#271 Violences policières: autopie d’une institution

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GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Mikael.

MIKAEL : Bonjour.

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui ?

MIKAEL : Ça va, ça va très bien.

GREGORY : Alors t’as écrit un bouquin sur la police? Et avant ça, tu avais écrit un article sur la police. C’est quoi l’origine de ta réflexion? Pourquoi tu t’es intéressé à ce sujet là en particulier?

MIKAEL : En fait, c’est venu d’une question posée par une collègue, enfin, qui est ma chef, et qui a une question redoutable parce qu’elle est toute simple. C’était au moment des gilets jaunes. Pourquoi il y a autant de violence? Et en fait, c’est une question que je trouve redoutable parce qu’elle se posait au moment des gilets jaunes. Elle se pose maintenant au moment de la réforme des retraites, elle se pose au quotidien dans certains quartiers, etc. Et en fait, bon, j’ai rencontré beaucoup de policiers pour faire ce premier sujet sur les violences, mais qui étaient vraiment sur un angle très spécifique sur le maintien de l’ordre et tout. Et en fait, à cette occasion là, j’ai eu l’opportunité de rentrer pour la première fois dans un commissariat et je me suis senti un peu comme un enfant qui demande en permanence ça, c’est quoi ça? C’est quoi ça? C’est quoi ça? C’est quoi? C’est à dire? Je me suis rendu compte que j’avais un avis sur la police, je parlais de police avec des amis, etc. On a un débat sur la police qu’on veut et c’est normal. Mais enfait je savais pas vraiment comment ça fonctionnait, comment les gens sont organisés, qu’est ce que c’est que ce service, pourquoi, à quoi il sert, qui commande qui et et pourquoi, et cetera. Et en fait, c’est parti de là. Je me suis dit en fait, j’ai envie de faire quelque chose qui soit, qui ne soit pas un travail à thèse, pas là pour dire aux gens ce qu’ils doivent penser, mais pour raconter, raconter comment ça se passe sur le terrain. Voilà.

GREGORY : Et ton ton premier article, il était plutôt entre guillemets, à charge, si je me souviens bien, sur les violences policières qui n’a pas beaucoup été apprécié du coup par le corps policier si je ne me trompe pas. Mais tu peux, tu peux me corriger.

MIKAEL : Si ici ce n’est pas le cas, ça dépend lesquels. Alors c’est vrai qu’il a été reçu de différentes manière un peu en fait, ce qu’on ont surtout mal vécu les policiers, surtout ceux que j’avais rencontré longuement, c’est que eux m’ont parlé de leur quotidien de manière très générale. Et puis moi j’ai centré évidemment sur les violences. Après, c’était un article qui était aussi vu des policiers, donc c’était des policiers qui me parlent de leur propre violence du moment ou du moment où ils ont un geste de trop, du moment où ils ont été obligés d’utiliser leur arme, est ce qu’ils l’ont bien fait ? Pas bien fait, et cetera. Enfin, c’était ça toutes les discussions. Donc il y a certains policiers qui effectivement l’ont mal pris parce qu’ils ont trouvé que je donnais une image extrêmement partielle de la police. Après, il y a d’autres policiers qui l’ont aussi mal pris parce qu’il nie cette violence. Mais effectivement, ça m’avait quand même marqué. Le fait que les policiers avaient avait, voilà avait trouvé que que je racontais qu’une petite partie de leur travail, leur travail, ça consiste quand même d’abord et avant tout à répondre aux appels 17 et pour tout un tas de raisons. Enfin voilà. Et j’avais été assez sensible à cette critique, même si après je dirais que la majorité des policiers, ce n’est pas ceux qui m’ont critiqué parce que j’avais fait ce travail sur la violence. La majorité des policiers, c’est ceux qui avaient refusé de me parler de leur violence et qui simplement voulaient pas que ce soit que le sujet paraisse. Quoi? Voilà.

GREGORY : Et après ça, tu as passé un an dans un commissariat? Qu’est ce que. De quoi tu t’es rendu compte? C’est quoi les. Peut être les idées reçues sur la police justement.

MIKAEL : Je pense que la principale idée reçue est. Elle est un peu méta mais. Mais en fait, elle s’incarne dans des choses très très très très concrètes. La principale idée reçue, c’est que c’est que la police, c’est. C’est qu’en fait, en transformant la police, on pourrait transformer la société. C’est à dire cette idée que, par exemple et bien si la police était organisée de telle ou telle manière, s’il n’y avait plus ou moins d’effectifs, si elle était armée de telle façon ou pas armée de telle façon, en fait, elle pourrait avoir. Elle pourrait, entre guillemets, je ne sais pas, par exemple combattre le trafic de drogue, etc, etc. Et il y a cette idée que je rencontre chez beaucoup de gens, là, même des amis qui me disent Mais en fait, il y a une volonté politique de ne pas combattre le trafic de drogue parce que ça fait vivre des quartiers. On va vite vers des idées un peu complotistes comme ça, mais en fait non. La réalité c’est que juste en fait c’est pas possible et qu’en fait les policiers, en fait, ils ne peuvent pas mettre fin au trafic de drogue, ils ne peuvent pas. Enfin, quand je suis arrivé à Roubaix, ils avaient mis en place une unité des violences conjugales, donc c’était. Alors là on parle du judiciaire, C’est à dire c’est des. C’est pas tous des officiers de police judiciaire parce que c’est c’est un grade, mais c’est des gens qui font de. Qui font de la procédure, qui sont dans des bureaux. Ils peuvent aller interpeller aussi, mais. Donc c’est vraiment des policiers, Ils sont hyper intéressant à voir travailler parce qu’ils travaillent main dans la main avec des magistrats, parce qu’en fait ce sont les 100. Les sont des magistrats, sont des juges, ils peuvent rien faire, ils ne peuvent pas mettre des gens sur écoute, ils ne peuvent pas décider de de tel ou tel acte ou de prolongement de garde à vue, et cetera, et cetera. Et en fait, cette unité là avait été mise en place parce qu’on sortait des confinement. Et au parquet, Lily s’était rendu compte que les violences faites aux femmes avaient augmenté. Pas tellement en nombre, mais en intensité. Les huis clos, les gens voilà, bloqués dans leur appartement. Ça fait que voilà, il y avait eu énormément d’emplois, d’armes par destination. Enfin, ça, ça avait explosé. Voilà. Auparavant, c’était plus des coups portés, voilà des gifles, des coups de poing. Et là, il y avait beaucoup de de. Il y a la proc de Lille qui m’avait dit tout l’électroménager y est passé, il n’y avait pas. Enfin, c’était. Voilà. Et du coup, ils avaient mis en place concrètement à Roubaix une unité de dix policiers. C’était surtout des enquêtrices, mais il y avait aussi quelques hommes et c’étaient souvent des jeunes dédiés uniquement à ça. Au début de l’année, ils travaillaient chacun sur trois ou quatre affaires et c’est des affaires compliquées. C’est par exemple un type qui est sorti de prison et qui harcèle son ex, donc il rôde autour de chez elle. Donc c’est hyper dur à travailler. Policière ment parce que la dame, elle appelle la police. La police arrive, mais le temps qu’elle trouve le bon bâtiment et cetera, Le type il est parti. Mais après comment vous voulez prouver qu’il était bien là? Enfin, c’est donc après et où il y avait par exemple un autre type qui arrivait cagoulé et qui allait harceler la fille de son ex-conjointe. Donc voilà, c’est pareil, c’était un type cagoulé sur de la vidéosurveillance toute pourrie, enfin de travailler avec les flics. Ça m’a permis de me rendre compte à quel point les images de vidéosurveillance sont toutes. Mais les deux choses qui servent à rien dans la société, c’est d’une part les vidéosurveillance privées qui donnent que des images nulles et les trucs type very sûr, c’est à dire les sociétés privées qui sont appelées quand il y a un cambriolage, c’est nul, c’est absolument inefficace. Bref, tout ça pour dire qu’à la fin.

GREGORY : De l’année n’ont pas aimé.

MIKAEL : Voilà, à la fin de l’année, c’est ces policières qui travaillaient sur les violences conjugales. Elles travaillaient sur 100 dossiers par tête. En tout, elles avaient 1000 dossiers. Ça veut dire que comme elles s’étaient mises à de plus en plus travailler sur les violences conjugales, bah du coup, des affaires qui auparavant seraient un petit peu enfin, on n’aurait pas forcément été traitées, des petites affaires de harcèlement, des choses comme ça. Mais comme il y a une sensibilité sociale et qu’on sait que ben ça peut commencer avec du harcèlement et puis ça peut finir avec un féminicide. Le parquet, les magistrats disent bon, en fait n’en ont. Maintenant on laisse plus la petite l’affaire qu’on on la laisse plus, on essaie vraiment d’investiguer, etc. Mais sauf que les effectifs ils ont pas triplé et du coup ça veut dire que Marion dans Livia une une une enquêtrice, je l’ai appelée Marion, J’ai changé les prénoms, elle a 24 ans et quand elle arrive au boulot le lundi à 9 h, et ben elle se demande sur laquelle des 100 femmes potentiellement victimes de violences ou ayant été victimes de violences présumées, elle va travailler. Alors heureusement, elle le fait. C’est pas un choix qu’elle fait seule, mais Mais durant l’année, concrètement, il y a deux policières qui sont parties en burn out. Quoi de sept de cette cellule? Donc voilà, ça c’est le premier truc qui m’a et qui m’a vraiment étonnée, c’est à quel point en fait, c’est un travail dans lequel il y a une frustration énorme qui est Ben en fait, je suis relativement inefficace. Ce que je fais en fait, c’est une sorte de mouvement perpétuel. Et voilà, ça c’est le premier. Ouais, je dirais que c’est l’élément qui m’a le plus marqué.

GREGORY : Et tu dirais alors Parce qu’en fait, quand je t’écoute, je me dis ben dans ce cas là, ce qu’il faudrait, c’est augmenter à mort les les effectifs de la police. On pourrait se dire ça ou pourquoi pas mieux les payer? Et en fait moi j’ai l’impression, mais peut être que je me trompe. Alors j’ai deux deux impressions qui s’opposent quasiment. La première, c’est que la délinquance ou l’insécurité, on va dire l’insécurité, c’est un vrai business, c’est à dire politique ou very worth. Typiquement, c’est à dire qu’il y a beaucoup, beaucoup de politiques qui s’appuient sur qui font peur finalement. Voilà. Et d’un autre côté, j’ai l’impression que la violence quelque part de la société fait qu’il y a effectivement de la violence dans. Enfin, je sais pas, tu vois ce que je veux dire.

MIKAEL : La violence dans.

GREGORY : La société, c’est à dire que la violence de la société, c’est à dire le fait qu’il y a de plus en plus d’inégalités profondes entre les ultra riches et les populations modestes. Enfin, tu vois, j’entendais dernièrement que maintenant il y a des. Ils mettent des. Des des produits pour. Pour les vols de steak haché congelés. Parce qu’en fait, les gens volent de la viande. Ils ont plus d’argent. En fait, ils n’arrivent plus à vivre. Donc il y a une sorte de violence de la société qui fait qu’il y a une forme de violence concrète dans la société. Donc j’ai les deux sentiments, j’ai les deux sentiments. Donc, est ce que d’après toi, il faudrait effectivement largement augmenter les effectifs de la police? Est ce que ça résoudra le problème? Et est ce que cette violence, enfin cette insécurité, ce n’est pas.

 

Description de l’épisode

Michael Corre est journaliste, grand reporter, auteur de “Le central”, un livre enquête après avoir passé 1 année entière dans un commissariat de Roubaix.
Il a d’ailleurs reçu le prix de la meilleure enquête en juin 2023.
Considérant l’actualité, il est important de dire que cet épisode a été enregistré en avril 2023 donc totalement en dehors des événements qui ont beaucoup secoué la France la semaine dernière et qui reste très présent dans nos esprits à tous.

Pour être sincère j’avais décidé de sortir cet épisode cette semaine avant même la mort de Nahel mais je pense que c’est d’autant plus important d’avoir un contenu enregistré à froid et sans émotion particulière pour traiter ce genre de sujet.

L’épisode est nuancé et je pense que c’est essentiel sur ce type de sujet, il n’ignore pas les problématiques de la police mais vous verrez pourquoi et comment on arrive à ce genre de situation comme celle malheureuse de la semaine dernière.

J’espère qu’il sera à la source de nombreuses conversations plus intéressantes que celles générées par l’extrême droite actuellement.

Voici les questions que l’on traite ensemble :

– Quelle est l’origine de ta réflexion sur la police?

– Après un article à charge contre les violences policières comment a réagit le corps des policiers?

– Quelles sont les idées reçues sur la police en France?

– Est-ce que l’insécurité n’est pas le business de la peur de la part des politiques?

– Est-ce que la violence dans la société n’est pas la conséquence de la violence de la société ?

– Est-ce qu’il faudrait augmenter les effectifs de la police pour résoudre tous les problèmes ?

– 10% des effectifs de la police ont été supprimés par Nicolas Sarkozy, quelles sont les conséquences ?

– Pourquoi les violences policières ont augmenté de 40% depuis 2018 ?

– Est-ce que les policiers ne sont pas pris en étaux entre des ordres donnés et une réalité sociale terrible pour une partie de la population?

– Est-ce qu’une société qui va mal et qui est profondément injuste n’est pas le problème à l’origine ?

– Est-ce que la police est raciste en France?

– Comment observes-tu la montée de l’extrême droite au sein de la police?

– Est-ce que le vote R.N n’est pas l’expression d’une colère plutôt?

– Quelle est la violence d’être un policier ?

– Est-ce que la police n’est pas au 1er rang de la misère sociale?

Suggestion d’autres épisodes à écouter :

#160 Comment gérer la violence actuelle de la société? avec Marie Robert (https://audmns.com/oJoWbXn)
#266 Comment les commentaires sur Internet sont devenus l’actualité? (https://audmns.com/QGSxbfj)
#164 Peut-on allier lutte contre la pauvreté et écologie? avec Elise Huillery (https://audmns.com/jLFRyqX)

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Transcription partielle de l’épisode

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GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Mikael.

MIKAEL : Bonjour.

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui ?

MIKAEL : Ça va, ça va très bien.

GREGORY : Alors t’as écrit un bouquin sur la police? Et avant ça, tu avais écrit un article sur la police. C’est quoi l’origine de ta réflexion? Pourquoi tu t’es intéressé à ce sujet là en particulier?

MIKAEL : En fait, c’est venu d’une question posée par une collègue, enfin, qui est ma chef, et qui a une question redoutable parce qu’elle est toute simple. C’était au moment des gilets jaunes. Pourquoi il y a autant de violence? Et en fait, c’est une question que je trouve redoutable parce qu’elle se posait au moment des gilets jaunes. Elle se pose maintenant au moment de la réforme des retraites, elle se pose au quotidien dans certains quartiers, etc. Et en fait, bon, j’ai rencontré beaucoup de policiers pour faire ce premier sujet sur les violences, mais qui étaient vraiment sur un angle très spécifique sur le maintien de l’ordre et tout. Et en fait, à cette occasion là, j’ai eu l’opportunité de rentrer pour la première fois dans un commissariat et je me suis senti un peu comme un enfant qui demande en permanence ça, c’est quoi ça? C’est quoi ça? C’est quoi ça? C’est quoi? C’est à dire? Je me suis rendu compte que j’avais un avis sur la police, je parlais de police avec des amis, etc. On a un débat sur la police qu’on veut et c’est normal. Mais enfait je savais pas vraiment comment ça fonctionnait, comment les gens sont organisés, qu’est ce que c’est que ce service, pourquoi, à quoi il sert, qui commande qui et et pourquoi, et cetera. Et en fait, c’est parti de là. Je me suis dit en fait, j’ai envie de faire quelque chose qui soit, qui ne soit pas un travail à thèse, pas là pour dire aux gens ce qu’ils doivent penser, mais pour raconter, raconter comment ça se passe sur le terrain. Voilà.

GREGORY : Et ton ton premier article, il était plutôt entre guillemets, à charge, si je me souviens bien, sur les violences policières qui n’a pas beaucoup été apprécié du coup par le corps policier si je ne me trompe pas. Mais tu peux, tu peux me corriger.

MIKAEL : Si ici ce n’est pas le cas, ça dépend lesquels. Alors c’est vrai qu’il a été reçu de différentes manière un peu en fait, ce qu’on ont surtout mal vécu les policiers, surtout ceux que j’avais rencontré longuement, c’est que eux m’ont parlé de leur quotidien de manière très générale. Et puis moi j’ai centré évidemment sur les violences. Après, c’était un article qui était aussi vu des policiers, donc c’était des policiers qui me parlent de leur propre violence du moment ou du moment où ils ont un geste de trop, du moment où ils ont été obligés d’utiliser leur arme, est ce qu’ils l’ont bien fait ? Pas bien fait, et cetera. Enfin, c’était ça toutes les discussions. Donc il y a certains policiers qui effectivement l’ont mal pris parce qu’ils ont trouvé que je donnais une image extrêmement partielle de la police. Après, il y a d’autres policiers qui l’ont aussi mal pris parce qu’il nie cette violence. Mais effectivement, ça m’avait quand même marqué. Le fait que les policiers avaient avait, voilà avait trouvé que que je racontais qu’une petite partie de leur travail, leur travail, ça consiste quand même d’abord et avant tout à répondre aux appels 17 et pour tout un tas de raisons. Enfin voilà. Et j’avais été assez sensible à cette critique, même si après je dirais que la majorité des policiers, ce n’est pas ceux qui m’ont critiqué parce que j’avais fait ce travail sur la violence. La majorité des policiers, c’est ceux qui avaient refusé de me parler de leur violence et qui simplement voulaient pas que ce soit que le sujet paraisse. Quoi? Voilà.

GREGORY : Et après ça, tu as passé un an dans un commissariat? Qu’est ce que. De quoi tu t’es rendu compte? C’est quoi les. Peut être les idées reçues sur la police justement.

MIKAEL : Je pense que la principale idée reçue est. Elle est un peu méta mais. Mais en fait, elle s’incarne dans des choses très très très très concrètes. La principale idée reçue, c’est que c’est que la police, c’est. C’est qu’en fait, en transformant la police, on pourrait transformer la société. C’est à dire cette idée que, par exemple et bien si la police était organisée de telle ou telle manière, s’il n’y avait plus ou moins d’effectifs, si elle était armée de telle façon ou pas armée de telle façon, en fait, elle pourrait avoir. Elle pourrait, entre guillemets, je ne sais pas, par exemple combattre le trafic de drogue, etc, etc. Et il y a cette idée que je rencontre chez beaucoup de gens, là, même des amis qui me disent Mais en fait, il y a une volonté politique de ne pas combattre le trafic de drogue parce que ça fait vivre des quartiers. On va vite vers des idées un peu complotistes comme ça, mais en fait non. La réalité c’est que juste en fait c’est pas possible et qu’en fait les policiers, en fait, ils ne peuvent pas mettre fin au trafic de drogue, ils ne peuvent pas. Enfin, quand je suis arrivé à Roubaix, ils avaient mis en place une unité des violences conjugales, donc c’était. Alors là on parle du judiciaire, C’est à dire c’est des. C’est pas tous des officiers de police judiciaire parce que c’est c’est un grade, mais c’est des gens qui font de. Qui font de la procédure, qui sont dans des bureaux. Ils peuvent aller interpeller aussi, mais. Donc c’est vraiment des policiers, Ils sont hyper intéressant à voir travailler parce qu’ils travaillent main dans la main avec des magistrats, parce qu’en fait ce sont les 100. Les sont des magistrats, sont des juges, ils peuvent rien faire, ils ne peuvent pas mettre des gens sur écoute, ils ne peuvent pas décider de de tel ou tel acte ou de prolongement de garde à vue, et cetera, et cetera. Et en fait, cette unité là avait été mise en place parce qu’on sortait des confinement. Et au parquet, Lily s’était rendu compte que les violences faites aux femmes avaient augmenté. Pas tellement en nombre, mais en intensité. Les huis clos, les gens voilà, bloqués dans leur appartement. Ça fait que voilà, il y avait eu énormément d’emplois, d’armes par destination. Enfin, ça, ça avait explosé. Voilà. Auparavant, c’était plus des coups portés, voilà des gifles, des coups de poing. Et là, il y avait beaucoup de de. Il y a la proc de Lille qui m’avait dit tout l’électroménager y est passé, il n’y avait pas. Enfin, c’était. Voilà. Et du coup, ils avaient mis en place concrètement à Roubaix une unité de dix policiers. C’était surtout des enquêtrices, mais il y avait aussi quelques hommes et c’étaient souvent des jeunes dédiés uniquement à ça. Au début de l’année, ils travaillaient chacun sur trois ou quatre affaires et c’est des affaires compliquées. C’est par exemple un type qui est sorti de prison et qui harcèle son ex, donc il rôde autour de chez elle. Donc c’est hyper dur à travailler. Policière ment parce que la dame, elle appelle la police. La police arrive, mais le temps qu’elle trouve le bon bâtiment et cetera, Le type il est parti. Mais après comment vous voulez prouver qu’il était bien là? Enfin, c’est donc après et où il y avait par exemple un autre type qui arrivait cagoulé et qui allait harceler la fille de son ex-conjointe. Donc voilà, c’est pareil, c’était un type cagoulé sur de la vidéosurveillance toute pourrie, enfin de travailler avec les flics. Ça m’a permis de me rendre compte à quel point les images de vidéosurveillance sont toutes. Mais les deux choses qui servent à rien dans la société, c’est d’une part les vidéosurveillance privées qui donnent que des images nulles et les trucs type very sûr, c’est à dire les sociétés privées qui sont appelées quand il y a un cambriolage, c’est nul, c’est absolument inefficace. Bref, tout ça pour dire qu’à la fin.

GREGORY : De l’année n’ont pas aimé.

MIKAEL : Voilà, à la fin de l’année, c’est ces policières qui travaillaient sur les violences conjugales. Elles travaillaient sur 100 dossiers par tête. En tout, elles avaient 1000 dossiers. Ça veut dire que comme elles s’étaient mises à de plus en plus travailler sur les violences conjugales, bah du coup, des affaires qui auparavant seraient un petit peu enfin, on n’aurait pas forcément été traitées, des petites affaires de harcèlement, des choses comme ça. Mais comme il y a une sensibilité sociale et qu’on sait que ben ça peut commencer avec du harcèlement et puis ça peut finir avec un féminicide. Le parquet, les magistrats disent bon, en fait n’en ont. Maintenant on laisse plus la petite l’affaire qu’on on la laisse plus, on essaie vraiment d’investiguer, etc. Mais sauf que les effectifs ils ont pas triplé et du coup ça veut dire que Marion dans Livia une une une enquêtrice, je l’ai appelée Marion, J’ai changé les prénoms, elle a 24 ans et quand elle arrive au boulot le lundi à 9 h, et ben elle se demande sur laquelle des 100 femmes potentiellement victimes de violences ou ayant été victimes de violences présumées, elle va travailler. Alors heureusement, elle le fait. C’est pas un choix qu’elle fait seule, mais Mais durant l’année, concrètement, il y a deux policières qui sont parties en burn out. Quoi de sept de cette cellule? Donc voilà, ça c’est le premier truc qui m’a et qui m’a vraiment étonnée, c’est à quel point en fait, c’est un travail dans lequel il y a une frustration énorme qui est Ben en fait, je suis relativement inefficace. Ce que je fais en fait, c’est une sorte de mouvement perpétuel. Et voilà, ça c’est le premier. Ouais, je dirais que c’est l’élément qui m’a le plus marqué.

GREGORY : Et tu dirais alors Parce qu’en fait, quand je t’écoute, je me dis ben dans ce cas là, ce qu’il faudrait, c’est augmenter à mort les les effectifs de la police. On pourrait se dire ça ou pourquoi pas mieux les payer? Et en fait moi j’ai l’impression, mais peut être que je me trompe. Alors j’ai deux deux impressions qui s’opposent quasiment. La première, c’est que la délinquance ou l’insécurité, on va dire l’insécurité, c’est un vrai business, c’est à dire politique ou very worth. Typiquement, c’est à dire qu’il y a beaucoup, beaucoup de politiques qui s’appuient sur qui font peur finalement. Voilà. Et d’un autre côté, j’ai l’impression que la violence quelque part de la société fait qu’il y a effectivement de la violence dans. Enfin, je sais pas, tu vois ce que je veux dire.

MIKAEL : La violence dans.

GREGORY : La société, c’est à dire que la violence de la société, c’est à dire le fait qu’il y a de plus en plus d’inégalités profondes entre les ultra riches et les populations modestes. Enfin, tu vois, j’entendais dernièrement que maintenant il y a des. Ils mettent des. Des des produits pour. Pour les vols de steak haché congelés. Parce qu’en fait, les gens volent de la viande. Ils ont plus d’argent. En fait, ils n’arrivent plus à vivre. Donc il y a une sorte de violence de la société qui fait qu’il y a une forme de violence concrète dans la société. Donc j’ai les deux sentiments, j’ai les deux sentiments. Donc, est ce que d’après toi, il faudrait effectivement largement augmenter les effectifs de la police? Est ce que ça résoudra le problème? Et est ce que cette violence, enfin cette insécurité, ce n’est pas.

 

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