#264 Apprendre à apprendre, la face cachée du cerveau avec Grégoire Borst

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#264 Apprendre à apprendre, la face cachée du cerveau avec Grégoire Borst
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GREGORY : Bonjour à toutes, bonjour à tous, bonjour Grégoire !

GRÉGOIRE : Bonjour !

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui?

GRÉGOIRE : Ça va bien, ça va bien.

GREGORY : Vous avez sorti un livre sur les neurosciences pour les enfants. J’aimerais comprendre pourquoi c’est important que les enfants, ou est-ce que c’est possible d’ailleurs que les enfants comprennent les neurosciences?

GRÉGOIRE : Les neurosciences, c’est une façon de pouvoir leur parler de leur cerveau, et on est quand même dans une dans un contexte un peu particulier, quand on s’intéresse aux apprentissages, à l’éducation à la réussite éducative des enfants. Ils doivent faire tout ça en ayant très peu de connaissances, finalement, sur leur cerveau, qui un peu un paradoxe quand on y pense, parce que tout ce qui va se passer dans notre vie est quand même très dépendant de nos apprentissages. Et nos apprentissages, ils sont fondamentalement dépendant de l’activité de notre cerveau, de la façon de votre cerveau va se transformer au cours de ces apprentissages. Et c’est c’est aussi un gage, finalement, de pouvoir être préparé à ces apprentissages et d’avoir le bon état d’esprit vis-à-vis de ces apprentissages, et notamment d’avoir un état d’esprit qui considère que, finalement, on n’est jamais condamné à être ce qu’on est. On peut toujours changer, on peut toujours progresser. Et ça, ça repose quand même sur une caractéristique spécifique de notre cerveau, qui est le fait que notre cerveau peut se reconfigurer, se transformer tout au long de notre vie.

GREGORY : Et en quoi de comprendre comment notre cerveau fonctionne? Ça permet aux enfants de mieux apprendre.

GRÉGOIRE : Finalement, on a quelques données aujourd’hui dans la littérature qui suggère, par exemple, que le simple fait d’expliquer à un enfant que son cerveau se transforme au cours des apprentissages, qu’il va fonctionner un peu différemment, ça va promouvoir chez ses enfants ce Qu’on appelle un état d’esprit de changement, c’est-à-dire que toutes et tous, si on vous demande, en gros, est-ce que vous pensez que l’intelligence est plutôt fixée chez les individus, est-ce qu’elle est plutôt inné ou est-ce qu’elle relève plutôt de quelque chose Qu’on va construire au cours du temps, une grande majorité des gens, si vous testez un peu implicitement ce qu’ils pensent de l’intelligence ils ont plutôt tendance à avoir une conception assez fixée de l’intelligence c’est-à-dire Qu’en gros, vous naissez en étant intelligent, on est bon, mal, on est mauvais en math, on est bon en français, on est mauvais en français, comme si tout ça relevait de caractère finalement inné, que C’est pas du tout le cas. Tout ça, finalement, se construit au cours de nos apprentissages, au cours de nos interactions avec les autres. Le fait de nous dire finalement que notre cerveau se transforme au cours de nos apprentissages, c’est une façon de promouvoir ce Qu’on appelle un état d’esprit de changement, c’est-à-dire l’idée que, finalement, je suis pas condamné à être mauvais en math. Si j’investis des efforts, si je trouve une motivation à apprendre dans ce contexte, là, je peux progresser. Et c’est pour ça que C’est aussi fondamental, finalement, d’avoir des connaissances sur le cerveau, c’est que ça va transformer en profondeur, finalement, ma conception implicite des apprentissages. Et ça, C’est une première étape. Et puis, la deuxième étape aussi, c’est de se rendre compte que, finalement, tous nos apprentissages y repose sur des mécanismes qui sont sous tendus par l’activité de notre cerveau. C’est aussi important d’avoir ça en-tête. Finalement, parler de son cerveau, C’est une façon aussi d’avoir une certaine forme D’auto réflexivité par rapport à ces apprentissages. Et ça, on peut le faire très tôt avec les enfants. Souvent, on pense que les enfants, ils n’y arrivent pas parce que C’est trop complexe, c’est trop abstrait comme concept, pas du tout, c’est très concret, c’est dans leur boîte crânienne. Et on peut commencer justement en leur parlant de leur cerveau, leur parler de tous les processus dont on a besoin pour apprendre: la mémoire, la tension, ma capacité à réguler mes comportements, ma capacité aussi à comprendre que mes apprentissages s’opèrent dans un contexte social, tout ça, c’est extrêmement important, finalement, de le transmettre aux enfants. Si on y pense deux secondes, on est quand même dans un dans une situation très paradoxale, ou on nous demande d’apprendre plein de choses sans jamais nous avoir enseigné comment apprendre. Et C’est ça un peu ce Qu’on essaye de dire via ces livres, via l’explication du cerveau, c’est de dire: il faudrait d’abord commencer par enseigner les fondamentaux de l’apprentissage avant d’essayer d’enseigner les apprentissages fondamentaux.

GREGORY : Justement, peut être. J’ai une question. D’abord c’est à partir de quel âge on peut parler aux enfants de leur cerveau? Et après, c’est quoi? Les trois cas justement? Enseignement sur comment bien apprendre.

GRÉGOIRE : Ce Qu’on peut, ce Qu’on peut dire, c’est qu’on peut commencer très tôt. Nous, on a écrit un livre pour, pour expliquer comment fonctionne le cerveau à des enfants en dessous de cinq ans. On peut commencer très, peut commencer par des choses très simples. On peut simplement déjà lui expliquer ce que c’est qu’un cerveau. C’est quand même une machine formidable, c’est 86 milliards de euro, c’est 10 fois plus que la oui, connecté entre eux par 1 million de milliards de, je sais pas si, on se rend compte quand même de cette machine absolument extraordinaire qu’on a dans notre boîte crânienne. Et oui, C’est un tissu biologique extrêmement complexe et en même temps, c’est quand même extrêmement intéressant de savoir comment ça fonctionne, parce que c’est quand même qui, finalement, sous tend ce que nous sommes, c’est l’activité de notre cerveau. C’est C’est c’est finalement nous mêmes, je vais dire, c’est toute notre pensée, toutes nos activités, psychologique. Je pense qu’on peut commencer très tôt, il faut commencer par des choses simples et puis, après, complexifier un peu. Nous, on a des projets de recherche en ce moment, notamment dans les réseaux d’éducation prioritaire de la ville de Paris, qui accueillent plutôt des enfants qui viennent de mini sociaux moins favorisés, dans lequel on fait des cours sur le cerveau, parce qu’on pense que c’est c’est aussi un vecteur, finalement, de réduction des inégalités sociales et des inégalités éducatives C’est on peut commencer très tôt. Et puis, qu’est-ce qu’on doit dire sur les apprentissages? Et dire des choses aussi simples que comment on fait pour rester concentré? Ça paraît très vial. Mais finalement, ils vont entendre pendant toute leur scolarité: soyez attentif, rester concentré, et personne ne leur a jamais expliqué ce que ça voulait dire et ce Qu’on essaye de montrer. Est-ce Qu’on essaye d’enseigner finalement aux élèves? C’est par exemple que C’est pas possible pour un cerveau humain de s’engager dans plusieurs activités en même temps. On a tous l’impression Qu’on peut faire parce qu’on passe notre temps à faire ça dans le quotidien. Partant, on a notre téléphone en même temps, on essaye de répondre à des mails et en même temps, on parle à notre crois, nos volare ou à nos amis. On le fait, mais si on étudie un peu ce qui se passe, ça a toujours un coût pour l’une ou l’autre des activités, parce qu’on s’amuse à distribuer notre attention sur différentes en même temps. Et ça, on n’est pas très, très bon pour faire ça. On est capable de passer très vite une tâche à une autre, mais on ne peut pas vraiment les faire en même temps. Et ne serait ce que de dire ça à un élève, c’est aussi une façon de le ou à un enfant, c’est une façon de le responsabiliser, c’est de dire: ok, tu veux faire deux choses en même temps, mais ça juste que tu feras forcément un peu moins bien. C’est deux choses que t’essayes de faire en même temps. En gros, c’est c’est de lui donner un peu des données là-dessus. On s’est par exemple aussi que le simple fait de se poser des questions sur ce Qu’on est en train d’essayer d’apprendre c’est une façon de rester plus concentré, de mieux mémoriser les informations. On a aussi des informations importantes autour des apprentissages. C’est la notion du sommeil. Ça paraît tout bête, mais on a très peu de connaissances sur la façon dont fonctionne notre sommeil, alors même qu’il est, c’est absolument fondamental. Le sommeil pour les apprentissages, on sait que tout ce Qu’on va, toutes les informations qu’on a traité pendant la journée vont finalement de nouveau traité pendant notre sommeil. On va avoir une réactivation de l’ensemble des réseaux qui ont été activés pendant la journée, pendant notre sommeil, et que ça C’est un des mécanismes de mémorisation des informations. C’est pour ça que c’est important de dormir. Souvent, quand on aborde la problématique du sommeil avec les enfants, on leur dit: il faut dormir pour pas être fatigué. D’accord d’un point de vue argumentatif, c’est pas très bon, je veux dire, c’est assez faible. Évidemment, on les convainc peu. Le véritable enjeu, c’est de leur dire à quoi ça sert. Et puis, on sait que ça a aussi un effet extrêmement important pour la plasticité du cerveau, c’est-à-dire que le simple fait que notre cerveau puisse se configurer rapidement au cours des apprentissages Qu’on apprenne mieux et plus rapidement, c’est aussi très dépendant de la qualité de notre sommeil. Il y a aussi toute cette question autour de la santé et de la santé de notre cerveau et de notre sommeil.

GREGORY : On va parler un peu du système éducatif aussi et du contexte dans lequel les enfants évoluent, parce que j’avais reçu l’Aéro scientifique, ça m’a choqué qui, il y a quelques, une bonne année, on va dire, et elle disait: l’un des problèmes, c’est Qu’on enseigne mal, c’est-à-dire Qu’on enseigne aux enfants à trouver les bonnes réponses, que ce qui compte, c’est pas de trouver la bonne réponse, c’est le processus réflectif par lequel ils vont passer finalement. La bonne réponse. La réponse, on s’en moque un peu. Ce qui est intéressant: C’est la manière, le processus par lequel la personne, l’enfant en l’occurrence passe. Est-ce que vous êtes assez d’accord avec ça ou est-ce que vous avez vous n’êtes pas du tout d’accord ou je sais pas?

GRÉGOIRE : Ça fait un peu, finalement, C’est ça rejoint une autre notion importante, c’est que pour apprendre, il faut faire des erreurs. Il n’y a pas d’apprentissage en erreur. Le cerveau humain, il passe son temps, finalement, à faire des prédictions, à faire des erreurs. Et c’est précisément ces cascades, finalement de de correction, de ces erreurs dans le cerveau humain, qui produisent les apprentissages. Là où je rejoins ce que disait ma collègue: C’est l’idée que, finalement, l’enjeu de l’apprentissage c’est aussi de mettre la focale sur les processus psychologiques qui sont impliquées dans les apprentissages. Et ça, C’est quelque chose qu’on fait très peu, c’est-à-dire que ce qu’on explique finalement peu à l’élève c’est l’ensemble des processus dont il a besoin dans la situation d’apprentissage et c’est bien. Ça revient finalement à cette idée que, finalement, peu importe la réponse, ce qui est important, C’est le processus dans lequel s’engage l’élève il peut faire des erreurs à certains moments, et c’est aussi une connaissance partagée entre l’élève et l’enseignant parce que quand on-dit il faut expliquer le cerveau aux élèves, mais on oublie aussi qu’il faudrait expliquer le cerveau aux enseignants et au parc, parce qu’on est dans une situation quand même très paradoxale dans cette société, c’est que, finalement, on est dans un une dimension éducative partagée. On parle de coéducation, fait de, finalement, ce triangle entre l’élève la communauté éducative au sens large, parce qu’il ya évidemment pas que les enseignants, il y a aussi toutes les autres personnes qui interviennent dans le cadre scolaire et périscolaire, et les parents, et tout ça se fait.

Description de l’épisode

Grégoire Borst est Professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’Université de Paris et Directeur du LaPsyDe (CNRS).

Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages mais dernièrement un livre sur les neurosciences dédié aux enfants “C’est pas ma faute, c’est mon cerveau” sorti aux éditions Nathan.

Alors qu’on ne parle partout que de Chat GPT et plus généralement d’IA, qu’Internet a partout bouleversé l’accès à l’information et alors que l’on s’interroge sur le futur de l’éducation nationale, nous avons essayer de reprendre les bases pour parler de l’IH, l’intelligence humaine.

Ensemble nous allons parler d’apprentissage, de système 1, 2 et 3, de biais cognitifs, de notre capacité à les appréhender, de nos émotions et évidemment de nos enfants.

Pourquoi est-ce important que les enfants comprennent les neurosciences?

Comment en parler aux enfants?

Comment bien apprendre?

Est-ce que finalement ce n’est pas le processus de réflexion plus que la bonne réponse qui compte?

Doit-on apprendre de la même manière avec l’IA et Google ?

Doit-on plus apprendre à comprendre?

Pourriez-vous expliquer ce que sont les systèmes 1 et systèmes 2 ?

Quelle est votre théorie autour du système 3 ?

Est-ce que parfois on ne fait pas trop confiance au système 1 ?

Qu’est-ce que les biais cognitifs ?

La recherche d’accumulation est-elle un biais que l’on a toutes et tous ?

Comment peut-on se prémunir des fake news et mieux réfléchir?

Comment peut-on nos enfants à juger de l’information?

Qu’est-ce que le consensus scientifique ?

Comment notre cerveau nous joue-t-il des tours ?

Pourquoi n’arrivons pas à faire la différence entre émotions et réalité statistique?

Pourquoi mettons-nous à distance?

Par où peut-on commencer?

Suggestion d’autres épisodes à écouter :

#206 Comment développer l’esprit critique chez les enfants? Avec Samah Karaki (https://audmns.com/dFSogCP)
#177 Vous ne devez pas faire confiance à vos peurs avec Albert Moukheiber (https://cutt.ly/pnQdFE4)
#258 Neuroscience: la puissance des bébés avec Nawal Abboub (https://audmns.com/gFqaiUz)

Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages mais dernièrement un livre sur les neurosci…

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Transcription partielle de l’épisode

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GREGORY : Bonjour à toutes, bonjour à tous, bonjour Grégoire !

GRÉGOIRE : Bonjour !

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui?

GRÉGOIRE : Ça va bien, ça va bien.

GREGORY : Vous avez sorti un livre sur les neurosciences pour les enfants. J’aimerais comprendre pourquoi c’est important que les enfants, ou est-ce que c’est possible d’ailleurs que les enfants comprennent les neurosciences?

GRÉGOIRE : Les neurosciences, c’est une façon de pouvoir leur parler de leur cerveau, et on est quand même dans une dans un contexte un peu particulier, quand on s’intéresse aux apprentissages, à l’éducation à la réussite éducative des enfants. Ils doivent faire tout ça en ayant très peu de connaissances, finalement, sur leur cerveau, qui un peu un paradoxe quand on y pense, parce que tout ce qui va se passer dans notre vie est quand même très dépendant de nos apprentissages. Et nos apprentissages, ils sont fondamentalement dépendant de l’activité de notre cerveau, de la façon de votre cerveau va se transformer au cours de ces apprentissages. Et c’est c’est aussi un gage, finalement, de pouvoir être préparé à ces apprentissages et d’avoir le bon état d’esprit vis-à-vis de ces apprentissages, et notamment d’avoir un état d’esprit qui considère que, finalement, on n’est jamais condamné à être ce qu’on est. On peut toujours changer, on peut toujours progresser. Et ça, ça repose quand même sur une caractéristique spécifique de notre cerveau, qui est le fait que notre cerveau peut se reconfigurer, se transformer tout au long de notre vie.

GREGORY : Et en quoi de comprendre comment notre cerveau fonctionne? Ça permet aux enfants de mieux apprendre.

GRÉGOIRE : Finalement, on a quelques données aujourd’hui dans la littérature qui suggère, par exemple, que le simple fait d’expliquer à un enfant que son cerveau se transforme au cours des apprentissages, qu’il va fonctionner un peu différemment, ça va promouvoir chez ses enfants ce Qu’on appelle un état d’esprit de changement, c’est-à-dire que toutes et tous, si on vous demande, en gros, est-ce que vous pensez que l’intelligence est plutôt fixée chez les individus, est-ce qu’elle est plutôt inné ou est-ce qu’elle relève plutôt de quelque chose Qu’on va construire au cours du temps, une grande majorité des gens, si vous testez un peu implicitement ce qu’ils pensent de l’intelligence ils ont plutôt tendance à avoir une conception assez fixée de l’intelligence c’est-à-dire Qu’en gros, vous naissez en étant intelligent, on est bon, mal, on est mauvais en math, on est bon en français, on est mauvais en français, comme si tout ça relevait de caractère finalement inné, que C’est pas du tout le cas. Tout ça, finalement, se construit au cours de nos apprentissages, au cours de nos interactions avec les autres. Le fait de nous dire finalement que notre cerveau se transforme au cours de nos apprentissages, c’est une façon de promouvoir ce Qu’on appelle un état d’esprit de changement, c’est-à-dire l’idée que, finalement, je suis pas condamné à être mauvais en math. Si j’investis des efforts, si je trouve une motivation à apprendre dans ce contexte, là, je peux progresser. Et c’est pour ça que C’est aussi fondamental, finalement, d’avoir des connaissances sur le cerveau, c’est que ça va transformer en profondeur, finalement, ma conception implicite des apprentissages. Et ça, C’est une première étape. Et puis, la deuxième étape aussi, c’est de se rendre compte que, finalement, tous nos apprentissages y repose sur des mécanismes qui sont sous tendus par l’activité de notre cerveau. C’est aussi important d’avoir ça en-tête. Finalement, parler de son cerveau, C’est une façon aussi d’avoir une certaine forme D’auto réflexivité par rapport à ces apprentissages. Et ça, on peut le faire très tôt avec les enfants. Souvent, on pense que les enfants, ils n’y arrivent pas parce que C’est trop complexe, c’est trop abstrait comme concept, pas du tout, c’est très concret, c’est dans leur boîte crânienne. Et on peut commencer justement en leur parlant de leur cerveau, leur parler de tous les processus dont on a besoin pour apprendre: la mémoire, la tension, ma capacité à réguler mes comportements, ma capacité aussi à comprendre que mes apprentissages s’opèrent dans un contexte social, tout ça, c’est extrêmement important, finalement, de le transmettre aux enfants. Si on y pense deux secondes, on est quand même dans un dans une situation très paradoxale, ou on nous demande d’apprendre plein de choses sans jamais nous avoir enseigné comment apprendre. Et C’est ça un peu ce Qu’on essaye de dire via ces livres, via l’explication du cerveau, c’est de dire: il faudrait d’abord commencer par enseigner les fondamentaux de l’apprentissage avant d’essayer d’enseigner les apprentissages fondamentaux.

GREGORY : Justement, peut être. J’ai une question. D’abord c’est à partir de quel âge on peut parler aux enfants de leur cerveau? Et après, c’est quoi? Les trois cas justement? Enseignement sur comment bien apprendre.

GRÉGOIRE : Ce Qu’on peut, ce Qu’on peut dire, c’est qu’on peut commencer très tôt. Nous, on a écrit un livre pour, pour expliquer comment fonctionne le cerveau à des enfants en dessous de cinq ans. On peut commencer très, peut commencer par des choses très simples. On peut simplement déjà lui expliquer ce que c’est qu’un cerveau. C’est quand même une machine formidable, c’est 86 milliards de euro, c’est 10 fois plus que la oui, connecté entre eux par 1 million de milliards de, je sais pas si, on se rend compte quand même de cette machine absolument extraordinaire qu’on a dans notre boîte crânienne. Et oui, C’est un tissu biologique extrêmement complexe et en même temps, c’est quand même extrêmement intéressant de savoir comment ça fonctionne, parce que c’est quand même qui, finalement, sous tend ce que nous sommes, c’est l’activité de notre cerveau. C’est C’est c’est finalement nous mêmes, je vais dire, c’est toute notre pensée, toutes nos activités, psychologique. Je pense qu’on peut commencer très tôt, il faut commencer par des choses simples et puis, après, complexifier un peu. Nous, on a des projets de recherche en ce moment, notamment dans les réseaux d’éducation prioritaire de la ville de Paris, qui accueillent plutôt des enfants qui viennent de mini sociaux moins favorisés, dans lequel on fait des cours sur le cerveau, parce qu’on pense que c’est c’est aussi un vecteur, finalement, de réduction des inégalités sociales et des inégalités éducatives C’est on peut commencer très tôt. Et puis, qu’est-ce qu’on doit dire sur les apprentissages? Et dire des choses aussi simples que comment on fait pour rester concentré? Ça paraît très vial. Mais finalement, ils vont entendre pendant toute leur scolarité: soyez attentif, rester concentré, et personne ne leur a jamais expliqué ce que ça voulait dire et ce Qu’on essaye de montrer. Est-ce Qu’on essaye d’enseigner finalement aux élèves? C’est par exemple que C’est pas possible pour un cerveau humain de s’engager dans plusieurs activités en même temps. On a tous l’impression Qu’on peut faire parce qu’on passe notre temps à faire ça dans le quotidien. Partant, on a notre téléphone en même temps, on essaye de répondre à des mails et en même temps, on parle à notre crois, nos volare ou à nos amis. On le fait, mais si on étudie un peu ce qui se passe, ça a toujours un coût pour l’une ou l’autre des activités, parce qu’on s’amuse à distribuer notre attention sur différentes en même temps. Et ça, on n’est pas très, très bon pour faire ça. On est capable de passer très vite une tâche à une autre, mais on ne peut pas vraiment les faire en même temps. Et ne serait ce que de dire ça à un élève, c’est aussi une façon de le ou à un enfant, c’est une façon de le responsabiliser, c’est de dire: ok, tu veux faire deux choses en même temps, mais ça juste que tu feras forcément un peu moins bien. C’est deux choses que t’essayes de faire en même temps. En gros, c’est c’est de lui donner un peu des données là-dessus. On s’est par exemple aussi que le simple fait de se poser des questions sur ce Qu’on est en train d’essayer d’apprendre c’est une façon de rester plus concentré, de mieux mémoriser les informations. On a aussi des informations importantes autour des apprentissages. C’est la notion du sommeil. Ça paraît tout bête, mais on a très peu de connaissances sur la façon dont fonctionne notre sommeil, alors même qu’il est, c’est absolument fondamental. Le sommeil pour les apprentissages, on sait que tout ce Qu’on va, toutes les informations qu’on a traité pendant la journée vont finalement de nouveau traité pendant notre sommeil. On va avoir une réactivation de l’ensemble des réseaux qui ont été activés pendant la journée, pendant notre sommeil, et que ça C’est un des mécanismes de mémorisation des informations. C’est pour ça que c’est important de dormir. Souvent, quand on aborde la problématique du sommeil avec les enfants, on leur dit: il faut dormir pour pas être fatigué. D’accord d’un point de vue argumentatif, c’est pas très bon, je veux dire, c’est assez faible. Évidemment, on les convainc peu. Le véritable enjeu, c’est de leur dire à quoi ça sert. Et puis, on sait que ça a aussi un effet extrêmement important pour la plasticité du cerveau, c’est-à-dire que le simple fait que notre cerveau puisse se configurer rapidement au cours des apprentissages Qu’on apprenne mieux et plus rapidement, c’est aussi très dépendant de la qualité de notre sommeil. Il y a aussi toute cette question autour de la santé et de la santé de notre cerveau et de notre sommeil.

GREGORY : On va parler un peu du système éducatif aussi et du contexte dans lequel les enfants évoluent, parce que j’avais reçu l’Aéro scientifique, ça m’a choqué qui, il y a quelques, une bonne année, on va dire, et elle disait: l’un des problèmes, c’est Qu’on enseigne mal, c’est-à-dire Qu’on enseigne aux enfants à trouver les bonnes réponses, que ce qui compte, c’est pas de trouver la bonne réponse, c’est le processus réflectif par lequel ils vont passer finalement. La bonne réponse. La réponse, on s’en moque un peu. Ce qui est intéressant: C’est la manière, le processus par lequel la personne, l’enfant en l’occurrence passe. Est-ce que vous êtes assez d’accord avec ça ou est-ce que vous avez vous n’êtes pas du tout d’accord ou je sais pas?

GRÉGOIRE : Ça fait un peu, finalement, C’est ça rejoint une autre notion importante, c’est que pour apprendre, il faut faire des erreurs. Il n’y a pas d’apprentissage en erreur. Le cerveau humain, il passe son temps, finalement, à faire des prédictions, à faire des erreurs. Et c’est précisément ces cascades, finalement de de correction, de ces erreurs dans le cerveau humain, qui produisent les apprentissages. Là où je rejoins ce que disait ma collègue: C’est l’idée que, finalement, l’enjeu de l’apprentissage c’est aussi de mettre la focale sur les processus psychologiques qui sont impliquées dans les apprentissages. Et ça, C’est quelque chose qu’on fait très peu, c’est-à-dire que ce qu’on explique finalement peu à l’élève c’est l’ensemble des processus dont il a besoin dans la situation d’apprentissage et c’est bien. Ça revient finalement à cette idée que, finalement, peu importe la réponse, ce qui est important, C’est le processus dans lequel s’engage l’élève il peut faire des erreurs à certains moments, et c’est aussi une connaissance partagée entre l’élève et l’enseignant parce que quand on-dit il faut expliquer le cerveau aux élèves, mais on oublie aussi qu’il faudrait expliquer le cerveau aux enseignants et au parc, parce qu’on est dans une situation quand même très paradoxale dans cette société, c’est que, finalement, on est dans un une dimension éducative partagée. On parle de coéducation, fait de, finalement, ce triangle entre l’élève la communauté éducative au sens large, parce qu’il ya évidemment pas que les enseignants, il y a aussi toutes les autres personnes qui interviennent dans le cadre scolaire et périscolaire, et les parents, et tout ça se fait.

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