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#244 Comment comprendre l’époque qui s’ouvre à nous? Avec Michel Maffesoli

VLAN! Podcast
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#244 Comment comprendre l'époque qui s'ouvre à nous? Avec Michel Maffesoli
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GREGORY : Donc. Bonjour à tous. Bonjour à tous. Bonjour Michel.

MICHEL : Bonjour.

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui?

MICHEL : Écoute, je persiste dans l’être, moi je suis heureux de vivre. J’arrive pas à me désespérer alors que tout le monde se désespère. Pour tout dire, il y a une espèce de sinistrose ambiante actuellement. Appelons-la “sinistrose collapsologie”. Enfin, peu importe les termes. Moi non. Moi je pense qu’il y a une vitalité, même un vitalisme vitalité, peu importe les termes qu’on peut employer, mais il y a en particulier ces jeunes générations, un désir de vivre. Voilà. Et c’est dans cette perspective que j’avais écrit à l’époque déjà, il y a fort longtemps, l’Ombre de Dionysos. Voilà.

GREGORY : Qu’est ce qui fait que tu arrives à rester positif dans une période où on voit la montée des extrêmes? On voit la montée des extrêmes, on voit un capitalisme qui n’arrive pas à s’arrêter. Donc à l’inverse du bon sens, on n’arrive pas à changer de mode de vie, on détruit entre guillemets le vivant. Comment toi tu arrives à rester positif dans tout ça?

MICHEL : Moi je pense qu’il y a une vraie décadence et décalage entre d’une part une élite. C’est un peu mon dada, qui à bien des égards est déphasé, qui est catastrophiste, qui est la sinistrose absolue, tout fout le camp etc. Enfin, on pourrait le décliner de diverses manières et en même temps des jeunes générations. Comment expliquer cela? Qui ont qui sont pleins de vitalisme, plein de vitalité. Les gens de mon âge? Il n’y avait aucun problème, on trouvait un boulot de suite, on se logeait de suite. Moi je le vois. Comment ça s’est passé? Toute ma carrière, mon métier, été prof de fac. Donc de toute façon, j’ai rencontré justement toute une série de ces jeunes qui justement n’avaient plus les mêmes facilités que nous. Les gens de mon âge avaient eu et qui en même temps avaient une espèce d’énergie interne. Tu vois, si je le dis un peu à la manière, tu sais, quand Galilée est condamné par l’Inquisition. Et moi, c’est un peu ce que j’ai eu comme impression. C’est à dire que tout fout le camp et pourtant ça vit. Voilà. Voilà mon hypothèse. C’est à dire qu’il y a une énergie très forte, très folle, vraiment, de ces jeunes générations, j’ai bien dit pas de boulot, pas d’appart et pourtant ils trouvent. Voilà. Alors moi mon travail a été de réfléchir là dessus. Qu’est ce qui faisait qu’il y avait cette espèce d’énergie qui faisait que, au delà des espèces de truc qui pesaient, qui faisaient que tu ne trouvais pas censément du boulot, je prends l’exemple du boulot et du travail, mais de beaucoup d’autres choses à côté. Bien il y avait une vitalité. Voilà pour. Je ne sais pas quelle était la question.

GREGORY : Cette énergie, ce vitalisme, etc. Et c’est ça qui est vrai, c’est cela qui est mystérieux. On a une idée dans sa vie, on n’en a pas 50. C’est un art qui disait ça, Heidegger, à sa manière. Moi, mon ma seule idée, c’est entre le pouvoir et la puissance, le pouvoir qu’il impose, qui est le propre de des élites au pouvoir. Et la puissance. Tu as compris la différence, la puissance qui pousse, ce qui arrive là, qui est presque.

MICHEL : Viscéral.

GREGORY :  Corporel, viscéral. Une espèce d’énergie très forte qui fait qu’au delà du pouvoir, il y a une puissance et dont on voit actuellement l’importance. Voilà, donc moi j’aime pas le mot pessimisme, optimisme, c’est pas mes catégories qui sont un peu trop morales de mon point de vue, mais en tout cas j’observe qu’il y a cette espèce de vitalité très forte. Voilà, c’est tout ce que je peux dire.

MICHEL : u faisais référence à Hannah Arendt, moi j’aime bien cette phrase, alors je ne la connais pas par cœur, donc je vais pas voir la citer. Mais autour du totalitarisme et des idées, en particulier. Du totalitarisme et et du mensonge. Tu l’as, tu dois la connaître mieux que moi cette phrase.

GREGORY : Oui je vois, je la connaissais pas, je ne connais pas non plus par cœur.

MICHEL : Et j’ai la sensation qu’on arrive là dedans. C’est à dire qu’en fait il n’y a plus de vérité aujourd’hui.

Description de l’épisode

Michel Maffesoli est une sociologue, sans doute l’un des penseurs français majeurs de la fin du 20eme siècle. il est déjà venu 2 fois sur Vlan mais chaque fois il nous offre une vision tellement pertinente de la société qu’il est difficile de s’en passer.
Michel n’a pas son pareil pour lire l’époque et nous la décrypter et comme à son habitude il n’y va pas de main morte dans notre échange.
Alors que tout le monde parle des polycrises, et de l’effondrement, avec Michel nous nous concentrons sur l’époque et la période qui s’ouvre à nous.
Dans quel genre de modèle allons nous vivre demain? Qu’est ce qui est en train de se passer sous nos yeux?

Michel répond aux questions suivantes:

Comment rester positif dans une société ou l’on observe la montée des extrêmes et dans laquelle on détruit le vivant?

Comment se reconnecter avec la vitalité de la société?

Que penses tu de cette citation de Hannah Arrendt? : “pour tenter d’instaurer un pouvoir absolu, le régime en place inonde d’informations contradictoires jusqu’à ce que plus personne ne soit en mesure de savoir où se trouve la vérité”

Selon toi, l’Homme est-il dans la générosité?

Quel est l’impact de l’effondrement des religions dans la société occidentale?

Pourquoi aujourd’hui tant de personnes critiquent les “lumières”?

Que veux tu dire quand tu parles de la domination des émotions?

Les nouvelles formes de générosité vont-elles dans le sens de l’écologie?

Le grand récit que demandes les militants écologiste est-il déjà présent?

Quelles critiques fais tu de l’écologie politique?

Comment passer de l’écologie à l’écosophie?

Comment expliquer la montée du populisme?

Comment réinventer la politique en France en repartant du peuple?

Peux tu nous reparler du concept des tribus modernes?

Faut il recréer du local et décentraliser?

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Transcription partielle de l’épisode

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#244 Comment comprendre l'époque qui s'ouvre à nous? Avec Michel Maffesoli
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GREGORY : Donc. Bonjour à tous. Bonjour à tous. Bonjour Michel.

MICHEL : Bonjour.

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui?

MICHEL : Écoute, je persiste dans l’être, moi je suis heureux de vivre. J’arrive pas à me désespérer alors que tout le monde se désespère. Pour tout dire, il y a une espèce de sinistrose ambiante actuellement. Appelons-la “sinistrose collapsologie”. Enfin, peu importe les termes. Moi non. Moi je pense qu’il y a une vitalité, même un vitalisme vitalité, peu importe les termes qu’on peut employer, mais il y a en particulier ces jeunes générations, un désir de vivre. Voilà. Et c’est dans cette perspective que j’avais écrit à l’époque déjà, il y a fort longtemps, l’Ombre de Dionysos. Voilà.

GREGORY : Qu’est ce qui fait que tu arrives à rester positif dans une période où on voit la montée des extrêmes? On voit la montée des extrêmes, on voit un capitalisme qui n’arrive pas à s’arrêter. Donc à l’inverse du bon sens, on n’arrive pas à changer de mode de vie, on détruit entre guillemets le vivant. Comment toi tu arrives à rester positif dans tout ça?

MICHEL : Moi je pense qu’il y a une vraie décadence et décalage entre d’une part une élite. C’est un peu mon dada, qui à bien des égards est déphasé, qui est catastrophiste, qui est la sinistrose absolue, tout fout le camp etc. Enfin, on pourrait le décliner de diverses manières et en même temps des jeunes générations. Comment expliquer cela? Qui ont qui sont pleins de vitalisme, plein de vitalité. Les gens de mon âge? Il n’y avait aucun problème, on trouvait un boulot de suite, on se logeait de suite. Moi je le vois. Comment ça s’est passé? Toute ma carrière, mon métier, été prof de fac. Donc de toute façon, j’ai rencontré justement toute une série de ces jeunes qui justement n’avaient plus les mêmes facilités que nous. Les gens de mon âge avaient eu et qui en même temps avaient une espèce d’énergie interne. Tu vois, si je le dis un peu à la manière, tu sais, quand Galilée est condamné par l’Inquisition. Et moi, c’est un peu ce que j’ai eu comme impression. C’est à dire que tout fout le camp et pourtant ça vit. Voilà. Voilà mon hypothèse. C’est à dire qu’il y a une énergie très forte, très folle, vraiment, de ces jeunes générations, j’ai bien dit pas de boulot, pas d’appart et pourtant ils trouvent. Voilà. Alors moi mon travail a été de réfléchir là dessus. Qu’est ce qui faisait qu’il y avait cette espèce d’énergie qui faisait que, au delà des espèces de truc qui pesaient, qui faisaient que tu ne trouvais pas censément du boulot, je prends l’exemple du boulot et du travail, mais de beaucoup d’autres choses à côté. Bien il y avait une vitalité. Voilà pour. Je ne sais pas quelle était la question.

GREGORY : Cette énergie, ce vitalisme, etc. Et c’est ça qui est vrai, c’est cela qui est mystérieux. On a une idée dans sa vie, on n’en a pas 50. C’est un art qui disait ça, Heidegger, à sa manière. Moi, mon ma seule idée, c’est entre le pouvoir et la puissance, le pouvoir qu’il impose, qui est le propre de des élites au pouvoir. Et la puissance. Tu as compris la différence, la puissance qui pousse, ce qui arrive là, qui est presque.

MICHEL : Viscéral.

GREGORY :  Corporel, viscéral. Une espèce d’énergie très forte qui fait qu’au delà du pouvoir, il y a une puissance et dont on voit actuellement l’importance. Voilà, donc moi j’aime pas le mot pessimisme, optimisme, c’est pas mes catégories qui sont un peu trop morales de mon point de vue, mais en tout cas j’observe qu’il y a cette espèce de vitalité très forte. Voilà, c’est tout ce que je peux dire.

MICHEL : u faisais référence à Hannah Arendt, moi j’aime bien cette phrase, alors je ne la connais pas par cœur, donc je vais pas voir la citer. Mais autour du totalitarisme et des idées, en particulier. Du totalitarisme et et du mensonge. Tu l’as, tu dois la connaître mieux que moi cette phrase.

GREGORY : Oui je vois, je la connaissais pas, je ne connais pas non plus par cœur.

MICHEL : Et j’ai la sensation qu’on arrive là dedans. C’est à dire qu’en fait il n’y a plus de vérité aujourd’hui.

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