#213 Comprendre (simplement) le changement climatique avec Thomas Wagner (Bon Pote)

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#213 Comprendre (simplement) le changement climatique avec Thomas Wagner (Bon Pote)
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GRÉGORY : Je voudrais parler avec toi, je suis ravi d’avoir cette conversation, ça fait un petit moment qu’on discute ensemble. En particulier, j’aimerais débuter par ce bouquin dont tu parles, auquel tu fais référence de manière assez régulière autour du fait de parvenir, sachant que toi, tu avais une carrière plutôt toute faite, on va dire dans la banque et que tu as complètement décidé de changer de carrière. Est-ce que tu peux me parler de qu’est-ce que c’est que pour toi aujourd’hui de parvenir ? Qu’est-ce que c’était avant et ce que c’est aujourd’hui.

THOMAS : Le principe, ça a été mis en lumière par Corinne Morel Darleux dans un livre qui s’appelle, j’ai toujours du mal à me rappeler du titre alors qu’il est magnifique ce livre, c’est : plutôt coulé en beauté que flotter sans grâce. Donc c’est un livre très court, 90 pages environ. Mais c’est vraiment de la poésie, même si c’est sur l’effondrement, c’est de la poésie et le principe de refus de parvenir, c’est de pouvoir réussir sans écraser les autres. Donc je fais un parallèle tout de suite avec ma propre petite carrière ou j’ai passé plus de dix ans en finance. Mais aujourd’hui, je ne vais pas te faire un dessin, les marchés financiers ne sont évidemment pas soutenables. Il y a plein de choses qui ne vont pas et ça ne m’allait pas d’un point de vue, en tout cas personnel et éthique. Donc la pression, c’était un peu une épée de Damoclès ces dernières années, j’arrivais à rester. J’ai commencé à écrire en parallèle, on va en parler, mais petit à petit, ça devenait trop. Donc j’ai fini par quitter pour avoir un métier qui s’alignait plus sur mes valeurs.

GRÉGORY : Donc tu as fait ce qu’on appelle, j’ai appris le mot ce week-end, donc tu fais une sorte de Brown-out. Le Brown-out, c’est quand les valeurs ne correspondent plus avec le travail.

THOMAS : Quand j’apprends ce genre de mots, je mémorise et pendant six mois, je ne parle que de ça.

GRÉGORY : Donc aujourd’hui, tu as lancé un blog qui s’appelle “Bon pote”, sur lequel tu parles d’écologie principalement, très majoritairement. Pourquoi ce sujet-là en particulier par rapport à d’autres sujets qui peuvent sembler aussi importants ?

THOMAS : La première des raisons, c’est parce qu’on n’en parle pas assez. J’ai publié ce matin même le résultat d’une étude, 1% des médias, c’est le temps d’antenne qui est consacré aux sujets écologiques, alors que les questions écologiques sont les enjeux des prochaines décennies et on en parle 1%. Typiquement, je sais que tu habites en France, mais j’imagine que tu te tiens au courant de ce qui se passe, les médias aujourd’hui parlent en gros des conneries de Zemmour, d’immigration, là tu as déjà pris 60 %, après Jean Michou qui nous parle de son chat et de temps en temps on parle du changement climatique, etc.

GRÉGORY : Est ce qu’il n’y a pas un problème avec le changement climatique dans le sens ou on parle principalement de l’augmentation de la température et pas vraiment de la biomasse, par exemple de la biodiversité. J’ai la sensation, mais peut-être que je me trompe, c’est à toi de me dire que le sujet de l’écologie, il est de plus en plus concentré sur l’énergie et sur l’empreinte carbone, et pas tant sur le reste. Et moi, par exemple, quand j’entends des personnes nous expliquer qu’on est en train de travailler sur des technologies, par exemple l’énergie de fusion si je ne me trompe pas, qui vont permettre de générer de l’énergie sans gaz à effet de serre et que ça sera génial. Je me dis, mais en fait, c’est la pire nouvelle pour l’humanité. Parce que si on commence à créer une énergie qui ne génère aucun gaz à effet de serre, du coup ça va nous permettre de continuer sur la route sur laquelle on est et donc de continuer à éteindre l’intégralité des autres espèces.

THOMAS : Je te rejoins entièrement. Quand on en parle majoritairement du carbone, c’est ce qu’on appelle carbone tunnel vision. Donc en gros, on ne parle que ça et on oublie tous les autres pans, dont la biodiversité évidemment, qui est hyper importante. Il y a eu la cinquième limite planétaire qui a été franchie il y a deux semaines. Absolument personne n’en a parlé, évidemment. Mais oui, oui, tu as vraiment entièrement raison et on n’en parle pas du tout assez.

GRÉGORY : C’est quoi les arguments, entre guillemets, que tu utilises pour essayer de convaincre des personnes qui ne sont pas convaincues ? Parce que le problème qu’on a avec ces sujets-là, c’est que souvent on parle à des gens qui sont déjà convaincus. Du coup, c’est super et on les renforce dans leur vision du monde. Mais par contre, la problématique, c’est toutes les personnes qui ont du mal à accepter la problématique. Et après on ira sur les gens qui ont compris, mais qui ne veulent pas changer. Mais ça, c’est un autre point.

THOMAS : Il y a plusieurs choses. Je pense qu’il y a un gros, gros déficit d’informations. J’ai parfois très envie de m’arrêter dans la rue, même sur les Champs Élysées, de me dire ok, je prends 100 personnes et je fais des tests moi-même. Je pense que tout le monde aujourd’hui en France va te dire “oui il y a un problème avec l’environnement”, c’est une très grande majorité. En revanche, si tu leur demandes quelques ordres de grandeur, ok, à quel point c’est grave et à quel point tu dois changer. Il y a 90/95% des gens qui ne pourront pas répondre. J’ai fait un test récemment avec mes amis parce que j’aime bien me faire offrir des restos quand je vais au resto et je fais des paris avec eux. Et le grand jeu en ce moment, c’est de dire OK, on prend dix personnes dans le resto et on leur demande, est-ce que vous savez ce qu’est le GIEC ? Est-ce que vous savez ce qu’est une empreinte carbone ? Et ensuite quelle est l’empreinte carbone moyenne et quel est l’objectif à atteindre ? Et en gros, le pari, c’est qu’il y ait deux personnes qui répondent sur dix. Au début, c’était la moitié, mais comme il perdait à chaque fois, il en avait marre. Eh bien, je n’ai pas encore payé un seul resto pour l’instant.

GRÉGORY : Alors peut-être que tu peux nous répondre à ces trois questions. C’est quoi le GIEC ?

THOMAS : Le GIEC, c’est un organisme international qui fait une synthèse en trois groupes de travail, qui fait une synthèse sur le climat. La première, c’est sur un pan physique, la deuxième, c’est sur l’adaptation, donc comment on va faire pour s’adapter aux changements climatiques et le troisième, c’est l’atténuation, donc comment on fait pour baisser les émissions. Donc ils font une grosse synthèse, le dernier typiquement, c’est plus de 4000 pages, là, c’est sorti en août que moi. J’essaye de mon côté ensuite de résumer dans mes petits articles entre cinq et dix minutes de lecture pour que ce soit accessible.

GRÉGORY : Mais il y a un résumé si je ne me trompe pas.

THOMAS : Il y a un résumé, il y a effectivement un résumé. Donc c’est là où ça devient drôle, c’est que c’est un résumé pour les décideurs, donc il est validé par tous les gouvernements. Mais tu te doutes bien que dedans, c’est un peu difficile pour eux de dire bon, c’est la faute du pétrole, du charbon et du gaz. Donc en général, oui, ils sont assez bons pour retirer ces mots-là de ces résumés.

GRÉGORY : Mais néanmoins, ce qui est intéressant avec le GIEC, pour les personnes qui ne le connaissent pas du tout, c’est un groupement qui a été créé par les États en fait. C’est-à-dire que ce n’est pas une entreprise privée, ce sont des experts et des scientifiques qui se regroupent de tous les pays et qui se regroupent pour faire un rapport. Est-ce que tu veux nous expliquer ça aussi ? Comment s’est constitué le GIEC ?

THOMAS : De mémoire, c’est Reagan et Thatcher qui ont lancé ça. Ce n’est pourtant pas les plus les plus écolos de la bande, c’est clair, mais c’est eux qui ont lancé ça. Et de mémoire, le premier rapport a été décidé en 1988, il est sorti en 1990. Là, on en est au sixième rapport. Donc effectivement, petit à petit, il y a de plus en plus de précisions. On sait grâce au dernier qu’on est 100% responsable du réchauffement climatique. C’est plus, on est 50/60/70%, on est 100 % responsable. Donc ça, c’est super important. Évidemment, ça gomme tous les arguments des climato sceptiques, jusqu’à aujourd’hui, on pense qu’ils ont disparu. Mais il y a encore quelques dinosaures, notamment dans les médias, types cnews etc, qui sont invités et ça permet au moins de leur répondre. Mais bon, même si c’est aujourd’hui vraiment très minoritaire en France, en tout cas aux États-Unis. Bon il y a des pros Trump etc aux États-Unis, il y a 40% de climatosceptiques par exemple dans les sondages, donc c’est quasiment une personne sur deux aux États-Unis.

GRÉGORY : Donc on est meilleur en France ?

THOMAS : On est moins nuls en France, mais je dirais que c’est aussi un gros déficit d’information. Si tu demandes aux scientifiques aujourd’hui il y a 99,9 % des scientifiques sur le climat qui pensent qu’il y a un réchauffement climatique dû à l’homme. Si tu prends l’opinion publique en France, ça tombe à 75 % et aux États-Unis entre 40 à 50%.

GRÉGORY : Mais j’ai une question, qu’est-ce qu’une empreinte carbone ?

THOMAS : L’empreinte carbone, c’est en gros une division, c’est toutes les émissions de la France, donc importations et exportations comprises, que tu divises par le nombre de français, donc c’est une moyenne, je précise bien. Donc on est à dix en moyenne, dix tonnes de CO2 équivalent en moyenne et on doit passer à 2 tonnes. Et ça en général, c’est quand je n’ai pas le temps de discuter avec des gens en soirée ou quand je n’ai pas trop envie de casser l’ambiance, j’en parle rapidement. Les gens ne sont pas au courant de ça. En gros de 10 à 2, ce serait intéressant de faire l’exercice avec toi d’ailleurs, ça voudrait dire typiquement plus d’avions ou quasiment plus d’avions. Ça veut dire réduire sa viande drastiquement, ça veut dire quasiment plus de voitures, il faut prendre les transports en commun, etc. Et en fait, c’est des ordres de grandeur que les gens n’ont en général pas.

La suite a écouter sur VLAN !

Description de l’épisode

Thomas Wagner est le fondateur du blog Bon Pote sur lequel il analyse de manière poussée le changement climatique et de manière générale la crise du vivant.
Après une carrière en banque qu’il a quitté très tôt, il a décidé de vraiment tout analyser pour comprendre mais surtout expliquer les changements devant nous – chose particulièrement indispensable tant les résistances sont importantes.
Quand je parle de resistances je pense évidemment aux individus mais surtout aux organisations qui parfois utilisent leur puissance financière à travers le lobbying ou le green washing pour rendre ces changements encore plus opaques qu’ils ne le sont.
D’ailleurs alors que l’Antarctique connait températures 30° au dessus des normales de saison, les personnes qui se présentent aux elections ne parlent pas ou peu de leur programme pour sérieusement faire face à ce défi auquel pourtant la guerre en Ukraine nous invite a réduire notre consommation d’énergie.
La réalité est “simple” dans son constat: 6eme extinction de masse, nécessité de réduire de manière massive la consommation d’énergie (oui oui toutes), nécessité de changer de manière radicale notre manière de nous nourrir, de partager les richesses, etc….
Ce qui est plus compliqué, c’est d’arrêter une voiture lancée à toute vitesse et sans pilote. Cette voiture nous sommes tous dedans et par notre manière de vivre au quotidien, nous participons tous plus ou moins à accélérer le véhicule.
Avec Thomas nous parlons de très nombreux sujets sans filtre!

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : Je voudrais parler avec toi, je suis ravi d’avoir cette conversation, ça fait un petit moment qu’on discute ensemble. En particulier, j’aimerais débuter par ce bouquin dont tu parles, auquel tu fais référence de manière assez régulière autour du fait de parvenir, sachant que toi, tu avais une carrière plutôt toute faite, on va dire dans la banque et que tu as complètement décidé de changer de carrière. Est-ce que tu peux me parler de qu’est-ce que c’est que pour toi aujourd’hui de parvenir ? Qu’est-ce que c’était avant et ce que c’est aujourd’hui.

THOMAS : Le principe, ça a été mis en lumière par Corinne Morel Darleux dans un livre qui s’appelle, j’ai toujours du mal à me rappeler du titre alors qu’il est magnifique ce livre, c’est : plutôt coulé en beauté que flotter sans grâce. Donc c’est un livre très court, 90 pages environ. Mais c’est vraiment de la poésie, même si c’est sur l’effondrement, c’est de la poésie et le principe de refus de parvenir, c’est de pouvoir réussir sans écraser les autres. Donc je fais un parallèle tout de suite avec ma propre petite carrière ou j’ai passé plus de dix ans en finance. Mais aujourd’hui, je ne vais pas te faire un dessin, les marchés financiers ne sont évidemment pas soutenables. Il y a plein de choses qui ne vont pas et ça ne m’allait pas d’un point de vue, en tout cas personnel et éthique. Donc la pression, c’était un peu une épée de Damoclès ces dernières années, j’arrivais à rester. J’ai commencé à écrire en parallèle, on va en parler, mais petit à petit, ça devenait trop. Donc j’ai fini par quitter pour avoir un métier qui s’alignait plus sur mes valeurs.

GRÉGORY : Donc tu as fait ce qu’on appelle, j’ai appris le mot ce week-end, donc tu fais une sorte de Brown-out. Le Brown-out, c’est quand les valeurs ne correspondent plus avec le travail.

THOMAS : Quand j’apprends ce genre de mots, je mémorise et pendant six mois, je ne parle que de ça.

GRÉGORY : Donc aujourd’hui, tu as lancé un blog qui s’appelle “Bon pote”, sur lequel tu parles d’écologie principalement, très majoritairement. Pourquoi ce sujet-là en particulier par rapport à d’autres sujets qui peuvent sembler aussi importants ?

THOMAS : La première des raisons, c’est parce qu’on n’en parle pas assez. J’ai publié ce matin même le résultat d’une étude, 1% des médias, c’est le temps d’antenne qui est consacré aux sujets écologiques, alors que les questions écologiques sont les enjeux des prochaines décennies et on en parle 1%. Typiquement, je sais que tu habites en France, mais j’imagine que tu te tiens au courant de ce qui se passe, les médias aujourd’hui parlent en gros des conneries de Zemmour, d’immigration, là tu as déjà pris 60 %, après Jean Michou qui nous parle de son chat et de temps en temps on parle du changement climatique, etc.

GRÉGORY : Est ce qu’il n’y a pas un problème avec le changement climatique dans le sens ou on parle principalement de l’augmentation de la température et pas vraiment de la biomasse, par exemple de la biodiversité. J’ai la sensation, mais peut-être que je me trompe, c’est à toi de me dire que le sujet de l’écologie, il est de plus en plus concentré sur l’énergie et sur l’empreinte carbone, et pas tant sur le reste. Et moi, par exemple, quand j’entends des personnes nous expliquer qu’on est en train de travailler sur des technologies, par exemple l’énergie de fusion si je ne me trompe pas, qui vont permettre de générer de l’énergie sans gaz à effet de serre et que ça sera génial. Je me dis, mais en fait, c’est la pire nouvelle pour l’humanité. Parce que si on commence à créer une énergie qui ne génère aucun gaz à effet de serre, du coup ça va nous permettre de continuer sur la route sur laquelle on est et donc de continuer à éteindre l’intégralité des autres espèces.

THOMAS : Je te rejoins entièrement. Quand on en parle majoritairement du carbone, c’est ce qu’on appelle carbone tunnel vision. Donc en gros, on ne parle que ça et on oublie tous les autres pans, dont la biodiversité évidemment, qui est hyper importante. Il y a eu la cinquième limite planétaire qui a été franchie il y a deux semaines. Absolument personne n’en a parlé, évidemment. Mais oui, oui, tu as vraiment entièrement raison et on n’en parle pas du tout assez.

GRÉGORY : C’est quoi les arguments, entre guillemets, que tu utilises pour essayer de convaincre des personnes qui ne sont pas convaincues ? Parce que le problème qu’on a avec ces sujets-là, c’est que souvent on parle à des gens qui sont déjà convaincus. Du coup, c’est super et on les renforce dans leur vision du monde. Mais par contre, la problématique, c’est toutes les personnes qui ont du mal à accepter la problématique. Et après on ira sur les gens qui ont compris, mais qui ne veulent pas changer. Mais ça, c’est un autre point.

THOMAS : Il y a plusieurs choses. Je pense qu’il y a un gros, gros déficit d’informations. J’ai parfois très envie de m’arrêter dans la rue, même sur les Champs Élysées, de me dire ok, je prends 100 personnes et je fais des tests moi-même. Je pense que tout le monde aujourd’hui en France va te dire “oui il y a un problème avec l’environnement”, c’est une très grande majorité. En revanche, si tu leur demandes quelques ordres de grandeur, ok, à quel point c’est grave et à quel point tu dois changer. Il y a 90/95% des gens qui ne pourront pas répondre. J’ai fait un test récemment avec mes amis parce que j’aime bien me faire offrir des restos quand je vais au resto et je fais des paris avec eux. Et le grand jeu en ce moment, c’est de dire OK, on prend dix personnes dans le resto et on leur demande, est-ce que vous savez ce qu’est le GIEC ? Est-ce que vous savez ce qu’est une empreinte carbone ? Et ensuite quelle est l’empreinte carbone moyenne et quel est l’objectif à atteindre ? Et en gros, le pari, c’est qu’il y ait deux personnes qui répondent sur dix. Au début, c’était la moitié, mais comme il perdait à chaque fois, il en avait marre. Eh bien, je n’ai pas encore payé un seul resto pour l’instant.

GRÉGORY : Alors peut-être que tu peux nous répondre à ces trois questions. C’est quoi le GIEC ?

THOMAS : Le GIEC, c’est un organisme international qui fait une synthèse en trois groupes de travail, qui fait une synthèse sur le climat. La première, c’est sur un pan physique, la deuxième, c’est sur l’adaptation, donc comment on va faire pour s’adapter aux changements climatiques et le troisième, c’est l’atténuation, donc comment on fait pour baisser les émissions. Donc ils font une grosse synthèse, le dernier typiquement, c’est plus de 4000 pages, là, c’est sorti en août que moi. J’essaye de mon côté ensuite de résumer dans mes petits articles entre cinq et dix minutes de lecture pour que ce soit accessible.

GRÉGORY : Mais il y a un résumé si je ne me trompe pas.

THOMAS : Il y a un résumé, il y a effectivement un résumé. Donc c’est là où ça devient drôle, c’est que c’est un résumé pour les décideurs, donc il est validé par tous les gouvernements. Mais tu te doutes bien que dedans, c’est un peu difficile pour eux de dire bon, c’est la faute du pétrole, du charbon et du gaz. Donc en général, oui, ils sont assez bons pour retirer ces mots-là de ces résumés.

GRÉGORY : Mais néanmoins, ce qui est intéressant avec le GIEC, pour les personnes qui ne le connaissent pas du tout, c’est un groupement qui a été créé par les États en fait. C’est-à-dire que ce n’est pas une entreprise privée, ce sont des experts et des scientifiques qui se regroupent de tous les pays et qui se regroupent pour faire un rapport. Est-ce que tu veux nous expliquer ça aussi ? Comment s’est constitué le GIEC ?

THOMAS : De mémoire, c’est Reagan et Thatcher qui ont lancé ça. Ce n’est pourtant pas les plus les plus écolos de la bande, c’est clair, mais c’est eux qui ont lancé ça. Et de mémoire, le premier rapport a été décidé en 1988, il est sorti en 1990. Là, on en est au sixième rapport. Donc effectivement, petit à petit, il y a de plus en plus de précisions. On sait grâce au dernier qu’on est 100% responsable du réchauffement climatique. C’est plus, on est 50/60/70%, on est 100 % responsable. Donc ça, c’est super important. Évidemment, ça gomme tous les arguments des climato sceptiques, jusqu’à aujourd’hui, on pense qu’ils ont disparu. Mais il y a encore quelques dinosaures, notamment dans les médias, types cnews etc, qui sont invités et ça permet au moins de leur répondre. Mais bon, même si c’est aujourd’hui vraiment très minoritaire en France, en tout cas aux États-Unis. Bon il y a des pros Trump etc aux États-Unis, il y a 40% de climatosceptiques par exemple dans les sondages, donc c’est quasiment une personne sur deux aux États-Unis.

GRÉGORY : Donc on est meilleur en France ?

THOMAS : On est moins nuls en France, mais je dirais que c’est aussi un gros déficit d’information. Si tu demandes aux scientifiques aujourd’hui il y a 99,9 % des scientifiques sur le climat qui pensent qu’il y a un réchauffement climatique dû à l’homme. Si tu prends l’opinion publique en France, ça tombe à 75 % et aux États-Unis entre 40 à 50%.

GRÉGORY : Mais j’ai une question, qu’est-ce qu’une empreinte carbone ?

THOMAS : L’empreinte carbone, c’est en gros une division, c’est toutes les émissions de la France, donc importations et exportations comprises, que tu divises par le nombre de français, donc c’est une moyenne, je précise bien. Donc on est à dix en moyenne, dix tonnes de CO2 équivalent en moyenne et on doit passer à 2 tonnes. Et ça en général, c’est quand je n’ai pas le temps de discuter avec des gens en soirée ou quand je n’ai pas trop envie de casser l’ambiance, j’en parle rapidement. Les gens ne sont pas au courant de ça. En gros de 10 à 2, ce serait intéressant de faire l’exercice avec toi d’ailleurs, ça voudrait dire typiquement plus d’avions ou quasiment plus d’avions. Ça veut dire réduire sa viande drastiquement, ça veut dire quasiment plus de voitures, il faut prendre les transports en commun, etc. Et en fait, c’est des ordres de grandeur que les gens n’ont en général pas.

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