#268 Comment le design influence votre comportement? avec Mathieu Lehanneur

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GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Mathieu.

MATHIEU : Bonjour Gregory.

GREGORY : Comment vas-tu aujourd’hui ?

MATHIEU : Ça va pas mal, ça va plutôt bien !

GREGORY : On va parler de design, de simplicité et je crois, d’écologie aussi. Mais la première question que je vais te poser peut être, c’est comment un projet d’étudiant ou de fin d’études se retrouve en exposition permanente au MoMA? Et c’est quoi ce projet?

MATHIEU : Alors comment il se retrouve au MoMA? Ce projet, c’est un projet, donc c’est mon projet de fin d’études, après mes études de design qui durent. J’en suis à six ans de design quand j’attaque ce projet là et je m’attaque aux médicaments avec cette envie de réfléchir sur le rapport qu’on entretient tous avec nos médicaments. Et le médicament est un objet, donc évidemment doit se poser la question de son dessin, de son signe. Et puis, au delà de cet objet là, c’est un objet qui a sur nous évidemment des implications très, très grandes et dans lequel on projette aussi beaucoup de de promesses, d’envies, d’ambition sur ce qu’il va faire pour nous. Et donc je soumets qu’il faut soumettre, quand on est étudiant, à aux instances directives de l’école. Voilà, je leur dis Je voudrais travailler sur le design des médicaments. Et je me souviens, la direction de l’école me dit “non mais Monsieur Lehanneur, vous êtes gentil, mais mais on ne touche pas aux médicaments en fait. Parce que médicaments c’est fait par des scientifiques, par des chimistes, des ingénieurs.” Et donc je leur tiens ce même discours en disant mais écoutez, à la fin, c’est un objet qui est produit en des milliers, millions, voire milliards d’exemplaires, avec lequel chaque être humain a une relation. Et donc je ne vois pas à partir de là en quoi ça n’appartiendrait pas au champ possible, en tout cas d’investigation d’un designer. Il me dit Écoutez, si vous êtes si malin, allez y et bonne route. Et donc, tout le travail sur ce projet là a consisté d’abord à rencontrer alors des patients, quelques uns, mais surtout beaucoup de médecins généralistes, pour essayer de comprendre un peu ce qui se passe dans le dans le corps des patients, mais plus particulièrement dans la tête des patients. En fait, ce qui m’intéressait, c’est qu’est ce qui se produit comme relation entre un patient vous, moi, votre mère, ma père, mes cousins, mes amis, et cetera, ou ma grand mère qui se retrouve toujours face à ce médicament là et dans lequel, encore une fois, on va avoir tous des relations différentes. Il y en a qui vont admettre, qui sont malades, qui ont besoin de se soigner, il y en a qui vont refuser même de considérer qu’ils auraient besoin de quelque chose. Parce que parce que la pathologie n’a pas d’effet ou de symptôme visible, sensible, de souffrance ou autre. Et donc vraiment reconditionner complètement la question de la relation aux médicaments. Et donc à la fin, ça a donné lieu à une dizaine de propositions pour donner un exemple, par exemple, j’avais développé un antibiotique. On sait tous qu’après quelques jours, lorsque on se sent mieux, l’antibiotique a commencé à faire effet. Donc au bout de trois ou quatre jours, on a tous une tendance à vouloir l’arrêter le traitement, parce qu’on a aussi entendu que les antibiotiques, il fallait faire attention, et cetera et du coup c’est assez mauvais en fait, en termes, en termes d’efficacité, parce que si vous l’arrêter en cours de route, en général, la maladie repart de plus belle, il faut recommencer et donc on a tout perdu. Et du coup, là, l’idée, c’était de faire en sorte que le médicament lui même nous accompagne et qu’on sente finalement qu’on est en train de progresser dans le traitement et que du coup, on a une sorte de dans son imagination, on sent et on visualise la maladie, la pathologie, l’infection en train de disparaître. Et en fait ça prenait la forme d’un oignon, comme une succession de strates. Et en fait on va effeuiller une strate de médicaments par jour. Il aura la consistance d’une sorte de pâte d’amande. Et donc vous, là, vous l’ingérer, vous la mâchez, vous la mangez, et donc, jours après jours, vous allez voir qu’effectivement, naturellement, cet oignon, ce médicament va diminuer de taille, sa couleur va changer et qu’évidemment on a tous au fond envie d’arrêter en cours de route. Parce que lorsque vous regardez, même votre médicament, vous voyez qu’il reste finalement de la matière et que du coup il resterait de l’infection. Et là, l’inspiration venait d’ailleurs directement des des des calendriers de l’avant pour les enfants. Donc c’est une sorte du calendrier où vous ouvrez une petite fenêtre par jour et comment on fait en sorte finalement, par des stratégies d’objets, de rituels, de d’emmener une personne la faire avancer dans le temps. Alors pour les enfants, c’est du 1ᵉʳ décembre jusqu’au 24 décembre. Mais mais là c’est un peu les mêmes stratégies. Et puis. Et puis le projet a été présenté d’abord dans une exposition au MoMA, le Musée d’art moderne de New York, qui, à la suite de l’exposition, m’a dit on, voudrait acquérir le projet pour nos collections permanentes. C’est une proposition qu’on ne peut pas refuser et je me soumets. Il m’a envoyé une lettre assez officielle. Ils m’avaient dit un cadeau serait vivement apprécié, qui était une façon élégante, en gros, de dire “nous sommes le plus grand musée du monde. vous êtes un jeune étudiant dont tout le monde se fout pas mal. La moindre des choses, ce serait de nous l’offrir parce qu’on ne va pas dépenser 1 $ pour pour l’acquérir.”

GREGORY : Bien sûr.

MATHIEU : Je me suis exécuté.

GREGORY : Oui, il y a un autre projet, toujours dans le domaine médical, mais qui m’a beaucoup touché pour les soins palliatifs. Parce qu’en fait, ce que j’aime bien dedans, c’est ce qu’on va découvrir au fur et à mesure, enfin que les personnes qui ne te connaissent pas peut être, vont découvrir. Je pense que tous les gens qui nous écoutent savent ce que c’est. Ce sont des espaces assez morbides par définition. Et toi, tu as essayé de le réenchanter? Tu peux nous expliquer ça?

MATHIEU : Oui, alors alors c’est un projet très très très très important pour moi. Juste une petite parenthèse effectivement cette question du design. Si on imagine le design comme une discipline visant à rendre les choses belles, alors effectivement, ça m’intéresse vraiment pas du tout. D’abord parce que c’est finalement pas si compliqué de rendre une chose belle, ou en tout cas acceptable pour les yeux. Mais, ça n’a surtout absolument, en l’occurrence, aucun effet. Et c’est vrai qu’on entamait notre discussion avec les médicaments. Ce qui m’intéresse dans le fait de concevoir ou dessiner un objet, une chose, un espace, c’est non pas d’en faire une belle chose, élégante, c’est qu’est ce qu’elle va produire ou modifier dans dans mon esprit, dans mes comportements, dans mes croyances, et cetera. Les objets sont des signes. D’ailleurs, j’ai toujours considéré que les objets sont des potentiels médicaments, même si on a pas toujours dit d’y ajouter de la chimie. Mais, mais ils modifient forcément parce qu’ils existent, parce qu’ils passent par mes yeux. Ensuite ils arrivent dans mon cerveau. Mon cerveau va confronter ce qu’il voit, ce qu’il sent à tout un tas d’expériences accumulées et qui vont produire des choses dans notre cerveau. Donc ça, c’est effectivement la chose qui m’intéresse. Et c’est vrai que ce projet des soins palliatifs, c’était c’était une commande du directeur de l’Hôpital des Diaconesses à Paris, dans le 12ᵉ arrondissement, et qui et qui vient me trouver en disant : “Voilà, nous avons un service de soins palliatifs qui est constitué d’une vingtaine de chambres. Nous sommes un service qui est très en pointe dans ces questions là. Et c’est vrai avec avec un service médical relationnel vraiment extrêmement fin, intelligent, sensible, et cetera. Toute une batterie de de médicaments à disposition pour calmer les très fortes douleurs, les angoisses et cetera. Tout un tas de machines technologiques également pour pour, pour accompagner le soin”. Au bout du couloir, vous avez le service d’oncologie et ils me disent ce qui me gêne encore une fois, je parle à la place du directeur de l’hôpital, c’est que l’enjeu du service de soins palliatifs n’est plus la guérison, c’est plus le problème. Et donc oui, on est dans l’hôpital, mais on ne veut pas pour nous mêmes, pour les patients, pour leur famille. Se considérer juste comme un service hospitalier de plus sur une spécialité de plus. Et donc ils me disent j’aimerais que tu réfléchisses à un objet, une chose, un aménagement, un espace, il sait pas très bien, mais qui fasse que, on sort un petit peu d’une approche absolument fonctionnelle, très technique vis à vis du corps médical vers le patient. Je lui dis mais bien sûr, je veux, je vais le faire parce qu’une fois une question comme celle là, elle est évidemment très très intimidante. Mais, je pouvais pas le refuser. Je lui dis juste “Écoutez, il va juste me falloir du temps. Parce que parce qu’il y a des domaines on peut vous solliciter pour un projet, éventuellement vous vous trompez ou vous n’êtes pas très fier de vous, et éventuellement, ce n’est pas toujours très grave. Dans le cas d’un service comme celui là, en gros, la question sous jacente, c’est quand même dessinez nous le dernier objet que les personnes verront de leur vivant, du coup, c’est de voir.”

GREGORY : Voilà, il y a un petit enjeu de poids.

MATHIEU : Sur les épaules, c’est un peu lourd. Donc je voulais vraiment prendre le temps nécessaire et et je suis effectivement revenu au bout au bout de six mois les voir. Alors entre temps, j’avais j’avais rencontré beaucoup de personnes du service.

 

Description de l’épisode

Mathieu Lehanneur est un designer hors pair : c’est lui qui va dessiner la flamme Olympique 2024, il est le designer en chef de la marque Huawei, son projet d’étudiant a été directement sélectionné par le plus grand musée du monde : le MoMa.
Bref, il est vraiment hors norme et j’ai la chance de le connaître depuis 10 ans.
Aujourd’hui sur Vlan pour parler du rôle du design, de sa vision du design.
Nous parlons énormément de l’invisible et de comment le design va influer notre comportement dans tous nos usages.
Vous allez vous rendre compte à quel point nous sommes influençables par le design, des toilettes, en passant par notre voiture ou nos salles de réunions.
Rendre quelque chose de beau n’est pas ce qui intéresse Mathieu mais plutôt de rendre la vie meilleure.
Vient alors naturellement la question de l’écologie et du design.
J’aime beaucoup la réponse que Mathieu apporte et que je vous laisse découvrir dans l’épisode

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Transcription partielle de l’épisode

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GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Mathieu.

MATHIEU : Bonjour Gregory.

GREGORY : Comment vas-tu aujourd’hui ?

MATHIEU : Ça va pas mal, ça va plutôt bien !

GREGORY : On va parler de design, de simplicité et je crois, d’écologie aussi. Mais la première question que je vais te poser peut être, c’est comment un projet d’étudiant ou de fin d’études se retrouve en exposition permanente au MoMA? Et c’est quoi ce projet?

MATHIEU : Alors comment il se retrouve au MoMA? Ce projet, c’est un projet, donc c’est mon projet de fin d’études, après mes études de design qui durent. J’en suis à six ans de design quand j’attaque ce projet là et je m’attaque aux médicaments avec cette envie de réfléchir sur le rapport qu’on entretient tous avec nos médicaments. Et le médicament est un objet, donc évidemment doit se poser la question de son dessin, de son signe. Et puis, au delà de cet objet là, c’est un objet qui a sur nous évidemment des implications très, très grandes et dans lequel on projette aussi beaucoup de de promesses, d’envies, d’ambition sur ce qu’il va faire pour nous. Et donc je soumets qu’il faut soumettre, quand on est étudiant, à aux instances directives de l’école. Voilà, je leur dis Je voudrais travailler sur le design des médicaments. Et je me souviens, la direction de l’école me dit “non mais Monsieur Lehanneur, vous êtes gentil, mais mais on ne touche pas aux médicaments en fait. Parce que médicaments c’est fait par des scientifiques, par des chimistes, des ingénieurs.” Et donc je leur tiens ce même discours en disant mais écoutez, à la fin, c’est un objet qui est produit en des milliers, millions, voire milliards d’exemplaires, avec lequel chaque être humain a une relation. Et donc je ne vois pas à partir de là en quoi ça n’appartiendrait pas au champ possible, en tout cas d’investigation d’un designer. Il me dit Écoutez, si vous êtes si malin, allez y et bonne route. Et donc, tout le travail sur ce projet là a consisté d’abord à rencontrer alors des patients, quelques uns, mais surtout beaucoup de médecins généralistes, pour essayer de comprendre un peu ce qui se passe dans le dans le corps des patients, mais plus particulièrement dans la tête des patients. En fait, ce qui m’intéressait, c’est qu’est ce qui se produit comme relation entre un patient vous, moi, votre mère, ma père, mes cousins, mes amis, et cetera, ou ma grand mère qui se retrouve toujours face à ce médicament là et dans lequel, encore une fois, on va avoir tous des relations différentes. Il y en a qui vont admettre, qui sont malades, qui ont besoin de se soigner, il y en a qui vont refuser même de considérer qu’ils auraient besoin de quelque chose. Parce que parce que la pathologie n’a pas d’effet ou de symptôme visible, sensible, de souffrance ou autre. Et donc vraiment reconditionner complètement la question de la relation aux médicaments. Et donc à la fin, ça a donné lieu à une dizaine de propositions pour donner un exemple, par exemple, j’avais développé un antibiotique. On sait tous qu’après quelques jours, lorsque on se sent mieux, l’antibiotique a commencé à faire effet. Donc au bout de trois ou quatre jours, on a tous une tendance à vouloir l’arrêter le traitement, parce qu’on a aussi entendu que les antibiotiques, il fallait faire attention, et cetera et du coup c’est assez mauvais en fait, en termes, en termes d’efficacité, parce que si vous l’arrêter en cours de route, en général, la maladie repart de plus belle, il faut recommencer et donc on a tout perdu. Et du coup, là, l’idée, c’était de faire en sorte que le médicament lui même nous accompagne et qu’on sente finalement qu’on est en train de progresser dans le traitement et que du coup, on a une sorte de dans son imagination, on sent et on visualise la maladie, la pathologie, l’infection en train de disparaître. Et en fait ça prenait la forme d’un oignon, comme une succession de strates. Et en fait on va effeuiller une strate de médicaments par jour. Il aura la consistance d’une sorte de pâte d’amande. Et donc vous, là, vous l’ingérer, vous la mâchez, vous la mangez, et donc, jours après jours, vous allez voir qu’effectivement, naturellement, cet oignon, ce médicament va diminuer de taille, sa couleur va changer et qu’évidemment on a tous au fond envie d’arrêter en cours de route. Parce que lorsque vous regardez, même votre médicament, vous voyez qu’il reste finalement de la matière et que du coup il resterait de l’infection. Et là, l’inspiration venait d’ailleurs directement des des des calendriers de l’avant pour les enfants. Donc c’est une sorte du calendrier où vous ouvrez une petite fenêtre par jour et comment on fait en sorte finalement, par des stratégies d’objets, de rituels, de d’emmener une personne la faire avancer dans le temps. Alors pour les enfants, c’est du 1ᵉʳ décembre jusqu’au 24 décembre. Mais mais là c’est un peu les mêmes stratégies. Et puis. Et puis le projet a été présenté d’abord dans une exposition au MoMA, le Musée d’art moderne de New York, qui, à la suite de l’exposition, m’a dit on, voudrait acquérir le projet pour nos collections permanentes. C’est une proposition qu’on ne peut pas refuser et je me soumets. Il m’a envoyé une lettre assez officielle. Ils m’avaient dit un cadeau serait vivement apprécié, qui était une façon élégante, en gros, de dire “nous sommes le plus grand musée du monde. vous êtes un jeune étudiant dont tout le monde se fout pas mal. La moindre des choses, ce serait de nous l’offrir parce qu’on ne va pas dépenser 1 $ pour pour l’acquérir.”

GREGORY : Bien sûr.

MATHIEU : Je me suis exécuté.

GREGORY : Oui, il y a un autre projet, toujours dans le domaine médical, mais qui m’a beaucoup touché pour les soins palliatifs. Parce qu’en fait, ce que j’aime bien dedans, c’est ce qu’on va découvrir au fur et à mesure, enfin que les personnes qui ne te connaissent pas peut être, vont découvrir. Je pense que tous les gens qui nous écoutent savent ce que c’est. Ce sont des espaces assez morbides par définition. Et toi, tu as essayé de le réenchanter? Tu peux nous expliquer ça?

MATHIEU : Oui, alors alors c’est un projet très très très très important pour moi. Juste une petite parenthèse effectivement cette question du design. Si on imagine le design comme une discipline visant à rendre les choses belles, alors effectivement, ça m’intéresse vraiment pas du tout. D’abord parce que c’est finalement pas si compliqué de rendre une chose belle, ou en tout cas acceptable pour les yeux. Mais, ça n’a surtout absolument, en l’occurrence, aucun effet. Et c’est vrai qu’on entamait notre discussion avec les médicaments. Ce qui m’intéresse dans le fait de concevoir ou dessiner un objet, une chose, un espace, c’est non pas d’en faire une belle chose, élégante, c’est qu’est ce qu’elle va produire ou modifier dans dans mon esprit, dans mes comportements, dans mes croyances, et cetera. Les objets sont des signes. D’ailleurs, j’ai toujours considéré que les objets sont des potentiels médicaments, même si on a pas toujours dit d’y ajouter de la chimie. Mais, mais ils modifient forcément parce qu’ils existent, parce qu’ils passent par mes yeux. Ensuite ils arrivent dans mon cerveau. Mon cerveau va confronter ce qu’il voit, ce qu’il sent à tout un tas d’expériences accumulées et qui vont produire des choses dans notre cerveau. Donc ça, c’est effectivement la chose qui m’intéresse. Et c’est vrai que ce projet des soins palliatifs, c’était c’était une commande du directeur de l’Hôpital des Diaconesses à Paris, dans le 12ᵉ arrondissement, et qui et qui vient me trouver en disant : “Voilà, nous avons un service de soins palliatifs qui est constitué d’une vingtaine de chambres. Nous sommes un service qui est très en pointe dans ces questions là. Et c’est vrai avec avec un service médical relationnel vraiment extrêmement fin, intelligent, sensible, et cetera. Toute une batterie de de médicaments à disposition pour calmer les très fortes douleurs, les angoisses et cetera. Tout un tas de machines technologiques également pour pour, pour accompagner le soin”. Au bout du couloir, vous avez le service d’oncologie et ils me disent ce qui me gêne encore une fois, je parle à la place du directeur de l’hôpital, c’est que l’enjeu du service de soins palliatifs n’est plus la guérison, c’est plus le problème. Et donc oui, on est dans l’hôpital, mais on ne veut pas pour nous mêmes, pour les patients, pour leur famille. Se considérer juste comme un service hospitalier de plus sur une spécialité de plus. Et donc ils me disent j’aimerais que tu réfléchisses à un objet, une chose, un aménagement, un espace, il sait pas très bien, mais qui fasse que, on sort un petit peu d’une approche absolument fonctionnelle, très technique vis à vis du corps médical vers le patient. Je lui dis mais bien sûr, je veux, je vais le faire parce qu’une fois une question comme celle là, elle est évidemment très très intimidante. Mais, je pouvais pas le refuser. Je lui dis juste “Écoutez, il va juste me falloir du temps. Parce que parce qu’il y a des domaines on peut vous solliciter pour un projet, éventuellement vous vous trompez ou vous n’êtes pas très fier de vous, et éventuellement, ce n’est pas toujours très grave. Dans le cas d’un service comme celui là, en gros, la question sous jacente, c’est quand même dessinez nous le dernier objet que les personnes verront de leur vivant, du coup, c’est de voir.”

GREGORY : Voilà, il y a un petit enjeu de poids.

MATHIEU : Sur les épaules, c’est un peu lourd. Donc je voulais vraiment prendre le temps nécessaire et et je suis effectivement revenu au bout au bout de six mois les voir. Alors entre temps, j’avais j’avais rencontré beaucoup de personnes du service.

 

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