#146 Comment l’intelligence artificielle peut réellement vous rendre plus humain.e avec Alexandre Pachulski

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#146 Comment l'intelligence artificielle peut réellement vous rendre plus humain.e avec Alexandre Pachulski
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GRÉGORY : On va parler d’intelligence artificielle et on va parler d’humains. Je pense que la majorité des gens, quand ils envisagent l’IA, l’intelligence artificielle, ça leur fait un peu peur. Ils imaginent des robots, etc. La question qu’on va se poser aujourd’hui, c’est : est-ce que l’IA peut nous aider à devenir plus humains ou des meilleurs humains ? Alors quand on dit ça, généralement, on va penser à l’humain augmenté, par exemple ce qu’a fait Elon Musk, se greffer une puce dans le cerveau ou avaler des cachets qui analysent son estomac. Comment toi qui as beaucoup étudié le sujet et qui s’est vraiment beaucoup intéressé au film de science-fiction, tu envisages l’IA et l’humain ?
ALEXANDRE : Quelques petits éléments de réflexion très simples. Tout d’abord, l’IA, c’est un domaine qui n’est pas qu’une technologie, puisqu’à la base, la question qui est posée, c’est : est-ce qu’on pourrait faire faire à une machine ce qui normalement requiert de l’intelligence humaine ? Donc ça veut dire qu’on est obligé de comprendre un peu comment fonctionne l’humain, comment on prend nos décisions réfléchies et autres. D’abord, la première chose, c’est que ce domaine-là et les technologies qui en découlent, ce ne sont que des outils. Comment on peut les transformer en instrument ? Au service de quoi ? Donc les gens qui en ont peur, j’ai envie de leur dire, les machines ne vont pas devenir intelligentes toutes seules, on va les éduquer pour faire quelque chose. Pour faire quoi justement ? Deuxième réflexion très simple, est-ce que nous, humains qui sont si fiers justement de ne pas être des machines et qui passent notre temps dans les soirées à dire non, mais de toute façon, elles ne seront jamais intelligentes, etc, est-ce qu’on est bien sûr de se comporter comme des humains ? Je m’explique, tu as des potes, j’ai des potes, on les voit dans leur domaine amoureux et on les voit toujours faire la même chose, et on est quasiment capable de savoir au neuvième mois comment ils vont se comporter, parce que finalement, il y a des schémas répétitifs. On est nous-mêmes pétris de schémas qui viennent de notre éducation sociale, religieuse, etc, et du coup, on est super fier encore une fois d’être des humains. Mais si tu nous regardes dans nos relations amoureuses ou tu nous regardes au travail, tu découvres que finalement des gens font tous les jours la même chose sans se poser de questions. Parfois, ils en sont fiers, parfois, ils le subissent. C’est l’archétype des temps modernes de Chaplin. On est bien souvent, malheureusement, à tourner des boulons, qu’on s’en rende compte ou non. Moi, mon point, il est tout bête, c’est de se dire que l’IA, qu’est-ce qu’on aimerait lui faire faire ? Est-ce qu’on est bien certains à date de se comporter comme des humains ? Et si ce n’est pas le cas ? Est-ce que la technologie pourra nous y aider ? Voilà ce qui est mon moteur à la base.
GRÉGORY ; Mais est-ce que l’être humain, ce n’est pas justement d’avoir des névroses ? Les névroses sont, finalement, ce qui te fait faire toujours les mêmes erreurs, tu vois, je l’observe chez moi, je l’observe ailleurs.
ALEXANDRE : Alors, on en avait parlé un tout petit peu. D’ailleurs, moi, j’aime de plus en plus mes névroses comme j’aime les névroses des personnages. C’est pour ça qu’on suit une série. Une série avec des personnages tout à fait normaux ne nous intéresse pas, à ce qu’on aime, c’est leurs travers, leurs défauts, leurs névroses. On se dit qu’on est humain au sens imparfait. Moi, personnellement, j’ai aucun problème avec ça et je cherche absolument pas la perfection. Ce qui me pose un petit peu plus de problème, c’est la notion de libre arbitre. Est-ce que ces névroses, je les aime et j’en suis très fière, mais quelque part, elles ne me font pas souffrir et si j’avais envie de me comporter différemment, j’en ai tout à fait le loisir ou est-ce que j’en suis prisonnier ? Je me retrouve encore une fois dans ces boucles dont je n’arrive pas à me sortir. Quand on dit les machines ne feront jamais ce que nous, humains, on est capable de faire si on se comporte de façon mécanique, répétitive, déterministe, moi, je pense que des machines seront capables de le faire au boulot. Je prends l’exemple souvent des recruteurs parce que je les connais bien. Si leur job, c’est de trier des CV et de prendre ceux qui sortent des grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs, une machine peut déjà le faire. Est-ce que c’est ça un recruteur ? Est-ce qu’un recruteur, ce n’est pas quelqu’un qui établit des relations, qui va créer un lien, qui va peut-être faire appel à son intuition ? Qu’est-ce que l’intuition quand on ne se comporte pas justement avec cette notion de lien social, de relation au centre ? Bien souvent, on se comporte comme un robot et là, un robot se comportera plus efficacement que nous. C’est pour ça que l’IA n’est pas près de nous remplacer. Moi, je dis, ça dépend comment on se comporte. Aujourd’hui, j’observe dans la vie personnelle, professionnelle, que bien souvent, on se comporte comme des robots. Tout le point, c’est de se dire : est-ce que l’IA ne permettrait pas justement d’évoluer ? Où est la limite de l’IA ? Ce qui est intéressant, même si encore une fois, on n’est pas dans la science-fiction aujourd’hui, c’est de se dire que l’IA va se développer de plus en plus. Prendre des parts qui soi-disant étaient réservées aux humains et va forcer les humains à se dire : Mais alors, qu’est-ce qui nous reste et quel type de comportement, il faudrait développer pour enfin évoluer ?
La suite à écouter sur Vlan !

 

Description de l’épisode

Alexandre Pachulski est docteur en mathématique, expert en I.A. , cofondateur de Talentsoft et auteur de 2 livres Unique et Generation I.A..
Avec lui nous abordons une question qui n’est jamais abordée tant elle semble contraire à l’idée que l’on se fait de la technologie.
Cette conversation qui touche beaucoup plus à l’humain qu’à la technologie comme son nom l’indique à moitié.
Ce que Alexandre note c’est qu’on se targue de notre humanité alors qu’en de nombreuses situations (amoureuse, amicale, travail) de socialisation, on a tendance à répéter des formats et donc à nous comporter comme des machines.

Qu’est-ce que ca veut dire d’être humain? et plus humain alors? Est-ce nous sommes libres ou prisonniers de nos nevroses par exemple?
Si nous ne savons pas par nous nous même sortir de nos modes de fonctionnement répétitif alors une machine peut tout à fait nous remplacer.
En réalité avec Alexandre nous parlons de ce qui nous rend différent, de sortir du cadre, de la créativité.
On discute de la manière dont les technologies peuvent réhumaniser l’éducation par exemple si elles sont utilisées à bon escient car aujourd’hui on cherche tellement à reproduire des petits soldats qu’on ne s’interroge même plus de la singularité de chacun.e.

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : On va parler d’intelligence artificielle et on va parler d’humains. Je pense que la majorité des gens, quand ils envisagent l’IA, l’intelligence artificielle, ça leur fait un peu peur. Ils imaginent des robots, etc. La question qu’on va se poser aujourd’hui, c’est : est-ce que l’IA peut nous aider à devenir plus humains ou des meilleurs humains ? Alors quand on dit ça, généralement, on va penser à l’humain augmenté, par exemple ce qu’a fait Elon Musk, se greffer une puce dans le cerveau ou avaler des cachets qui analysent son estomac. Comment toi qui as beaucoup étudié le sujet et qui s’est vraiment beaucoup intéressé au film de science-fiction, tu envisages l’IA et l’humain ?
ALEXANDRE : Quelques petits éléments de réflexion très simples. Tout d’abord, l’IA, c’est un domaine qui n’est pas qu’une technologie, puisqu’à la base, la question qui est posée, c’est : est-ce qu’on pourrait faire faire à une machine ce qui normalement requiert de l’intelligence humaine ? Donc ça veut dire qu’on est obligé de comprendre un peu comment fonctionne l’humain, comment on prend nos décisions réfléchies et autres. D’abord, la première chose, c’est que ce domaine-là et les technologies qui en découlent, ce ne sont que des outils. Comment on peut les transformer en instrument ? Au service de quoi ? Donc les gens qui en ont peur, j’ai envie de leur dire, les machines ne vont pas devenir intelligentes toutes seules, on va les éduquer pour faire quelque chose. Pour faire quoi justement ? Deuxième réflexion très simple, est-ce que nous, humains qui sont si fiers justement de ne pas être des machines et qui passent notre temps dans les soirées à dire non, mais de toute façon, elles ne seront jamais intelligentes, etc, est-ce qu’on est bien sûr de se comporter comme des humains ? Je m’explique, tu as des potes, j’ai des potes, on les voit dans leur domaine amoureux et on les voit toujours faire la même chose, et on est quasiment capable de savoir au neuvième mois comment ils vont se comporter, parce que finalement, il y a des schémas répétitifs. On est nous-mêmes pétris de schémas qui viennent de notre éducation sociale, religieuse, etc, et du coup, on est super fier encore une fois d’être des humains. Mais si tu nous regardes dans nos relations amoureuses ou tu nous regardes au travail, tu découvres que finalement des gens font tous les jours la même chose sans se poser de questions. Parfois, ils en sont fiers, parfois, ils le subissent. C’est l’archétype des temps modernes de Chaplin. On est bien souvent, malheureusement, à tourner des boulons, qu’on s’en rende compte ou non. Moi, mon point, il est tout bête, c’est de se dire que l’IA, qu’est-ce qu’on aimerait lui faire faire ? Est-ce qu’on est bien certains à date de se comporter comme des humains ? Et si ce n’est pas le cas ? Est-ce que la technologie pourra nous y aider ? Voilà ce qui est mon moteur à la base.
GRÉGORY ; Mais est-ce que l’être humain, ce n’est pas justement d’avoir des névroses ? Les névroses sont, finalement, ce qui te fait faire toujours les mêmes erreurs, tu vois, je l’observe chez moi, je l’observe ailleurs.
ALEXANDRE : Alors, on en avait parlé un tout petit peu. D’ailleurs, moi, j’aime de plus en plus mes névroses comme j’aime les névroses des personnages. C’est pour ça qu’on suit une série. Une série avec des personnages tout à fait normaux ne nous intéresse pas, à ce qu’on aime, c’est leurs travers, leurs défauts, leurs névroses. On se dit qu’on est humain au sens imparfait. Moi, personnellement, j’ai aucun problème avec ça et je cherche absolument pas la perfection. Ce qui me pose un petit peu plus de problème, c’est la notion de libre arbitre. Est-ce que ces névroses, je les aime et j’en suis très fière, mais quelque part, elles ne me font pas souffrir et si j’avais envie de me comporter différemment, j’en ai tout à fait le loisir ou est-ce que j’en suis prisonnier ? Je me retrouve encore une fois dans ces boucles dont je n’arrive pas à me sortir. Quand on dit les machines ne feront jamais ce que nous, humains, on est capable de faire si on se comporte de façon mécanique, répétitive, déterministe, moi, je pense que des machines seront capables de le faire au boulot. Je prends l’exemple souvent des recruteurs parce que je les connais bien. Si leur job, c’est de trier des CV et de prendre ceux qui sortent des grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs, une machine peut déjà le faire. Est-ce que c’est ça un recruteur ? Est-ce qu’un recruteur, ce n’est pas quelqu’un qui établit des relations, qui va créer un lien, qui va peut-être faire appel à son intuition ? Qu’est-ce que l’intuition quand on ne se comporte pas justement avec cette notion de lien social, de relation au centre ? Bien souvent, on se comporte comme un robot et là, un robot se comportera plus efficacement que nous. C’est pour ça que l’IA n’est pas près de nous remplacer. Moi, je dis, ça dépend comment on se comporte. Aujourd’hui, j’observe dans la vie personnelle, professionnelle, que bien souvent, on se comporte comme des robots. Tout le point, c’est de se dire : est-ce que l’IA ne permettrait pas justement d’évoluer ? Où est la limite de l’IA ? Ce qui est intéressant, même si encore une fois, on n’est pas dans la science-fiction aujourd’hui, c’est de se dire que l’IA va se développer de plus en plus. Prendre des parts qui soi-disant étaient réservées aux humains et va forcer les humains à se dire : Mais alors, qu’est-ce qui nous reste et quel type de comportement, il faudrait développer pour enfin évoluer ?
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