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#247 Comment trouver du sens dans cette société avec Boris Cyrulnik
#247 Comment trouver du sens dans cette société avec Boris Cyrulnik
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GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Boris !
BORIS : Bonjour!
GREGORY : Comment allez vous aujourd’hui?
BORIS : Et bien ça va encore.
GREGORY : Bon si ça va, c’est bien, c’est l’idéal, c’est le parfait! Je suis hyper hyper ravi de vous avoir aujourd’hui et on va parler de votre livre sur Dieu et la psychanalyse de Dieu. Je voudrais savoir pourquoi vous avez commencé par les enfants soldats. Qu’est ce que qu’est ce qu’ils ont touché chez vous et pourquoi vous avez souhaité commencer comme ça?
BORIS : J’ai été avec l’UNICEF au Congo et dans cette région du monde, il y a beaucoup d’enfants soldats, une majorité de petits garçons qui sont exploités, torturés et qui parfois commettent des choses répréhensibles. Et j’ai été charmé par le talent des éducateurs, des sportifs balèzes, gentils, autoritaires, sans autoritarisme. C’est à dire qu’ils établissaient avec ces garçons des relations d’autorité, que les garçons acceptaient très bien. Quand il parlait, ils se levaient, ils enlevaient leurs casquettes. Vous imaginez ça dans la banlieue parisienne? Ils enlevaient leurs casquettes. Et j’avais dit on ne leur pose aucune question. On va pas leur demander qu’est ce que tu as fait d’horrible? Qu’est ce que tu as vu d’horrible? Ils ne disent que ce qu’ils veulent. Et la plupart de ces enfants étaient terriblement anxieux, maigres parce qu’ils ne pouvaient plus manger tellement ils étaient anxieux. Et là, un grand nombre de ces enfants, douze ans en moyenne me disaient expliquez-moi, vous êtes psychologue? Oui, expliquez moi pourquoi je ne me sens bien qu’à l’église. Et je ne m’étais jamais posé cette question et je me suis dit mais ils ont raison. Et quelque chose se passe qui fait qu’une croyance divine peut être nécessaire à la condition humaine. En tout cas, ces enfants qui sont malheureux, très malheureux, sont soulagés quand ils vont dans une église. Il faut que je réfléchisse à ça. Donc l’aventure de ce livre “Psychothérapie de Dieu” est partie de la rencontre avec ces enfants soldats.
GREGORY : Je comprends. Et justement, j’aimerais comprendre la vision, votre point de vue sur la société actuelle, parce qu’on beaucoup de personnes qui nous écoutent, sont en perte de sens total, se cherchent énormément. Et moi ça me fait beaucoup penser à cette phrase de Nietzsche que vous connaissez sans doute : “Dieu est mort et cela commençait déjà à projeter sur l’Europe ses premières ombres”. Est ce que vous pensez que cette crise de sens, elle est liée au fait que nous avons tué Dieu?
BROIS : Alors Nietzsche dit “Dieu est mort”, mais je ne crois pas qu’il ait raison.
Description de l’épisode
Boris Cyrulnik est neuro psychiatre, auteur de nombreux ouvrages à succès dont la psychothérapie de Dieu sorti aux éditions Odile Jacob.
J’ai l’habitude de parler avec des personnes brillantes mais ce qui m’a le plus marqué chez Boris, c’est sa profonde gentillesse.
C’est tout à fait sidérant surtout quand on connait son âge et sa notoriété.
Justement en parlant de son age, 85 ans, je crois que c’est un bon moment pour regarder en arrière et parler du sens dans la vie.
J’ai adoré lire son ouvrage sur les croyances, la magie, la spiritualité pour comprendre nos rapports à nos imaginaires collectifs, à nos peurs mais aussi à nos espoirs et nos angoisses.
Quel sujet peut être plus important que celui du sens lorsque les besoins primaires sont couverts?
Vous remarquerez que je dis une bêtise à Boris car il n’a pas été dans les camps de concentration puisqu’il a réussi à s’échapper d’une manière rocambolesque (à écouter chez Louise Aubery que je remercie pour le contact au passage) et gardé par des justes comme il y fait référence dans l’épisode.
Avec Boris nous traitons de multiples questions :
Pensez vous que la crise de sens que nous traversons est liée au fait que l’on a “tué Dieu”?
Pensez vous que la guerre puisse donner du sens?
Pourriez vous nous parler de Viktor Frankl et de sa théorie autour du sens?
Est-ce que nous manquons de rituels dans notre société?
Avons nous déshumanisé la mort avec la technique?
Quelle est votre rapport avec la mort?
Comment avez vous trouvez du sens dans votre vie?
Pourquoi avons nous besoin de magie?
Le fait de croire a-t-il des effets sur le cerveau?
Est-ce que croire peut augmenter l’espérance de vie?
Quel regard portez vous sur la société moderne?
Qu’est-ce que la résilience?
La résilience est-elle une réponse à cette angoisse de la vie moderne?
Comment faire pour déclencher l’extase?
Pourquoi un grand bonheur peut devenir douloureux?
Pourquoi considérons nous la douleur comme un passage obligé?
Pourquoi la punition peut être porteuse d’espoir?
Pourriez vous nous parler du rapport à l’inceste chez les Egyptiens à l’époque des pharaons?
Quel est le pouvoir de l’imaginaire?
Quelle est la puissance de l’invisible?
Quelle est votre lecture de la montée de l’extrémisme dans le monde?
Comment trouver du sens à sa vie aujourd’hui?
Que pensez vous de la montée de l’individualisme?
Que pensez vous du passage de la société de biens à la société de liens?
#247 Comment trouver du sens dans cette société avec Boris Cyrulnik
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GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Boris !
BORIS : Bonjour!
GREGORY : Comment allez vous aujourd’hui?
BORIS : Et bien ça va encore.
GREGORY : Bon si ça va, c’est bien, c’est l’idéal, c’est le parfait! Je suis hyper hyper ravi de vous avoir aujourd’hui et on va parler de votre livre sur Dieu et la psychanalyse de Dieu. Je voudrais savoir pourquoi vous avez commencé par les enfants soldats. Qu’est ce que qu’est ce qu’ils ont touché chez vous et pourquoi vous avez souhaité commencer comme ça?
BORIS : J’ai été avec l’UNICEF au Congo et dans cette région du monde, il y a beaucoup d’enfants soldats, une majorité de petits garçons qui sont exploités, torturés et qui parfois commettent des choses répréhensibles. Et j’ai été charmé par le talent des éducateurs, des sportifs balèzes, gentils, autoritaires, sans autoritarisme. C’est à dire qu’ils établissaient avec ces garçons des relations d’autorité, que les garçons acceptaient très bien. Quand il parlait, ils se levaient, ils enlevaient leurs casquettes. Vous imaginez ça dans la banlieue parisienne? Ils enlevaient leurs casquettes. Et j’avais dit on ne leur pose aucune question. On va pas leur demander qu’est ce que tu as fait d’horrible? Qu’est ce que tu as vu d’horrible? Ils ne disent que ce qu’ils veulent. Et la plupart de ces enfants étaient terriblement anxieux, maigres parce qu’ils ne pouvaient plus manger tellement ils étaient anxieux. Et là, un grand nombre de ces enfants, douze ans en moyenne me disaient expliquez-moi, vous êtes psychologue? Oui, expliquez moi pourquoi je ne me sens bien qu’à l’église. Et je ne m’étais jamais posé cette question et je me suis dit mais ils ont raison. Et quelque chose se passe qui fait qu’une croyance divine peut être nécessaire à la condition humaine. En tout cas, ces enfants qui sont malheureux, très malheureux, sont soulagés quand ils vont dans une église. Il faut que je réfléchisse à ça. Donc l’aventure de ce livre “Psychothérapie de Dieu” est partie de la rencontre avec ces enfants soldats.
GREGORY : Je comprends. Et justement, j’aimerais comprendre la vision, votre point de vue sur la société actuelle, parce qu’on beaucoup de personnes qui nous écoutent, sont en perte de sens total, se cherchent énormément. Et moi ça me fait beaucoup penser à cette phrase de Nietzsche que vous connaissez sans doute : “Dieu est mort et cela commençait déjà à projeter sur l’Europe ses premières ombres”. Est ce que vous pensez que cette crise de sens, elle est liée au fait que nous avons tué Dieu?
BROIS : Alors Nietzsche dit “Dieu est mort”, mais je ne crois pas qu’il ait raison.