#172 Peut on encore se réconcilier en France? avec Abd Al Malik

VLAN! Podcast
VLAN! Podcast
#172 Peut on encore se réconcilier en France? avec Abd Al Malik
Loading
/

GRÉGORY : Ça fait hyper plaisir de faire un second épisode avec toi. On va parler d’un sujet qui est la réconciliation, qui est un sujet politique, mais pas qu’eux en fait. Et ça me touche parce que évidemment, avec les élections présidentielles qui arrivent en France, c’est un sujet central. Tu parles beaucoup dans ce livre, mais par ailleurs de faire société, pour toi ça veut dire quoi de faire société ?

ABD : Si tu veux, on est dans une époque où j’ai le sentiment profond que la com, pour le coup, a tué toute forme de communication. C’est-à-dire qu’on est souvent dans des attitudes, des postures préétablies, etc, comme si on était dans des espèces de cases et qu’on ne pouvait pas bouger de ses cases, donc on dit des choses et si on n’est pas nécessairement en phase avec les choses qu’on dit, ce n’est pas grave puisqu’on reste dans sa case finalement. Et pour moi, faire société, faire peuple, c’est le fait de se dire OK, et si on mettait en cohérence toutes ces idées, ces paroles positives qu’on dit, mais on les met vraiment en action, on les met en mouvement, on les met en lien entre le dire et le faire. Cette action-là, ce mouvement-là, pour moi, c’est faire société, c’est faire peuple. Parce que pour le coup, on cherche l’harmonie dans l’harmonie réelle qu’on crée, donc comment on vit ensemble véritablement. Pour moi, c’est ça, c’est un processus d’une certaine manière, et c’est un processus qui est à la fois concret et symbolique. Concret dans ce que je viens de te dire, et symbolique dans le fait que faire société ou faire peuple, ce n’est pas dans une démarche nationaliste ou autocentré, c’est le symbole du lien qu’on doit avoir en tant qu’êtres humains, de l’harmonie qu’on doit trouver en tant que femme et homme de manière globale. J’ai presque envie de te dire de manière planétaire. Donc c’est ça, c’est tout ce processus que j’appelle faire société, faire peuple., et quelquefois je dis faire France aussi, enfin ça dépend.

GRÉGORY : Oui, complètement, c’est intéressant. C’est quand tu parles, moi ce que je vois en ce moment, je dis ça régulièrement, mais j’ai l’impression de voir deux matrices. Il y a une matrice qui est celle que tu décris, d’un peuple qui se réconcilie, on va y venir. Et puis de l’autre côté, je vois, des tensions extrêmement fortes. J’ai reçu un géopoliticien qui explique qu’on doit se réarmer, on va rentrer en guerre, en particulier à cause des ressources, et c’est vachement intéressant parce que je vois vraiment ces deux matrices qui bougent. En fait, c’est très étrange d’observer, quelque part, on a l’extrême droite qui est le parti préféré des jeunes en France et de l’autre côté il y a effectivement tout ce développement auquel tu fais référence  qui est beaucoup plus autour de l’amour, de la compassion, de l’entraide, du communautaire, etc. C’est quoi le regard que tu portes là-dessus ? C’est quoi le regard que tu portes sur la France ?

ABD : Mais tu sais, moi je pense que tout est lié. C’est-à-dire quand ton géopoliticien dit qu’il faut s’armer, etc, je pense qu’il a raison, il faut s’armer. Sauf qu’il se trompe d’arme de mon point de vue. C’est l’arme, pour le coup, l’arme de l’amour, les armes de l’empathie, du courage, du dialogue, etc, quand tu parles d’extrême droite et que c’est le parti préféré des jeunes en France, c’est tout simplement parce qu’on n’a pas proposé, ou plutôt on a proposé des choses, on a parlé de choses positives, mais ces choses positives se sont arrêtées au niveau des paroles et ça fait des années que ça dure. C’est-à-dire que ça fait des années qu’on dit, on doit vivre ensemble, etc, toutes ces paroles positives, etc et on se rend compte que souvent, ce sont des arguments électoralistes, c’est des arguments marketing, c’est ce que je te disais tout à l’heure lié à la com. En fait, ce sont juste des éléments de langage et d’une certaine manière la jeunesse d’aujourd’hui qui se sent véritablement concerné par son présent et son avenir dans le monde dans lequel cette jeunesse vit, et bien d’une certaine manière, elle en a assez, elle veut des choses concrètes. Or, les seuls qui proposent des choses concrètes, qui agissent concrètement finalement, ce sont ceux qui sont du côté, j’ai presque envie de te dire de l’obscurité et l’obscurité, c’est toujours un point de vue. C’est-à-dire que, à partir du moment où toi tu es dans une démarche positive, tu veux faire avancer les choses, tu dis “moi je suis du côté de la lumière, j’essaie”, sauf que ceux qui sont du côté de l’obscurité, en tout cas de mon point de vue, j’ai envie de te dire eh bien, ils disent “non, nous, on n’est pas du côté de l’obscurité. Nous, on fait avancer les choses, nous on donne des réponses concrètes, nous on bouge, etc”. Donc en fait, pourquoi je te dis tout ça ? C’est que le fond du problème, c’est une question de culture et c’est pour ça que pour moi la culture est au centre. C’est-à-dire que c’est bien beau d’être contre la violence, contre toutes ces choses négatives, mais si dans nos programmes télé, on continue à mettre en avant ce qui est négatif, on continue à mettre en avant la violence, on continue à mettre en avant ce qui nous sépare, etc, sous prétexte cathartique, sous prétexte de fiction etc, on fait la promotion d’une certaine culture, et bien ça ne changera pas, les choses ne pourront pas changer. Et moi je fais partie de ces gens qui pensent véritablement que pour changer les choses, c’est sur le plan culturel, c’est-à-dire qu’on doit non seulement parler de vivre ensemble, faire du lien, être positif, penser à la planète, etc, on doit non seulement le dire, mais on doit aussi le faire. Et ça, ça fait partie d’une culture. On doit aussi, dans nos productions artistiques, dans notre rapport aux autres, dans notre être au monde, etc, on doit être comme ça et c’est comme ça qu’on changera véritablement les choses. Donc la réalité, c’est qu’il y a un travail au niveau de la cohérence, il y a un travail au niveau de la culture. C’est pour ça que pour moi, je dis assez souvent, que je crois plus depuis longtemps maintenant, que je ne crois plus au politique ou en tout cas à la politique politicienne, parce que précisément eux sont dans cette démarche ou le dire n’est pas en phase avec le faire, où en tout cas ils vont te dire quelque chose dans une certaine période et même peut être agir d’une certaine manière et quand effectivement ils seront en place, quand effectivement ils seront au pouvoir, quand effectivement ils auront la possibilité de changer les choses, ils ne les changeront pas.

La suite a écouté sur VLAN !

Description de l’épisode

Abd Al Malik est un artiste engagé mais en écoutant l’épisode vous allez comprendre que c’est un pléonasme. Abd Al Malik a ecrit un ouvrage “réconciliation” et lancé Hiya, un média de la culture du 21ème siècle.
Dans un monde où nous avons la sensation d’être de plus en plus à distance de tout, que les gens s’enferment dans leur bulle, à l’ère des clashs, nous avons parfois la sensation que nos mondes deviennent irreconciliables.
Pourtant, c’est possible mais cela nécessite plus que des mots mais de l’action et par conséquent du courage.
Dans un monde gouverné par les chiffres (followers, votants…) Abd Al Malik nous explique parfaitement que ce n’est jamais la minorité qui fait bouger mais bien une minorité périphérique qui devient centrale.
Cette période de crise sanitaire va créer un précédent, d’abord parce qu’il s’agit d’un traumatisme pour tous, en particulier pour les Européens qui réalisent pour certains, la décadence d’un système qu’ils pensaient très largement supérieur aux autres mais aussi car cela fait ressortir la peur, sentiment le pire qui soit je crois.
Dès lors, nous devons résister et proposer une force positive de l’autre coté. C’est tout le propos de Abd Al Malik et pas seulement un propos, ce sont également des actes.

Vous aimerez aussi ces épisodes

Transcription partielle de l’épisode

VLAN! Podcast
VLAN! Podcast
#172 Peut on encore se réconcilier en France? avec Abd Al Malik
Loading
/

GRÉGORY : Ça fait hyper plaisir de faire un second épisode avec toi. On va parler d’un sujet qui est la réconciliation, qui est un sujet politique, mais pas qu’eux en fait. Et ça me touche parce que évidemment, avec les élections présidentielles qui arrivent en France, c’est un sujet central. Tu parles beaucoup dans ce livre, mais par ailleurs de faire société, pour toi ça veut dire quoi de faire société ?

ABD : Si tu veux, on est dans une époque où j’ai le sentiment profond que la com, pour le coup, a tué toute forme de communication. C’est-à-dire qu’on est souvent dans des attitudes, des postures préétablies, etc, comme si on était dans des espèces de cases et qu’on ne pouvait pas bouger de ses cases, donc on dit des choses et si on n’est pas nécessairement en phase avec les choses qu’on dit, ce n’est pas grave puisqu’on reste dans sa case finalement. Et pour moi, faire société, faire peuple, c’est le fait de se dire OK, et si on mettait en cohérence toutes ces idées, ces paroles positives qu’on dit, mais on les met vraiment en action, on les met en mouvement, on les met en lien entre le dire et le faire. Cette action-là, ce mouvement-là, pour moi, c’est faire société, c’est faire peuple. Parce que pour le coup, on cherche l’harmonie dans l’harmonie réelle qu’on crée, donc comment on vit ensemble véritablement. Pour moi, c’est ça, c’est un processus d’une certaine manière, et c’est un processus qui est à la fois concret et symbolique. Concret dans ce que je viens de te dire, et symbolique dans le fait que faire société ou faire peuple, ce n’est pas dans une démarche nationaliste ou autocentré, c’est le symbole du lien qu’on doit avoir en tant qu’êtres humains, de l’harmonie qu’on doit trouver en tant que femme et homme de manière globale. J’ai presque envie de te dire de manière planétaire. Donc c’est ça, c’est tout ce processus que j’appelle faire société, faire peuple., et quelquefois je dis faire France aussi, enfin ça dépend.

GRÉGORY : Oui, complètement, c’est intéressant. C’est quand tu parles, moi ce que je vois en ce moment, je dis ça régulièrement, mais j’ai l’impression de voir deux matrices. Il y a une matrice qui est celle que tu décris, d’un peuple qui se réconcilie, on va y venir. Et puis de l’autre côté, je vois, des tensions extrêmement fortes. J’ai reçu un géopoliticien qui explique qu’on doit se réarmer, on va rentrer en guerre, en particulier à cause des ressources, et c’est vachement intéressant parce que je vois vraiment ces deux matrices qui bougent. En fait, c’est très étrange d’observer, quelque part, on a l’extrême droite qui est le parti préféré des jeunes en France et de l’autre côté il y a effectivement tout ce développement auquel tu fais référence  qui est beaucoup plus autour de l’amour, de la compassion, de l’entraide, du communautaire, etc. C’est quoi le regard que tu portes là-dessus ? C’est quoi le regard que tu portes sur la France ?

ABD : Mais tu sais, moi je pense que tout est lié. C’est-à-dire quand ton géopoliticien dit qu’il faut s’armer, etc, je pense qu’il a raison, il faut s’armer. Sauf qu’il se trompe d’arme de mon point de vue. C’est l’arme, pour le coup, l’arme de l’amour, les armes de l’empathie, du courage, du dialogue, etc, quand tu parles d’extrême droite et que c’est le parti préféré des jeunes en France, c’est tout simplement parce qu’on n’a pas proposé, ou plutôt on a proposé des choses, on a parlé de choses positives, mais ces choses positives se sont arrêtées au niveau des paroles et ça fait des années que ça dure. C’est-à-dire que ça fait des années qu’on dit, on doit vivre ensemble, etc, toutes ces paroles positives, etc et on se rend compte que souvent, ce sont des arguments électoralistes, c’est des arguments marketing, c’est ce que je te disais tout à l’heure lié à la com. En fait, ce sont juste des éléments de langage et d’une certaine manière la jeunesse d’aujourd’hui qui se sent véritablement concerné par son présent et son avenir dans le monde dans lequel cette jeunesse vit, et bien d’une certaine manière, elle en a assez, elle veut des choses concrètes. Or, les seuls qui proposent des choses concrètes, qui agissent concrètement finalement, ce sont ceux qui sont du côté, j’ai presque envie de te dire de l’obscurité et l’obscurité, c’est toujours un point de vue. C’est-à-dire que, à partir du moment où toi tu es dans une démarche positive, tu veux faire avancer les choses, tu dis “moi je suis du côté de la lumière, j’essaie”, sauf que ceux qui sont du côté de l’obscurité, en tout cas de mon point de vue, j’ai envie de te dire eh bien, ils disent “non, nous, on n’est pas du côté de l’obscurité. Nous, on fait avancer les choses, nous on donne des réponses concrètes, nous on bouge, etc”. Donc en fait, pourquoi je te dis tout ça ? C’est que le fond du problème, c’est une question de culture et c’est pour ça que pour moi la culture est au centre. C’est-à-dire que c’est bien beau d’être contre la violence, contre toutes ces choses négatives, mais si dans nos programmes télé, on continue à mettre en avant ce qui est négatif, on continue à mettre en avant la violence, on continue à mettre en avant ce qui nous sépare, etc, sous prétexte cathartique, sous prétexte de fiction etc, on fait la promotion d’une certaine culture, et bien ça ne changera pas, les choses ne pourront pas changer. Et moi je fais partie de ces gens qui pensent véritablement que pour changer les choses, c’est sur le plan culturel, c’est-à-dire qu’on doit non seulement parler de vivre ensemble, faire du lien, être positif, penser à la planète, etc, on doit non seulement le dire, mais on doit aussi le faire. Et ça, ça fait partie d’une culture. On doit aussi, dans nos productions artistiques, dans notre rapport aux autres, dans notre être au monde, etc, on doit être comme ça et c’est comme ça qu’on changera véritablement les choses. Donc la réalité, c’est qu’il y a un travail au niveau de la cohérence, il y a un travail au niveau de la culture. C’est pour ça que pour moi, je dis assez souvent, que je crois plus depuis longtemps maintenant, que je ne crois plus au politique ou en tout cas à la politique politicienne, parce que précisément eux sont dans cette démarche ou le dire n’est pas en phase avec le faire, où en tout cas ils vont te dire quelque chose dans une certaine période et même peut être agir d’une certaine manière et quand effectivement ils seront en place, quand effectivement ils seront au pouvoir, quand effectivement ils auront la possibilité de changer les choses, ils ne les changeront pas.

La suite a écouté sur VLAN !

Menu