#250 Le désir: quand le coeur et le corps s’emmêlent avec Fréderic Lenoir

#250 Le désir: quand le coeur et le corps s'emmêlent avec Fréderic Lenoir
/

GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Fréderic.

FRÉDÉRIC : Bonjour.

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui?

FRÉDÉRIC : Ça va très bien, je sors d’un gros rhume parce que tout le monde est en ce moment, est enrhumé et malade et tout.

GREGORY : C’est la période.

FRÉDÉRIC : Mais ça va, c’est pas bien grave.

GREGORY : On va parler de désir et peut être que la première question, j’aime bien parler de l’étymologie des mots, peut être de redéfinir ce que c’est que la racine du mot désir, et ça va nous permettre après de comprendre où est ce qu’on va.

FRÉDÉRIC : Effectivement, vous avez raison, c’est intéressant de comprendre d’où vient un mot. Alors le désir c’est “désidéraré” en latin et ça vient en fait du mot constellations d’étoiles si dirigent les étoiles et des idées rares en fait, on peut le comprendre de deux manières. Étymologiquement, l’étymologie dominante, c’est qu’on a perdu les étoiles, c’est à dire qu’on ne contemple plus les étoiles “désidéraré” c’est perdre la contemplation des étoiles. C’est un peu comme le marin qui ne regarde plus les astres, et à ce moment là, il s’égare, il est égaré. Et cette première idée nous dit que parce qu’on a cessé de contempler les étoiles, le désir, c’est ce qui fait qu’on s’égare dans les choses humaines. Autrement dit, et c’est une explication très platonicienne, Platon nous dit c’est parce que l’être humain a perdu la contemplation divine que il recherche, il met son désir sur les corps, sur sur toutes les choses matérielles, etc. Mais en fait, inconsciemment, il recherche la beauté des âmes, la beauté du divin. Et puis il y va progressivement, mais il commence par s’égarer dans les choses terrestres. Donc ça c’est une première étymologie qui est liée à l’idée du manque. Le désir est lié à un manque. Et puis la deuxième étymologie est complètement inverse. On pourrait dire que “désidéraré”, c’est sortir de la sidération. La sidération, c’est ce qu’on dit qu’on est sidéré. Sidéré, c’est qu’on est figé, on est bloqué, on ne peut plus avancer. La peur nous tétanise et en fait le désir. “Désidéraré”, c’est sortir de la sidération. C’est ce qui nous met en mouvement, c’est ce qui au contraire nous permet d’avancer. Et ça, c’est plutôt l’interprétation de Spinoza du désir qui est que le désir c’est la puissance vitale, c’est l’énergie vitale qui fait qu’on a envie de faire des choses et que du coup c’est le moteur de nos vies. Et Spinoza nous dit le désir c’est l’essence de l’homme, il faut cultiver le désir. Alors que Platon et les écoles de Grèce antique vont plutôt nous dire le désir c’est un problème, c’est c’est un puits sans fond puisqu’on manque et on manquera toujours de quelque chose. Et donc c’est le tonneau des Danaïdes, il est percé, donc on peut le remplir, il se remplira jamais, ce qui fait que nous sommes d’éternels insatisfaits. Et je crois que la vérité est entre les deux. En fait, tout simplement, il y a une dimension du désir qui fait qu’on est de perpétuels insatisfaits et il y a une dimension du désir qui nous rend heureux, qui nous permet de cultiver la puissance de la vie qui est en nous. Et la force désirante, c’est le moteur de nos existences.

GREGORY : Alors justement, j’allais vous demander qu’est ce qui fait qu’on se meut? Qu’est ce qui fait bouger les humains? C’est qu’en fait quand on parle de désir, je pense que les personnes qui nous écoutent, elles ont une idée en tête, en particulier, quelque chose sans doute qui leur manque, mais ça peut être le sexe, ça peut être des choses plus basiques comme la nourriture, ça peut être le pouvoir, ça peut être l’argent. C’est quoi? Qu’est ce que c’est tous ces. Est ce que. Est ce qu’on peut définir les différentes éléments?

 

Description de l’épisode

Frédéric Lenoir est sociologue, écrivain et journaliste très connu du grand public, c’est également l’auteur de nombreux ouvrages dont dernièrement “Le désir: une philosophie” aux éditions Flammarion.
Je sais que nous sommes à 1 semaine pile poil de la Saint Valentin, vous savez cette fête commerciale de l’amour que tout le monde déteste mais que personne n’a le droit d’oublier s’il est en couple?

Nous sommes des êtres de désirs mais comment désirer ce que l’on a déjà? C’est un peu la problématique que l’on rencontre toutes et tous quelque soit le sujet de notre désir d’ailleurs.
C’est un sujet qui est au coeur de nos conversations du quotidien et avec Frédéric on va parler de la différence entre le désir, le besoin, l’envie.
On va aborder les différents courant philosophiques, on va discuter de la manière dont les grandes religions ont abordés la question du désir.

Comment bien orienter ses désirs? C’est quoi le désir précisément?

Frédéric réponds aux questions suivantes :

Quelle est l’étymologie du mot “désir”?

Qu”est ce qui nous fait bouger?

Quelle vision avez vous de la société de la consommation?

Que pensez vous de la phrase de Schopenhauer, “toute sa vie on oscille comme un pendule entre la souffrance et l’ennui”?

Pourriez vous distinguer le désir, le besoin et l’envie?

Pourquoi ne pas croire dans le mythe de l’âme soeur?

Qu’est ce que la passion amoureuse?

Qu’est ce que l’amour véritable? Comment y accéder?

Qu’est ce que l’amour platonique?

Quel est l’impact du porno sur le désir sexuel?

Quelle est la place du désir dans les différentes grandes religions monothéistes?

Quel est le lien entre Jesus Christ et Spinoza?

Le désir est-il relatif à celui de mes voisins? Est-ce que ce sont des désirs mimétiques?

Comment faire pour se reconnecter avec ses désirs propres?

Comment utiliser ses désirs pour développer sa puissance intérieure?

Comment faire pour désirer ce que l’on déjà en particulier dans le couple?

Vous aimerez aussi ces épisodes

Transcription partielle de l’épisode

#250 Le désir: quand le coeur et le corps s'emmêlent avec Fréderic Lenoir
/

GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Fréderic.

FRÉDÉRIC : Bonjour.

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui?

FRÉDÉRIC : Ça va très bien, je sors d’un gros rhume parce que tout le monde est en ce moment, est enrhumé et malade et tout.

GREGORY : C’est la période.

FRÉDÉRIC : Mais ça va, c’est pas bien grave.

GREGORY : On va parler de désir et peut être que la première question, j’aime bien parler de l’étymologie des mots, peut être de redéfinir ce que c’est que la racine du mot désir, et ça va nous permettre après de comprendre où est ce qu’on va.

FRÉDÉRIC : Effectivement, vous avez raison, c’est intéressant de comprendre d’où vient un mot. Alors le désir c’est “désidéraré” en latin et ça vient en fait du mot constellations d’étoiles si dirigent les étoiles et des idées rares en fait, on peut le comprendre de deux manières. Étymologiquement, l’étymologie dominante, c’est qu’on a perdu les étoiles, c’est à dire qu’on ne contemple plus les étoiles “désidéraré” c’est perdre la contemplation des étoiles. C’est un peu comme le marin qui ne regarde plus les astres, et à ce moment là, il s’égare, il est égaré. Et cette première idée nous dit que parce qu’on a cessé de contempler les étoiles, le désir, c’est ce qui fait qu’on s’égare dans les choses humaines. Autrement dit, et c’est une explication très platonicienne, Platon nous dit c’est parce que l’être humain a perdu la contemplation divine que il recherche, il met son désir sur les corps, sur sur toutes les choses matérielles, etc. Mais en fait, inconsciemment, il recherche la beauté des âmes, la beauté du divin. Et puis il y va progressivement, mais il commence par s’égarer dans les choses terrestres. Donc ça c’est une première étymologie qui est liée à l’idée du manque. Le désir est lié à un manque. Et puis la deuxième étymologie est complètement inverse. On pourrait dire que “désidéraré”, c’est sortir de la sidération. La sidération, c’est ce qu’on dit qu’on est sidéré. Sidéré, c’est qu’on est figé, on est bloqué, on ne peut plus avancer. La peur nous tétanise et en fait le désir. “Désidéraré”, c’est sortir de la sidération. C’est ce qui nous met en mouvement, c’est ce qui au contraire nous permet d’avancer. Et ça, c’est plutôt l’interprétation de Spinoza du désir qui est que le désir c’est la puissance vitale, c’est l’énergie vitale qui fait qu’on a envie de faire des choses et que du coup c’est le moteur de nos vies. Et Spinoza nous dit le désir c’est l’essence de l’homme, il faut cultiver le désir. Alors que Platon et les écoles de Grèce antique vont plutôt nous dire le désir c’est un problème, c’est c’est un puits sans fond puisqu’on manque et on manquera toujours de quelque chose. Et donc c’est le tonneau des Danaïdes, il est percé, donc on peut le remplir, il se remplira jamais, ce qui fait que nous sommes d’éternels insatisfaits. Et je crois que la vérité est entre les deux. En fait, tout simplement, il y a une dimension du désir qui fait qu’on est de perpétuels insatisfaits et il y a une dimension du désir qui nous rend heureux, qui nous permet de cultiver la puissance de la vie qui est en nous. Et la force désirante, c’est le moteur de nos existences.

GREGORY : Alors justement, j’allais vous demander qu’est ce qui fait qu’on se meut? Qu’est ce qui fait bouger les humains? C’est qu’en fait quand on parle de désir, je pense que les personnes qui nous écoutent, elles ont une idée en tête, en particulier, quelque chose sans doute qui leur manque, mais ça peut être le sexe, ça peut être des choses plus basiques comme la nourriture, ça peut être le pouvoir, ça peut être l’argent. C’est quoi? Qu’est ce que c’est tous ces. Est ce que. Est ce qu’on peut définir les différentes éléments?

 

Menu