#167 Comment gérer l’anxiété due au réchauffement climatique avec Alice Desbiolles

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#167 Comment gérer l'anxiété due au réchauffement climatique avec Alice Desbiolles
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GRÉGORY : C’est quoi l’écoanxiété et comment tu te différencies de la solastalgie ?

ALICE : Alors l’écoanxiété et la solastalgie ce sont vraiment des rapports au monde, des sensibilités. La solastalgie ce serait peut être plutôt une sensibilité du présent et du passé avec une émotion forte en ce qui concerne la nature et tous les désordres du monde. L’écoanxiété, c’est peut-être plus une anxiété anticipatrice qui se projette dans le futur, notamment quand on va par exemple penser aux prévisions des scientifiques, que ce soit du GIEC pour le climat ou de l’IPBES pour la biodiversité qui nous dessinent un monde parfois un peu compromis. Et donc, cette vision-là du monde peut entraîner de l’écoanxiété et de la solastalgie.

GRÉGORY : Du coup, les émotions dont tu parles, c’est du stress, principalement ?

ALICE : De la colère, de l’impuissance, de la culpabilité et de la tristesse aussi.

GRÉGORY :  Ouais, donc c’est lourd. Comment je peux savoir si moi je suis écoanxieux ou non ?

ALICE : Alors c’est très personnel. Il n’y a pas forcément de grille diagnostic. Ce n’est pas une maladie en soi, c’est vraiment un état d’âme, un rapport au monde, aux autres et à soi-même. J’ai envie de dire si jamais, à partir du moment où on commence à se poser des questions sur sa vie, sur soi, sur les grandes orientations, par exemple, de la société. Si on commence à avoir des préoccupations par rapport aux désordres environnementaux, aux désordres humanitaires qu’ils peuvent entraîner. Donc, je pense qu’à partir du moment où on a une espèce de cheminement individuel face à toutes ces informations pour le moins anxiogène, si ça commence à nous toucher et à faire qu’on va se poser des questions, là, je pense qu’on rentre tranquillement dans une forme d’écoanxiété ou de solastalgie.

GRÉGORY : Il y a des phases ou comment ça fonctionne ?

ALICE :  Oui, puisqu’on ne naît pas écoanxieux, on le devient. Donc il y a tout un cheminement face à l’écoanxiété. Donc en général, pour caricaturer un petit peu, ce n’est jamais aussi simple, aussi linéaire, mais en général, une personne, par exemple, va prendre conscience d’un sujet ou d’un problème, je ne sais pas, je prends en exemple le réchauffement climatique. Elle va commencer à se dire que c’est visiblement problématique, d’après en tout cas ce qu’en disent les experts. Et ensuite, elle va commencer à se documenter et à se rendre compte qu’il y a aussi d’autres problèmes environnementaux, l’effondrement de la biodiversité, l’acidification des océans, la déforestation, etc, et du coup, il va y avoir une espèce de pensée en réseau qui va finalement aboutir à une compréhension assez globale et holistique du monde et de certains problèmes auxquels nous sommes confrontés. Et donc là, on passe d’une écoanxiété, peut être simple sur un sujet, à une écoanxiété qui va être beaucoup plus générale et systémique, avec une compréhension très holistique du monde.

GRÉGORY : Alors comment on fait pour rester positif dans ce que tu décris ? Parce que ce que tu dis, c’est à partir du moment où tu t’y intéresses, tu vas générer une forme d’écoanxiété. Comment tu restes positif dans ce monde-là ? Parce qu’en fait, c’est un peu bizarre de se dire en fait, le mieux, c’est peut-être de l’ignorer, parce qu’en fait on pourrait se dire ça aussi.

ALICE : Certains se le disent, c’est normal.

GRÉGORY : Mais si tu n’as pas envie de l’ignorer, comment tu gères en fait ?

ALICE : Alors il n’y a pas mal de moyen. C’est ce que je développe dans le dernier chapitre de mon livre. En tout cas, une des principales solutions, à mon sens, c’est de ne pas se concentrer trop sur les constats et de vraiment s’intéresser beaucoup plus aux solutions et à ce que l’on peut faire. Et à partir du moment où on arrive à transcender un peu ses passions tristes vers de l’action et vers une forme d’engagement et de résilience intime et peut être plus large, là, finalement, on se rend compte que cette écoanxiété, ça peut être une espèce de révélation qui va conditionner ensuite le reste de notre vie et ça aboutit souvent à des changements. Mais ces changements-là peuvent être très positifs et en fait, cette prise de conscience là, cette vision-là du monde, peut entraîner des changements intimes, familiaux ou professionnels qui vont être finalement positifs pour l’individu.

La suite a écouté sur VLAN !

Description de l’épisode

Alice Desbiolles est une médecin spécialisée dans la santé environnementale et elle a écrit un livre sur l’éco anxiété et la solastalgie.

En ce qui me concerne, j’avoue que plus j’avance dans ma compréhension des challenges climatiques, sociaux et plus largement que notre génération et les suivantes vont devoir affronter, plus cela m’angoisse. J’ai un naturel positif mais de temps à autre, cela me reprend.
Peut être savez vous précisément à quoi je fais référence ou peut être que vous n’aviez jamais fait ce constat chez vous même tout enétant stressé de manière incompréhensible par ces nouveaux challenges.
Que ce soit parce que vous ne savez pas comment agir à votre niveau ou simplement comment faire bouger le système, cela peut devenir anxiogène.
Je crois au fond que nous sommes tous plus ou moins stressé par la situation, il suffit de regarder les réactions à la crise sanitaire que nous traversons qui est sans doute la 1ère expression très palpable en Europe de la direction dans laquelle nous allons.

Avec Alice, nous abordons évidemment toutes ces questions et essayons de mettre des mots avec humour et surtout beaucoup de douceur sur ce sentiment mais surtout essayons de proposer des solutions pour mieux gérer ce stress.
Evidemment, la première étape est d’observer, entendre d’abord en soi pour ensuite pouvoir travailler dessus.
Mais je ne vous en dis pas plus et vous laisse écouter cet épisode.

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : C’est quoi l’écoanxiété et comment tu te différencies de la solastalgie ?

ALICE : Alors l’écoanxiété et la solastalgie ce sont vraiment des rapports au monde, des sensibilités. La solastalgie ce serait peut être plutôt une sensibilité du présent et du passé avec une émotion forte en ce qui concerne la nature et tous les désordres du monde. L’écoanxiété, c’est peut-être plus une anxiété anticipatrice qui se projette dans le futur, notamment quand on va par exemple penser aux prévisions des scientifiques, que ce soit du GIEC pour le climat ou de l’IPBES pour la biodiversité qui nous dessinent un monde parfois un peu compromis. Et donc, cette vision-là du monde peut entraîner de l’écoanxiété et de la solastalgie.

GRÉGORY : Du coup, les émotions dont tu parles, c’est du stress, principalement ?

ALICE : De la colère, de l’impuissance, de la culpabilité et de la tristesse aussi.

GRÉGORY :  Ouais, donc c’est lourd. Comment je peux savoir si moi je suis écoanxieux ou non ?

ALICE : Alors c’est très personnel. Il n’y a pas forcément de grille diagnostic. Ce n’est pas une maladie en soi, c’est vraiment un état d’âme, un rapport au monde, aux autres et à soi-même. J’ai envie de dire si jamais, à partir du moment où on commence à se poser des questions sur sa vie, sur soi, sur les grandes orientations, par exemple, de la société. Si on commence à avoir des préoccupations par rapport aux désordres environnementaux, aux désordres humanitaires qu’ils peuvent entraîner. Donc, je pense qu’à partir du moment où on a une espèce de cheminement individuel face à toutes ces informations pour le moins anxiogène, si ça commence à nous toucher et à faire qu’on va se poser des questions, là, je pense qu’on rentre tranquillement dans une forme d’écoanxiété ou de solastalgie.

GRÉGORY : Il y a des phases ou comment ça fonctionne ?

ALICE :  Oui, puisqu’on ne naît pas écoanxieux, on le devient. Donc il y a tout un cheminement face à l’écoanxiété. Donc en général, pour caricaturer un petit peu, ce n’est jamais aussi simple, aussi linéaire, mais en général, une personne, par exemple, va prendre conscience d’un sujet ou d’un problème, je ne sais pas, je prends en exemple le réchauffement climatique. Elle va commencer à se dire que c’est visiblement problématique, d’après en tout cas ce qu’en disent les experts. Et ensuite, elle va commencer à se documenter et à se rendre compte qu’il y a aussi d’autres problèmes environnementaux, l’effondrement de la biodiversité, l’acidification des océans, la déforestation, etc, et du coup, il va y avoir une espèce de pensée en réseau qui va finalement aboutir à une compréhension assez globale et holistique du monde et de certains problèmes auxquels nous sommes confrontés. Et donc là, on passe d’une écoanxiété, peut être simple sur un sujet, à une écoanxiété qui va être beaucoup plus générale et systémique, avec une compréhension très holistique du monde.

GRÉGORY : Alors comment on fait pour rester positif dans ce que tu décris ? Parce que ce que tu dis, c’est à partir du moment où tu t’y intéresses, tu vas générer une forme d’écoanxiété. Comment tu restes positif dans ce monde-là ? Parce qu’en fait, c’est un peu bizarre de se dire en fait, le mieux, c’est peut-être de l’ignorer, parce qu’en fait on pourrait se dire ça aussi.

ALICE : Certains se le disent, c’est normal.

GRÉGORY : Mais si tu n’as pas envie de l’ignorer, comment tu gères en fait ?

ALICE : Alors il n’y a pas mal de moyen. C’est ce que je développe dans le dernier chapitre de mon livre. En tout cas, une des principales solutions, à mon sens, c’est de ne pas se concentrer trop sur les constats et de vraiment s’intéresser beaucoup plus aux solutions et à ce que l’on peut faire. Et à partir du moment où on arrive à transcender un peu ses passions tristes vers de l’action et vers une forme d’engagement et de résilience intime et peut être plus large, là, finalement, on se rend compte que cette écoanxiété, ça peut être une espèce de révélation qui va conditionner ensuite le reste de notre vie et ça aboutit souvent à des changements. Mais ces changements-là peuvent être très positifs et en fait, cette prise de conscience là, cette vision-là du monde, peut entraîner des changements intimes, familiaux ou professionnels qui vont être finalement positifs pour l’individu.

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