#216 Apprendre à déconstruire pour mieux se connaitre avec Louise Aubery

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#216 Apprendre à déconstruire pour mieux se connaitre avec Louise Aubery
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GRÉGORY : Ton bouquin, il parle beaucoup de déconstruction. Je voudrais savoir c’est quoi pour toi le truc le plus important à déconstruire ?

LOUISE : Je pense, ce qui est le plus important à déconstruire à mes yeux, c’est le conditionnement de notre enfance. On grandit dans une société qui nous conditionne, mais notre environnement familial aussi beaucoup. Et c’est vrai que j’ai, heureusement je crois, commencé assez tôt à remettre en question l’éducation que je recevais de mes parents. Et ça m’a permis de ne pas prendre pour acquis des croyances qu’ils me transmettaient. Et même si je ne me rendais pas vraiment compte à l’adolescence, je l’ai plus formalisé, tu vois, quand je suis arrivé en études supérieures et tout, et que je me suis rendu compte que je voulais me détacher de certains comportements que je pouvais avoir, de certains réflexes que j’avais, qui étaient en fait purement des héritages de ma famille. Et vraiment, je le disais assez souvent, mais j’étais une personne totalement différente à 18 ans.

GRÉGORY : Et d’ailleurs tu parles dans le bouquin de super héros et de costume en particulier. Tu peux nous raconter ça ?

LOUISE : Ouais, la petite anecdote, c’est vrai que, en l’occurrence, ça n’est pas arrivé à moi parce que moi je me déguisais en lala des télétubbies. J’avais mon costume, mais c’est vrai qu’il y a ce truc un peu parlant, tu vois une petite fille qui va vouloir par exemple se déguiser en super héros parce qu’elle va voir que ce sont les superhéros qui sauvent le monde. Et en fait les parents, par une socialisation qui a fait qu’on a enfermé des sexes et des genres dans des cases. On va pouvoir reprocher et dire à la petite fille, ben non, en fait là tu ne peux pas être Batman, Batman, c’est un homme, toi, tu as le choix entre toutes les princesses. Et il y en fait si la petite, elle qui n’a pas encore été socialisé, va répliquer et dire que non, elle a envie de sauver le monde. En fait, ça peut déclencher des réactions assez agressives de la part de ces parents qui n’ont pas déconstruit et qui en fait vont engueuler la petite fille en lui disant “maintenant arrêtes de répondre va te changer”, et en fait tu vois là tu restes avec une petite fille hyper frustrée ou un petit garçon qui serait déguisé en princesse, tu vois, je sais que ça avait parfois fait débats sur les réseaux genre ” non mais les mecs, ça ne se déguise pas en princesse” ou subir tu vois même après des moqueries de l’environnement. Mais en fait, tout ça, c’est vraiment de la socialisation. Donc moi, ce que je dis dans mon livre, c’est que je ne nie pas le fait qu’il y ait des différences entre les sexes. Ce que je dénonce, c’est l’interprétation de ces différences qu’on a en fait établies en hiérarchie et qui est donc purement une construction sociale.

GRÉGORY : Ça bouge un tout petit peu, mais je ne suis pas un gros expert des dessins animés, mais il me semble que La Reine des neiges, ça a bougé un peu, non ? Ou je me trompe totalement ?

LOUISE : Alors écoute, moi je le dis et je ne le cache pas sur les réseaux, je suis une grande fan de Disney, donc tu vois, je suis pleine de paradoxes. Après, ce n’est pas trop surprenant dans le sens ou il y a vraiment tout le storytelling américain qui est parfaitement maîtrisé derrière. Mais bon, la reine des neiges écoute, c’est juste qu’elle est célib et qu’en effet sa sœur se fait avoir par un mec. Mais enfin tu vois pour moi, de là à dire que maintenant Disney est féministe, il ne faut pas déconner. Enfin tu vois, ça reste quand même des corps hyper normés. C’est un peu comme les élections beauté, on te dit que ça bouge parce que tu en as une qui fait du 40. Bon, dans les Disney, tu as Vaiana qui a du bide, mais on ne voit pas non plus. Tu vois, ça reste quand même des standards qui contribuent à perpétuer quoi.

GRÉGORY : Et d’ailleurs toi dans les différentes thématiques, parce qu’en gros le bouquin, il est structuré par thématiques, donc sur la beauté, sur le couple, etc, donc déconstruction toujours. Une des choses que tu dis, c’est que le chapitre sur le poids, c’est un sujet qui t’a touché personnellement et qui est du coup hyper important pour toi. Est-ce que tu peux nous parler de ça et en particulier de cette expression “Il faut souffrir pour être belle” que tu reprends dans ton livre.

LOUISE : Écoute carrément. C’est vrai que le poids, je pense que c’est ce que j’ai vécu ou j’ai vraiment senti la jonction de la manière la plus forte parce que j’avais des parents grossophobes. Donc pour nous, il y est vraiment, c’est fou quand j’y pense un peu, la dichotomie que j’avais avant, tu avais les gens gros d’un côté, les gens minces de l’autre. Je me souviens, ma sœur jumelle, elle avait eu une fois le malheur de ramener des bonbons de notre voyage au Canada parce qu’on a fêté Halloween là-bas. On avait quatorze ans. Et un jour, mon père a trouvé le sac où il y avait les bonbons, peut être deux semaines après. Et il était arrivé dans la cuisine en mode C’est quoi ça ? Ma grande sœur avait commencé à filmer et donc moi, je me souviens parce que ma grande sœur avait ensuite posté la vidéo sur Facebook. Donc l’humiliation totale pour ma sœur jumelle, tu vois ? Et en fait, mon père lui disait vraiment Mais tu vas devenir grosse en mangeant ça. Tu déconnes, sale bouffi, etc, et tu vois ma sœur qui est en larmes et tout. Il avait cette détestation des gros qui, du coup, nous, vu que c’est ce qu’on connaissait, c’est ce qu’on a intégré, sans le déconstruire, tu vois, alors qu’en fait, c’était juste hyper représentatif de la grosse phobie sociétale. Et parce que mes parents n’ont pas fait ce  travail de déconstruction, ils nous l’ont transmis. C’est hyper important pour moi de remettre un peu en question, c’est ce qui ensuite permet d’ouvrir l’esprit, les générations aussi qui arrivent. Mais donc bref, on a vraiment grandi dans cet environnement grossophobe, et donc moi, quand j’ai pris du poids, tu vois vers 17 ans avec la pilule, etc. Je me souviens que ma grande sœur m’avait dit “Est-ce que tu ne voudrais pas qu’on fasse un programme de sport ? J’ai trouvé ce programme de sport là”. Donc si c’étaient les comptes un peu fitness sur Instagram qui te vendait des avant après de folie. Et donc j’ai d’y “aller carrément”. Je n’ai même pas remis en question si je me sentais mal dans ma peau ? Parce que juste, vraiment, je me sentais mal, ça m’empêchait de faire des choses dans la vie, mais en fait pas du tout limite au fond, je me sentais mieux parce que j’avais toujours été très maigre. Mais c’est juste que le fait psychologiquement, tu vois, ma mère, nous avait toujours dit “il faut faire 20 kilos de moins que sa taille”.

GRÉGORY : Moi aussi j’ai eu ça en tête aussi pendant un moment.

LOUISE : Tu vois ? Non, mais c’est complètement absurde. Aujourd’hui, je fais quasiment le même poids que ma taille et je vais très bien, tu vois. Donc il y a une espèce de déconstruction vraiment importante à faire. Et où en fait, moi après, je suis tombé dans le piège de toujours chercher à être plus mince, plus fit, et en fait ça ne m’a pas du tout permis de m’aimer plus. Donc voilà ça, cette période-là m’a permis de réaliser que ce qu’on nous vendait comme étant la confiance en soi, l’amour de soi, était faux et que c’était littéralement un puits sans fin. Et qu’en fait, la confiance en soi, elle vient avant tout d’un état d’esprit que d’un reflet dans la glace.

La suite a écouté sur VLAN !

Description de l’épisode

Louise Aubery est plus connu pour son pseudo Instagram “MyBetterself” mais plus pour très longtemps. Cette femme, que certains présentent comme une “influenceuse” est bien plus que cela en réalité: une entrepreneuse avec une marque de sous vêtement (Je ne sais quoi) mais également autrice d’un livre “miroir, miroir, dis moi ce que je vaux vraiment” aux éditions LeDuc et enfin d’un podcast Inpower.
Avec Louise nous nous connaissons depuis un moment et pour être sincère, je suis totalement fasciné par sa carrière, sa volonté, sa détermination mais aussi sa capacité à se rendre disponible pour sa communauté mais aussi à démocratiser des idées complexes.
Et c’est exactement ce qu’elle a fait avec son livre dont nous parlons ensemble. Déconstruire, c’est le sujet de Vlan finalement mais avec Louise nous parlons principalement de la relation homme-femme, du patriarcat et de la place des femmes dans la société.
Elle a réussi à rendre accessible de nombreux ouvrages qui ne le sont pas nécessairement mais aussi, en partageant son histoire et ses propres expériences.
J’ai également adoré qu’elle fasse référence à Virginie Despentes et nous parlons ensemble des travailleuses et travailleurs du sexe d’ailleurs.
Et elle nous fait même une révélation dans ce podcast :))

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Transcription partielle de l’épisode

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LOUISE : Je pense, ce qui est le plus important à déconstruire à mes yeux, c’est le conditionnement de notre enfance. On grandit dans une société qui nous conditionne, mais notre environnement familial aussi beaucoup. Et c’est vrai que j’ai, heureusement je crois, commencé assez tôt à remettre en question l’éducation que je recevais de mes parents. Et ça m’a permis de ne pas prendre pour acquis des croyances qu’ils me transmettaient. Et même si je ne me rendais pas vraiment compte à l’adolescence, je l’ai plus formalisé, tu vois, quand je suis arrivé en études supérieures et tout, et que je me suis rendu compte que je voulais me détacher de certains comportements que je pouvais avoir, de certains réflexes que j’avais, qui étaient en fait purement des héritages de ma famille. Et vraiment, je le disais assez souvent, mais j’étais une personne totalement différente à 18 ans.

GRÉGORY : Et d’ailleurs tu parles dans le bouquin de super héros et de costume en particulier. Tu peux nous raconter ça ?

LOUISE : Ouais, la petite anecdote, c’est vrai que, en l’occurrence, ça n’est pas arrivé à moi parce que moi je me déguisais en lala des télétubbies. J’avais mon costume, mais c’est vrai qu’il y a ce truc un peu parlant, tu vois une petite fille qui va vouloir par exemple se déguiser en super héros parce qu’elle va voir que ce sont les superhéros qui sauvent le monde. Et en fait les parents, par une socialisation qui a fait qu’on a enfermé des sexes et des genres dans des cases. On va pouvoir reprocher et dire à la petite fille, ben non, en fait là tu ne peux pas être Batman, Batman, c’est un homme, toi, tu as le choix entre toutes les princesses. Et il y en fait si la petite, elle qui n’a pas encore été socialisé, va répliquer et dire que non, elle a envie de sauver le monde. En fait, ça peut déclencher des réactions assez agressives de la part de ces parents qui n’ont pas déconstruit et qui en fait vont engueuler la petite fille en lui disant “maintenant arrêtes de répondre va te changer”, et en fait tu vois là tu restes avec une petite fille hyper frustrée ou un petit garçon qui serait déguisé en princesse, tu vois, je sais que ça avait parfois fait débats sur les réseaux genre ” non mais les mecs, ça ne se déguise pas en princesse” ou subir tu vois même après des moqueries de l’environnement. Mais en fait, tout ça, c’est vraiment de la socialisation. Donc moi, ce que je dis dans mon livre, c’est que je ne nie pas le fait qu’il y ait des différences entre les sexes. Ce que je dénonce, c’est l’interprétation de ces différences qu’on a en fait établies en hiérarchie et qui est donc purement une construction sociale.

GRÉGORY : Ça bouge un tout petit peu, mais je ne suis pas un gros expert des dessins animés, mais il me semble que La Reine des neiges, ça a bougé un peu, non ? Ou je me trompe totalement ?

LOUISE : Alors écoute, moi je le dis et je ne le cache pas sur les réseaux, je suis une grande fan de Disney, donc tu vois, je suis pleine de paradoxes. Après, ce n’est pas trop surprenant dans le sens ou il y a vraiment tout le storytelling américain qui est parfaitement maîtrisé derrière. Mais bon, la reine des neiges écoute, c’est juste qu’elle est célib et qu’en effet sa sœur se fait avoir par un mec. Mais enfin tu vois pour moi, de là à dire que maintenant Disney est féministe, il ne faut pas déconner. Enfin tu vois, ça reste quand même des corps hyper normés. C’est un peu comme les élections beauté, on te dit que ça bouge parce que tu en as une qui fait du 40. Bon, dans les Disney, tu as Vaiana qui a du bide, mais on ne voit pas non plus. Tu vois, ça reste quand même des standards qui contribuent à perpétuer quoi.

GRÉGORY : Et d’ailleurs toi dans les différentes thématiques, parce qu’en gros le bouquin, il est structuré par thématiques, donc sur la beauté, sur le couple, etc, donc déconstruction toujours. Une des choses que tu dis, c’est que le chapitre sur le poids, c’est un sujet qui t’a touché personnellement et qui est du coup hyper important pour toi. Est-ce que tu peux nous parler de ça et en particulier de cette expression “Il faut souffrir pour être belle” que tu reprends dans ton livre.

LOUISE : Écoute carrément. C’est vrai que le poids, je pense que c’est ce que j’ai vécu ou j’ai vraiment senti la jonction de la manière la plus forte parce que j’avais des parents grossophobes. Donc pour nous, il y est vraiment, c’est fou quand j’y pense un peu, la dichotomie que j’avais avant, tu avais les gens gros d’un côté, les gens minces de l’autre. Je me souviens, ma sœur jumelle, elle avait eu une fois le malheur de ramener des bonbons de notre voyage au Canada parce qu’on a fêté Halloween là-bas. On avait quatorze ans. Et un jour, mon père a trouvé le sac où il y avait les bonbons, peut être deux semaines après. Et il était arrivé dans la cuisine en mode C’est quoi ça ? Ma grande sœur avait commencé à filmer et donc moi, je me souviens parce que ma grande sœur avait ensuite posté la vidéo sur Facebook. Donc l’humiliation totale pour ma sœur jumelle, tu vois ? Et en fait, mon père lui disait vraiment Mais tu vas devenir grosse en mangeant ça. Tu déconnes, sale bouffi, etc, et tu vois ma sœur qui est en larmes et tout. Il avait cette détestation des gros qui, du coup, nous, vu que c’est ce qu’on connaissait, c’est ce qu’on a intégré, sans le déconstruire, tu vois, alors qu’en fait, c’était juste hyper représentatif de la grosse phobie sociétale. Et parce que mes parents n’ont pas fait ce  travail de déconstruction, ils nous l’ont transmis. C’est hyper important pour moi de remettre un peu en question, c’est ce qui ensuite permet d’ouvrir l’esprit, les générations aussi qui arrivent. Mais donc bref, on a vraiment grandi dans cet environnement grossophobe, et donc moi, quand j’ai pris du poids, tu vois vers 17 ans avec la pilule, etc. Je me souviens que ma grande sœur m’avait dit “Est-ce que tu ne voudrais pas qu’on fasse un programme de sport ? J’ai trouvé ce programme de sport là”. Donc si c’étaient les comptes un peu fitness sur Instagram qui te vendait des avant après de folie. Et donc j’ai d’y “aller carrément”. Je n’ai même pas remis en question si je me sentais mal dans ma peau ? Parce que juste, vraiment, je me sentais mal, ça m’empêchait de faire des choses dans la vie, mais en fait pas du tout limite au fond, je me sentais mieux parce que j’avais toujours été très maigre. Mais c’est juste que le fait psychologiquement, tu vois, ma mère, nous avait toujours dit “il faut faire 20 kilos de moins que sa taille”.

GRÉGORY : Moi aussi j’ai eu ça en tête aussi pendant un moment.

LOUISE : Tu vois ? Non, mais c’est complètement absurde. Aujourd’hui, je fais quasiment le même poids que ma taille et je vais très bien, tu vois. Donc il y a une espèce de déconstruction vraiment importante à faire. Et où en fait, moi après, je suis tombé dans le piège de toujours chercher à être plus mince, plus fit, et en fait ça ne m’a pas du tout permis de m’aimer plus. Donc voilà ça, cette période-là m’a permis de réaliser que ce qu’on nous vendait comme étant la confiance en soi, l’amour de soi, était faux et que c’était littéralement un puits sans fin. Et qu’en fait, la confiance en soi, elle vient avant tout d’un état d’esprit que d’un reflet dans la glace.

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