#255 La réalité de la jeunesse aujourd’hui avec Salomé Saqué

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GREGORY : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Bonjour Salomé, ça va aujourd’hui ?

SALOMÉ : Ça va et toi?

GREGORY : Ça va pas mal. Merci beaucoup. Je voudrais commencer cette discussion par une citation que je vais te lire, qui est: “nos jeunes aiment le luxe, ont des mauvaises manières, se moque de l’autorité, ils n’ont aucun respect pour l’âge”. C’est une station de Socrate. La question que je me pose, c’est pourquoi il existe toujours un conflit de génération entre les plus vieux et les plus jeunes.

SALOMÉ : Oui, c’est vrai qu’en faisant mes recherches sur le sujet, j’ai été assez étonné de retrouver des citations: Jusqu’à l’antiquité ou déjà critiquer les jeunes, et c’est un truc qui perdure au fil des siècles, où les jeunes ne sont jamais assez bien: J’ai essayé d’apporter un début d’explication à ça dans mon livre, en expliquant qu’il ya un phénomène presque cognitif, ou on a tendance à idéaliser nos souvenirs et à idéaliser notre propre jeunesse C’est c’est presque un réflexe, et à ne garder que quelques éléments, parce qu’évidemment les souvenirs sont par essence subjectifs, déformés, pas forcément complètement conforme à la réalité. Et on, on parle les jeunes d’aujourd’hui à une jeunesse qui, en réalité, n’a probablement pas existé, qui est une jeunesse idéalisée et qui aussi souvent, pour beaucoup de gens, une belle période de leur vie. Et forcément, les jeunes d’aujourd’hui perdent cette perdre, à cette comparaison. Et après, parce que, tout simplement, les les générations n’ont pas les mêmes habitudes, nécessairement, n’ont pas forcément la même culture à partir de la deuxième moitié du vingtième siècle. En plus, ça S’intensifie ou on a vraiment des jeunes qui développent une culture propre, qui développent d’autres habitudes, qui, vraiment, vont avoir un mode de vie qui peut être très différent de celui de leurs parents ou de leurs grands-parents. Forcément, ça crée une rupture, ça crée des différences et et parfois, les générations précédentes ne peuvent pas forcément comprendre et voit souvent D’un mauvais œil ces nouvelles habitudes de vie qui ne sont tout simplement pas les leurs. Mais mais c’est vrai que ça, ça dure depuis longtemps, cette histoire.

GREGORY: Et vraiment, ça me fait un peu penser ce que tu dis, le fameux c’était mieux avant: Qu’on retrouve beaucoup dans les valeurs traditionnelles de l’extrême droite, mais il se réfère à aucun avant, parce que la période dorée à laquelle ils font référence, elle, n’existe pas. C’est très étrange.

SALOMÉ : Tu parles de l’extrême droite. On le voit bien dans le clip de zemour, où il avait mis des extraits de films de vrai. C’est vraiment une france complètement fantasmée des années 50, 60, 70, où il a retenu que quelques éléments de culture, de sport, je sais plus qu’il ya dedans. Il y a l’histoire et, en réalité, c’est dans reflète absolument pas la complexité d’une société à un moment donné. Et évidemment, quand on-dit c’était mieux avant, il y a aussi beaucoup de ça et on oublie. Ils se disent on-dit souvent, les jeunes c’était mieux avant. Et on oublie aussi que, peut être le contexte, elle était aussi, peut être un peu mieux aussi à certains égards pour pour les jeunes.

GREGORY : C’est clair, et tu dirais que C’est pire aujourd’hui que ça a toujours été. Est-ce que C’est pire aujourd’hui? Est-ce que C’est pire en France? C’est deux questions différentes.

SALOMÉ : Le conflit de génération.

GREGORY : Ouais, le conflit de générations.

SALOMÉ : C’est une, c’est une bonne question. Elle m’a traversé pendant toute l’écriture J’ai essayé de me demander: est-ce que, est-ce que, finalement, ce que je suis en train d’écrire c’est pas un espèce d’énorme pontif? D’un truc qui a toujours existé? Mais je me suis vraiment posé la question? Mais non, mais surtout quand on regarde mes 68, il y a eu des gros conflits, des clashs de génération, et déjà même est-ce qu’aujourd’hui il y a un conflit de génération? C’était une question à laquelle il était difficile de répondre, parce que la société est très complexe et qu’il ya plein de personnes âgées qui ne sont pas du tout au style à l’égard des jeunes, heureusement, et il y a plein de jeunes qui n’aiment pas les jeunes non plus. Il y a non, mais c’est c’est c’est pas, c’est pas du tout uniforme, c’est pas du tout. Tous les vieux détestent les jeunes et les jeunes détestent le jeu. C’est pas du tout ça. En revanche, je pense qu’il ya une, effectivement, un mouvement actuel de d’incompréhension entre les générations à bien des égards. Et encore une fois, je parle d’une tendance globale. Je parle aussi d’un ressenti subjectif, puisque moi, j’ai 27 ans, j’ai longtemps, quand même eu l’impression et j’ai toujours l’impression de ressentir une forme de oui, d’incompréhension d’hostilité à mon égard de la part de génération précédente, que ce soit dans mon entourage, que ce soit dans mon univers professionnel. Et on ferait à mesure des discussions, en parlant avec beaucoup de jeunes autour de moi, en regardant aussi les statistiques, en regardant les études sociologiques, j’en suis venu à la conclusion que, oui, il y avait quand même une forme de conflit de génération. Encore une fois, qu’on qu’on peut discuter sur ça, sur son pleure, sur sa forme, sur est-ce qu’il est immuable? Mais en tout cas, il y a une. Pour moi, il y a clairement une rupture. C’est mon analyse, après toutes ces recherches en tout cas, entre des des de la génération notamment dite des boomers et les générations qui, aujourd’hui, ont une vingtaine d’années et ça, ça passe par plein de plein de choses dont on va sûrement parler vraiment dans ce que.

GREGORY : Clairement, d’ailleurs d’ailleurs une question bête, mais que je t’ai pas posé pour commencer: c’est quoi un jeune pour toi?

SALOMÉ : C’était pareil, très grande question. Mais là, je me suis dit: est-ce que je suis encore jeune? Parce que J’ai eu l’idée du livre, j’avais 24 ans. Après, il y avait 27 ans, au moment de 26, 27 ans, je me disais: ce que je suis encore jeune. Est-ce que j’arrive à la limite? Et évidemment, il n’y a pas de de définition parfaite de la jeunesse. Pierre bourdieu disait: la jeunesse n’est qu’un mot. Moi, je pense que C’est évidemment très, très juste. Il a bien fallu poser un cadre. En revanche, pour écrire cet ouvrage, j’ai J’ai choisi de me référer aux statistiques de l’Inc et l’Inc définit la jeunesse de 18 à 29 ans. J’avoue ça M.’arrange parce que je pouvais être dans la jeunesse, en ça que je l’ai choisi aussi parce que les, c’est les chiffres de Lens, l’institut national des études statistiques, c’était vraiment ma base d’économie de ce sur quoi je me suis basé pour trouver plein de chiffres et de comparaison entre les générations. Comme je m’appuyais là-dessus, je me suis dit: je vais prendre leur définition à 18, 29 ans. Mais encore une fois, bien sûr, Qu’on peut avoir plus de 29 ans et d’être plus jeune. Mais je pense que c’est moi. Je le définis plus philosophiquement comme ce moment d’incertitude où on est encore en train de se chercher, on est encore de se trouver, on n’est pas encore dans un, notamment dans le cadre de tout ce qui est professionnel, dans quelque chose de de de, et on est sur le chemin, et on a, pour moi, la jeunesse, commence à, entre guillemets, s’arrêter c’est ma vision. Mais à partir du moment où on a un prêt, un appartement, un travail stable, un CDI. Qu’on a cette espèce d’entrée dans la, dans la vie plus stable et la jeunesse, ce moment pour moi de quatre, de recherche et d’instabilité.

GREGORY : C’est marrant. Les gens de mon âge ont dit non, mais la jeunesse, c’est dans la tête.

SALOMÉ : Non, mais oui, j’avoue qu’il ya un truc. Peut être que je dirais ça: 40 ans sera possible, mais non, mais après, je veux pas mettre évidemment, je pense que cette histoire d’instabilité elle peut durer parfois. Jusqu’à 40 ans, il n’y a pas un groupe parfait, des délimitations dans lequel on pourrait être la jeunesse. Mais mais quand même un moment, il faut poser un cadre. Je pense qu’à 40 ans, c’est quand même chaud de se dire comme tout.

GREGORY : Une question que je me pose, et quelque chose qui a vraiment changé dans, dans, dans, je pense, l’univers médiatique: C’est la banalisation de l’information et justement, ce que j’aime bien dans ce que tu dis, c’est oui, J’essaye de ne pas être binaire. Justement, tu dis oui, il y a des nuances. Et est-ce que tu crois que les difficultés peut être de la discussion entre les générations? C’est justement cette binarité de l’info tu vois ce que je veux dire.

SALOMÉ :  Banalisation dans quel sens? Dans le sens où c’est une idée contre une et qui ne fait rien au milieu.

GREGORY : C’est ce qu’on voit un peu partout en politique, ce qu’on voit sur beaucoup de sujets: binarisé à mort.

SALOMÉ : C’est vrai qu’il ya une, il y a une transformation là, qu’on ne peut pas nier, de des modes d’informer depuis les années 2000, notamment avec l’éruption moi, je vois deux hors de l’éruption d’internet et l’irruption des chaînes d’information en continu, qui vont un peu dans cette même idée de on réduit toujours plus le temps d’information on en fait des sujets, toujours, il faut que soit toujours plus accrocheur, on se dispute toujours plus votre temps d’attention et la nuance n’est pas vendeuse, et on va toujours plus enlever de la nuance. C’est une forme de simplification à outrans qui amène, je pense effectivement, peut être, ça se fait parfois, mais sur beaucoup de sujets, mais ça se fait aussi au détriment de la jeunesse, et ça se fait aussi au détriment de la manière dont on va traiter médiatiquement les jeunes. Et c’est c’est dans les recherches que j’ai pu faire, j’ai pu trouver pléthore D’articles d’extrait télévisés où on a une manière de parler des jeunes qui hyper simple, simpliste et pas du tout juste et pas du tout assez complexes, et on va, pendant le covid, on va leur taper dessus, parce que C’est ces jeunes qui ne respectent pas, qui protègent pas les plus âgés, ces jeunes, on a beaucoup tapé sur les étudiants qui feraient des soirées. Il y avait vraiment cette oui, cette notion de jeunesse un peu un peu responsable, et et après, on peut avoir d’autres clichés. Il y a beaucoup de clichés sur la jeunesse, la jeunesse délinquante des banlieues, où on va y aller, mais c’est jamais, c’est jamais. C’est bien sûr que s’il doit y en avoir, mais c’est souvent avec peu de nuance et et ça véhicule des idées qui, à mes yeux, après, sont des les terres. Et après, il y a aussi toutes ces idées de les jeunes ne lisent plus, les jeunes sont narcissiques, ils sont égocentrés, ils sont à gros écrans. On va beaucoup avoir de reportage sur les dérives de cette jeunesse TIKTOK, au final, c’est quand même très négatif et ça manque complètement de nuance. Le sujet TIKTOK que J’aborde dans un moment, il est pour moi, il illustre très bien ce phénomène, c’est-à-dire que C’est pas aussi simple que blanc ou noir. Et oui, il y a évidemment des dérives qui doivent être illustrées des, des des problèmes que crée ce réseau. Mais il y a aussi d’autres bonnes choses. C’est aussi un espace de créativité, c’est aussi un espace de communication entre les jeunes, et on ne peut pas juste traiter un truc en disant: c’est bien, c’est mal, C’est plus complexe que ça. Et je trouve que la jeunesse, en particulier les objets aussi de consommation de la jeunesse, tout ce qui touche à la jeunesse, on a une telle incompréhension de ça qu’il ya une, une, un traitement médiatique qui a tendance à être très binaire et souvent peu juste.

GREGORY : Pour toi, c’est quoi les challenges des des jeunes aujourd’hui? Qu’est-ce que peut être les personnes de mon âge, ou peut être plus âgées, ne comprennent pas?

 

Description de l’épisode

Salomé Saqué est journaliste engagée, elle officie particulièrement pour les média Blast, France Télévisions et France Infos. Elle est l’autrice de “sois Jeune et tait toi” sorti aux éditions Payot le 15 mars 2023.

Pour réaliser ce premier livre, Salomé s’est livrée à une longue enquête auprès d’une multitude de jeunes d’univers différents mais aussi a fait un travail de recherche remarquable afin de documenté son livre de chiffres.
Personnellement, le travail de Salomé me parle car les jeunes sont les grands perdants de ce début de 21 eme siècle et représente une grande partie des personnes en situation de précarité.
Il a toujours existé une rivalité entre les générations mais dorénavant et de manière très chiffrée on peut observer des inégalités évidentes que l’on peut reconnaitre soi même si on regarde 20 ans en arrière.

Avec Salomé nous traitons les questions suivantes :

Est-ce qu’il n’y pas toujours eu un conflit de générations?

Pourquoi il existe toujours un conflit de générations ?

A quel moment sommes nous jeunes?

Est-ce que la binarisation de l’information n’a pas un lien avec les difficultés de la discussion entre les générations?

Qu’est-ce que les boomers ne comprennent pas dans les difficultés aujourd’hui des jeunes?

Est-ce que l’un des sujets n’est pas l’augmentation de l’habitat Vs la stagnation des salaires des jeunes?

Est-ce qu’il existe une égalité des chances en France?

Est-ce qu’il existe un ascenseur social?

Crois tu dans le concept du “self made man ou woman”?

Quelles sont les autres inégalités dont souffrent les jeunes en France?

Crois tu dans la génération engagée?

Quel est le rapport des jeunes avec l’écologie, la crise écologique?

Penses tu que “les solutions” viendront des politiques?

Pourquoi les jeunes vont vers l’extreme droite?

La solitude n’est- elle pas une des grandes souffrances des jeunes?

Quel est l’impact des réseaux sociaux sur les jeunes?

Que pensez de l’insécurité et de la violence du quotidien?

Que pensez de Tik Tok?

Pour réaliser ce premier livre, Salomé s…

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Transcription partielle de l’épisode

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GREGORY : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Bonjour Salomé, ça va aujourd’hui ?

SALOMÉ : Ça va et toi?

GREGORY : Ça va pas mal. Merci beaucoup. Je voudrais commencer cette discussion par une citation que je vais te lire, qui est: “nos jeunes aiment le luxe, ont des mauvaises manières, se moque de l’autorité, ils n’ont aucun respect pour l’âge”. C’est une station de Socrate. La question que je me pose, c’est pourquoi il existe toujours un conflit de génération entre les plus vieux et les plus jeunes.

SALOMÉ : Oui, c’est vrai qu’en faisant mes recherches sur le sujet, j’ai été assez étonné de retrouver des citations: Jusqu’à l’antiquité ou déjà critiquer les jeunes, et c’est un truc qui perdure au fil des siècles, où les jeunes ne sont jamais assez bien: J’ai essayé d’apporter un début d’explication à ça dans mon livre, en expliquant qu’il ya un phénomène presque cognitif, ou on a tendance à idéaliser nos souvenirs et à idéaliser notre propre jeunesse C’est c’est presque un réflexe, et à ne garder que quelques éléments, parce qu’évidemment les souvenirs sont par essence subjectifs, déformés, pas forcément complètement conforme à la réalité. Et on, on parle les jeunes d’aujourd’hui à une jeunesse qui, en réalité, n’a probablement pas existé, qui est une jeunesse idéalisée et qui aussi souvent, pour beaucoup de gens, une belle période de leur vie. Et forcément, les jeunes d’aujourd’hui perdent cette perdre, à cette comparaison. Et après, parce que, tout simplement, les les générations n’ont pas les mêmes habitudes, nécessairement, n’ont pas forcément la même culture à partir de la deuxième moitié du vingtième siècle. En plus, ça S’intensifie ou on a vraiment des jeunes qui développent une culture propre, qui développent d’autres habitudes, qui, vraiment, vont avoir un mode de vie qui peut être très différent de celui de leurs parents ou de leurs grands-parents. Forcément, ça crée une rupture, ça crée des différences et et parfois, les générations précédentes ne peuvent pas forcément comprendre et voit souvent D’un mauvais œil ces nouvelles habitudes de vie qui ne sont tout simplement pas les leurs. Mais mais c’est vrai que ça, ça dure depuis longtemps, cette histoire.

GREGORY: Et vraiment, ça me fait un peu penser ce que tu dis, le fameux c’était mieux avant: Qu’on retrouve beaucoup dans les valeurs traditionnelles de l’extrême droite, mais il se réfère à aucun avant, parce que la période dorée à laquelle ils font référence, elle, n’existe pas. C’est très étrange.

SALOMÉ : Tu parles de l’extrême droite. On le voit bien dans le clip de zemour, où il avait mis des extraits de films de vrai. C’est vraiment une france complètement fantasmée des années 50, 60, 70, où il a retenu que quelques éléments de culture, de sport, je sais plus qu’il ya dedans. Il y a l’histoire et, en réalité, c’est dans reflète absolument pas la complexité d’une société à un moment donné. Et évidemment, quand on-dit c’était mieux avant, il y a aussi beaucoup de ça et on oublie. Ils se disent on-dit souvent, les jeunes c’était mieux avant. Et on oublie aussi que, peut être le contexte, elle était aussi, peut être un peu mieux aussi à certains égards pour pour les jeunes.

GREGORY : C’est clair, et tu dirais que C’est pire aujourd’hui que ça a toujours été. Est-ce que C’est pire aujourd’hui? Est-ce que C’est pire en France? C’est deux questions différentes.

SALOMÉ : Le conflit de génération.

GREGORY : Ouais, le conflit de générations.

SALOMÉ : C’est une, c’est une bonne question. Elle m’a traversé pendant toute l’écriture J’ai essayé de me demander: est-ce que, est-ce que, finalement, ce que je suis en train d’écrire c’est pas un espèce d’énorme pontif? D’un truc qui a toujours existé? Mais je me suis vraiment posé la question? Mais non, mais surtout quand on regarde mes 68, il y a eu des gros conflits, des clashs de génération, et déjà même est-ce qu’aujourd’hui il y a un conflit de génération? C’était une question à laquelle il était difficile de répondre, parce que la société est très complexe et qu’il ya plein de personnes âgées qui ne sont pas du tout au style à l’égard des jeunes, heureusement, et il y a plein de jeunes qui n’aiment pas les jeunes non plus. Il y a non, mais c’est c’est c’est pas, c’est pas du tout uniforme, c’est pas du tout. Tous les vieux détestent les jeunes et les jeunes détestent le jeu. C’est pas du tout ça. En revanche, je pense qu’il ya une, effectivement, un mouvement actuel de d’incompréhension entre les générations à bien des égards. Et encore une fois, je parle d’une tendance globale. Je parle aussi d’un ressenti subjectif, puisque moi, j’ai 27 ans, j’ai longtemps, quand même eu l’impression et j’ai toujours l’impression de ressentir une forme de oui, d’incompréhension d’hostilité à mon égard de la part de génération précédente, que ce soit dans mon entourage, que ce soit dans mon univers professionnel. Et on ferait à mesure des discussions, en parlant avec beaucoup de jeunes autour de moi, en regardant aussi les statistiques, en regardant les études sociologiques, j’en suis venu à la conclusion que, oui, il y avait quand même une forme de conflit de génération. Encore une fois, qu’on qu’on peut discuter sur ça, sur son pleure, sur sa forme, sur est-ce qu’il est immuable? Mais en tout cas, il y a une. Pour moi, il y a clairement une rupture. C’est mon analyse, après toutes ces recherches en tout cas, entre des des de la génération notamment dite des boomers et les générations qui, aujourd’hui, ont une vingtaine d’années et ça, ça passe par plein de plein de choses dont on va sûrement parler vraiment dans ce que.

GREGORY : Clairement, d’ailleurs d’ailleurs une question bête, mais que je t’ai pas posé pour commencer: c’est quoi un jeune pour toi?

SALOMÉ : C’était pareil, très grande question. Mais là, je me suis dit: est-ce que je suis encore jeune? Parce que J’ai eu l’idée du livre, j’avais 24 ans. Après, il y avait 27 ans, au moment de 26, 27 ans, je me disais: ce que je suis encore jeune. Est-ce que j’arrive à la limite? Et évidemment, il n’y a pas de de définition parfaite de la jeunesse. Pierre bourdieu disait: la jeunesse n’est qu’un mot. Moi, je pense que C’est évidemment très, très juste. Il a bien fallu poser un cadre. En revanche, pour écrire cet ouvrage, j’ai J’ai choisi de me référer aux statistiques de l’Inc et l’Inc définit la jeunesse de 18 à 29 ans. J’avoue ça M.’arrange parce que je pouvais être dans la jeunesse, en ça que je l’ai choisi aussi parce que les, c’est les chiffres de Lens, l’institut national des études statistiques, c’était vraiment ma base d’économie de ce sur quoi je me suis basé pour trouver plein de chiffres et de comparaison entre les générations. Comme je m’appuyais là-dessus, je me suis dit: je vais prendre leur définition à 18, 29 ans. Mais encore une fois, bien sûr, Qu’on peut avoir plus de 29 ans et d’être plus jeune. Mais je pense que c’est moi. Je le définis plus philosophiquement comme ce moment d’incertitude où on est encore en train de se chercher, on est encore de se trouver, on n’est pas encore dans un, notamment dans le cadre de tout ce qui est professionnel, dans quelque chose de de de, et on est sur le chemin, et on a, pour moi, la jeunesse, commence à, entre guillemets, s’arrêter c’est ma vision. Mais à partir du moment où on a un prêt, un appartement, un travail stable, un CDI. Qu’on a cette espèce d’entrée dans la, dans la vie plus stable et la jeunesse, ce moment pour moi de quatre, de recherche et d’instabilité.

GREGORY : C’est marrant. Les gens de mon âge ont dit non, mais la jeunesse, c’est dans la tête.

SALOMÉ : Non, mais oui, j’avoue qu’il ya un truc. Peut être que je dirais ça: 40 ans sera possible, mais non, mais après, je veux pas mettre évidemment, je pense que cette histoire d’instabilité elle peut durer parfois. Jusqu’à 40 ans, il n’y a pas un groupe parfait, des délimitations dans lequel on pourrait être la jeunesse. Mais mais quand même un moment, il faut poser un cadre. Je pense qu’à 40 ans, c’est quand même chaud de se dire comme tout.

GREGORY : Une question que je me pose, et quelque chose qui a vraiment changé dans, dans, dans, je pense, l’univers médiatique: C’est la banalisation de l’information et justement, ce que j’aime bien dans ce que tu dis, c’est oui, J’essaye de ne pas être binaire. Justement, tu dis oui, il y a des nuances. Et est-ce que tu crois que les difficultés peut être de la discussion entre les générations? C’est justement cette binarité de l’info tu vois ce que je veux dire.

SALOMÉ :  Banalisation dans quel sens? Dans le sens où c’est une idée contre une et qui ne fait rien au milieu.

GREGORY : C’est ce qu’on voit un peu partout en politique, ce qu’on voit sur beaucoup de sujets: binarisé à mort.

SALOMÉ : C’est vrai qu’il ya une, il y a une transformation là, qu’on ne peut pas nier, de des modes d’informer depuis les années 2000, notamment avec l’éruption moi, je vois deux hors de l’éruption d’internet et l’irruption des chaînes d’information en continu, qui vont un peu dans cette même idée de on réduit toujours plus le temps d’information on en fait des sujets, toujours, il faut que soit toujours plus accrocheur, on se dispute toujours plus votre temps d’attention et la nuance n’est pas vendeuse, et on va toujours plus enlever de la nuance. C’est une forme de simplification à outrans qui amène, je pense effectivement, peut être, ça se fait parfois, mais sur beaucoup de sujets, mais ça se fait aussi au détriment de la jeunesse, et ça se fait aussi au détriment de la manière dont on va traiter médiatiquement les jeunes. Et c’est c’est dans les recherches que j’ai pu faire, j’ai pu trouver pléthore D’articles d’extrait télévisés où on a une manière de parler des jeunes qui hyper simple, simpliste et pas du tout juste et pas du tout assez complexes, et on va, pendant le covid, on va leur taper dessus, parce que C’est ces jeunes qui ne respectent pas, qui protègent pas les plus âgés, ces jeunes, on a beaucoup tapé sur les étudiants qui feraient des soirées. Il y avait vraiment cette oui, cette notion de jeunesse un peu un peu responsable, et et après, on peut avoir d’autres clichés. Il y a beaucoup de clichés sur la jeunesse, la jeunesse délinquante des banlieues, où on va y aller, mais c’est jamais, c’est jamais. C’est bien sûr que s’il doit y en avoir, mais c’est souvent avec peu de nuance et et ça véhicule des idées qui, à mes yeux, après, sont des les terres. Et après, il y a aussi toutes ces idées de les jeunes ne lisent plus, les jeunes sont narcissiques, ils sont égocentrés, ils sont à gros écrans. On va beaucoup avoir de reportage sur les dérives de cette jeunesse TIKTOK, au final, c’est quand même très négatif et ça manque complètement de nuance. Le sujet TIKTOK que J’aborde dans un moment, il est pour moi, il illustre très bien ce phénomène, c’est-à-dire que C’est pas aussi simple que blanc ou noir. Et oui, il y a évidemment des dérives qui doivent être illustrées des, des des problèmes que crée ce réseau. Mais il y a aussi d’autres bonnes choses. C’est aussi un espace de créativité, c’est aussi un espace de communication entre les jeunes, et on ne peut pas juste traiter un truc en disant: c’est bien, c’est mal, C’est plus complexe que ça. Et je trouve que la jeunesse, en particulier les objets aussi de consommation de la jeunesse, tout ce qui touche à la jeunesse, on a une telle incompréhension de ça qu’il ya une, une, un traitement médiatique qui a tendance à être très binaire et souvent peu juste.

GREGORY : Pour toi, c’est quoi les challenges des des jeunes aujourd’hui? Qu’est-ce que peut être les personnes de mon âge, ou peut être plus âgées, ne comprennent pas?

 

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