tu le fais deux ou trois fois par semaine, c’est limite cuisiner qui devient pénible et en fait, commander, c’est la routine. Moi, c’est le contraire, je ne vais jamais au resto, je ne commande jamais à manger, en tout cas, quand je suis dans la caravane, parce que là je suis en vacances à Paris, je peux dire que je me fais plaisir. Et ben voilà, si je commande à manger à emporter une fois toutes les trois semaines, ça me rapporte de la joie, du plaisir. Donc j’ai l’impression d’avoir abaissé ma moyenne de confort en fait, et quand je fais un truc souvent d’ailleurs connecté avec le “non écologique”, mais un truc un petit peu luxe, par exemple manger de la viande rouge une fois de temps en temps, etc. Je suis reconnaissante, je me rends compte que c’est rare, que c’est un plaisir, que c’est un luxe, que c’est une joie, que ça doit être festif et j’en profite 100 fois plus que si c’était juste quotidien et que j’étais enfermé dans un système d’addiction à la consommation.
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