#180 L’habitude la plus auto-destructice avec Rahaf Harfoush

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#180 L'habitude la plus auto-destructice avec Rahaf Harfoush
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GRÉGORY : Donc, tu travailles beaucoup sur cette question de productivité, mais aussi de créativité. Pour toi, pourquoi on est arrivé dans une société obsessionnelle sur la productivité ? On pourrait questionner l’obsession, mais moi, j’ai vraiment cette sensation qu’on est dans une société obsessionnelle sur la productivité.

RAHAF : Je pense que je suis d’accord avec cette question. En fait, la réponse est un tout petit peu compliqué. C’est un mélange des systèmes que nous avons à adapter, de notre passé, des périodes de temps où les gens faisaient différents types de travail qui pour la plupart, qui s’appellent les travailleurs du savoir, les gens qui travaillent dans un domaine où ils ont besoin de réfléchir, de résoudre des problèmes, de créer des nouvelles choses, des nouveaux produits ou services, de collaborer, etc. Donc, c’est un type de travail qui n’est pas comme les travaillent des anciens jours où une personne travaillait dans une usine et faisait la même tâche en répétition. Donc, malgré le fait que notre travail ait changé, nous avons gardé la théorie des systèmes de comment on pouvait mesurer la performance. Les systèmes qu’on utilise pour mesurer la performance qui ne se sont pas fait pour nous et ça nous oblige de toujours être en train de produire, mais de produire d’une manière qui a une définition assez précise. Cela veut dire on doit vous voir travailler, on doit voir le résultat de ce que vous faites tout le temps. Mais pour la plupart des domaines, il y a une grande partie qui n’est pas très facile à voir et c’est cette partie, de réfléchir, de penser, de juste rien faire pour nous donner le temps de faire tout ce travail mental. Ça, c’est la première partie de la réponse. On a des systèmes qui n’ont rien à voir avec la réalité du travail qu’on fait aujourd’hui. Et deuxièmement, c’est qu’en même temps qu’on a commencé à utiliser ces systèmes, on a aussi créé des attentes personnelles où on a commencé à lier notre sens de valeur de soi avec cette idée de toujours être en train de travailler, de toujours être productif. Donc ce n’était pas seulement une caractéristique du travail. La productivité est devenue une caractéristique personnelle de comment on se voit, de comment on a donné une définition de si une personne est une bonne personne ou pas, si une personne est productive, c’est quelque chose de positif et on parle de la productivité personnelle avec cette perspective de positivité. Donc tout d’un coup, on a des systèmes qui en fait ne marchent pas, qui nous donnent des burn out, qui nous rendent malades. En plus, on complique les choses, parce qu’on dit que si on ne participe pas dans ces systèmes, que notre sens, nos idées, notre identité, notre place dans la société, nos valeurs comme une personne, la valeur ajoutée à la société est aussi réduite. Donc c’est quelque chose qui est assez émotionnellement puissant, qui explique pourquoi, malgré le fait que tout le monde sache qu’on ne devrait pas travailler jusqu’à qu’on devienne malades, il y a des gens qui trouvent ça très dur et qui continuent à pousser jusqu’à qu’ils ne soient plus capables de travail du tout.

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Description de l’épisode

Rahaf Harfoush est une anthropologue du numérique canadienne mais par chance elle parle parfaitement français. Avec elle nous abordons la plus mauvaise habitude que beaucoup d’entres nous ont pris par pression sociale; l’optimisation de tout et l’hyper productivité de soi. Elle a eu l’occasion d’expérimenter le burn -out mais elle a voulu comprendre comment elle en était arrivée là. Cela a donné un livre: surbooké!

Cette optimisation de tout permanente élevée comme une forme de réussite, je la critique de tout mon coeur même si je suis pris dans la même vague que tout le monde bien sur.
C’est un travail de tous les jours de déconstruire cela à son niveau individuel car nous sommes dans cette croyance.
C’est d’autant plus nécessaire car comme elle l’explique, la logique de productivité qui était valable dans les usines ne fonctionnent pas pour les métiers du tertiaire et en réalité ont tendance à casser la créativité qui nous ait également demandé.
Haraf en qualité d’anthropologue nous donne des clefs pour comprendre comment nous en sommes arrivés là mais aussi et surtout nous donne les clefs pour nous en sortir.
Bonne écoute!

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : Donc, tu travailles beaucoup sur cette question de productivité, mais aussi de créativité. Pour toi, pourquoi on est arrivé dans une société obsessionnelle sur la productivité ? On pourrait questionner l’obsession, mais moi, j’ai vraiment cette sensation qu’on est dans une société obsessionnelle sur la productivité.

RAHAF : Je pense que je suis d’accord avec cette question. En fait, la réponse est un tout petit peu compliqué. C’est un mélange des systèmes que nous avons à adapter, de notre passé, des périodes de temps où les gens faisaient différents types de travail qui pour la plupart, qui s’appellent les travailleurs du savoir, les gens qui travaillent dans un domaine où ils ont besoin de réfléchir, de résoudre des problèmes, de créer des nouvelles choses, des nouveaux produits ou services, de collaborer, etc. Donc, c’est un type de travail qui n’est pas comme les travaillent des anciens jours où une personne travaillait dans une usine et faisait la même tâche en répétition. Donc, malgré le fait que notre travail ait changé, nous avons gardé la théorie des systèmes de comment on pouvait mesurer la performance. Les systèmes qu’on utilise pour mesurer la performance qui ne se sont pas fait pour nous et ça nous oblige de toujours être en train de produire, mais de produire d’une manière qui a une définition assez précise. Cela veut dire on doit vous voir travailler, on doit voir le résultat de ce que vous faites tout le temps. Mais pour la plupart des domaines, il y a une grande partie qui n’est pas très facile à voir et c’est cette partie, de réfléchir, de penser, de juste rien faire pour nous donner le temps de faire tout ce travail mental. Ça, c’est la première partie de la réponse. On a des systèmes qui n’ont rien à voir avec la réalité du travail qu’on fait aujourd’hui. Et deuxièmement, c’est qu’en même temps qu’on a commencé à utiliser ces systèmes, on a aussi créé des attentes personnelles où on a commencé à lier notre sens de valeur de soi avec cette idée de toujours être en train de travailler, de toujours être productif. Donc ce n’était pas seulement une caractéristique du travail. La productivité est devenue une caractéristique personnelle de comment on se voit, de comment on a donné une définition de si une personne est une bonne personne ou pas, si une personne est productive, c’est quelque chose de positif et on parle de la productivité personnelle avec cette perspective de positivité. Donc tout d’un coup, on a des systèmes qui en fait ne marchent pas, qui nous donnent des burn out, qui nous rendent malades. En plus, on complique les choses, parce qu’on dit que si on ne participe pas dans ces systèmes, que notre sens, nos idées, notre identité, notre place dans la société, nos valeurs comme une personne, la valeur ajoutée à la société est aussi réduite. Donc c’est quelque chose qui est assez émotionnellement puissant, qui explique pourquoi, malgré le fait que tout le monde sache qu’on ne devrait pas travailler jusqu’à qu’on devienne malades, il y a des gens qui trouvent ça très dur et qui continuent à pousser jusqu’à qu’ils ne soient plus capables de travail du tout.

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