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#228 Comment les algues pourraient TOUT changer?

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#228 Comment les algues pourraient TOUT changer?
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GRÉGORY : On va parler des algues. Tu es un défenseur des algues, et pourtant, quand on entend parler des algues en général, c’est plutôt de manière négative. D’ailleurs, l’expérience qu’on en a quand on va à la mer, qu’on voit l’océan, c’est plutôt une expérience négative, ce n’est pas agréable de marcher dedans, parfois, ça sent mauvais comme aux Antilles, par exemple. Qu’est-ce qui est si intéressant dans les algues que tu souhaites les défendre ?
VINCENT : Il y a beaucoup de choses intéressantes. Les algues, c’est avant tout l’une des solutions les plus inexplorées pour répondre aux grands problèmes de notre génération comme la faim dans le monde, le réchauffement climatique, la pollution, la perte de biodiversité, la pauvreté, etc. Elles apportent des nouvelles solutions à tous ces problèmes. En effet, elles ont mauvaise image dans la civilisation occidentale depuis environ 2000 ans. Pour revenir là-dessus, elles ont été absolument essentielles au développement de l’humanité et à notre état de sapiens. Il faut savoir que si on a aujourd’hui un cerveau extrêmement gros par rapport à notre masse corporelle, c’est parce qu’on a mangé des acides gras polyinsaturés pendant des milliers de générations, ces acides gras polyinsaturés qui sont encore une fois, scientifiquement, c’est avéré, le nutriment nécessaire à cette mutation génétique de notre cerveau. Il ne se trouve que dans les algues et les huiles de poisson.
GRÉGORY : Alors c’est marrant, moi j’étais convaincu que c’était lié au fait de manger de la nourriture cuite et que ça avait réduit la taille de notre mâchoire et que ça avait laissé de la place pour notre boîte crânienne.
VINCENT : Non, ça, c’est un autre effet. C’est marrant parce que j’ai eu une discussion avec des archéologues qui disaient que ça, c’est le rapport à la viande, une civilisation très carnée, très basée sur la chasse et puis l’élevage. En gros, ce que me disait l’archéologue, c’est que c’est aussi une vision du point de vue du 19ᵉ siècle, de présenter la société comme le sapiens, avec les hommes qui allaient en meute et à force d’ingéniosité et de bravoure, chasser le mammouth pendant que les femmes et les enfants restaient dans les grottes et qu’après tout le monde dévorait avec des grandes dents la viande. Mais non, la réalité, c’est juste que toutes les familles étaient le long du littoral et cueillaient des petites algues et des petits poissons. C’est comme ça qu’on est devenu sapiens. On voit bien une rupture il y a 2000 ans, à l’époque de Virgile et d’Aristote, qui eu des mots terribles pour les algues. Aristote dit que les algues sont l’élément le plus vide de l’humanité, et Virgile les place sur le plus bas niveau et dit que la mer déteste tellement les algues, qu’elle les recrache sur la plage. La Méditerranée, ce n’est pas une mer très intéressante pour les algues, elle est polluée, elle est fermée, il n’y a pas beaucoup de courants, il n’y a pas de grandes marées, donc il y a rapidement des problèmes, potentiellement des problèmes dans la vase, de pollution d’algues et donc sans doute qu’il y a eu des soucis, et à la même époque en Mésopotamie naît l’agriculture, il y a 12 000 ans. Donc, on a une civilisation gréco-romaine qui se tourne complètement vers la terre et qui délaisse complètement les océans. Cette civilisation, elle a par la suite, chassé les algues. On sait par exemple que les Vikings, s’ils allaient aussi loin dans leurs bateaux, c’est parce qu’ils savaient qu’il fallait prendre des algues dans les bateaux et que ça empêchait certaines maladies. Les algues sont très riches en vitamines C, et bien avant qu’on découvre le lien entre vitamine C et scorbut et qu’on emmène des oranges et des citrons sur les bateaux, les Vikings avaient compris qu’il fallait prendre des algues. Et les gréco-romains, en arrivant, ont effacé cette tradition. Avant que les Européens arrivent, les aborigènes australiens mangeaient beaucoup d’algues. Les algues ont toujours fait partie de notre histoire. D’ailleurs, nous sommes des descendants d’algues, les premières algues unicellulaires qui sont nées sur Terre, c’est la première forme de vie et tout a muté en fonction de ces premières algues il y a 5 milliards d’années. Puis il y a 1/2 milliard d’années seulement, les macro algues vertes ont migré sur Terre et sont devenues des plantes. Au fil des millions d’années, toute la végétation qui existe aujourd’hui sur Terre, vient d’une algue verte. La différence entre une algue rouge et une algue verte ? Au niveau génétique, elle est plus grande qu’entre un champignon et un éléphant. Il y a une variété énorme, il y a une histoire énorme, mais tout ça, on l’a complètement oublié et perdu depuis 2 000 ans. Et aujourd’hui, les algues ont mauvaise image. Pour répondre à ta question, elles sont le symptôme d’un problème qu’est la pollution des sols. Aujourd’hui, ce sont les symptômes d’une sûr pollution des sols et d’une utilisation, je dirais déviante, de l’agriculture qui est devenue extrêmement intensive, la monoculture avec des abus d’engrais, etc, tous ces engrais, ces pesticides, ils finissent dans les océans. L’océan fait comme tout le monde, y déploie un système immunitaire. Quand il voit ça arriver, son système immunitaire à lui, sa façon de se défendre et de protéger son biotope, c’est de créer pleins d’algues, de faire pousser des algues pour absorber la pollution. Si on le subit en France, c’est parce qu’on a décidé. C’est un choix politique.

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Description de l’épisode

Vincent Doumeizel est conseiller sénior sur les océans et plus spécifiquement sur les algues à l’O.N.U. Mais surtout Vincent est peut être l’homme qui aujourd’hui va vous redonner de l’espoir (si jamais vous étiez dans une solastalgie profonde). C’est rare de parler d’écologie et d’avoir une lueur d’espoir. Cela parait même fou.
Alors que vient de se terminer le sommet pour les océans à Lisbonne et alors que pour certains d’entres vous, vous vous apprétez à partir en vacances, peut être qu’une partie de la révolution que nous devons voir advenir provient des algues.
Nous n’avons pas nécessairement une bonne image des algues, dans nos cultures, nous les connaissons mal en réalité.
Pourtant, ce que Vincent m’explique dans cet épisode va totalement mettre votre cerveau sans dessus dessous.
Ca semble presque irréel tant les algues pourraient nous aider à résoudre en grande partie les problèmes qui sont devant nous et en particulier le réchauffement des océans, leur acidification et le réchauffement de la planète de manière générale.
Evidemment l’idée n’est pas dire que cela suffira et justifie que l’on continue avec notre modèle mortifère de société mais par contre que si nous y mettons du notre, alors les algues pourraient être une solution pour réduire les emballages non recyclables et en particulier le plastique, nourrir les individus et permettre à la terre de se reposer et même réduire le méthane généré par les bovins…oui ca va jusque là.
Un épisode qui moi même m’a renversé et j’espère que vous apprécierez son écoute.

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Transcription partielle de l’épisode

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#228 Comment les algues pourraient TOUT changer?
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GRÉGORY : On va parler des algues. Tu es un défenseur des algues, et pourtant, quand on entend parler des algues en général, c’est plutôt de manière négative. D’ailleurs, l’expérience qu’on en a quand on va à la mer, qu’on voit l’océan, c’est plutôt une expérience négative, ce n’est pas agréable de marcher dedans, parfois, ça sent mauvais comme aux Antilles, par exemple. Qu’est-ce qui est si intéressant dans les algues que tu souhaites les défendre ?
VINCENT : Il y a beaucoup de choses intéressantes. Les algues, c’est avant tout l’une des solutions les plus inexplorées pour répondre aux grands problèmes de notre génération comme la faim dans le monde, le réchauffement climatique, la pollution, la perte de biodiversité, la pauvreté, etc. Elles apportent des nouvelles solutions à tous ces problèmes. En effet, elles ont mauvaise image dans la civilisation occidentale depuis environ 2000 ans. Pour revenir là-dessus, elles ont été absolument essentielles au développement de l’humanité et à notre état de sapiens. Il faut savoir que si on a aujourd’hui un cerveau extrêmement gros par rapport à notre masse corporelle, c’est parce qu’on a mangé des acides gras polyinsaturés pendant des milliers de générations, ces acides gras polyinsaturés qui sont encore une fois, scientifiquement, c’est avéré, le nutriment nécessaire à cette mutation génétique de notre cerveau. Il ne se trouve que dans les algues et les huiles de poisson.
GRÉGORY : Alors c’est marrant, moi j’étais convaincu que c’était lié au fait de manger de la nourriture cuite et que ça avait réduit la taille de notre mâchoire et que ça avait laissé de la place pour notre boîte crânienne.
VINCENT : Non, ça, c’est un autre effet. C’est marrant parce que j’ai eu une discussion avec des archéologues qui disaient que ça, c’est le rapport à la viande, une civilisation très carnée, très basée sur la chasse et puis l’élevage. En gros, ce que me disait l’archéologue, c’est que c’est aussi une vision du point de vue du 19ᵉ siècle, de présenter la société comme le sapiens, avec les hommes qui allaient en meute et à force d’ingéniosité et de bravoure, chasser le mammouth pendant que les femmes et les enfants restaient dans les grottes et qu’après tout le monde dévorait avec des grandes dents la viande. Mais non, la réalité, c’est juste que toutes les familles étaient le long du littoral et cueillaient des petites algues et des petits poissons. C’est comme ça qu’on est devenu sapiens. On voit bien une rupture il y a 2000 ans, à l’époque de Virgile et d’Aristote, qui eu des mots terribles pour les algues. Aristote dit que les algues sont l’élément le plus vide de l’humanité, et Virgile les place sur le plus bas niveau et dit que la mer déteste tellement les algues, qu’elle les recrache sur la plage. La Méditerranée, ce n’est pas une mer très intéressante pour les algues, elle est polluée, elle est fermée, il n’y a pas beaucoup de courants, il n’y a pas de grandes marées, donc il y a rapidement des problèmes, potentiellement des problèmes dans la vase, de pollution d’algues et donc sans doute qu’il y a eu des soucis, et à la même époque en Mésopotamie naît l’agriculture, il y a 12 000 ans. Donc, on a une civilisation gréco-romaine qui se tourne complètement vers la terre et qui délaisse complètement les océans. Cette civilisation, elle a par la suite, chassé les algues. On sait par exemple que les Vikings, s’ils allaient aussi loin dans leurs bateaux, c’est parce qu’ils savaient qu’il fallait prendre des algues dans les bateaux et que ça empêchait certaines maladies. Les algues sont très riches en vitamines C, et bien avant qu’on découvre le lien entre vitamine C et scorbut et qu’on emmène des oranges et des citrons sur les bateaux, les Vikings avaient compris qu’il fallait prendre des algues. Et les gréco-romains, en arrivant, ont effacé cette tradition. Avant que les Européens arrivent, les aborigènes australiens mangeaient beaucoup d’algues. Les algues ont toujours fait partie de notre histoire. D’ailleurs, nous sommes des descendants d’algues, les premières algues unicellulaires qui sont nées sur Terre, c’est la première forme de vie et tout a muté en fonction de ces premières algues il y a 5 milliards d’années. Puis il y a 1/2 milliard d’années seulement, les macro algues vertes ont migré sur Terre et sont devenues des plantes. Au fil des millions d’années, toute la végétation qui existe aujourd’hui sur Terre, vient d’une algue verte. La différence entre une algue rouge et une algue verte ? Au niveau génétique, elle est plus grande qu’entre un champignon et un éléphant. Il y a une variété énorme, il y a une histoire énorme, mais tout ça, on l’a complètement oublié et perdu depuis 2 000 ans. Et aujourd’hui, les algues ont mauvaise image. Pour répondre à ta question, elles sont le symptôme d’un problème qu’est la pollution des sols. Aujourd’hui, ce sont les symptômes d’une sûr pollution des sols et d’une utilisation, je dirais déviante, de l’agriculture qui est devenue extrêmement intensive, la monoculture avec des abus d’engrais, etc, tous ces engrais, ces pesticides, ils finissent dans les océans. L’océan fait comme tout le monde, y déploie un système immunitaire. Quand il voit ça arriver, son système immunitaire à lui, sa façon de se défendre et de protéger son biotope, c’est de créer pleins d’algues, de faire pousser des algues pour absorber la pollution. Si on le subit en France, c’est parce qu’on a décidé. C’est un choix politique.

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