#189 Les psychédéliques pour améliorer votre santé mentale? Avec Françoise Bourzat

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GRÉGORY : Je voudrais commencer par ton histoire personnelle étant jeune, tu as eu une expérience assez traumatisante en Thaïlande, est-ce que tu peux nous expliquer cette expérience ? Et j’aimerais bien comprendre quel rôle ça a eu pour toi dans ta vie.

FRANÇOISE : Alors cette expérience, c’était que je voyageais seule en Thaïlande, j’avais 23 ans et j’étais parti visiter en 1979. Il n’y a pas beaucoup de pèlerins sur la route encore à cette époque-là, mais bon. Je visitais un site où il y avait des anciens temples, et puis j’ai rencontré cet homme d’Inde qui était un ingénieur civil qui finissait un contrat en Thaïlande et avec lequel j’ai sympathisé pour la journée et nous avons échangé nos Guides de Routard. Et puis on a décidé de visiter un lieu de temple, qui était un peu isolée, un peu séparée de la localité centrale de ces temples. Et puis, en fait, une fois qu’on était sur ce petit chemin, on s’est fait attaquer par deux bandits de brigands qui nous ont tiré un pistolet et puis il est mort, il est mort devant moi. Il c’est fais tuer dans la tête, et moi, j’ai reçu une balle dans la jambe et je me suis écroulé et j’ai été récupéré par un petit fermier, puis emmené à l’hôpital, emmené à la station de police, etc. Cet homme a été amené sur ma table d’opération à côté de moi où j’étais, il est mort là et j’étais très traumatisé, évidemment. Et en même temps, cet épisode de ma vie m’a vraiment fait voir la fragilité de la vie et le côté extrêmement précieux de la vie que j’avais. Et qu’est-ce que j’allais faire de ma vie alors que j’étais un peu incertaine, j’avais démarré des études, j’avais laissé mes études, j’avais voyagé en Amérique du Sud, pendant en neuf mois en faisant du stop avec mon mec. J’avais 19, 20 ans, c’était bien. J’avais  fait des trucs sympa dans ma vie. J’étais assez aventurier, mais en même temps, je n’étais pas très sûr de mon choix professionnel, d’études, etc. En fait, c’est cet épisode-là qui m’a vraiment mis sur des rails de faire le choix de vraiment ce que je voulais faire dans ma vie, sans être limité par ce que je devrais faire ou ce que la société me demandait de faire. J’étais assez déprimé, en fait, je n’étais pas très sûr de moi-même, sûr de mes décisions, un peu paumé, quoi. Et donc, j’ai décidé de vraiment prendre ma vie en main et en fait, d’économiser des sous et de déménager aux États-Unis pour pouvoir étudier, aller faire des études de massage. Je voulais faire du massage de bien-être, mais à l’époque, en France, il y avait juste être kiné. Ce qui ne m’intéressait pas vraiment. Et donc, je ne voulais pas trop faire des études médicales, c’était plutôt du massage de bien-être que je voulais faire, que j’avais eu l’occasion de recevoir pour différente relaxation, etc. Et donc, je suis venue en Californie étudier ça. Et en fait, je ne suis jamais repartie. C’était en 1981 et je ne suis jamais repartie, vraiment j’ai aimé ma liberté, la possibilité de recréer quelque chose ici, donc en Californie. Peu de temps après, deux ans et demi environ après mon arrivée ici, j’ai rencontré des personnes qui qui étaient complètement engagées dans un travail personnel, de développement personnel, de thérapie, en fait, qui étaient associés avec la prise de substances psychédéliques, qui a accéléré et approfondissait la connaissance personnelle, la guérison personnelle et l’ouverture d’un espace spirituel personnel. Ça m’a beaucoup, beaucoup attiré. J’ai commencé à faire ce travail moi-même. Et puis, j’ai décidé de vraiment m’embarquer là-dedans en reprenant des études de psycho pour avoir une maîtrise en psycho pour pouvoir faire différentes expériences, différentes études qui me m’orientait plus précisément sur ce champ d’action. Et depuis, j’ai continué à approfondir tout ça.

GRÉGORY : Ce qui est intéressant, c’est qu’en France, il n’y a aucune étude sur les psychédéliques comparés à ce qui se passe en Angleterre, au Canada ou aux États-Unis et dans la tête des gens, pour beaucoup en tout cas, il y a une diabolisation, une incompréhension de la différence qu’il peut y avoir entre l’héroïne, la cocaïne, les champignons hallucinogènes, du LSD, etc. Comment on explique une telle différence culturelle entre des zones ? Puisque c’est quand même incroyable, tu es française, tu es une référence mondiale sur le domaine, et pourtant, en France, je pense que ton nom et il n’est pas hyper connu, à part pour ceux qui s’intéressent vraiment au sujet, et comment ça se fait que ça ne traverse pas les frontières, c’est étonnant, tout traversent les frontières, et ce sujet-là, ça reste bloqué, en fait.

FRANÇOISE : Moi, je pense que les Français ou la culture française est assez sceptique et est assez comme dire, apeurés par rapport aux choses qui pourraient avoir à faire avec des sectes avec des pratiques un peu ésotériques, un peu bizarre. Il y a un jugement rapide et formel sur tout ce qui est un peu en dehors des habitudes, on va dire. Ce qui est un peu nouveau est un peu pas pris au sérieux. Ce n’est pas nouveau, c’est en fait ce qui est le plus ancien d’ailleurs, on pourrait dire ce qui est plus ancien au niveau médical. Mais disons qu’il y a une certaine opinion qui est malheureusement rigide. Et aussi, il y a une certaine prise en main de tout le domaine psychologique par un monde psychanalytique qui a été quand même très fort en Europe et qui a démarré en Europe et qui est resté vraiment en Europe, et donc, il y a une certaine stagnance sur ce système psychologique qui est resté très, très psychanalytique jusqu’à ce jour, alors que des méthodes psychothérapeutiques et psychologiques diverses qui s’inspirent de la psychanalyse, mais qui ont évolué et qui se sont élargies sur des mondes plus psychosomatiques, plus psychospirituels, ne sont pas vraiment intégrées en France d’une manière mainstream quoi. C’est dommage et les choses sont toujours un peu en retard en France, 15, 20 ans après quoi. Je me rappelle quand je venais en France au début des années 90, avec mon enseignant de psychosomatique dont la psychologie est basée sur l’observation de nos émotions au niveau corporel, comment on organise nos émotions physiquement. On parlait de ça dans une conférence en France et les gens me regardaient comme si on venait de mars, alors que c’était déjà aux États-Unis, normal, depuis 30 ans, quoi. Normal depuis depuis les années 60/70. C’était en 1993 et en France, on me regardait comme si je parlais d’un truc très chelou. La France n’est pas très créative et pas très enthousiaste des choses nouvelles, malgré qu’il y ait toute une couche de population qui s’enthousiasment, évidemment comme tu dis.

Description de l’épisode

Françoise Bourzat, psychologue et thérapeute, est sans doute l’une des expertes les plus respectée dans le monde occidental quand il s’agit de parler des substances psychédéliques et de la santé mentale.
De manière assez étonnante, elle est totalement inconnue en France et pourtant aux U.S.A (où elle vit depuis 40 ans) et ailleurs, elle est invitée dans les plus grands médias ou conférences pour parler de ses connaissances.
Je l’ai moi même découverte sur le célèbre podcast de l’américain Tim Ferris, auteur de la semaine de 4h.
La France fait figure d’exception dès qu’il s’agit de psychédéliques, nous les associons systématiquement à de la drogue quand de très sérieuses université comme NYU ou l’Imperial College de Londres font des études poussées sur leurs usages thérapeutiques. Mais quel usage? Et comment les consommer?

Cet épisode n’est certainement pas un appel à la consommation de ces produits (en particulier de manière festive) mais force est de constater que les psychédéliques naturels (psiloscybine, ayahuesca, mescaline majoritairement) ont toujours fait parti du développement de l’histoire humaine. Ils ont été nos premiers médicaments il y a des milliers d’années et sont toujours utilisés ainsi par des peuples racines. On prête même aux champignons l’apparition du langage .
Avec Françoise nous discutons de la diabolisation de ces substances en France, de leur usage pour la santé mentale, en particulier pour les dépressions, pour l’assistance dans la mort, pour les addictions à des produits comme la cigarette par exemple (oui les psychédéliques peuvent aider à nous délivrer de nos addictions), pour le deuil d’un être cher. Françoise a créé des séminaires particulier pour accompagner la perte d’un enfant (sans doute l’expérience la plus difficile à vivre) à travers les champignons.
Mais nous discutons aussi longuement des cérémonies, de l’avant, du pendant et de l’après car évidemment ces substances ne peuvent et ne doivent pas être prise sans un cadre strict et sacré, au risque d’avoir des problèmes comme cela peut être le cas avec d’autres substances totalement intégrés dans notre société comme le cacao, le café, l’alcool ou la cigarette.
Nous nous posons également une question centrale: peut on transposer des cérémonies de peuples premiers avec une réalité différente de la notre dans notre société? Es-ce de l’appropriation culturelle? N’est-ce pas dangereux?

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : Je voudrais commencer par ton histoire personnelle étant jeune, tu as eu une expérience assez traumatisante en Thaïlande, est-ce que tu peux nous expliquer cette expérience ? Et j’aimerais bien comprendre quel rôle ça a eu pour toi dans ta vie.

FRANÇOISE : Alors cette expérience, c’était que je voyageais seule en Thaïlande, j’avais 23 ans et j’étais parti visiter en 1979. Il n’y a pas beaucoup de pèlerins sur la route encore à cette époque-là, mais bon. Je visitais un site où il y avait des anciens temples, et puis j’ai rencontré cet homme d’Inde qui était un ingénieur civil qui finissait un contrat en Thaïlande et avec lequel j’ai sympathisé pour la journée et nous avons échangé nos Guides de Routard. Et puis on a décidé de visiter un lieu de temple, qui était un peu isolée, un peu séparée de la localité centrale de ces temples. Et puis, en fait, une fois qu’on était sur ce petit chemin, on s’est fait attaquer par deux bandits de brigands qui nous ont tiré un pistolet et puis il est mort, il est mort devant moi. Il c’est fais tuer dans la tête, et moi, j’ai reçu une balle dans la jambe et je me suis écroulé et j’ai été récupéré par un petit fermier, puis emmené à l’hôpital, emmené à la station de police, etc. Cet homme a été amené sur ma table d’opération à côté de moi où j’étais, il est mort là et j’étais très traumatisé, évidemment. Et en même temps, cet épisode de ma vie m’a vraiment fait voir la fragilité de la vie et le côté extrêmement précieux de la vie que j’avais. Et qu’est-ce que j’allais faire de ma vie alors que j’étais un peu incertaine, j’avais démarré des études, j’avais laissé mes études, j’avais voyagé en Amérique du Sud, pendant en neuf mois en faisant du stop avec mon mec. J’avais 19, 20 ans, c’était bien. J’avais  fait des trucs sympa dans ma vie. J’étais assez aventurier, mais en même temps, je n’étais pas très sûr de mon choix professionnel, d’études, etc. En fait, c’est cet épisode-là qui m’a vraiment mis sur des rails de faire le choix de vraiment ce que je voulais faire dans ma vie, sans être limité par ce que je devrais faire ou ce que la société me demandait de faire. J’étais assez déprimé, en fait, je n’étais pas très sûr de moi-même, sûr de mes décisions, un peu paumé, quoi. Et donc, j’ai décidé de vraiment prendre ma vie en main et en fait, d’économiser des sous et de déménager aux États-Unis pour pouvoir étudier, aller faire des études de massage. Je voulais faire du massage de bien-être, mais à l’époque, en France, il y avait juste être kiné. Ce qui ne m’intéressait pas vraiment. Et donc, je ne voulais pas trop faire des études médicales, c’était plutôt du massage de bien-être que je voulais faire, que j’avais eu l’occasion de recevoir pour différente relaxation, etc. Et donc, je suis venue en Californie étudier ça. Et en fait, je ne suis jamais repartie. C’était en 1981 et je ne suis jamais repartie, vraiment j’ai aimé ma liberté, la possibilité de recréer quelque chose ici, donc en Californie. Peu de temps après, deux ans et demi environ après mon arrivée ici, j’ai rencontré des personnes qui qui étaient complètement engagées dans un travail personnel, de développement personnel, de thérapie, en fait, qui étaient associés avec la prise de substances psychédéliques, qui a accéléré et approfondissait la connaissance personnelle, la guérison personnelle et l’ouverture d’un espace spirituel personnel. Ça m’a beaucoup, beaucoup attiré. J’ai commencé à faire ce travail moi-même. Et puis, j’ai décidé de vraiment m’embarquer là-dedans en reprenant des études de psycho pour avoir une maîtrise en psycho pour pouvoir faire différentes expériences, différentes études qui me m’orientait plus précisément sur ce champ d’action. Et depuis, j’ai continué à approfondir tout ça.

GRÉGORY : Ce qui est intéressant, c’est qu’en France, il n’y a aucune étude sur les psychédéliques comparés à ce qui se passe en Angleterre, au Canada ou aux États-Unis et dans la tête des gens, pour beaucoup en tout cas, il y a une diabolisation, une incompréhension de la différence qu’il peut y avoir entre l’héroïne, la cocaïne, les champignons hallucinogènes, du LSD, etc. Comment on explique une telle différence culturelle entre des zones ? Puisque c’est quand même incroyable, tu es française, tu es une référence mondiale sur le domaine, et pourtant, en France, je pense que ton nom et il n’est pas hyper connu, à part pour ceux qui s’intéressent vraiment au sujet, et comment ça se fait que ça ne traverse pas les frontières, c’est étonnant, tout traversent les frontières, et ce sujet-là, ça reste bloqué, en fait.

FRANÇOISE : Moi, je pense que les Français ou la culture française est assez sceptique et est assez comme dire, apeurés par rapport aux choses qui pourraient avoir à faire avec des sectes avec des pratiques un peu ésotériques, un peu bizarre. Il y a un jugement rapide et formel sur tout ce qui est un peu en dehors des habitudes, on va dire. Ce qui est un peu nouveau est un peu pas pris au sérieux. Ce n’est pas nouveau, c’est en fait ce qui est le plus ancien d’ailleurs, on pourrait dire ce qui est plus ancien au niveau médical. Mais disons qu’il y a une certaine opinion qui est malheureusement rigide. Et aussi, il y a une certaine prise en main de tout le domaine psychologique par un monde psychanalytique qui a été quand même très fort en Europe et qui a démarré en Europe et qui est resté vraiment en Europe, et donc, il y a une certaine stagnance sur ce système psychologique qui est resté très, très psychanalytique jusqu’à ce jour, alors que des méthodes psychothérapeutiques et psychologiques diverses qui s’inspirent de la psychanalyse, mais qui ont évolué et qui se sont élargies sur des mondes plus psychosomatiques, plus psychospirituels, ne sont pas vraiment intégrées en France d’une manière mainstream quoi. C’est dommage et les choses sont toujours un peu en retard en France, 15, 20 ans après quoi. Je me rappelle quand je venais en France au début des années 90, avec mon enseignant de psychosomatique dont la psychologie est basée sur l’observation de nos émotions au niveau corporel, comment on organise nos émotions physiquement. On parlait de ça dans une conférence en France et les gens me regardaient comme si on venait de mars, alors que c’était déjà aux États-Unis, normal, depuis 30 ans, quoi. Normal depuis depuis les années 60/70. C’était en 1993 et en France, on me regardait comme si je parlais d’un truc très chelou. La France n’est pas très créative et pas très enthousiaste des choses nouvelles, malgré qu’il y ait toute une couche de population qui s’enthousiasment, évidemment comme tu dis.

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