#161 Comprendre son corps pour maximiser son plaisir avec Chloé Macintosh

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GRÉGORY : On va parler d’un sujet dont on n’entend finalement pas beaucoup de garçons et de filles parler ensemble, ce qui est très dommage, qui est la sexualité. Et entre autres, C’est un sujet qui te passionne, je pense, tu as créé une startup dans le domaine qui s’appelle Kama. Est-ce que tu pourrais m’expliquer pourquoi ce sujet-là, en particulier après Made, qui est du mobilier, des meubles et puis passer à la sexualité ensuite.

CHLOÉ : En fait, je n’ai pas eu vraiment une structure de carrière qui a une logique sur papier, j’ai commencé en tant qu’architecte. Je travaillais pour Norman Foster ici à Londres pendant neuf ans, et puis ensuite, je suis tombé dans la tech un peu par accident. J’ai rencontré un entrepreneur qui pensait que je pouvais l’aider, donc je ne comprenais pas comment, mais lui il avait l’impression que ce que j’avais fait dans ma carrière serait utile. Donc finalement, j’ai bougé de l’un à l’autre sans vraiment savoir ce que représentait la tech, ce que j’allais y faire et quelle était l’opportunité, parce que c’était en 1998/1999. J’ai commencé un peu à toucher là-dessus et puis j’ai vraiment bifurqué en 2007. Donc, si tu veux à ce moment-là, la tech, c’était encore très limité. Et on a monté une plateforme, un agrégateur sur tout ce qui est Homewear, donc intérieurs, etc, et c’est là que l’idée de Made est venue. Donc, trois ans après avoir rejoint cet entrepreneur qui est aussi le fondateur de Lastminute, on a monté Made en 2010. Et l’idée, c’était de démocratiser l’accès au design, c’est-à-dire que c’est cette idée que la masse n’est pas intéressée à la qualité et que du coup, on peut vendre des choses de moins belle qualité visuelle, esthétique, etc sous prétexte que c’est moins cher. Alors qu’en fait, quand il s’agit de design, le bon design ne coûte pas plus cher que le mauvais design. C’est vraiment une question d’intelligence et de praticabilité et de comprendre les besoins. Donc pour moi, il y a toujours eu un peu cette relation au “comment améliorer la vie d’un individu avec pas forcément des moyens importants et de vraiment d’améliorer le niveau de vie et la qualité de vie”. Donc là, à ce moment-là, c’était par le design. Après ce qu’il s’est passé avec la sexualité, c’est un sujet qui m’a intéressé depuis très, très longtemps. Avant même d’avoir des enfants, j’étais curieuse et je me suis rendu compte en fait assez vite et j’étais très étonnée de me rendre compte qu’il n’y avait pas de marque qui vraiment permettait de s’éduquer, de trouver des produits, de trouver des recommandations, de chercher des personnes dans l’industrie qui pouvaient aider à traiter certains sujets. C’est finalement une industrie qui est complètement opaque, en ligne en particulier, et je me suis rendu compte au cours des années que personne, que ce soit en Angleterre, aux États-Unis ou dans le reste du monde, pouvait me donner le nom d’une marque, qui était une marque de référence pour tout ce qui était sexe. Donc tout ce qui est intimité relationnelle par rapport à soi-même et aux autres, l’amour, le sujet de l’amour qui est un sujet très complexe parce qu’on opère encore avec des modèles qui datent de très longtemps. Tout ce qui est relation romantique en particulier et bien entendu la sexualité. À ce moment-là, en tant qu’un peu entrepreneur dans cette vue de changer les choses, je me suis dit, il y a une opportunité énorme dans ce secteur-là. J’ai fait pas mal de recherches en parallèle de ma carrière, c’était un sujet qui qui m’intéressait, je lisais beaucoup, je rencontrais beaucoup de gens, j’ai interviewé des pornstar, j’ai parlé avec des producteurs, etc, j’ai fait vraiment beaucoup de diverses choses en vue de m’informer là-dessus. Et en fait, ce dont je me suis rendu compte à travers ma carrière dans la tech, parce que je parlais beaucoup avec la communauté tech et je leur demande, mais pourquoi ce sujet n’est pas discuté dans des conférences qui parlent de toute la technologie et tout ce qui est intimité, sexualité n’est pas mentionnée alors qu’on sait que le porn lui-même attire 30 % du trafic mondial. Donc, il y avait une sorte de gros trou. La discussion n’existait pas, l’innovation n’existait pas vraiment. Et en tant que consommateur finalement, on n’a pas eu une évolution disruptive positive grâce au digital, à part le porn finalement. La raison pour laquelle, ça s’est passé comme ça, c’est que quand le porn est devenu très disponible, c’est quelque chose qui était vraiment accessible à tout le monde. Ça a créé une réaction assez foudroyante auprès du reste de l’industrie qui a classifié le sexe en tant que vice. Donc, comme tu le sais, en tant que VC, il y a un certain nombre de secteurs comme gambling, l’herbe, tout ce qui est drogue, etc, qui font partie des secteurs vices, et du coup, souvent ils ne peuvent pas investir dans ces secteurs-là. Et là où il y a vraiment eu un problème un peu systémique, c’est que ce n’est pas sexe qui est quand même la raison pour laquelle on est tous sur cette planète qui aurait dû être classifié en tant que vice, c’était le porn lui-même. Et donc ce qui s’est passé à partir de là, c’est qu’il n’y avait aucun investissement possible dans un secteur. Donc du coup, ça a complètement mobilisé, ça a gelé en fait toute cette industrie en termes d’innovation. En tant qu’entrepreneur, tu n’avais aucune opportunité de lever de l’argent. Donc tu ne peux pas lever de l’argent, tu ne peux pas changer quoi que ce soit. Et l’autre problème, c’est que les plateformes de distribution, donc Facebook, Twitter, Tumblr, ont bloqué avec un certain niveau d’hypocrisie, parce que de couvrir les tétons avec un peu de couleurs, ça ne rend pas les choses plus ou moins sexuelle, presque plus finalement. Donc, il y a eu une approche assez radicale, on rejette tout le sujet, on ne veut pas le traiter, on ne veut pas être associé. Donc quand on est dans le secteur aujourd’hui, sur ces plateformes-là, on ne peut pas s’exprimer, même si on fait quelque chose de très positif, qui va aller dans le sens de l’évolution, d’amener plus de sécurité finalement pour les gens, on n’est pas capable au niveau algorithmique, de reconnaître ce qui est bon et ce qui n’est pas bon. 

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Description de l’épisode

Chloé Macintosh est la fondatrice de l’application Kama qui part du principe que la sexualité ne va pas de soi et doit s’apprendre.
C’est une discussion avancée sur le plaisir sexuel et nous parlons évidemment avec beaucoup de sérieux de ce sujet central pour nous toutes et tous.
Nous repartons de notre éducation inexistante en la matière et de notre connaissance de notre propre corps, de notre capacité à être présent dans notre corps, notre capacité à réinventer nos pratiques dans le couple.

Evidemment nous avons tout.e.s expérimenté.e.s cette fatigue sexuelle au bout d’un moment dans un couple et il y a des manières de rompre avec la routine.
Nous parlons également du plaisir masculin et du plaisir féminin dans le détail car ce sont des sujets qui sont assez peu analysés.
Le rôle de la respiration dans le plaisir par exemple mais aussi la structure nerveuse des organes génitaux des hommes et des femmes pour mieux comprendre comment tout cela fonctionne.

C’est une discussion accessible évidemment comme toujours mais qui dépasse très largement ce qu’on entend souvent sur le sujet mais je vous laisse évidemment seuls juges pour me faire un retour.

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : On va parler d’un sujet dont on n’entend finalement pas beaucoup de garçons et de filles parler ensemble, ce qui est très dommage, qui est la sexualité. Et entre autres, C’est un sujet qui te passionne, je pense, tu as créé une startup dans le domaine qui s’appelle Kama. Est-ce que tu pourrais m’expliquer pourquoi ce sujet-là, en particulier après Made, qui est du mobilier, des meubles et puis passer à la sexualité ensuite.

CHLOÉ : En fait, je n’ai pas eu vraiment une structure de carrière qui a une logique sur papier, j’ai commencé en tant qu’architecte. Je travaillais pour Norman Foster ici à Londres pendant neuf ans, et puis ensuite, je suis tombé dans la tech un peu par accident. J’ai rencontré un entrepreneur qui pensait que je pouvais l’aider, donc je ne comprenais pas comment, mais lui il avait l’impression que ce que j’avais fait dans ma carrière serait utile. Donc finalement, j’ai bougé de l’un à l’autre sans vraiment savoir ce que représentait la tech, ce que j’allais y faire et quelle était l’opportunité, parce que c’était en 1998/1999. J’ai commencé un peu à toucher là-dessus et puis j’ai vraiment bifurqué en 2007. Donc, si tu veux à ce moment-là, la tech, c’était encore très limité. Et on a monté une plateforme, un agrégateur sur tout ce qui est Homewear, donc intérieurs, etc, et c’est là que l’idée de Made est venue. Donc, trois ans après avoir rejoint cet entrepreneur qui est aussi le fondateur de Lastminute, on a monté Made en 2010. Et l’idée, c’était de démocratiser l’accès au design, c’est-à-dire que c’est cette idée que la masse n’est pas intéressée à la qualité et que du coup, on peut vendre des choses de moins belle qualité visuelle, esthétique, etc sous prétexte que c’est moins cher. Alors qu’en fait, quand il s’agit de design, le bon design ne coûte pas plus cher que le mauvais design. C’est vraiment une question d’intelligence et de praticabilité et de comprendre les besoins. Donc pour moi, il y a toujours eu un peu cette relation au “comment améliorer la vie d’un individu avec pas forcément des moyens importants et de vraiment d’améliorer le niveau de vie et la qualité de vie”. Donc là, à ce moment-là, c’était par le design. Après ce qu’il s’est passé avec la sexualité, c’est un sujet qui m’a intéressé depuis très, très longtemps. Avant même d’avoir des enfants, j’étais curieuse et je me suis rendu compte en fait assez vite et j’étais très étonnée de me rendre compte qu’il n’y avait pas de marque qui vraiment permettait de s’éduquer, de trouver des produits, de trouver des recommandations, de chercher des personnes dans l’industrie qui pouvaient aider à traiter certains sujets. C’est finalement une industrie qui est complètement opaque, en ligne en particulier, et je me suis rendu compte au cours des années que personne, que ce soit en Angleterre, aux États-Unis ou dans le reste du monde, pouvait me donner le nom d’une marque, qui était une marque de référence pour tout ce qui était sexe. Donc tout ce qui est intimité relationnelle par rapport à soi-même et aux autres, l’amour, le sujet de l’amour qui est un sujet très complexe parce qu’on opère encore avec des modèles qui datent de très longtemps. Tout ce qui est relation romantique en particulier et bien entendu la sexualité. À ce moment-là, en tant qu’un peu entrepreneur dans cette vue de changer les choses, je me suis dit, il y a une opportunité énorme dans ce secteur-là. J’ai fait pas mal de recherches en parallèle de ma carrière, c’était un sujet qui qui m’intéressait, je lisais beaucoup, je rencontrais beaucoup de gens, j’ai interviewé des pornstar, j’ai parlé avec des producteurs, etc, j’ai fait vraiment beaucoup de diverses choses en vue de m’informer là-dessus. Et en fait, ce dont je me suis rendu compte à travers ma carrière dans la tech, parce que je parlais beaucoup avec la communauté tech et je leur demande, mais pourquoi ce sujet n’est pas discuté dans des conférences qui parlent de toute la technologie et tout ce qui est intimité, sexualité n’est pas mentionnée alors qu’on sait que le porn lui-même attire 30 % du trafic mondial. Donc, il y avait une sorte de gros trou. La discussion n’existait pas, l’innovation n’existait pas vraiment. Et en tant que consommateur finalement, on n’a pas eu une évolution disruptive positive grâce au digital, à part le porn finalement. La raison pour laquelle, ça s’est passé comme ça, c’est que quand le porn est devenu très disponible, c’est quelque chose qui était vraiment accessible à tout le monde. Ça a créé une réaction assez foudroyante auprès du reste de l’industrie qui a classifié le sexe en tant que vice. Donc, comme tu le sais, en tant que VC, il y a un certain nombre de secteurs comme gambling, l’herbe, tout ce qui est drogue, etc, qui font partie des secteurs vices, et du coup, souvent ils ne peuvent pas investir dans ces secteurs-là. Et là où il y a vraiment eu un problème un peu systémique, c’est que ce n’est pas sexe qui est quand même la raison pour laquelle on est tous sur cette planète qui aurait dû être classifié en tant que vice, c’était le porn lui-même. Et donc ce qui s’est passé à partir de là, c’est qu’il n’y avait aucun investissement possible dans un secteur. Donc du coup, ça a complètement mobilisé, ça a gelé en fait toute cette industrie en termes d’innovation. En tant qu’entrepreneur, tu n’avais aucune opportunité de lever de l’argent. Donc tu ne peux pas lever de l’argent, tu ne peux pas changer quoi que ce soit. Et l’autre problème, c’est que les plateformes de distribution, donc Facebook, Twitter, Tumblr, ont bloqué avec un certain niveau d’hypocrisie, parce que de couvrir les tétons avec un peu de couleurs, ça ne rend pas les choses plus ou moins sexuelle, presque plus finalement. Donc, il y a eu une approche assez radicale, on rejette tout le sujet, on ne veut pas le traiter, on ne veut pas être associé. Donc quand on est dans le secteur aujourd’hui, sur ces plateformes-là, on ne peut pas s’exprimer, même si on fait quelque chose de très positif, qui va aller dans le sens de l’évolution, d’amener plus de sécurité finalement pour les gens, on n’est pas capable au niveau algorithmique, de reconnaître ce qui est bon et ce qui n’est pas bon. 

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