#139 Démystifier la méditation avec Martin Aylward

VLAN! Podcast
VLAN! Podcast
#139 Démystifier la méditation avec Martin Aylward
Loading
/
GRÉGORY : Vous avez créé l’application Mind, mais ça fait très longtemps que vous évoluez dans les milieux de la méditation qui finalement est une technique qui n’est pas du tout récente, c’est une technique très ancienne. Mais par contre, en Occident, elle s’est installée au fur et à mesure, et aujourd’hui, il y a vraiment une seconde vague quelque part. Comment vous y êtes devenus vous ? Pourquoi et comment ?
MARTIN : Moi, j’y suis venue surtout par crise existentielle : angoisse, souffrance, confusion adolescente. C’est-à-dire à la fois, j’étais très bien, j’avais une bonne vie sociale, j’étais dans une famille stable et très bien. Mais quand même, à l’âge de 17 ans, j’avais une sorte de crise existentielle ou je me demandais : qu’est-ce que c’est être humain ? Qu’est-ce que c’est être vivant ? Qu’est-ce que c’est être conscient ? J’étais très troublée d’avoir aucune réponse autour de moi, ni à l’école, ni des parents, ni de mon entourage, et puis, quand je consultais des prospectus, je ne voyais rien d’intéressant là-dedans, tout était visé sur une sorte de carrière, sur une réussite mondaine qui ne me parlait pas du tout. Donc j’ai décidé de tout laisser tomber et de partir en voyage comme ça. J’ai d’abord voyagé quelques mois, 6/7 mois dans le Moyen-Orient, Égypte, Jordanie, etc, puis j’ai rencontré des gens qui revenaient de l’Inde et tout le monde avait des histoires un peu folkloriques de l’Inde comme un pays mystique. Je me suis dit, c’est en Inde que je vais trouver toutes les réponses. Merveilleusement, c’était assez vrai. Je suis partie à 19 ans en Inde avec un billet aller simple, sans aucun bagage, je me suis lancée comme ça, sans rien et tout de suite en arrivant, je me suis senti chez moi et j’ai commencé à m’intéresser aux enseignements et des pratiques méditatives dans la tradition, dans les pratiques hindouistes ainsi que bouddhistes. Au bout de quelques mois, j’étais tellement inspirée par cette possibilité de vraiment pouvoir entraîner mon attention, à explorer l’esprit, comprendre la vie depuis l’intérieur de ce qui se passe, etc, que j’ai foncé si vous voulez. J’ai commencé faire des longues retraites, des longues périodes de silence, des pratiques assez intensives. Et puis voilà.
GRÉGORY : Vous êtes resté longtemps en Inde ?
MARTIN : En tout, je crois que j’ai passé 6 ou 7 ans en Inde. Au début, de 1989 à 1995, j’y étais pratiquement tout le temps, donc pendant 5 ans. J’étais là la plupart de temps, mais quand j’avais plus de visa, je retournais en Angleterre, à Londres, notamment pour travailler quelques mois, pour gagner des sous, pour pouvoir y retourner.
GRÉGORY : La première question qui me vient, si mon enfant faisait ça, à 19 ans, il partait en Inde, surtout à cette période de l’année, vos parents, votre famille a réagi comment ?
MARTIN : Ils étaient inquiets mes pauvres parents, en plus je ne donnais pas du tout d’histoire, j’en écrivais des histoires, mais des lettres hyper philosophiques qui pour eux, n’avaient aucun sens. Ils s’inquiétaient beaucoup pour moi. Au bout d’un an, peut être un an et demi, je leur ai envoyé une photo de moi, une photo souriante, je me suis dit ça va les rassurer. Mais en fait, j’avais perdu 18 kilos entre temps, mes cheveux avaient poussé et étaient très longs et en fait ça ne les a pas rassuré du tout. Mais je suis retournée, et tous les parents disent qu’ils veulent seulement que leurs enfants soient heureux. Mais souvent, ce que ça veut dire, c’est qu’ils veulent qu’on soit heureux selon leurs idées, de qu’est-ce que c’est une bonne vie. Mes parents, même s’ils avaient des idées et ils auraient aimé que je poursuive des études, etc, ils étaient assez cool. Ils ne comprenaient pas ce que je faisais, ils ne comprenaient pas pourquoi je sentais cette nécessité d’aller à l’autre bout du monde, mais ils voyaient que j’étais épanoui là-dedans, que j’étais très content, que ça donnait du sens à ma vie, que ça m’ouvrait une autre façon de vivre. Donc, finalement, ils m’ont laissé faire et ils ont vu, je crois qu’ils n’avaient pas du tout le choix.
GRÉGORY : Vous parliez tout à l’heure de bonheur et de performances, de carrière, etc qui sont effectivement la manière dont on définit le bonheur aujourd’hui. Le bonheur, on le définit beaucoup à travers les récits qu’on nous raconte, à travers la réussite qui est une forme d’accumulation de biens, de pouvoir, d’argent. Vous, comment vous définissez la réussite ? Peut-être pas le bonheur, mais au moins la réussite.
MARTIN : Pour moi, le bonheur, c’est une sorte d’effets secondaires, d’une vie bien menée, une vie menée avec du sens, une vie qui est au service des autres, une vie où on sait être vraiment à l’aise dans son propre esprit, au milieu de la vie, telle qu’elle se trouve dans les conditions changeantes. La poursuite du bonheur, nous, on n’a pas de bons exemples dans notre culture, on a été élevés à poursuivre des choses belles et très matérielles. Par exemple, on a une sorte de vision très romantisée d’une relation affectueuse, on est beaucoup concentré sur une réussite matérielle, grande maison, etc. Mais il n’y a aucune évidence, on ne voit pas que les gens qui ont beaucoup d’argent ont beaucoup de bonheur. La poursuite du bonheur est difficile parce que c’est la poursuite de quelque chose qui semble être ailleurs. Même cette idée la poursuite de chercher du bonheur, on peut chercher partout dans ce monde, mais il est ou le bonheur ? Finalement, il faut peut-être laisser tomber la recherche du bonheur et s’intéresser à ce qui est là déjà maintenant. Le feeling de ce corps tel qu’il est, de voir les schémas mentaux que j’ai, comment je me parle, qu’est-ce que c’est qui me pousse à faire telle ou telle chose, faire attention aux données sensorielles qui sont là tout le temps. On commence découvrir la vie telle qu’elle est. On commence à découvrir cette miraculeuse vie humaine qu’on a, ce corps qui se maintient et ce cœur qui bat, ses poumons qui se gonflent, tout ce fonctionnement qu’on prend comme quelque chose d’acquis, d’automatique, mais en fait qui est un miracle. On commence à apprécier la vie telle qu’elle est, à apprécier sa splendeur, sa magie, son infinitude, etc, et finalement, le bonheur devient une sorte d’effets secondaires.
La suite à écouter sur Vlan !

Description de l’épisode

Martin Aylward est le fondateur de l’application Mind, application de la méditation, on parle avec lui de ce sujet très à la mode mais aussi rempli d’incompréhensions.

Martin explique qu’il est venu à la méditation par des troubles internes, des questionnements auxquels il ne trouvait aucune réponse car la vision de la réussite occidentale autour de l’accumulation ne résonnait pas en lui. Il a fini par arriver en Inde pour essayer trouver des réponses à 19 ans.

Avec Martin nous avons une discussion franche sur la tendance autour de la méditation et du yoga, nous abordons évidemment les bienfaits mais aussi tous les travers des personnes qui disent méditer.
Il nous donne des conseils et je l’amène à quelques questions embarrassantes que certains se posent sincèrement entre autre sur l’impact écologique des personnes qui évoluent dans le bien être car elles voyagent souvent dans des contrées lointaines.

Une discussion douce et intéressante.

Vous aimerez aussi ces épisodes

Transcription partielle de l’épisode

VLAN! Podcast
VLAN! Podcast
#139 Démystifier la méditation avec Martin Aylward
Loading
/
GRÉGORY : Vous avez créé l’application Mind, mais ça fait très longtemps que vous évoluez dans les milieux de la méditation qui finalement est une technique qui n’est pas du tout récente, c’est une technique très ancienne. Mais par contre, en Occident, elle s’est installée au fur et à mesure, et aujourd’hui, il y a vraiment une seconde vague quelque part. Comment vous y êtes devenus vous ? Pourquoi et comment ?
MARTIN : Moi, j’y suis venue surtout par crise existentielle : angoisse, souffrance, confusion adolescente. C’est-à-dire à la fois, j’étais très bien, j’avais une bonne vie sociale, j’étais dans une famille stable et très bien. Mais quand même, à l’âge de 17 ans, j’avais une sorte de crise existentielle ou je me demandais : qu’est-ce que c’est être humain ? Qu’est-ce que c’est être vivant ? Qu’est-ce que c’est être conscient ? J’étais très troublée d’avoir aucune réponse autour de moi, ni à l’école, ni des parents, ni de mon entourage, et puis, quand je consultais des prospectus, je ne voyais rien d’intéressant là-dedans, tout était visé sur une sorte de carrière, sur une réussite mondaine qui ne me parlait pas du tout. Donc j’ai décidé de tout laisser tomber et de partir en voyage comme ça. J’ai d’abord voyagé quelques mois, 6/7 mois dans le Moyen-Orient, Égypte, Jordanie, etc, puis j’ai rencontré des gens qui revenaient de l’Inde et tout le monde avait des histoires un peu folkloriques de l’Inde comme un pays mystique. Je me suis dit, c’est en Inde que je vais trouver toutes les réponses. Merveilleusement, c’était assez vrai. Je suis partie à 19 ans en Inde avec un billet aller simple, sans aucun bagage, je me suis lancée comme ça, sans rien et tout de suite en arrivant, je me suis senti chez moi et j’ai commencé à m’intéresser aux enseignements et des pratiques méditatives dans la tradition, dans les pratiques hindouistes ainsi que bouddhistes. Au bout de quelques mois, j’étais tellement inspirée par cette possibilité de vraiment pouvoir entraîner mon attention, à explorer l’esprit, comprendre la vie depuis l’intérieur de ce qui se passe, etc, que j’ai foncé si vous voulez. J’ai commencé faire des longues retraites, des longues périodes de silence, des pratiques assez intensives. Et puis voilà.
GRÉGORY : Vous êtes resté longtemps en Inde ?
MARTIN : En tout, je crois que j’ai passé 6 ou 7 ans en Inde. Au début, de 1989 à 1995, j’y étais pratiquement tout le temps, donc pendant 5 ans. J’étais là la plupart de temps, mais quand j’avais plus de visa, je retournais en Angleterre, à Londres, notamment pour travailler quelques mois, pour gagner des sous, pour pouvoir y retourner.
GRÉGORY : La première question qui me vient, si mon enfant faisait ça, à 19 ans, il partait en Inde, surtout à cette période de l’année, vos parents, votre famille a réagi comment ?
MARTIN : Ils étaient inquiets mes pauvres parents, en plus je ne donnais pas du tout d’histoire, j’en écrivais des histoires, mais des lettres hyper philosophiques qui pour eux, n’avaient aucun sens. Ils s’inquiétaient beaucoup pour moi. Au bout d’un an, peut être un an et demi, je leur ai envoyé une photo de moi, une photo souriante, je me suis dit ça va les rassurer. Mais en fait, j’avais perdu 18 kilos entre temps, mes cheveux avaient poussé et étaient très longs et en fait ça ne les a pas rassuré du tout. Mais je suis retournée, et tous les parents disent qu’ils veulent seulement que leurs enfants soient heureux. Mais souvent, ce que ça veut dire, c’est qu’ils veulent qu’on soit heureux selon leurs idées, de qu’est-ce que c’est une bonne vie. Mes parents, même s’ils avaient des idées et ils auraient aimé que je poursuive des études, etc, ils étaient assez cool. Ils ne comprenaient pas ce que je faisais, ils ne comprenaient pas pourquoi je sentais cette nécessité d’aller à l’autre bout du monde, mais ils voyaient que j’étais épanoui là-dedans, que j’étais très content, que ça donnait du sens à ma vie, que ça m’ouvrait une autre façon de vivre. Donc, finalement, ils m’ont laissé faire et ils ont vu, je crois qu’ils n’avaient pas du tout le choix.
GRÉGORY : Vous parliez tout à l’heure de bonheur et de performances, de carrière, etc qui sont effectivement la manière dont on définit le bonheur aujourd’hui. Le bonheur, on le définit beaucoup à travers les récits qu’on nous raconte, à travers la réussite qui est une forme d’accumulation de biens, de pouvoir, d’argent. Vous, comment vous définissez la réussite ? Peut-être pas le bonheur, mais au moins la réussite.
MARTIN : Pour moi, le bonheur, c’est une sorte d’effets secondaires, d’une vie bien menée, une vie menée avec du sens, une vie qui est au service des autres, une vie où on sait être vraiment à l’aise dans son propre esprit, au milieu de la vie, telle qu’elle se trouve dans les conditions changeantes. La poursuite du bonheur, nous, on n’a pas de bons exemples dans notre culture, on a été élevés à poursuivre des choses belles et très matérielles. Par exemple, on a une sorte de vision très romantisée d’une relation affectueuse, on est beaucoup concentré sur une réussite matérielle, grande maison, etc. Mais il n’y a aucune évidence, on ne voit pas que les gens qui ont beaucoup d’argent ont beaucoup de bonheur. La poursuite du bonheur est difficile parce que c’est la poursuite de quelque chose qui semble être ailleurs. Même cette idée la poursuite de chercher du bonheur, on peut chercher partout dans ce monde, mais il est ou le bonheur ? Finalement, il faut peut-être laisser tomber la recherche du bonheur et s’intéresser à ce qui est là déjà maintenant. Le feeling de ce corps tel qu’il est, de voir les schémas mentaux que j’ai, comment je me parle, qu’est-ce que c’est qui me pousse à faire telle ou telle chose, faire attention aux données sensorielles qui sont là tout le temps. On commence découvrir la vie telle qu’elle est. On commence à découvrir cette miraculeuse vie humaine qu’on a, ce corps qui se maintient et ce cœur qui bat, ses poumons qui se gonflent, tout ce fonctionnement qu’on prend comme quelque chose d’acquis, d’automatique, mais en fait qui est un miracle. On commence à apprécier la vie telle qu’elle est, à apprécier sa splendeur, sa magie, son infinitude, etc, et finalement, le bonheur devient une sorte d’effets secondaires.
La suite à écouter sur Vlan !
Menu