#233 Le mythe du capitalisme responsable avec Fanny Parisé

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GREGORY: On va faire grincer aujourd’hui, je pense un tout petit peu. Mais on va rigoler peut-être aussi.
FANNY: On va peut-être rigoler, on risque de faire grincer. Mais on va voir. On parle beaucoup d’écologie de plus en plus, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Un On parle même parfois de la crise du vivant. On a même vu France Inter faire un papier. Enfin, pas un papier. Mais je ne sais pas comment appeler ça, mais en tout cas, ils ont dit qu’ils allaient parler beaucoup plus d’écologie, de toutes les problématiques, et cetera et que c’était un engagement qu’ils prenaient. Donc il y a vraiment des choses qui bougent.
GREGORY: C’est quoi toi, ton image de la France aujourd’hui par rapport à la crise? Moi, je préfère parler de la crise du vivant que de la crise écologique parce que je trouve que la crise écologique, c’est trop réducteur, parce que ça voudrait dire qu’on doit juste résoudre la problématique du CO2, ce qui est effectivement pas le cas. C’est quoi ton image de la France aujourd’hui par rapport à cette problématique?
FANNY: C’est l’image, une France qui est un peu affolée, entre éco-anxiété et une réalité qu’elle se prend en pleine face, mais qui n’est pas forcément nouvelle pour autant. Parce que ça fait des décennies qu’on parle de cette fameuse crise du vivant et des répercussions de nos modes de vie, de nos sociétés thermo-industrielles sur le vivant, sur nous, sur la planète. Donc une bonne claque qui commence à déstabiliser et à faire paniquer à la fois à l’échelle individuelle comme à l’échelle collective. Mais comme je suis un petit peu une emmerdeuse, même si c’est très bien, moi, je dis attention parce que si tout le monde en parle, c’est tout le monde à le même discours et que ça fait consensus. C’est ce que ça pousse vraiment à l’action et au changement. Ou alors, à l’inverse, est ce que ça maintient dans un statu quo un collectif qui se gargarisent de leurs nouvelles manières de faire des petits gestes autant nécessaire que suffisant par rapport à cette fameuse transition socio-environnementale?
GREGORY: Effectivement, on va parler de petits gestes. Il y a eu plusieurs figures françaises de l’écologie qui disent bien que la problématique, ce n’est pas tant c’est super de les faire, mais en réalité, le problème est systémique. Donc, en fait, c’est plutôt un problème, une problématique au niveau des modes de vie, plutôt une problématique au niveau des entreprises, des produits qu’on achète et de tout ce qui est associé. Au final, enfin, vraiment, ce sont nos modes de vie qui sont problématiques. Toi, tu parles de capitalisme responsable. C’est quoi le capitalisme responsable?
FANNY: Le capitalisme responsable, c’est une idéologie qui vise à faire rimer profitabilité économique et transition socio-éco-environnementale. Autrement dit, comment, via une approche réformiste de nos modèles de société, nos institutions, on arriverait à passer le cap de cette crise sociale, écologique et environnementale. Et le capitalisme responsable, tel que je l’entends dans mes recherches, vise à transformer l’existant pour donner l’illusion du changement. Mais en réalité, rien ne change vraiment. Je m’explique, c’est qu’à l’échelle des individus et de manière sincère, effectivement, ils ont mis en place plein de petits changements dans leur vie quotidienne qui sont éminemment structurantes pour eux et qui, la plupart du temps, se sont faits quand même face à des renoncements. Et ce n’est pas évident de changer. Et ça, on ne peut pas, on ne peut pas le renier, c’est tout. C’est un fait. Par contre, si on se décentre un petit peu, qu’on désarme, qu’on se détache de l’individu, de ses émotions et du discours qu’il va avoir sur ces pratiques, et bien on se rend compte qu’on a eu des déplacements qui assurent toujours la désirabilité de nos modes de vie, des offres, des services ou des expériences qui vont être proposées dans notre société. Donc, on a l’impression de changer. Et à l’échelle d’une personne, c’est vrai, on change. Mais par contre, à l’échelle des groupes ou d’une société, les changements sont beaucoup plus relatifs. Et en plus, tout ça s’inscrit dans le phénomène de l’effet rebond qui vise à un découplage entre croissance économique et effets sur la planète. Donc, effectivement, aujourd’hui, on va avoir une imitation des effets néfastes sur la planète par rapport à nos modes de vie. Mais comme on consomme plus, eh bien on s’est un petit peu questionnable parce qu’il y a un phénomène socio-anthropologique autour de ça. C’est quand on a l’impression de consommer bien ou d’avoir un mode de vie qui est vertueux. Et paradoxalement, on consomme plus.
GREGORY: Alors tu vas prendre des exemples pour que ça soit encore un peu plus clair. Tu parles de VINTED, entre autres, donc du marché d’occasion. Un pour les fringues. Est-ce que c’est à ça qu’il fait référence? Est ce que t’as d’autres idées en tête alors?
FANNY: Vinted, c’est un très bon exemple parce que c’est celui qui c’est un exemple, qui va être connu par énormément d’individus et qui marque bien le changement de modèle de mentalité en termes capitalisme responsable. Vingtaine. C’est quoi? C’est la valorisation des objets de seconde main, comme quelque chose qui va être de bon ton dans la société de consommation dans laquelle on situe les vêtements. Et le marché de l’occasion a toujours existé, mais était l’apanage. Une catégorie de population très spécifique, soit alternative, soit sous contrainte de budget FA. Aujourd’hui, avec cette démocratisation du marché de la seconde main, de manière très spontanée et à très court terme, on se dit que c’est super cool et que c’est un progrès social parce qu’il y a, on valorise des vêtements qui ont été très peu portés, et cetera Par contre, dans les faits, on se rend compte que VINTED peut pousser à une nouvelle forme d’hyper consommation dans la mesure où le fait d’acheter moins cher père ou même de vendre pour quelques euros ses vêtements permet d’économiser une somme et de frais, de racheter parfois plus de vêtements. Et même ça amène à une notion anthropologique que je développe dans mon bouquin qui s’appelle le crédit moral, c’est qu’une bonne action permet de justifier d’autres actions, peut être un peu moins vertueuses pour la planète. Donc si on achète sur VINTED, et bien on va se dire ok, c’est cool, on peut aller chez Zara ou acheter sur chez SHEIN parce que quand même on a fait notre part.
GREGORY: Voire, on peut prendre l’avion. Pour rentrer dans le détail parce qu’en fait c’est intéressant ce point sur VINTED. C’est à dire que bien sûr, quand tu achètes sur VINTED, tu achètes des produits qui ont qui existent déjà, donc ça veut dire qu’il n’y a pas de production dédiée. Et en fait, on sait bien que le coton, un t-shirt, un jean ça consomme énormément d’eau. Enfin bref, tout ce que ça implique aussi. Si on élargit encore un peu plus qui font ces t-shirts, on arrive en Chine et on arrive aux Ouïgours et on arrive à des trucs assez horribles. Donc c’est plutôt bien de prendre des produits qui sont de seconde main.
FANNY: On est d’accord, il y a vraiment. Aucun débat à avoir là dessus. Alors moi, j’ai un truc que j’ai vu. La patronne d’Emmaüs qui s’est plaint du développement de VINTED, c’est intéressant parce qu’elle, ce qu’elle dit c’est que c’est bien, ça pose juste un problème parce que du coup, on n’a plus du tout d’habits pour les gens qui sont. Hors du circuit de l’économie, de la débrouillardise, plein de vêtements qui n’auraient jamais dû se retrouver sur ce type de plateforme. Et en plus les populations qui vont sur VINTED ou les populations qui vont chez Emmaüs n’y vont ni, comme je le disais, pour les mêmes raisons, ni vont avoir les mêmes attentes en termes d’offre qui est disponible. Donc on a vraiment une marchandisation de la solidarité autour du marché de la seconde main qui rend toujours un petit peu plus désirable le marché de la mode, mais en donnant une apparence un peu différente et en donnant surtout bonne conscience au consommateur.
GREGORY: Mais du coup, je voulais juste creuser un chouïa. C’est un point intéressant. C’est moi qui ai fait la référence à Emmaüs. Donc voilà. Qu’est ce que tu critiques là dedans? C’est à dire qu’en fait, j’ai l’impression que ce que tu critiques, c’est que finalement, quand on consomme VINTED, on se justifie qu’on peut du coup consommer. C’est pas de la fast fashion mais du coup dans une hyper consommation de fringues. C’est changer de manière régulière et cetera. Finalement on ne change pas les codes profonds, en fait on reste en surface. C’est ça que tu dis?
FANNY: Oui, en fait, ce que je pointe du doigt. Je ne suis pas là pour dire si c’est bien ou si c’est mal. Mais par contre, c’est l’écart entre les pratiques et les représentations que les individus ou une société vont avoir de la consommation. Le capitalisme responsable prône la consommation éco-responsable qui équivaut à consommer moins pour se sentir mieux. Par rapport à toutes les enquêtes anthropologiques que j’ai pu mener, on se rend compte qu’on consomme certes différemment, mais qu’il est rarement question de consommer moins.

Description de l’épisode

Fanny Parisé est anthrologue de formation et elle étudie plus précisément l’impact des croyances au sein de la consommation. C’est aussi l’autrice d’un livre qui fait grincer: les enfants gâtés – anthropologie du capitalisme responsable.

Et c’est précisément de cela dont nous allons parler, c’est à dire comment la consommation éco responsable nous maintient dans un système d’hyper consommation mais aussi comment nous ne changeons finalement pas grand chose dans notre quotidien qui puisse vraiment faire face à la crise climatique et du vivant de manière plus générale.
Si vous achetez sur Vinted, si vous prenez des cabas, si vous êtes fier de trier vos ordures vous allez vous sentir viser nécessairement comme je me suis senti visé.
Quand on lit son livre et quand on écoute l’épisode, on a envie de pester et pourtant on sait bien qu’elle a raison.
Toutefois, Fanny nous dit simplement qu’elle fait aussi partie de ces nouveaux sauvages qu’elle décrit parfaitement et qu’il ne s’agit pas d’une critique mais plutôt d’un observation d’une partie de notre classe sociale.

On parle évidemment d’éco anxiété et de la prise de conscience écologique au niveau collectif, de nos modes de vie, de capitalisme responsable, de croissance verte, des petits gestes, du circuit de la débrouillardise, de CO2 propre et de CO2 sale, on parle de juste et de bien….
Elle explique qu’on à la sensation de changer au niveau individuel mais la réalité est qu’on niveau collectif, rien ne change car paradoxalement quand on a l’impression de consommer mieux, on consomme un peu plus.

Alors ça veut dire quoi d’être un enfant gâté? C’est quoi un nouveau sauvage ? C’est ce que je vous propose de découvrir dans cet épisode.

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Transcription partielle de l’épisode

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GREGORY: On va faire grincer aujourd’hui, je pense un tout petit peu. Mais on va rigoler peut-être aussi.
FANNY: On va peut-être rigoler, on risque de faire grincer. Mais on va voir. On parle beaucoup d’écologie de plus en plus, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Un On parle même parfois de la crise du vivant. On a même vu France Inter faire un papier. Enfin, pas un papier. Mais je ne sais pas comment appeler ça, mais en tout cas, ils ont dit qu’ils allaient parler beaucoup plus d’écologie, de toutes les problématiques, et cetera et que c’était un engagement qu’ils prenaient. Donc il y a vraiment des choses qui bougent.
GREGORY: C’est quoi toi, ton image de la France aujourd’hui par rapport à la crise? Moi, je préfère parler de la crise du vivant que de la crise écologique parce que je trouve que la crise écologique, c’est trop réducteur, parce que ça voudrait dire qu’on doit juste résoudre la problématique du CO2, ce qui est effectivement pas le cas. C’est quoi ton image de la France aujourd’hui par rapport à cette problématique?
FANNY: C’est l’image, une France qui est un peu affolée, entre éco-anxiété et une réalité qu’elle se prend en pleine face, mais qui n’est pas forcément nouvelle pour autant. Parce que ça fait des décennies qu’on parle de cette fameuse crise du vivant et des répercussions de nos modes de vie, de nos sociétés thermo-industrielles sur le vivant, sur nous, sur la planète. Donc une bonne claque qui commence à déstabiliser et à faire paniquer à la fois à l’échelle individuelle comme à l’échelle collective. Mais comme je suis un petit peu une emmerdeuse, même si c’est très bien, moi, je dis attention parce que si tout le monde en parle, c’est tout le monde à le même discours et que ça fait consensus. C’est ce que ça pousse vraiment à l’action et au changement. Ou alors, à l’inverse, est ce que ça maintient dans un statu quo un collectif qui se gargarisent de leurs nouvelles manières de faire des petits gestes autant nécessaire que suffisant par rapport à cette fameuse transition socio-environnementale?
GREGORY: Effectivement, on va parler de petits gestes. Il y a eu plusieurs figures françaises de l’écologie qui disent bien que la problématique, ce n’est pas tant c’est super de les faire, mais en réalité, le problème est systémique. Donc, en fait, c’est plutôt un problème, une problématique au niveau des modes de vie, plutôt une problématique au niveau des entreprises, des produits qu’on achète et de tout ce qui est associé. Au final, enfin, vraiment, ce sont nos modes de vie qui sont problématiques. Toi, tu parles de capitalisme responsable. C’est quoi le capitalisme responsable?
FANNY: Le capitalisme responsable, c’est une idéologie qui vise à faire rimer profitabilité économique et transition socio-éco-environnementale. Autrement dit, comment, via une approche réformiste de nos modèles de société, nos institutions, on arriverait à passer le cap de cette crise sociale, écologique et environnementale. Et le capitalisme responsable, tel que je l’entends dans mes recherches, vise à transformer l’existant pour donner l’illusion du changement. Mais en réalité, rien ne change vraiment. Je m’explique, c’est qu’à l’échelle des individus et de manière sincère, effectivement, ils ont mis en place plein de petits changements dans leur vie quotidienne qui sont éminemment structurantes pour eux et qui, la plupart du temps, se sont faits quand même face à des renoncements. Et ce n’est pas évident de changer. Et ça, on ne peut pas, on ne peut pas le renier, c’est tout. C’est un fait. Par contre, si on se décentre un petit peu, qu’on désarme, qu’on se détache de l’individu, de ses émotions et du discours qu’il va avoir sur ces pratiques, et bien on se rend compte qu’on a eu des déplacements qui assurent toujours la désirabilité de nos modes de vie, des offres, des services ou des expériences qui vont être proposées dans notre société. Donc, on a l’impression de changer. Et à l’échelle d’une personne, c’est vrai, on change. Mais par contre, à l’échelle des groupes ou d’une société, les changements sont beaucoup plus relatifs. Et en plus, tout ça s’inscrit dans le phénomène de l’effet rebond qui vise à un découplage entre croissance économique et effets sur la planète. Donc, effectivement, aujourd’hui, on va avoir une imitation des effets néfastes sur la planète par rapport à nos modes de vie. Mais comme on consomme plus, eh bien on s’est un petit peu questionnable parce qu’il y a un phénomène socio-anthropologique autour de ça. C’est quand on a l’impression de consommer bien ou d’avoir un mode de vie qui est vertueux. Et paradoxalement, on consomme plus.
GREGORY: Alors tu vas prendre des exemples pour que ça soit encore un peu plus clair. Tu parles de VINTED, entre autres, donc du marché d’occasion. Un pour les fringues. Est-ce que c’est à ça qu’il fait référence? Est ce que t’as d’autres idées en tête alors?
FANNY: Vinted, c’est un très bon exemple parce que c’est celui qui c’est un exemple, qui va être connu par énormément d’individus et qui marque bien le changement de modèle de mentalité en termes capitalisme responsable. Vingtaine. C’est quoi? C’est la valorisation des objets de seconde main, comme quelque chose qui va être de bon ton dans la société de consommation dans laquelle on situe les vêtements. Et le marché de l’occasion a toujours existé, mais était l’apanage. Une catégorie de population très spécifique, soit alternative, soit sous contrainte de budget FA. Aujourd’hui, avec cette démocratisation du marché de la seconde main, de manière très spontanée et à très court terme, on se dit que c’est super cool et que c’est un progrès social parce qu’il y a, on valorise des vêtements qui ont été très peu portés, et cetera Par contre, dans les faits, on se rend compte que VINTED peut pousser à une nouvelle forme d’hyper consommation dans la mesure où le fait d’acheter moins cher père ou même de vendre pour quelques euros ses vêtements permet d’économiser une somme et de frais, de racheter parfois plus de vêtements. Et même ça amène à une notion anthropologique que je développe dans mon bouquin qui s’appelle le crédit moral, c’est qu’une bonne action permet de justifier d’autres actions, peut être un peu moins vertueuses pour la planète. Donc si on achète sur VINTED, et bien on va se dire ok, c’est cool, on peut aller chez Zara ou acheter sur chez SHEIN parce que quand même on a fait notre part.
GREGORY: Voire, on peut prendre l’avion. Pour rentrer dans le détail parce qu’en fait c’est intéressant ce point sur VINTED. C’est à dire que bien sûr, quand tu achètes sur VINTED, tu achètes des produits qui ont qui existent déjà, donc ça veut dire qu’il n’y a pas de production dédiée. Et en fait, on sait bien que le coton, un t-shirt, un jean ça consomme énormément d’eau. Enfin bref, tout ce que ça implique aussi. Si on élargit encore un peu plus qui font ces t-shirts, on arrive en Chine et on arrive aux Ouïgours et on arrive à des trucs assez horribles. Donc c’est plutôt bien de prendre des produits qui sont de seconde main.
FANNY: On est d’accord, il y a vraiment. Aucun débat à avoir là dessus. Alors moi, j’ai un truc que j’ai vu. La patronne d’Emmaüs qui s’est plaint du développement de VINTED, c’est intéressant parce qu’elle, ce qu’elle dit c’est que c’est bien, ça pose juste un problème parce que du coup, on n’a plus du tout d’habits pour les gens qui sont. Hors du circuit de l’économie, de la débrouillardise, plein de vêtements qui n’auraient jamais dû se retrouver sur ce type de plateforme. Et en plus les populations qui vont sur VINTED ou les populations qui vont chez Emmaüs n’y vont ni, comme je le disais, pour les mêmes raisons, ni vont avoir les mêmes attentes en termes d’offre qui est disponible. Donc on a vraiment une marchandisation de la solidarité autour du marché de la seconde main qui rend toujours un petit peu plus désirable le marché de la mode, mais en donnant une apparence un peu différente et en donnant surtout bonne conscience au consommateur.
GREGORY: Mais du coup, je voulais juste creuser un chouïa. C’est un point intéressant. C’est moi qui ai fait la référence à Emmaüs. Donc voilà. Qu’est ce que tu critiques là dedans? C’est à dire qu’en fait, j’ai l’impression que ce que tu critiques, c’est que finalement, quand on consomme VINTED, on se justifie qu’on peut du coup consommer. C’est pas de la fast fashion mais du coup dans une hyper consommation de fringues. C’est changer de manière régulière et cetera. Finalement on ne change pas les codes profonds, en fait on reste en surface. C’est ça que tu dis?
FANNY: Oui, en fait, ce que je pointe du doigt. Je ne suis pas là pour dire si c’est bien ou si c’est mal. Mais par contre, c’est l’écart entre les pratiques et les représentations que les individus ou une société vont avoir de la consommation. Le capitalisme responsable prône la consommation éco-responsable qui équivaut à consommer moins pour se sentir mieux. Par rapport à toutes les enquêtes anthropologiques que j’ai pu mener, on se rend compte qu’on consomme certes différemment, mais qu’il est rarement question de consommer moins.
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