#238 Ce que l’on peut apprendre de la gestion de grandes catastrophe naturelle avec Laurent Lamothe

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#238 Ce que l'on peut apprendre de la gestion de grandes catastrophe naturelle avec Laurent Lamothe
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GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Laurent.

LAURENT : Bonjour.

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui?

LAURENT :  Ça va, ça va ! Merci.

GREGORY : Une question que je pose assez rarement. Mais comment on fait pour devenir premier ministre d’un pays?

LAURENT : C’est une excellente question, parce qu’en fait on ne va ni à l’université ni à l’école pour devenir Premier ministre. Je suis devenu Premier ministre suite à l’élection en 2010 du président d’Haïti, Michel Martelly à l’époque, et en 2011. Le 12 mai 2011, il m’a nommé parce qu’en Haïti, le président est élu et le Premier ministre est nommé. C’est pratiquement comme le système français. Donc j’ai été nommé Premier ministre suite à mon passage au ministère des Affaires étrangères. Donc, pour devenir Premier ministre dans un pays, il faut premièrement avoir la confiance du président et aussi avoir la confiance de l’entourage du président et du parlement du pays qui ratifie le choix.

GREGORY : OK, très bien.Tu es arrivé dans un contexte très particulier, parce que je ne sais pas si les gens se souviennent, mais il y a eu un énorme tremblement de terre en Haïti. Tu peux, tu ne peux nous parler de cette catastrophe déjà en tant que telle. Et puis après on parlera de comment on gère ça.

LAURENT : Haïti a été victime de plusieurs tremblements de terre à travers son histoire. Il y en a eu cinq en tout et il y en a eu un dernier l’année dernière et en 2010. Au fait, il y a eu le des plus grands tremblements de terre de l’histoire de la Caraïbe. Il y a eu 250 000 morts, cinq 5000 blessés.

GREGORY : Pardon, J’allais te demander.

LAURENT : Oui, il y a eu 56 056 1000 maisons détruites pendant le tremblement de terre. Il y a eu pratiquement tous les ministères du gouvernement été détruits. On a dû pratiquement recommencer à zéro.

GREGORY : Quand tu dis 250 000 morts, c’est sur une population de combien de personnes?

LAURENT : 12 millions.

GREGORY : Donc c’est énorme. Si on remet, si on remet à la France qui fait à peu près six fois plus d’individus, ça voudrait dire six fois 250. On est à 1 250 000 personnes

LAURENT : Absolument. Donc c’était même beaucoup plus que ça. On a eu, pratiquement, des problèmes, Il y a tout type de problèmes avant le tremblement de terre. Donc en amont, il y on avait un problème d’hôpitaux. Il y avait des problèmes de services sanitaires, il y avait des problèmes avec le service ambulancier. Donc, pour répondre à une catastrophe pareil, on a dû dépendre à l’époque de l’aide de la communauté internationale, des États-Unis, de la France, d’Israël, des pays de la région, des pays de la Caraïbe, tout le monde. Il y a une solidarité vraiment mondiale qui avait venir en aide au peuple haïtien ce jour là, parce que et le tremblement de terre a duré que 38 secondes. En 38 secondes de temps il y a eu tellement de dégâts. Il y a eu une situation tellement compliquée après que jusqu’à présent, on a des difficultés à s’en remettre.

GREGORY : Et justement, donc tout le sujet, et c’est pour ça que je voulais qu’on discute ensemble, c’est comment on gère? C’est assez basique, mais en même temps, voilà, on voit bien, On a tous vu. Beaucoup ont vu ce film sur cette météorite qui peut tomber sur sur la terre, et cetera . On parle beaucoup des chaleurs qui ont de plus en plus eu lieu en France mais un peu partout dans le monde. Et en fait on commence à sentir vraiment les impacts du changement climatique et il y a une question derrière. Et on a bien vu pendant le vide à quel point on n’était pas prêt parce qu’on n’avait pas les masques. Comment on fait pour gérer une crise aussi importante parce que le pays est dans la débâcle? Au final, à ce moment là.

LAURENT Laurent Lamothe, né le  à Port-au-Prince, est un homme d’État haïtien qui fut Premier ministre du  au .: On l’a payé d’une débâcle totale parce que, en réalité, le gouvernement est dysfonctionnel. Les institutions sont dysfonctionnelles parce que personne, c’est impossible de se préparer à gérer une catastrophe pareille. On peut prévenir en amont, on peut construire des édifices antisismiques, on peut, on peut faire tout ça. Mais dans un pays qui a des qui a des difficultés économiques. C’est quand même compliqué de tout construire anti-sismique. Donc les gens construisent avec les moyens qu’ils ont. Et au fait, ils ne s’attendent pas à un séisme. Donc le jour où le séisme arrive et que tout est détruit et que ça ne dure que 38 secondes. Les gens ne comprennent pas ce qui arrive et un rien de temps tout est détruit à côté d’eux et il y a des morts, il y a des blessés, il y a des gens qui sont qui sont bloqués sous les débris. Il y a un enfant de trois ans qui est resté plus de trois jours sous les décombres. Il a été miraculeusement sauvé. Donc ce jour là, si on retourne au 12 janvier 2010, c’était c’était une journée catastrophique. Non seulement pour pour Haïti, mais je pense que pour toute la Caraïbe et le volume de dégâts est quand même de 15 milliards de dollars américains de dégâts. Il y a eu une situation intenable et c’est à partir de ça. Le gouvernement qui était en place à l’époque a tout été pratiquement était totalement dysfonctionnel. Le palais présidentiel de l’époque avait été détruit. La résidence du chef de l’Etat aussi. Puis, le bureau du Premier ministre également. Tous ceux qui devaient diriger étaient également des victimes. Donc il y a eu une lenteur dans la réponse gouvernementale parce que tout était détruit.

Description de l’épisode

Laurent Lamothe est l’ancien premier ministre de Haiti nommé en 2012, il a du gérer l’après tremblement de terre de 2010 qui a malheureusement détruit le pays, tué 280 000 personnes, blessé 300 000 personnes et rendu 1,3 millions de personnes sans abris.
Il faut remettre cela à l’échelle du pays, puisque c’est seulement 11 millions de personnes qui y vivent. Si l’on remettait cela à l’échelle de la France, cela représenterait 1,8 millions de morts et l’équivalent de blessés mais également près de 9 millions de personnes sans abris. Imaginez simplement le cataclysme quand vous devez gérer le pays réduit en cendre.
Bien entendu, il y a des aides internationales qui arrivent mais sont-elles bien dirigées? Comment gérer les populations totalement dans la misère et sans repère? D’ailleurs comment se comportent les personnes dans ce genre de situation? Est-ce plus proche d’une situation dystopique comme dans les films ou à l’inverse il y a de l’entre-aide?
De quoi un pays a le plus besoin dans ce genre de situation?
Quel peut être les limites de l’aide humanitaire?
Ce sont tous les sujets que nous traitons avec Laurent Lamothe qui m’a été mis en relation par Pauline Loeb que je remercie ici !

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Transcription partielle de l’épisode

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#238 Ce que l'on peut apprendre de la gestion de grandes catastrophe naturelle avec Laurent Lamothe
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GREGORY : Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Laurent.

LAURENT : Bonjour.

GREGORY : Comment ça va aujourd’hui?

LAURENT :  Ça va, ça va ! Merci.

GREGORY : Une question que je pose assez rarement. Mais comment on fait pour devenir premier ministre d’un pays?

LAURENT : C’est une excellente question, parce qu’en fait on ne va ni à l’université ni à l’école pour devenir Premier ministre. Je suis devenu Premier ministre suite à l’élection en 2010 du président d’Haïti, Michel Martelly à l’époque, et en 2011. Le 12 mai 2011, il m’a nommé parce qu’en Haïti, le président est élu et le Premier ministre est nommé. C’est pratiquement comme le système français. Donc j’ai été nommé Premier ministre suite à mon passage au ministère des Affaires étrangères. Donc, pour devenir Premier ministre dans un pays, il faut premièrement avoir la confiance du président et aussi avoir la confiance de l’entourage du président et du parlement du pays qui ratifie le choix.

GREGORY : OK, très bien.Tu es arrivé dans un contexte très particulier, parce que je ne sais pas si les gens se souviennent, mais il y a eu un énorme tremblement de terre en Haïti. Tu peux, tu ne peux nous parler de cette catastrophe déjà en tant que telle. Et puis après on parlera de comment on gère ça.

LAURENT : Haïti a été victime de plusieurs tremblements de terre à travers son histoire. Il y en a eu cinq en tout et il y en a eu un dernier l’année dernière et en 2010. Au fait, il y a eu le des plus grands tremblements de terre de l’histoire de la Caraïbe. Il y a eu 250 000 morts, cinq 5000 blessés.

GREGORY : Pardon, J’allais te demander.

LAURENT : Oui, il y a eu 56 056 1000 maisons détruites pendant le tremblement de terre. Il y a eu pratiquement tous les ministères du gouvernement été détruits. On a dû pratiquement recommencer à zéro.

GREGORY : Quand tu dis 250 000 morts, c’est sur une population de combien de personnes?

LAURENT : 12 millions.

GREGORY : Donc c’est énorme. Si on remet, si on remet à la France qui fait à peu près six fois plus d’individus, ça voudrait dire six fois 250. On est à 1 250 000 personnes

LAURENT : Absolument. Donc c’était même beaucoup plus que ça. On a eu, pratiquement, des problèmes, Il y a tout type de problèmes avant le tremblement de terre. Donc en amont, il y on avait un problème d’hôpitaux. Il y avait des problèmes de services sanitaires, il y avait des problèmes avec le service ambulancier. Donc, pour répondre à une catastrophe pareil, on a dû dépendre à l’époque de l’aide de la communauté internationale, des États-Unis, de la France, d’Israël, des pays de la région, des pays de la Caraïbe, tout le monde. Il y a une solidarité vraiment mondiale qui avait venir en aide au peuple haïtien ce jour là, parce que et le tremblement de terre a duré que 38 secondes. En 38 secondes de temps il y a eu tellement de dégâts. Il y a eu une situation tellement compliquée après que jusqu’à présent, on a des difficultés à s’en remettre.

GREGORY : Et justement, donc tout le sujet, et c’est pour ça que je voulais qu’on discute ensemble, c’est comment on gère? C’est assez basique, mais en même temps, voilà, on voit bien, On a tous vu. Beaucoup ont vu ce film sur cette météorite qui peut tomber sur sur la terre, et cetera . On parle beaucoup des chaleurs qui ont de plus en plus eu lieu en France mais un peu partout dans le monde. Et en fait on commence à sentir vraiment les impacts du changement climatique et il y a une question derrière. Et on a bien vu pendant le vide à quel point on n’était pas prêt parce qu’on n’avait pas les masques. Comment on fait pour gérer une crise aussi importante parce que le pays est dans la débâcle? Au final, à ce moment là.

LAURENT Laurent Lamothe, né le  à Port-au-Prince, est un homme d’État haïtien qui fut Premier ministre du  au .: On l’a payé d’une débâcle totale parce que, en réalité, le gouvernement est dysfonctionnel. Les institutions sont dysfonctionnelles parce que personne, c’est impossible de se préparer à gérer une catastrophe pareille. On peut prévenir en amont, on peut construire des édifices antisismiques, on peut, on peut faire tout ça. Mais dans un pays qui a des qui a des difficultés économiques. C’est quand même compliqué de tout construire anti-sismique. Donc les gens construisent avec les moyens qu’ils ont. Et au fait, ils ne s’attendent pas à un séisme. Donc le jour où le séisme arrive et que tout est détruit et que ça ne dure que 38 secondes. Les gens ne comprennent pas ce qui arrive et un rien de temps tout est détruit à côté d’eux et il y a des morts, il y a des blessés, il y a des gens qui sont qui sont bloqués sous les débris. Il y a un enfant de trois ans qui est resté plus de trois jours sous les décombres. Il a été miraculeusement sauvé. Donc ce jour là, si on retourne au 12 janvier 2010, c’était c’était une journée catastrophique. Non seulement pour pour Haïti, mais je pense que pour toute la Caraïbe et le volume de dégâts est quand même de 15 milliards de dollars américains de dégâts. Il y a eu une situation intenable et c’est à partir de ça. Le gouvernement qui était en place à l’époque a tout été pratiquement était totalement dysfonctionnel. Le palais présidentiel de l’époque avait été détruit. La résidence du chef de l’Etat aussi. Puis, le bureau du Premier ministre également. Tous ceux qui devaient diriger étaient également des victimes. Donc il y a eu une lenteur dans la réponse gouvernementale parce que tout était détruit.

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