#143 Comprendre l’islamisme et le Jihadisme en France avec Hugo Micheron

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#143 Comprendre l'islamisme et le Jihadisme en France avec Hugo Micheron
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GRÉGORY : On va parler d’un sujet qui clive énormément, qui est l’islam, mais plus spécifiquement le djihadisme. Est-ce que tu pourrais commencer par différencier les différents mouvements.

HUGO : Du djihadisme français ? Alors, moi, je travaille sur les questions qui sont liées à l’islamisme, qui sont évidemment déjà une approche très spécifique de l’islam, puisque c’est une approche militante qui vise à indifférenciée en fait l’islam comme religion, l’islam comme mode de vie, l’islam comme organisation de la vie politique et finalement l’islam comme culture pour les islamistes, quels qu’ils soient. Toutes ces différentes composantes de l’islam sont superposables et superposées. Elles sont un élément d’une identité qui est à la fois très vaste et assez peu négociable, ce qui est donc évidemment très différent du musulman ordinaire dont la foi est la foi musulmane. Ça, c’est un premier élément et dans cette mouvance, extrêmement vaste et diversifié, qu’est l’islamisme, là, on va trouver des courants militants qu’on peut distinguer principalement en trois branches. La première branche serait celle connue sous le nom des Frères musulmans. Les Frères musulmans, c’est un collectif militant islamiste qui est né à la fin des années 1920 en Égypte, dans un contexte historique très particulier qui était marqué par la disparition du califat islamique quelques années plus tôt à Istanbul, en Turquie, avec la fin de l’Empire Ottoman et la naissance de la Turquie moderne, le monde musulman, pour la première fois depuis sa création, depuis près d’un peu moins de 1400 ans, se retrouve sans califat. Face à cette crise au sein de l’islam, il y a plusieurs courants qui vont se régénérer, dont les Frères musulmans en Égypte, qui, eux, vont dire si le califat a disparu, c’est que momentanés, il doit revenir, donc c’est un groupe qui va se pencher sur une idée très précise qui est de faire de la prédication auprès des masses, de renforcer le sentiment religieux dans les masses à travers l’éducation, à travers la mise en place de tout un tas de procédés pour finalement arriver un jour à prendre le pouvoir par des méthodes légales, les élections, etc, et un jour imposer, rétablir finalement le califat qui a disparu. Donc ça, c’était dans le projet initial dans les années 1920-1930, ça s’est diffusé dans l’ensemble du monde arabe en plein de sous factions, puis c’est arrivé en Europe. Ce mouvement est arrivé en Europe plutôt dans les années 1970, dans les milieux estudiantins, et on en distingue classiquement 2 formes, une forme vraiment organique qui correspond à l’activisme que je viens de décrire, et puis en fait, une forme violente qui a plutôt émergé en Égypte dans les années 1970 et qui a donné lieu en Afghanistan à ce qu’est devenu le djihadisme contemporain. Donc ça, c’est la version la plus violente qui va nous permettre, tout à l’heure, je pense, de raccrocher les wagons avec les djihadistes. Donc voilà, ça, c’est ce qu’on va appeler les Frères musulmans, avec ces deux tendances. Il y a la deuxième branche au sein de l’islamisme, celle qu’on va appeler le tabligh qui est un mouvement qui est originaire d’Inde. Pareil dans les années 1930, dans le même contexte historique, celui de la disparition du califat, c’est un mouvement de prédication piétiste, assez fondamentaliste, mais totalement apolitique. Il arrive en Europe dans les années 1970, plutôt dans les milieux très pauvres, c’est typiquement ces mouvements qui vont faire de la prédication sociale, c’est-à-dire aller s’intéresser aux drogués, aux personnes en déshérence et essayer de les réhabiliter par la foi. Ce qui fait qu’ils ont pris pied en France, en Grande-Bretagne et ailleurs parce qu’ils ont apporté des solutions sociales et ils n’étaient pas du tout politiques alors qu’en réalité c’étaient des mouvements qui, sur le plan religieux, étaient assez radicaux. Puis le troisième mouvement dont on entend beaucoup parler, c’est le salafisme. Le salafisme. Lui, c’est un mouvement qui vient plutôt de la péninsule arabique idéologiquement, qui est né en Arabie saoudite et qui, en fait, correspond à une vision extrêmement rigoriste de l’islam, avec évidemment une dimension très piétiste, mais aussi une dimension plus politique qu’on a du mal à appréhender, parce qu’elle considère que finalement l’islam avait connu un âge d’or au tout début, dans les 3 premiers siècles de l’islam, donc 6ᵉ, 7ᵉ et 8ᵉ siècle, et que cet âge d’or a disparu alors qu’il était parfait. Donc il convient pour les pieux salafistes simplement de réhabiliter toutes les règles en vigueur à ce moment-là, en vue de retourner à cet âge d’or fantasmé qui serait, si vous voulez, dans leur considération, un juste retour des choses de l’histoire. Donc les salafistes, c’est à la fois une version très individuelle de la foi qui est portée pour répondre à des principes très stricts et en même temps une version très communautaire puisqu’il faut amener les musulmans dans cette voie. Il y a une branche du salafisme qui va devenir, notamment à partir de la guerre d’Afghanistan et sa rencontre avec d’autres mouvements issus des Frères musulmans égyptiens dont je parlais tout à l’heure, le djihadisme. Ça, ce n’est pas vraiment en quatrième composante, si vous voulez, on peut en faire une quatrième composante, mais elle va considérer que le moyen pour retourner à cet âge fantasmé, finalement, c’est de prendre les armes et de déclarer la guerre, ce qu’ils appellent l’impiété qui est incarnée typiquement à partir des années 1990 par les États-Unis et le mode de vie occidental, mais aussi par tous les musulmans qui ne veulent pas suivre ce mode de pensée. Voilà en gros les grandes tendances de l’islamisme contemporain dans le monde et qui se retrouve en France.
GRÉGORY : Donc si je comprends bien, tous les islamistes ne sont pas forcément violents, on est bien d’accord, il y a des parties qui sont violentes, mais pas l’intégralité.
HUGO : Oui, et puis ils n’ont pas tous le même mode d’action. Les Frères musulmans, c’est plutôt un mode d’action qui va être penché sur le politique, donc faire de l’entrisme en politique. Typiquement, ça a été monter, organiser des listes communautaires ou bien devenir avocat et puis défendre des causes avec plutôt une stratégie d’entrisme et de travail social. Les tabligh, au contraire, c’est plutôt de la réhabilitation par le social, c’est-à-dire d’aller chercher les déshérités et d’essayer de les ramener dans la voix droite, ce qu’ils appellent la voie droite. Le salafisme, c’est d’abord un très grand rigorisme au sein de l’islam et plutôt à destination des autres musulmans. Mais dès qu’ils finissent par former une communauté, eh bien tout d’un coup, il y a des impératifs politiques, qui sont comment on gère le rapport à ce qu’on considère l’impiété environnante. Ça, ça vaut aussi bien dans le monde arabe qu’en Europe ou ailleurs. Puis le djihadisme se distingue parce que c’est le seul, de ces différentes mouvances, qui vraiment prône le terrorisme, prône le mode d’action violent, et en tout cas le considère comme un moyen indispensable dans la lutte, alors que les autres là-dessus ne sont pas tous d’accord. Donc ce qui se définit en fait, c’est deux zones. Quand on parle de l’islamisme, il faut bien comprendre que l’action de l’islamisme, quelle que soit la tendance qu’on évoque, va dans deux sens. Généralement, on ne comprend pas ça, mais c’est très important de le saisir. La première fonction, ça va être un sens qui va plutôt s’opposer à ce qu’il considère être la société impie. Donc avec différents degrés de rejet, là-dessus, que ce soit les salafistes ou les djihadistes, vont avoir tendance à penser que tous les mouvements islamistes, tant qu’ils aident à islamiser, à participer en gros à la lutte contre la société, ce sont les bienvenus. Donc typiquement des salafistes vont vous dire du bien des frères musulmans quand ils prônent le port du voile ou le port du voile intégral, etc, ils vont dire que ça va dans le bon sens quelque part. Par contre, il y a aussi une autre direction dans laquelle l’activisme islamiste se diffuse, et c’est à l’intérieur même de l’islam. C’est une guerre idéologique, et là, ils sont tous en rivalité dans le champ religieux. C’est-à-dire que les salafistes vont dire que les Frères musulmans ne vont pas assez loin, ou ils vont dire que les tabligh ne s’occupe pas assez des questions politiques, ou ils vont dire que les djihadistes, finalement, ils les discréditent parce qu’ils sont violents et derrière, ils doivent gérer la mauvaise réputation qu’ils font courir sur l’islam, etc. Tous ces mouvements-là sont en rivalité au sein du champ religieux, mais par ailleurs ont tendance à plutôt s’aligner quand il s’agit de la relation avec ce qu’ils considèrent être la mécréance.

La suite à écouter sur Vlan !

Description de l’épisode

Hugo Micheron est un enseignant-chercheur français en sciences politiques, sociologie et géopolitique spécialiste de la radicalisation islamique et des relations entre la France et le Moyen-Orient. Auteur du Jihadisme Français.
A l’heure des procès de Charlie Hebdo, il m’a semblé essentiel de nous poser un moment pour comprendre les problématiques autour de la radicalisation d’un toute petite minorité des musulmans.
Nous avons tou.te.s été très profondément choqué par les attentats qui nous ont touché en plein coeur et cela mérité éclaircissement – pourtant personne ne prend vraiment le temps pour comprendre et chacun y va de sa petite phrase.
En 2008, les musulmans représentaient environ 9% de la population française (non pratiquant inclus) et si nous souhaitons vivre ensemble, il est central de parler de ces sujets.
Nous avons tout.e.s plus ou moins en tête ce discours de Nasser répondant sur le port du voile en Egypte il y a presque 70 ans. Il faut donc comprendre ce qui s’est passé entre ces 2 périodes pour que nous en arrivions aux atrocités dont la France et d’autres pays ont été victimes.
Surtout il faut casser les idées reçues comme l’association classique: banlieue – violence – jihadisme.
Comme souvent, les prises de parole sur ce sujet sont totalement binaires, chacun y va de son avis sans vraiment comprendre la problématique et surtout les bien pensants considèrent trop souvent qu’il serait raciste d’évoquer cette radicalisation (aussi minime soit elle) et laisse donc l’extrême droite s’emparer du sujet avec les conséquences que l’on connait.
Pourtant, c’est un sujet central qu’il faut explorer dans le détail pour le comprendre et c’est la raison pour laquelle cet épisode dure 50 minutes. Hugo est le seul français a être allé interviewer plus de 50 jihadistes en prison pour comprendre leur mode de fonctionnement.
Son ouvrage, très accessible, fait totalement référence aujourd’hui pour l’ensemble de la classe politique. Et pour cause, c’est le seul depuis longtemps qui a abordé le sujet de manière neutre et posé.
On y parle aussi de la position des femmes souvent considérées comme victimes alors qu’elles sont parfaitement actives ce qui nous emmène sur le port du voile, une question très discuté en France.
Nous faisons évidemment référence au salafisme et à ce que signifie “être un bon musulman” aujourd’hui….

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Transcription partielle de l’épisode

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GRÉGORY : On va parler d’un sujet qui clive énormément, qui est l’islam, mais plus spécifiquement le djihadisme. Est-ce que tu pourrais commencer par différencier les différents mouvements.

HUGO : Du djihadisme français ? Alors, moi, je travaille sur les questions qui sont liées à l’islamisme, qui sont évidemment déjà une approche très spécifique de l’islam, puisque c’est une approche militante qui vise à indifférenciée en fait l’islam comme religion, l’islam comme mode de vie, l’islam comme organisation de la vie politique et finalement l’islam comme culture pour les islamistes, quels qu’ils soient. Toutes ces différentes composantes de l’islam sont superposables et superposées. Elles sont un élément d’une identité qui est à la fois très vaste et assez peu négociable, ce qui est donc évidemment très différent du musulman ordinaire dont la foi est la foi musulmane. Ça, c’est un premier élément et dans cette mouvance, extrêmement vaste et diversifié, qu’est l’islamisme, là, on va trouver des courants militants qu’on peut distinguer principalement en trois branches. La première branche serait celle connue sous le nom des Frères musulmans. Les Frères musulmans, c’est un collectif militant islamiste qui est né à la fin des années 1920 en Égypte, dans un contexte historique très particulier qui était marqué par la disparition du califat islamique quelques années plus tôt à Istanbul, en Turquie, avec la fin de l’Empire Ottoman et la naissance de la Turquie moderne, le monde musulman, pour la première fois depuis sa création, depuis près d’un peu moins de 1400 ans, se retrouve sans califat. Face à cette crise au sein de l’islam, il y a plusieurs courants qui vont se régénérer, dont les Frères musulmans en Égypte, qui, eux, vont dire si le califat a disparu, c’est que momentanés, il doit revenir, donc c’est un groupe qui va se pencher sur une idée très précise qui est de faire de la prédication auprès des masses, de renforcer le sentiment religieux dans les masses à travers l’éducation, à travers la mise en place de tout un tas de procédés pour finalement arriver un jour à prendre le pouvoir par des méthodes légales, les élections, etc, et un jour imposer, rétablir finalement le califat qui a disparu. Donc ça, c’était dans le projet initial dans les années 1920-1930, ça s’est diffusé dans l’ensemble du monde arabe en plein de sous factions, puis c’est arrivé en Europe. Ce mouvement est arrivé en Europe plutôt dans les années 1970, dans les milieux estudiantins, et on en distingue classiquement 2 formes, une forme vraiment organique qui correspond à l’activisme que je viens de décrire, et puis en fait, une forme violente qui a plutôt émergé en Égypte dans les années 1970 et qui a donné lieu en Afghanistan à ce qu’est devenu le djihadisme contemporain. Donc ça, c’est la version la plus violente qui va nous permettre, tout à l’heure, je pense, de raccrocher les wagons avec les djihadistes. Donc voilà, ça, c’est ce qu’on va appeler les Frères musulmans, avec ces deux tendances. Il y a la deuxième branche au sein de l’islamisme, celle qu’on va appeler le tabligh qui est un mouvement qui est originaire d’Inde. Pareil dans les années 1930, dans le même contexte historique, celui de la disparition du califat, c’est un mouvement de prédication piétiste, assez fondamentaliste, mais totalement apolitique. Il arrive en Europe dans les années 1970, plutôt dans les milieux très pauvres, c’est typiquement ces mouvements qui vont faire de la prédication sociale, c’est-à-dire aller s’intéresser aux drogués, aux personnes en déshérence et essayer de les réhabiliter par la foi. Ce qui fait qu’ils ont pris pied en France, en Grande-Bretagne et ailleurs parce qu’ils ont apporté des solutions sociales et ils n’étaient pas du tout politiques alors qu’en réalité c’étaient des mouvements qui, sur le plan religieux, étaient assez radicaux. Puis le troisième mouvement dont on entend beaucoup parler, c’est le salafisme. Le salafisme. Lui, c’est un mouvement qui vient plutôt de la péninsule arabique idéologiquement, qui est né en Arabie saoudite et qui, en fait, correspond à une vision extrêmement rigoriste de l’islam, avec évidemment une dimension très piétiste, mais aussi une dimension plus politique qu’on a du mal à appréhender, parce qu’elle considère que finalement l’islam avait connu un âge d’or au tout début, dans les 3 premiers siècles de l’islam, donc 6ᵉ, 7ᵉ et 8ᵉ siècle, et que cet âge d’or a disparu alors qu’il était parfait. Donc il convient pour les pieux salafistes simplement de réhabiliter toutes les règles en vigueur à ce moment-là, en vue de retourner à cet âge d’or fantasmé qui serait, si vous voulez, dans leur considération, un juste retour des choses de l’histoire. Donc les salafistes, c’est à la fois une version très individuelle de la foi qui est portée pour répondre à des principes très stricts et en même temps une version très communautaire puisqu’il faut amener les musulmans dans cette voie. Il y a une branche du salafisme qui va devenir, notamment à partir de la guerre d’Afghanistan et sa rencontre avec d’autres mouvements issus des Frères musulmans égyptiens dont je parlais tout à l’heure, le djihadisme. Ça, ce n’est pas vraiment en quatrième composante, si vous voulez, on peut en faire une quatrième composante, mais elle va considérer que le moyen pour retourner à cet âge fantasmé, finalement, c’est de prendre les armes et de déclarer la guerre, ce qu’ils appellent l’impiété qui est incarnée typiquement à partir des années 1990 par les États-Unis et le mode de vie occidental, mais aussi par tous les musulmans qui ne veulent pas suivre ce mode de pensée. Voilà en gros les grandes tendances de l’islamisme contemporain dans le monde et qui se retrouve en France.
GRÉGORY : Donc si je comprends bien, tous les islamistes ne sont pas forcément violents, on est bien d’accord, il y a des parties qui sont violentes, mais pas l’intégralité.
HUGO : Oui, et puis ils n’ont pas tous le même mode d’action. Les Frères musulmans, c’est plutôt un mode d’action qui va être penché sur le politique, donc faire de l’entrisme en politique. Typiquement, ça a été monter, organiser des listes communautaires ou bien devenir avocat et puis défendre des causes avec plutôt une stratégie d’entrisme et de travail social. Les tabligh, au contraire, c’est plutôt de la réhabilitation par le social, c’est-à-dire d’aller chercher les déshérités et d’essayer de les ramener dans la voix droite, ce qu’ils appellent la voie droite. Le salafisme, c’est d’abord un très grand rigorisme au sein de l’islam et plutôt à destination des autres musulmans. Mais dès qu’ils finissent par former une communauté, eh bien tout d’un coup, il y a des impératifs politiques, qui sont comment on gère le rapport à ce qu’on considère l’impiété environnante. Ça, ça vaut aussi bien dans le monde arabe qu’en Europe ou ailleurs. Puis le djihadisme se distingue parce que c’est le seul, de ces différentes mouvances, qui vraiment prône le terrorisme, prône le mode d’action violent, et en tout cas le considère comme un moyen indispensable dans la lutte, alors que les autres là-dessus ne sont pas tous d’accord. Donc ce qui se définit en fait, c’est deux zones. Quand on parle de l’islamisme, il faut bien comprendre que l’action de l’islamisme, quelle que soit la tendance qu’on évoque, va dans deux sens. Généralement, on ne comprend pas ça, mais c’est très important de le saisir. La première fonction, ça va être un sens qui va plutôt s’opposer à ce qu’il considère être la société impie. Donc avec différents degrés de rejet, là-dessus, que ce soit les salafistes ou les djihadistes, vont avoir tendance à penser que tous les mouvements islamistes, tant qu’ils aident à islamiser, à participer en gros à la lutte contre la société, ce sont les bienvenus. Donc typiquement des salafistes vont vous dire du bien des frères musulmans quand ils prônent le port du voile ou le port du voile intégral, etc, ils vont dire que ça va dans le bon sens quelque part. Par contre, il y a aussi une autre direction dans laquelle l’activisme islamiste se diffuse, et c’est à l’intérieur même de l’islam. C’est une guerre idéologique, et là, ils sont tous en rivalité dans le champ religieux. C’est-à-dire que les salafistes vont dire que les Frères musulmans ne vont pas assez loin, ou ils vont dire que les tabligh ne s’occupe pas assez des questions politiques, ou ils vont dire que les djihadistes, finalement, ils les discréditent parce qu’ils sont violents et derrière, ils doivent gérer la mauvaise réputation qu’ils font courir sur l’islam, etc. Tous ces mouvements-là sont en rivalité au sein du champ religieux, mais par ailleurs ont tendance à plutôt s’aligner quand il s’agit de la relation avec ce qu’ils considèrent être la mécréance.

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